Du coq à l'âme - Chapitre 4 - Mes deux yeux pour pleurer, partie 2

Jan 08, 2010 18:12

Titre : Du coq à l’âme
Chapitre 4 : Mes deux yeux pour pleurer, partie 2
Fandom : Gundam Wing/AC
Rating : M
Pairing : Relena Peacecraft, Heero Yuy, Quatre Raberba Winner
Mots : 9 424
Disclaimer : Ne m’appartient pas, sauf le scénario.
Ecrit en : avril 2004
NdlA : Chanson n°1, Mes deux yeux pour pleure de La grande Sophie. Chanson n°2, Il y a ton sourire de Saez (sur aucun album). Angst à partir de ce chapitre.

Chapitre 4 - Mes deux yeux pour pleurer, partie 1



***
Grande gifle sur le réveil. Relena ouvrit les yeux avec difficulté. Déjà l'heure de se lever. Elle grogna et plongea la tête sous la couette. Elle ne voulait se lever, et quitter la chaleur douillette et réconfortante de son lit. Elle tenta sans succès d'oublier pourquoi son réveil avait sonné : le Parlement. Vaincue, elle repoussa la couette à coups de pieds (et surtout avec mauvaise humeur), et s'assit dans le grand lit. Elle soupira et se traîna sans enthousiasme jusqu'à la salle de bain. Seigneur… elle avait vraiment une tête de déterrée. En voyant son reflet dans le miroir, elle eut l'impression de voir quelqu'un n'ayant pas dormi depuis des jours. Découragée, elle laissa ses vêtements de nuits échouer sur le sol carrelé, et se glissa dans la cabine de douche. Elle resta de longues minutes immobile sous le jet d'eau puissant. L'eau ruisselait le long de son corps, semblant entraîner dans son sillage jusqu'à la bonde d'évacuation, toute sa tension, son stress, sa fatigue. Elle pencha la tête en arrière, exposant avec plaisir, et même un certain soulagement, son visage fatigué au liquide libérateur et bienfaisant.
Mais ne voulant pas être en retard, elle se força à fermer les robinets et à sortir. Elle s'enveloppa dans son peignoir, et enroula ses cheveux dans une serviette. Ils étaient trempés, elle allait devoir les attacher si elle ne voulait pas se retrouver avec le dos mouillé, une grande auréole sur sa veste et sa chemise. De toute façon, elle n'aurait jamais le temps de les sécher. Elle allait vraiment finir par couper court cette satanée chevelure, qui l'encombrait plus qu'autre chose. De toute manière, ils étaient beaucoup trop longs. Elle retourna dans sa chambre, et chercha une tenue convenable pour la journée qui s'annonçait. Si seulement, elle pouvait y aller vêtue d'un jean… Mais elle savait très bien que c'était impossible. Tous ces vieux croûtons de parlementaires la regarderaient de travers, et n'accepteraient sûrement pas un tel accoutrement. Pourtant, ce n'était pas la tenue qui rendait une personne plus efficace dans son travail, ou plus intelligente. Elle opta donc pour un tailleur classique, comme d'habitude. Elle n'aimait vraiment pas ça, elle se sentait toujours engoncée et pas franchement à l'aise. Elle brossa ses cheveux vigoureusement pour enlever les nœuds, et les tordit le plus possible, pour les ramener en un chignon très serré sur sa nuque. Elle détestait ça. Les épingles plantées dans son crâne toute la journée étaient une véritable torture. Mais c'était l'unique moyen d'être sûre qu'il tienne toute la journée.
Elle rejoignit la cuisine à grands pas, et se dirigea immédiatement vers la cafetière, sans un regard. Elle avait besoin d'un café. Un grand, un bien fort. Elle but une gorgée du liquide noir et amer, et consentit enfin à lever les yeux. Pour constater qu'elle était seule. Etonnant. Où était passé Heero ? Et Quatre ? Relena haussa les épaules et avala d'un trait le reste de son café. Ils réapparaîtraient au moment de partir, elle en était intimement convaincue. C'était en général ce que faisait Heero, alors… Et comme ils n'étaient pas du genre à oublier de se réveiller, ou à avoir une panne de réveil. De toute façon elle n'avait pas envie de réfléchir. Pas de bon matin. Ni de parler, donc l'absence des garçons tombait très bien. Elle avait besoin de carburant pour supporter cette journée. Elle se resservit donc une tasse, avec l'impression que sa tête pesait trois tonnes, comme si elle n'avait pas dormi de la nuit. Nuit agitée sans aucun doute. Depuis plusieurs mois déjà elle dormait excessivement mal.
