Réponse à
Calliopel, dans le cadre de mon
offre de précision Nascentia
Univers :
FINALIS -Séquelle de Illuminationem
Genre : Angst.
Censure : PG-13
Mots : 1490 mots
Personnages : Bobby, Castiel, Dean, Sam.
TIMELINE : Quelques jours après le dernier acte de FINALIS. Spoilers S4(jusqu'au 406))
Date : 31 octobre 2008
Disclaimers : Supernatural appartient à Eric Kripke et à CW.
***
Dean s’essuya les mains avec le chiffon de cuisine en passant au salon. Sam dormait, recroquevillé comme il pouvait près de la cheminée. Il attrapa le plaid qui traînait sur le sofa et le drapa autour de son petit frère. Il passait son temps à dormir depuis des jours, depuis que Dean et Bobby l’avaient piégé dans un cercle pour accomplir le rituel.
Sam passait d’un état hyperactif court à une somnolence importance en l’espace de quelques secondes. C’était peut-être un effet secondaire de l’anémie ou du sang de Dean dans son organisme. Dean était inquiet, Bobby était inquiet et ce n’était pas faute d’essayer de le requinquer à coup de fortifiants et de vitamines. Mais il voyait une légère amélioration après son quatrième essai. Il avait enfin trouvé les bonnes herbes et le bon dosage dans la réserve de Bobby.
Sam grelotta sous le plaid. Dean s’agenouilla à ses cotés et passa une main dans les longs cheveux bruns. Sammy avait toujours eu froid, depuis tout petit. Il se couvrait parfois de plusieurs couches de vêtements l’hiver. Et ce mois de novembre en plein Nebraska n’arrangeait pas les choses. Bobby disait ne pas se souvenir d’avoir eu si froid en début de saison. Dean rajouta une bûche dans la cheminée et raviva le feu.
Il s’assit sur le divan, soupira les yeux fermés et ne sursauta même pas en trouvant Castiel assis à ses cotés quand il les rouvrit. Il s’écarta légèrement, se lovant dans le coin entre le dossier et l’accoudoir pour lui faire face. Castiel regardait Sam avec un visage neutre de toute expression. La différence était dans ses yeux. Toujours.
Castiel n’élevait jamais la voix, ne montrait jamais de colère, de résignation ou d’admiration avec ses mots sous forme humaine contrairement à son regard. Dean comprenait mieux maintenant le diction « les yeux sont le miroir de l’âme ». Là où autrefois il avait pu voir du dédain, de la rage et du pouvoir brut, aujourd’hui il n’y avait qu’une sorte de curiosité digne d’un scientifique fou devant le résultat d’une expérience. Il le connaissait aussi très bien ce regard-là pour l’avoir expérimenté lui-même.
« Tu pourrais frapper comme tout le monde ? Attendre qu’on t’invite à entrer ?
- Je ne suis pas un rakshasa. Je n’ai pas besoin d’autorisation.
- Ca s’appelle la politesse.
- J’y réfléchirai à l’avenir.
- Café ? » soupira Dean en se levant.
L’ange se leva à sa suite sans lui donner une réponse. Dean n’en attendait pas de toute manière. Castiel ne savait pas ce qu’était que de boire, de manger et autres besoins humains. Il saisit deux mugs dans l’évier et servit généreusement le café chaud. Castiel remercia d’un signe de tête et s’assit à la table de la cuisine face à lui.
« Qu’est-ce que tu fais là ?
- J’ai des nouvelles, répondit Castiel.
- Quoi ? Encore du boulot ? lança Dean avec sarcasme.
- Pas encore. C’est fait.
- De quoi ? »
Castiel se contenta de le regarder lourdement.
« Oh non… Sérieusement ? »
Castiel acquiesça.
« Eh merde… je pensais que c’était une connerie.
- Nous ne plaisantons pas avec ce genre de choses.
- Je pensais que c’était temporaire ! Tu avais dit que ce serait temporaire !
- Je ne fais que transmettre le message directement de la source.
- Tu ne sais pas à quel point ça me fait flipper ça.
- Je sais mais tu ne peux empêcher sa volonté de s’accomplir.
- Pourquoi moi ? murmura Dean.
- Tu as assez posé la question. Si tu ne connais pas la réponse, tu ne le mérites peut-être pas.
- Remettrais-tu en question les décisions du boss ? Je suis impressionné. Tu te rebelles enfin ?
- J’appartiens à Dieu. Je ne fais que dire ce que tu penses.
- Arrête de rentrer dans ma tête ! gronda Dean.
- Je ne peux arrêter. Je suis ton gardien, c’est dans la nature du gardien de connaître le gardé.
- Va te faire voir chez les rougarous.
- Ils ne supportent pas mon odeur.
- Attends, attends… de l’humour ? Non sérieux ? Mon calendrier. Je suis sûr que je pourrais me servir d’un truc pareil ! s’agita Dean en cherchant son journal sur le buffet.
- Ce n’est pas de l’humour. C’est un fait.
- Ah… vous devez vraiment vous éclater là-haut sérieux.
- Ce n’est pas fait pour rire.
- C’est le paradis ou pas ?
- Ce n’est pas le sujet. Tu auras d’autres missions, tu le sais.
