Jeudi 19 octobre, descendant de nos falaises, nous partons à la découverte d'Almería. Une ville qui recèle quelques superbes monuments, quelques quartiers agréables ou pittoresques, de belles maisons... mais le tout globalement un peu défiguré par de nombreux bâtiments assez laids, par trop de rues étriquées et crasseuses qui ne donnent guère envie de s'attarder.
La cathédrale et l'Alcazaba, à elles seules, méritent largement le détour, et si j'avais disposé d'un peu plus de temps je serais volontiers allée visiter
la Maison du Cinéma, mais nous sommes tout de même bien contentes d'avoir réservé notre hébergement en dehors de la ville.
Cet enchevêtrement de murailles fortifiées ne fait pas très ecclésiastique, à première vue. Et pourtant, il s'agit bien d'un bout de l'étonnante cathédrale de l'Incarnation, bâtie à la fois comme lieu de culte et comme ouvrage défensif contre les pirates qui, au XVIe siècle, infestaient la région.
Bien tassée entre ses remparts, l'église prend soin de ne pas se faire trop visible. La toiture plane permettait d'accueillir des canons, ne dépasse de l'édifice que ce clocheton, posé au sommet d'une grosse tour plus semblable à un donjon qu'à un clocher.
La construction a commencé en 1522, à l'emplacement d'une église antérieure elle-même bâtie sur le site de l'ancienne mosquée. Puis en 1567, Juan de Orea ajoute un grand portail sculpté Renaissance qui contraste superbement avec l'austérité militaire de la bâtisse.
Le visiteur, aujourd'hui, entre par une porte latérale. Un grand vestibule de pierre nue, un escalier... et l'on débouche dans un délicieux patio sur lequel ouvrent tous les bâtiments de l'ensemble cathédral.
Entrelacs gothiques, choeur central meublé de superbes stalles en bois, dominé par deux orgues majestueux, dorures et statues : l'intérieur, lui, est plus conforme aux autres cathédrales de la région, même si ses voûtes ne s'élèvent pas aussi haut que beaucoup.
Les bâtiments annexes abritent un petit musée d'objets liturgiques dans de belles salles Renaissance.
Ressortons. Nous voici désormais sur l'arrière de la cathédrale, plaza Bendicho.
...puis plaza de la Catedral, d'où nous nous enfonçons dans le centre-ville à la recherche d'un restaurant. Ce sera un bar à tapas,
Nuestra Tierra, où nous arrosons d'une bière un assortiment de plein de petites choses délicieuses.
Un peu plus loin, détour par la Plaza de la Constitucion et ses bougainvillées...
...d'où nous gagnons, après quelques détours, les abords de l'Alcazaba.
Construite à partir du Xe siècle, l'Alcazaba d'Almería abritait le palais du gouverneur mais aussi maisons, bains, mosquée, camp militaire... presque une ville à part entière. Plus tard, après la conquête chrétienne, les Rois Catholiques y firent également édifier leur propre château.
Ca a l'air un peu âpre, vu d'en dessous, mais comme toujours on ne tarde pas à tomber sur des jardins...
L'entrée est gratuite pour les résidents de l'Union Européenne - et la première enceinte, là où se réfugiait autrefois la population en cas d'attaque, ressemble désormais à un grand square public.
Au nord, de l'autre côté d'un vallon escarpé - el barranco de la Hoya - est un autre château, el Cerro de San-Cristobal. Un château chrétien, érigé durant la brève Reconquista d'Alphonse VII, roi de Léon et de Castille, au XIe siècle. La muraille qui relie les deux édifices est un vestige des fortifications qui entouraient autrefois toute la ville.
Passant une autre muraille monumentale, nous entrons dans la deuxième enceinte, où se trouvait la résidence du gouverneur.
Prenons encore un peu de hauteur... Tout au fond, sur l'horizon, on distinge la pointe montagneuse du Cabo de Gata, que nous visiterons le lendemain.
Plongée sur la ville, vers l'étrange patio de los Naranjos (bâtiment militaire de la fin du XVIIIe siècle qui abrite aujourd'hui des événements culturels) et les toits terrasses des faubourgs sud.
Derrière le jardin à la pièce d'eau, s'étend une zone ruinée où des fouilles archéologiques sont toujours en cours.
Quelques maisons ont toutefois été reconstruites à l'identique dans les années 60, toutes petites autour d'un minuscule patio.
Là au fond, s'élève la troisième enceinte, avec le château des Rois Catholiques.
Dans le donjon, une petite expo est consacrée aux films tournés à Almeria et tout particulièrement dans l'Alcazaba : Cléopâtre, Patton, Conan le barbare, Indiana Jones et la dernière croisade, la Résurrection du Christ, la sixième saison de Game of Thrones... Avec juste ce qu'il faut de photos pour pouvoir comparer les lieux à leur mise en scène, mais aussi les différentes interprétations d'un même endroit d'un univers à l'autre.
Pause chat en face de la pièce d'eau, avant de repartir.
Dernière balade à travers le centre-ville - quelques courses, coup d'oeil sur le joli patio de l'école d'art, ancien couvent dominicain reconverti...
Nous nous posons enfin un moment dans le parc Nicolas Salmeron, équivalent approximatif quoique beaucoup moins réussi du parc de Malaga, à cheval entre la ville et le port. Jeux d'eau dansants dans la lumière déclinante...
...et puis il va bien falloir aller extirper la voiture du fond de son parking obscur et sombre et étroit.
Nous rentrons à l'appart juste à temps pour un joli coucher de soleil, un verre de vin à la main devant les baies vitrées.
♠