Relena jeta un œil à l'extérieur. Le soleil commençait déjà à briller, malgré l'heure matinale. La lune lui avait cédé la place. Les feuilles se mettaient à changer de couleur. Ca sentait l'hiver. Relena n'aimait pas cette saison. La nature endormie semblait presque morte, immobilisée sous le froid, le gel et parfois la neige. A cette période de l'année, elle se sentait toujours fatiguée et souvent déprimée. La nuit venait tellement rapidement, que la plupart du temps, elle ne voyait pas ses journées passer. En plus, elle appréhendait les fêtes de fin d'année. Elle savait que cette période serait difficile pour elle. Ca lui rappellerait plus fortement encore ses parents adoptifs. La seule chose qui la consolait c'était l'espoir de revoir son frère. Mais rien n'était sûr, elle n'avait plus de nouvelles de lui depuis des mois.
Perdue dans ses pensées, elle n'entendit pas Quatre arriver. Il resta un moment sur le seuil de la porte, pour l'observer. Quatre s'aperçut que, se croyant seule, elle n'avait érigé aucune barrière autour de son esprit, contrairement à ses habitudes, et qu'elle laissait vagabonder ses émotions librement, ainsi que ses pensées. Et il les ressentit de plein fouet. Il se laissa un instant submerger, avant de se reprendre, et de les bloquer. Pendant des mois, Quatre s'était entraîné à maîtriser son kokoro no uchûu, et à présent, il arrivait presque parfaitement à canaliser les émotions qu'il percevait de son entourage, sans les assimiler comme autrefois. Relena était une des rares personnes à être au courant de ses aptitudes psychiques. Elle l'avait même poussé à les exploiter. Il avait mis longtemps à accepter ce… "don" qu'il ne considérait pas en tant que tel. Il l'avait toujours considéré plutôt comme une malédiction. Ca lui avait toujours apporté plus de souffrances qu'un quelconque avantage.
Il se concentra et sentit alors pleinement les émotions diverses qui agitaient Relena. Mélancolie, colère, désespoir, désabusement. Autant d'émotions qui n'habitaient pas la jeune fille il y avait encore quelques mois. Et tout ça était bien plus profond qu'il ne l'avait supposé. Comment avait-elle pu lui cacher tout cela. Parce qu'il ne doutait pas un instant que cet état esprit n'était pas nouveau. Il ne regretta pas d'être venu. Dire qu'il avait longuement hésité avant de prendre la décision de venir sur Terre rendre visite à son amie. Elle était au bord du clash, de la rupture. Il se doutait qu'un jour ou l'autre, le poids des responsabilités la rattraperait, et que celles-ci refermeraient leurs mâchoires sur elle. Après tout, ce n'était qu'une adolescente propulsée brutalement dans un monde d'adulte. A l'âge où les autres se posaient des questions sur leur avenir, sans y réfléchir vraiment, absorbés par leurs études, leurs conflits avec leurs parents ou leurs amis, en ayant une idée abstraite de leur vie d'adulte, Relena devait prendre des décisions pour l'avenir du monde, gérer des conflits et faisait déjà partie de ce monde d'adultes, qui n'avait plus rien d'abstrait pour elle. N'importe qui d'autre aurait déjà craqué. Mais Relena était forte. Aussi forte qu'eux, anciens pilotes de Gundam.
