L'ultime défi de Sherlock Holmes - Michael Dibdin (Rivages Noir, 1994)
Avant de mourir, le Dr Watson a couché sur papier l'ultime aventure de Sherlock Holmes. Celle qui l'opposa à Jack l'Eventreur, sur la piste duquel les deux vieux amis se trouvèrent embarqués par Lestrade, au lendemain du meurtre d'Annie Chapman.
En confrontant le plus célèbre détective victorien au plus célèbre meurtrier de son temps, Michael Dibdin signe un pastiche holmésien particulièrement noir, tout en faux-semblants, en jeux de miroirs et de fascination. Il exploite avec talent l'ambiguïté de Holmes, la crédulité de Watson, et fait un joli sort à Conan Doyle lui-même, dans une intéressante remise en perspective des rapports entre réalité et fiction.
L'ambiance est captivante, et si le dénouement n'était pas pour moi totalement inattendu, il reste fort bien tourné, laissant planer le doute jusqu'au dernier instant. Et peut-être même après la dernière page tournée...
Une belle réussite, que je recommande chaudement à tous ceux qui s'intéressent à ces deux mythes historico-littéraires !
En 2010, ce roman a également été adapté en BD, par Jules Stromboni et Olivier Cotte :
Mes impressions sur cette BD sont plus mitigées que sur le livre.
Le scénario a été pas mal raccourci, synthétisé - c'était sans doute inévitable mais il y perd en subtilité, en ambiguïté, tout particulièrement au niveau du caractère et des motivations des personnages. Et je ne suis pas sûre que certains aspects, certains enchaînements, restent vraiment compréhensibles quand on n'a pas lu le livre avant.
Côté image, le dessinateur a choisi d'imiter le style des vieux illustrés de l'époque : une bonne idée, qui contribue parfaitement à rendre l'ambiance de l'histoire. Les décors sont très réussis, j'aime assez le dessin et les couleurs sont bien choisies... mais les visages prennent des traits parfois trop caricaturaux. Cela colle assez bien avec avec le côté sensationnaliste des sources d'inspiration, avec la petite dose d'humour, de dérision, que contient le récit (notamment au sujet des fameuses déductions brillantes de Holmes), mais cela casse un peu l'ambiance à mon goût et m'a empêchée de vraiment accrocher aux personnages.
Dommage. Mais du moins, les auteurs assument-ils plutôt bien leurs choix, et cela reste une illustration assez intéressante du roman, à découvrir.