- Ouais je sais mais « ce qui a été fait ne peut être défait ». Maintenant que c’est fait, je ne suis pas obligé de faire selon ses directives ! protesta Dean.
- Le moyen importe peu tant que la mission est accomplie.
- J’en connais d’autres qui disent ça : les démons. Et les humains aussi à l’occasion.
- Tu as obtenu ce que tu appelles ta carte de membres. Accepte-le, déclara Castiel d’une voix monotone. Je dois partir. »
Dean le dévisagea une seconde quand il se leva.
« C’est bien la première fois que tu préviens.
- J’apprends la politesse en présence d’autres humains. »
Dean se décala pour voir Sam se frotter les yeux, encore endormi, derrière l’emplumé.
« Dean. Samuel. » salua l’ange en réajustant son imperméable.
Castiel ouvrit la porte d’entrée et sortit avant de disparaître. Dean leva les yeux et les bras au ciel. Il se leva et alla fermer la porte pour empêcher le froid de pénétrer un peu plus la baraque de bois.
« Y a encore du boulot. »
Dean se tourna vers Sam. Son petit frère le dévisageait avec de grands yeux. Dean se rassit à la table et prit son mug encore fumant entre ses mains gelées. Ca faisait du bien. Il but une longue gorgée avant de rouvrir des yeux qu’il avait fermé de plaisir. Bobby avait rejoint Sam dans l’encadrement de la porte, le fixant avec des yeux écarquillés.
« Quoi ? J’ai de la mousse sur le nez ou quoi ?
- Dean…
- Quoi Sammy ? s’impatienta Dean. Bobby ? Quoi ?!
- Tu brilles. »
Dean fronça les sourcils et regarda ses mains. Il ne voyait rien de particulièrement différent, un léger halo peut-être mais c’était sûrement dû au plafonnier. Dean leva la tête. La lumière était éteinte. Ok, c’était bizarre mais il supposait que c’était normal.
« Ouais et alors ?
- Et alors ? grimaça Bobby, probablement encore inquiet pour sa santé mentale.
- C’est normal.
- Dean, y a rien de normal dans nos vies et ça ! Ça, c’est définitivement pas normal, protesta Sam.
- Pas normal pour nous, pas normal chasseur-normal… Normal pour un saint, répondit Dean à voix basse sur la fin.»
Il but une autre longue gorgée de café pour essayer de faire disparaître le goût amer des mots qu’il venait de prononcer et la tension de son corps. Et malgré tout, l’ahurissement des deux autres était quand même bien satisfaisant. Il y eut un long silence, au bout duquel Bobby et Sam finirent par le rejoindre à la table de la cuisine, chacun avec une tasse remplie.
« Un saint ?
- Qu’est-ce que t’as pas compris la première fois, Sam ? grogna Dean.
- Tu ne peux pas être un saint, déclara son frère.
- Et pourquoi je te prie ?
- D’abord t’es encore en vie ! s’exclama Sam.
- Et remercions qui que ce soit pour ça, lança Bobby plein de reproches envers Sam.
- Désolé, amenda Sam, sincèrement, mais ça reste vrai !
- Techniquement je suis déjà mort… plusieurs fois, conclut Dean sans arriver à les compter sur ses doigts.
- On dit que pour être saint, la personne doit avoir accompli trois miracles… murmura Bobby sans vraiment s’adresser à eux.
- Il n’y a pas de minis Dean dans chaque ville qu’on a traversé, lança Sam. C’est déjà un miracle en soi.
- C’est pas un miracle, ça s’appelle un préservatif, Sam ! gronda Dean, offensé qu’on le prenne pour un irresponsable.
- Ok, pas un miracle.
- Pas de mandat d’arrêt pour conduite dangereuse, essaya Bobby.
- Ou d’ex-maris à sa poursuite avec de la chevrotine dans les poches.
- Ou de femmes réclamant des test ADN.
- OK ! C’est bon ! Ca va j’ai compris ! » s’énerva Dean.
Bobby et Sam éclatèrent de rire et Dean ne pouvait pas rester en colère. Pas vraiment. Ça faisait bien trop longtemps qu’il ne les avait pas entendus rire comme ça.
« J’ai été pistonné », marmonna-t-il.
C’eut le mérite de les faire taire en un rien de temps.
« Tu es sérieux, constata avec surprise Bobby.
- Comme un condamné sur l’échafaud, répondit Dean, las de se répéter.
- Je ne pensais pas que Castiel était le genre à pistonner, commenta Sam avec un froncement de sourcils.
- Il ne l’est pas.
- Alors qui ? » demanda Bobby.
Dean se contenta de désigner le plafond de son index. Sam et Bobby survirent le doigt du regard avant de percuter. Dean aurait juré avoir entendu le déclic dans leur tête. Deux regards bovins et sceptiques se fixèrent sur lui.
« Saint Dean de Winchester… c’est le comble de l’ironie, non ? » demanda Sam d’une voix étranglée.
Dean se cacha la tête dans les bras.
« Plus tard les détails, ok ? » marmonna-t-il.
Il se boucha les oreilles violemment quand ils l’assaillirent de questions. La journée allait être longue. Peut-être était-ce là sa punition divine, en fin de compte.
FIN