Pourtant une chose les distinguait. Leurs blessures morales respectives, leur envie de vaincre, de libérer les colonies, de rendre le monde meilleur, les avait poussé à faire le choix de prendre les armes pour combattre. Relena n'avait pas vraiment fait de choix. Elle s'était retrouvée face à cette situation, héritière d'un royaume au lourd passé. Sans y être préparée. Et sa seule arme avait été sa foi dans le pacifisme et dans les hommes. Son caractère, sa bonté d'âme, son cœur l'avait empêchée de fuir. Elle était donc restée et avait fait face à tout cela, avec courage et volonté. Sa vie avait irrémédiablement changé, et elle ne s'était pas plainte, elle l'avait accepté sans broncher. Et pour cela il l'admirait. D'ailleurs, tous ceux qui la connaissaient un tant soit peu, l'admiraient pour cette raison. Même si on ne lui disait pas et qu'elle semblait parfois l'ignorer. Les gens ne parlaient pas assez entre eux. La communication évitait pourtant bien des conflits, des quiproquos… la souffrance…tout le tems perdu à se détester ou à penser faussement. Relena et Heero en était une preuve flagrante. Une parmi tant d'autres…
Malgré tout cette force était aussi sa faiblesse. A force de se donner corps et âme, elle s'était oubliée en chemin, avait mis sa vie entre parenthèses depuis deux ans, avait renoncé à son adolescence. Et elle commençait à se rendre compte du prix à payer. Quatre décida de rompre le contact psychique, et d'annoncer sa présence en toussotant. Relena se retourna aussitôt en sursautant, la main crispée sur sa poitrine.
_ Quatre ! Tu m'as fait peur !
_ Désolé.
_ C'est pas grave. J'étais plongée dans mes pensées et je t'ai pas entendu arriver.
_ Ah.
Il y eut un moment de flottement, où aucun des deux ne sut quoi dire à l'autre. Quatre voulait parler à Relena des angoisses qui la hantaient, mais ne savait comment aborder le sujet sans la braquer. Mais il décida de remettre la discussion à plus tard. A un moment plus opportun, pas quelques minutes avant de partir pour le Parlement. Alors il se rabattit sur un sujet moins délicat, et plus passe-partout.
_ Tu as bien dormi ?
_ Pas vraiment. J'ai un sommeil plutôt agité depuis quelques temps.
_ Oh. Il y a une raison particulière ?
Relena le regarda un instant, hésitante.
_ Je ne veux pas t'ennuyer avec ça, Quatre.
_ Relena ! Pourquoi penses-tu ça ? Tu ne m'ennuies jamais, quelle idée ! Je suis ton ami, je suis là pour que tu puisses te confier. C'est le rôle d'un ami. Bon, écoute, je ne voulais pas aborder le sujet maintenant mais... je sais que tu ne vas pas bien, contrairement à ce que tu veux faire croire à tout le monde. Et je sais que...
_ Quatre, je...
_ Non. Ne m'interrompt pas s'il te plaît, c'est important.
_ D'accord...
_ Donc, je sais aussi que tu n'as pas envie d'en parler. Mais si tu continues sur cette voie, tu vas droit dans le mur. Tu as des amis, des personnes qui tiennent à toi, qui sont là, autour de toi pour te soutenir. Et qui sont prêts à t'écouter et à t'aider. Tu peux me parler, tu le sais bien. Alors je t'en prie, dis-moi ce qui te tracasse autant. S'il te plaît Relena.
_ Pardon. C'est juste que… je sais pas… Tous ces problèmes au Parlement m'inquiètent. Ils ont raison, la Paix vacille, et je suis impuissante face à cela. Je n'ai pratiquement aucune expérience politique, et je perds l'influence que j'avais. De toute façon, face à la misère du monde et à la colère légitime du peuple, que peuvent bien faire mes discours sur le pacifisme… Ils ont autant d'impact qu'un cataplasme sur une jambe de bois. Les gens ont d'autres préoccupations maintenant. Et je ne sais pas quelles solutions je peux apporter aux problèmes économiques et sociaux qui secouent le monde.
_ Relena... personne ne te demande de trouver une solution miracle, comme ça, d'un claquement de doigt. C'est impossible de toute façon. Personne n'en est capable. Il faut du temps, de la patience, et beaucoup de travail. Pendant des siècles, les conflits ont fait rage sur Terre, et ensuite dans l'espace. Tu ne peux pas effacer ça, et redresser l'économie mondiale en quelques jours.
_ Sans doute. Mais j'ai l'impression d'être vraiment inutile. Il y a tellement de choses à faire que je ne sais pas par où commencer.
_ Est-ce que tu as quelques idées ?
_ Oui, je crois... j'ai préparé quelques propositions pour la réunion d'aujourd'hui. Je ne sais pas si elles sont bonnes... et réalisables surtout.
_ Je suis sûr que oui.
_ Quatre ! Je ne fais pas que des choses bien. Parfois j'ai la sensation que tu dirais amen à tous mes faits et gestes. Tu veux que je te dise ?
Relena le regardait, un petit sourire malicieux au coin des lèvres. Une petite réminiscence du passé qui n'était pas désagréable. Un peu comme la veille au soir. Petite amélioration ? Il l'espérait de tout coeur. Il lui sourit à son tour et l'encouragea à continuer.
_ Vas-y, je suis tout ouïe.
_ Et bien tu n'es pas très objectif à mon égard, mon cher Quatre !
Ils se regardèrent un instant puis éclatèrent de rire.

Heero était levé depuis un moment. Il avait déjà fait son tour de ronde habituel autour de la propriété, et avait donné ses recommandations aux agents de la sécurité. Il n'avait pas cessé de penser à ce que lui avait dit Quatre. Le jeune arabe avait raison. Il s'y prenait comme un manche avec Relena. Il avait vraiment le don de dire ce qu'il ne fallait justement pas dire. Mais à part le pousser à se poser plus de questions, Quatre ne l'avait pas aidé d'un iota. Et ne l'avait pas non plus aidé à résoudre celles qu'il se posait déjà. Il avait beau se triturer la cervelle dans tous les sens, il ne trouvait aucune réponse. "Foutaises ! Les sentiments ça ne s'apprend pas ! On en a tous..." Oui, mais comment les reconnaître ? Comment être sûr ? C'est vrai qu'il éprouvait quelque chose de particulier pour la jeune princesse, il l'avait toujours su, mais... "Pense à ce que tu éprouverais s'il lui arrivait quelque chose de grave..." Facile à dire. Il n'avait jamais envisagé la chose sous cet angle. Il était conscient que Relena était constamment en danger. C'était un peu pour ça qu'il était dans ce guêpier depuis six mois quand même. Mais il avait toujours envisagé ça d'un aspect technique, professionnel. Jamais sous l'angle des sentiments, de ce qu'il ressentait lui, en tant qu'être humain. Et puis un garde du corps essayait d'éviter de penser à la mort possible de son protégé. C'était son boulot à la base.
Il leva soudain les yeux en entendant des rires. La cuisine. Il venait d'arriver devant la porte de la cuisine, sans même s'en rendre compte. Ce rire. Ce rire léger, cristallin, il ne l'avait pas entendu souvent, et en tout cas pas depuis longtemps. Ce rire-là lui remuait toujours l'estomac. Il avait l'impression à chaque fois que son coeur faisait un bond pour tenter de s'échapper de sa poitrine, que sa tête se vidait d'un seul coup, et que ses entrailles se tordaient. Et ce rire-là, il l'aurait reconnu entre mille, même s'il ne l'avait pas entendu souvent. Ce rire d'ange c'était celui de Relena. Et sans qu'il se l'explique, un sourire lui monta aux lèvres alors qu'il poussait la porte. Et il fut frappé par la physionomie (fatiguée mais angélique) de la jeune fille. Elle tournait le dos à la fenêtre, et le soleil levant sur ses cheveux créait un halo doré autour de son visage. Ses yeux bleus brillaient, et malgré ses traits tirés (elle avait mal dormi, il l'avait entendue s'agiter toute la nuit), elle avait l'air plutôt détendu. Plus que d'habitude en tout cas, quand ils devaient passer leur journée au Parlement. Sans doute Quatre y était-il pour quelque chose. Ce dernier se tourna d'ailleurs vers lui, avec un grand sourire en guise d'accueil.
_ Bonjour Heero !
_ Bonjour.
Relena le regardait, une lueur d'hésitation au fond des yeux, le reste d'un sourire sur ses lèvres roses.
_ Bonjour Heero...
_ Relena... Je venais voir si vous étiez prêts. Il est temps, et tout est en place... mais je ne voulais pas vous dérangez...
_ Oh... heu... d'accord. Moi je suis prête en tout cas. Quatre ?
_ Moi aussi, c'est tout bon.
_ Très bien. Nous pouvons y aller alors...
_ Hum... Heero ? Tu ne veux rien ?
Heero regarda la jeune fille, sans comprendre. Que pourrait-il vouloir, à part tout faire pour elle, pour la protéger, pour la voir rire et sourire comme ça tous les jours ?
_ Je veux dire... tu ne veux pas prendre un café avant de partir ?
Il la regarda, trop incrédule pour pouvoir lui répondre. Avait-il bien entendu ? Quatre devait être magicien. Il jeta un oeil au jeune homme... qui, à voir son petit sourire un rien moqueur, devait bien s'amuser. A cet instant précis, il lui faisait penser à Duo. Toujours est-il que c'était la première fois depuis longtemps que Relena ne s'était pas adressée à lui, directement, avec autant de gentillesse. Il eut l'impression d'avoir en face de lui la vraie Relena, l'ancienne, celle qu'il avait rencontrée il y a deux ans.
_ Heu... non merci...
_ Oh... Tant pis. Bon, alors allons-y. Je passe juste par ma chambre, récupérer mon manteau et mes papiers.
Elle posa sa tasse dans l'évier, et sortit aussitôt la tête baissée. Quatre se tourna vers lui, et son sourire s'accentua. Heero le regarda, et un brin exaspéré, lui jeta un regard noir avant de sortir lui aussi de la pièce. Qu'est-ce qu'il avait à sourire comme ça ?!
***
Relena serrait les dents à s'en faire sauter l'émail. Les poings et le visage fermés, tendue à l'extrême, elle attendit que tout le monde soit sorti, pour pouvoir elle aussi quitter cet endroit maudit, rentrer chez elle et aller directement se coucher sous sa couette. Seigneur ! Elle n'avait qu'une envie à cette seconde, c'était de hurler de rage et de désespoir. Elle put enfin se lever, et sortit raide comme un piquet, prête à exploser. Heero la précéda, fidèle à son habitude c'est-à-dire silencieux, sachant qu'il valait mieux pour lui (et pour tout le monde d'ailleurs) ne pas adresser la parole à la jeune fille, et adopter un profil bas. Le plus bas possible. Quatre, encore secoué par la violence des débats qui venaient d'avoir lieu, les suivit totalement muet et un peu sonné. Il sentait la colère de Relena. Une colère noire qui recouvrait totalement tous ses autres sentiments. Et il comprit réellement pourquoi elle était dans un tel état d'esprit. Il prit conscience de ce à quoi elle était confrontée chaque jour.
Allah ! Pourquoi les hommes agissaient ainsi ? Ils essayaient de la briser, mais pourquoi ? Surtout cet Américain. Quatre ne l'aimait pas du tout. Il cachait quelque chose. Un sentiment de malaise l'avait envahi dès qu'il avait posé les yeux sur le Ministre Foster. Ils devaient absolument surveiller cet homme de près, et s'en méfier comme de la peste. Et puis il avait une façon tellement... étrange de regarder Relena... et de lui parler aussi. Sur un ton mielleux. C'était le plus vindicatif mais sans être agressif. Il tentait par tous les moyens de la déstabiliser, de la pousser à la faute. Mais avec subtilité. Mais pourquoi ? Il n'eut pas le temps d'y réfléchir plus longuement. Ils venaient d'arriver au palais, et Relena sortit du véhicule comme une furie. Heero descendit mais ne la suivit pas. Quatre fut étonné. Mais quand il le regarda, il vit son regard qui semblait dire "moi j'y vais pas, sinon ça va être ma fête... de toute façon je suis trop jeune pour mourir". Alors le jeune arabe décida de se dévouer. Et puis ça lui permettrait de finir la discussion entamée le matin.
Le claquement violent d'une porte le renseigna sur la position de Relena. Le hurlement de rage qui suivit moins d'un quart de secondes après le confirma. La jeune fille avait filé droit dans sa chambre. Quatre s'arrêta devant la porte, hésitant et légèrement anxieux. Il se décida à frapper à la porte.
_ Relena ? C'est Quatre ! Je peux entrer ?
N'obtenant aucune réponse, Quatre se risqua à entrouvrir la porte et à passer sa tête dans l'embrasure.
_ Je peux entrer ?
Relena ne répondit même pas. Elle faisait les cent pas dans la chambre, comme un lion en cage, pleine d'une rage contenue. Qu'elle laissait exploser sporadiquement en poussant un cri, ou en tapant du pied pour éviter de balancer tout ce qu'elle avait à portée de main, se fracasser contre le mur.
_ Relena, ça va ?
La jeune fille se tourna vers lui, les yeux flamboyant de colère. Mais en voyant l'air inquiet et apeuré de son ami, elle s'adoucit et se détendit imperceptiblement. Relena se laissa tomber lourdement sur un des deux fauteuils près de la fenêtre. Quatre prit place dans l'autre.
_ Excuse-moi Quatre. Je suis vraiment désolée de m'être ainsi emportée.
_ Ne t'excuse pas, c'est pas très grave. Dis-moi, c'est toujours comme ça ?
_ Mm. Presque. Ca dépend des jours, mais aujourd'hui...
_ Ce Foster m'a l'air...
_ Dangereux ?
_ Oui, et malsain. Il faut s'en méfier comme de la peste. Heero s'est renseigné sur lui ?
_ Oui, mais il n'a rien trouvé de concluant apparemment. Sinon il ne m'aurait pas laissée retourner au Parlement.
_ En effet.
_ Tout ça, c'est... c'est tellement compliqué, embrouillé dans ma tête. Cette situation me pèse, je suis fatiguée Quatre. Fatiguée d'avoir parfois l'impression de me battre pour rien. Et je me sens si seule. Le monde a tellement souffert pendant cette guerre, on a eu tellement de mal à acquérir la paix. Pourtant je suis convaincue que certains dirigeants n'hésiteraient pas à replonger dans la guerre. Tu as bien vu tout à l'heure. Certains réclament le droit d'avoir une armée de réserve au nom de la souveraineté nationale. Mais à quoi sert une armée, si on vit une époque de paix que l'on souhaite durable ? Ils sont tellement contradictoires dans leurs discours. C'est fatigant à la longue.
_ Ce n'est pas nouveau. Ca a toujours marché ainsi. Les hommes disent vouloir la paix, l'égalité, mais ils s'équipent militairement, creusent les fossés de l'inégalité. Ils sont prêts à attaquer leurs voisins pour des broutilles. Mais heureusement, il existe des gens, comme toi, qui ont des idéaux forts, et qui se battent pour les faire accepter. C'est difficile, mais regarde. Le résultat n'est pas si mauvais. Pour la première fois de l'Histoire, le monde entier se démilitarise et accepte de s'unir pour une paix durable. Mais comme je te le disais ce matin, il va falloir être patient. Changer les mentalités va être long et pénible. Le commerce de la guerre brasse énormément d'argent. Certaines personnes ne sont pas prêtes à lâcher une telle manne financière.
_ Tu as raison, je sais. Mais j'aimerais tellement que tout soit fini déjà.
_ Je comprends. Mais pour le moment, il faut que tu te décharges un peu, que tu acceptes de déléguer un peu de tes responsabilités. Accepte une aide extérieure. Ca ne te coûtera rien. Et ne laisse surtout pas une poignée d'hommes comme ce Foster saper ta confiance en toi, et ta foi en l'âme humaine.
Relena lui sourit tendrement et lui prit la main.
_ Comment fais-tu ?
_ Quoi donc ?
_ Pour me remonter aussi bien le moral ! Mon royaume contre ton secret.
_ Non merci ! Garde Sank, et je garde mon secret.
Relena éclata de rire. Et Quatre, la sentant détendue, décida que le moment d'aborder LE sujet était venu. Cette situation n'avait que trop durer, et il était temps d'y mettre fin. Ca devait évoluer, et rapidement.
_ Relena. Je voudrais te poser une question.
_ Oui je t'écoute.
_ Eh bien... pourquoi agis-tu ainsi avec Heero ?
Le sourire de la jeune fille se figea instantanément. Et son regard bleu se troubla imperceptiblement. Quatre sentit les émotions contradictoires de Relena s'entrechoquer. Elle ne savait pas trop comment répondre.
_ Ecoute. Je sais qu'il est très maladroit parfois dans ses propos...
_ Parfois ?
_ Bon d'accord, toujours. Mais je pense qu'il ne sait pas comment gérer cette situation. Il n'a pas l'habitude et tu ne l'aides pas vraiment.
_ Je sais. Mais il m'énerve, c'est plus fort que moi. Il a le don de me faire sortir de mes gonds. J'aimerai qu'il réagisse un peu de temps en temps. Quoi que je lui dise, il reste aussi expressif qu'un poteau électrique. C'est agaçant.
_ Il tient à toi, même s'il ne s'en rend pas vraiment compte. C'est nouveau pour lui tout ça. Est-ce que tu l'aimes ?
_ Je crois.
_ Je ne voudrais pas m'avancer, mais je pense que c'est réciproque.
Ses paroles jetèrent la jeune fille dans un profond trouble. Et une lueur d'espoir s'alluma au fond de ses yeux. Et à cet instant Quatre sentit que tout s'arrangerait. Doucement mais sûrement. Les deux jeunes gens allaient finir par se trouver.
_ Tu crois ?
_ Demande-lui.
Et Quatre décida qu'il avait rempli son office et qu'il était temps pour lui de se retirer. Il se leva et sortit de la chambre, laissant son amie à ses pensées et à ses espoirs.

Quelques minutes après le départ de Quatre, Relena réfléchissait toujours. Elle tournait et retournait les dernières paroles de son ami dans sa tête. Puis elle décida d'en avoir le coeur net. Relena se dirigea aussitôt vers son bureau, où Heero avait l'habitude à chaque fin de journée de taper son rapport. Et en effet, elle le trouva devant son ordinateur, posé sur un coin de son bureau à elle, frappant fébrilement les touches de son clavier, face à la fenêtre donnant sur le jardin. Et dos à la porte. Elle l'observa quelques secondes, hésitante. Elle ne voulait pas le déranger, sachant qu'il n'appréciait que moyennement. Mais c'était peine perdue.
_ Relena. Un problème ?
_ Tu m'as entendue ? Comment fais-tu pour deviner à chaque fois que... non, laisse tomber.
Elle s'approcha du bureau et s'installa sur une chaise, à côté de lui.
_ Heero, je...
Elle s'arrêta net, décontenancée. Et soudain elle se sentit stupide. Sa démarche lui parut alors idiote. Elle s'apprêta à se lever, mais Heero cessa de martyriser le pauvre clavier et se tourna brusquement vers elle pour poser sa main sur son bras, l'empêchant de se lever.
_ Non, reste.
Relena le regarda, interdite. Et plongea ses yeux dans ceux du jeune homme, totalement hypnotisée. Ces yeux-là la paralysaient entièrement. Ils avaient un tel pouvoir sur elle. Magnétiques. Avec une lueur d'hésitation. Une question silencieuse aussi. Comme une attente.
_ Et bien, je... je voulais m'excuser de l'attitude désagréable que j'ai eu envers toi ces derniers mois. J'ai agi comme une enfant gâtée, et je m'en veux terriblement. J'ai été injuste avec toi. Injuste et méchante. Tu es un garde du corps en or, et je suis une ingrate. Je...
_ Je suis désolé.
_ Pardon ?
Heero ne sut plus quoi dire. Désolé pour quoi ? Pour tellement de choses. Des choses qui échappaient à sa compréhension, à son contrôle. Des choses sur lesquelles il n'arrivait pas encore à mettre de mots. Alors sans réfléchir il posa sa main sur la nuque de Relena, appréciant au passage le toucher doux et soyeux de ses cheveux, qu'elle avait détaché. Et il attira son visage angélique vers lui. Il se refusa à penser. Il laissa son instinct le guider, son impulsion du moment. Relena se laissa faire, trop surprise pour réagir. Oh mon dieu. Heero allait l'embrasser. Elle ferma les yeux, pencha la tête légèrement, sentit son souffle chaud tout proche, et ses lèvres s'entrouvrirent d'elles-mêmes pour accueillir ce baiser qu'elle devinait doux, et qui hantait ses rêves depuis si longtemps.
Et soudain le rêve devint horreur. L'enfer se déchaîna.
Un sifflement imperceptible, le bruit d'une vitre qui explose. Heero se jeta sur elle, l'entraînant avec sa chaise. Le contact avec le sol fut violent et douloureux. Sa bouche s'ouvrit en un cri muet, ses yeux s'agrandirent de surprise. "Oh mon dieu, non, pas ça..." Les quelques secondes qui suivirent lui parurent des heures. Elle fut incapable du moindre mouvement. En état de choc, elle ne sentait plus rien, la réalité lui échappait. La surprise. La compréhension soudaine. Puis le silence. Un silence lourd et angoissant. Jusqu'à ce qu'une brûlure soudaine à l'épaule, un élancement la fassent redescendre sur terre. Heero était toujours couché sur elle, son corps la protégeant, l'écrasant de tout son poids. Elle avait du mal à respirer. Elle entendit alors un bruit de cavalcades, des hommes qui criaient, affolés, et Quatre... Quatre l'appelait. Elle essaya de lui répondre, mais, le souffle coupé, elle n'y parvint pas.
Relena ouvrit les yeux, fixant le plafond. Que s'était-il passé ?!
_ Heero ?!!! Heero... réponds-moi !
Aucune réponse. Elle essaya de tourner la tête. Mais sa vision réduite par des mèches brunes l'empêchait de voir quoi que ce soit. Elle tenta de se dégager, un horrible pressentiment lui broyant le coeur. A force d'efforts, le corps inerte de Heero retomba mollement sur le sol, à côté d'elle, au moment où la porte s'ouvrait violemment, faisant place à Quatre et à la moitié des agents présents dans le palais. Pour leur dévoiler une vision sortie tout droit d'un cauchemar. Heero était allongé inanimé sur le sol. La fenêtre avait volé en éclats, projetant des débris de verre partout dans la pièce. Relena était agenouillée près du jeune homme, sa manche gauche trempée de sang, et fixant ses mains rougies avec hébétude. Elle leva lentement les yeux agrandis de terreur et d'incrédulité vers Quatre, le fixant d'un regard plein de souffrance. Et alors un horrible hurlement de bête blessée franchit ses lèvres, sans qu'elle ne puisse l'empêcher.
_ NOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!!!!!!!
***
Il y a ton sourire qui s'élève / C'est comme une lueur d'espoir / Il y a l'ombre et la lumière / Au milieu de notre trajectoire / Il fallait choisir une route / Alors on a choisi la pluie / Acide à s'en brûler le coeur / Pourvu que plane les esprits / Il y a tes yeux qui me tuent / Quand tu me dis que c'est fini / Il y a le vent de nos sanglots qui souffle pour une amnistie / Mais rien n'arrêtera la lutte / Rien ne séchera cette pluie / Non rien ne finira la chute non rien ne finit l'infini / Rien ne desserrera nos mains / Rien n'éteindra l'éphémère / Nous forcerons oui nous forcerons le destin / Et puis nous percerons les mystères / Il y a les lois de l'empire / Et les trous noirs dans la mémoire / Il y a le meilleur et puis le pire / Au milieu de notre trajectoire / Combien tu vends ta liberté / Dis combien tu vends ta poésie / Moi j'ai même vendu mon âme au diable / Pour ton sourire / Puisque tout est aléatoire / Dans le cahot des univers / Et puisque insoluble est la réponse / Et puisque déjà me manque l'air / Mais qu'importe les directions / Jusqu'au delà de la limite / Tous les chemins mènent à tes yeux / Tous les chemins mènent à la fuite / Rien ne desserrera nos mains / Rien n'éteindra l'éphémère / Nous forcerons nos destins / Nous percerons les mystères / Rien ne desserrera ces poings / L'univers, l'univers / Nous retrouverons nos chemins / Nos idées et puis l'univers / Il y a ton sourire qui s'élève / C'est comme une lueur d'espoir / Il y a l'ombre et la lumière / Au milieu de notre trajectoire / Ouais il fallait choisir une route / Alors on a choisi les pluies / Acides à s'en brûler le coeur / Pourvu que plane nos esprits

Quelques réactions de l’époque :
Kiwi : Oh non pas maintenant V_V…Tenchi t’es immonde ! *kiwi complètement hystérique* Ahhhhhhhhh !!!!! Mais qu’est ce que tu as fait !!!!!!!!
Katel : AAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHH T______________T NOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!! TENCHI T’ES MOOOOOOOOOOOOORTE !!!!!!

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