Nerfs à vif (partie 30)

Dec 01, 2008 00:41



Titre: Nerfs à vif
Titre original : Losing it
Auteur original : Dreamsofspike
Traducteur : Sganzy
Bêta : Vicodinaddict
Disclaimers : Pas à moi, pas de sous
Spoiler : Post Wilson’s Heart (4x16)
Résumé: La perte de la femme qu’il aime a changé Wilson, House en fait les frais.
Genre: Drame, Violence, Friendship (Huddy et Hameron), Angst...
Avertissement: NC-15 je dirais car cette fic est assez traumatisante au niveau psychologique et contient des scènes de violences passives.


Quand elle quitta son bureau à six heures trente ce soir là, Cuddy était épuisée. Sa journée avait été longue et stressante, et elle ne cessait de penser à House et à sa situation, ce qui n’avait aidé en rien. House avait tellement l’habitude de rejeter toute aide qu’elle avait du mal à décider de ce qu’elle devait faire ou éviter pour l’aider.

Pourtant, House semblait plus réceptif que jamais à ses tentatives de réconfort et se montrait étrangement docile. Elle le connaissait trop bien pour ne pas s’en inquiéter.

Chaque fois que le téléphone sonnait, Cuddy espérait que ça serait la police, qu’elle aurait des nouvelles de Wilson. Puis, la panique reprenait le dessus et elle craignait qu’il soit arrivé quelque chose à House. Peut-être que le garde s’était endormi, ou avait laissé House seul pour quelques minutes le temps d’aller chercher un café, ou…quelque chose qui l’aurait rendu vulnérable à une attaque. Et si House était blessé ? Ou pire ! Et si elle avait échoué et n’avait pas su le protéger ?

Mais à chaque fois, elle décrochait et découvrait que ce n’était rien de tout ça, juste un appel typique concernant son travail. Pourtant, sa panique la saisissait à nouveau dés que le téléphone se remettait à sonner.

Elle se détendit un peu quand la journée fut terminée et qu’elle n’avait reçu aucun appel au sujet de House ou Wilson. En contrepartie, le fait de n’avoir aucune nouvelle de la police au sujet de Wilson l’angoissait. Personne ne savait où il était ou ce qu’il faisait.

Elle était pressée de rejoindre House, de s’assurer de ses propres yeux qu’il allait bien.

Quand elle frappa à sa porte, dix minutes plus tard, elle fut surprise de remarquer qu’il semblait aussi impatient qu’elle. Son soulagement était évident quand il lui ouvrit, ses épaules retombèrent alors qu’il faisait un pas en arrière pour la laisser entrer, acquiesçant en direction du garde avant de refermer la porte.

-         Il était temps, grogna-t-il. Cinq minutes de plus et je commençais à ronger mes doigts.

Cuddy leva un sourcil quand il leva une main pour lui montrer ses ongles rongés et elle sourit légèrement.

-         Craquage nerveux ou vous aviez juste faim ?

L’esquisse d’un sourire passa sur les lèvres de House à son commentaire.

-         Un peu des deux, admit-il. Où est ce qu’on va ?

-         Vous me laissez choisir ? Pour de vrai ?, s’amusa-t-elle.

Elle avait déjà réservé le restaurant dans l’après-midi, mais s’attendait à ce qu’il se montre plus réticent que ça.

-         Je vous laisse payer, répondit-il en haussant les épaules. Ca paraît logique.

Cuddy sourit, ravie de voir un peu du vieux House remonter à la surface. Malgré tout, cette lueur lasse brillait toujours dans son regard et ses traits restaient tendus dans une expression angoissée qui ne le quittait plus ces dernières semaines. Reconnaissant là sa tentative pour dissimuler sa fragilité, elle fut soudain prise d’une envie de le prendre dans ses bras et de le serrer contre elle.

Elle se raisonna et se contenta de taper amicalement son épaule, le tournant en direction de la chambre.

-         Si on sort, il va falloir mettre une veste. Ils ne vous laisseront jamais entrer dans cette tenue.

-         Oh…c’est ce genre de restaurant, soupira House en levant les yeux au ciel, bien que Cuddy décela qu’il s’en moquait. Vous êtes sûre qu’ils vont me laisser entrer ?, ajouta-t-il en levant sa canne pour désigner son statut d’infirme. En général, ce type de restaurant n’est pas fan des minorités.

-         Vous n’êtes en rien une minorité, House. A moins que les emmerdeurs soient en minorité dans ce monde, du moins.

-         Si on considère la moyenne de cette pièce comme un échantillon représentatif, je ne pense pas que ça soit une minorité, ronchonna-t-il gaiement en allant vers sa chambre.

Cuddy avait volontairement choisi un restaurant classe, voulant s’assurer que House passerait une bonne soirée. Ca faisait un moment que personne n’avait essayé de faire quelque chose de gentil pour lui, de le faire se sentir particulier, de lui montrer qu’on appréciait le temps passé avec lui. Même si Cuddy savait qu’il le nierait, elle sentait que ce genre d’attention lui ferait plaisir.

Et bien que dans d’autres circonstances, elle ne l’aurait jamais admis…Cuddy appréciait vraiment de passer du temps avec House.

Peut-être même un peu trop.

Elle avait choisi un restaurant qu’un de ses collègues lui avait recommandé, quelque chose de branché sans être pompeux…bien qu’on ne pouvait y entrer qu’avec une réservation. On lui avait dit que l’atmosphère y était unique et élégante.

Elle espérait qu’ils s’y sentiraient à l’aise.

Quand leur conversation se stoppa brutalement aux portes du restaurant, Cuddy fronça les sourcils, immédiatement inquiète. Il s’était figé sur le trottoir, observant le nom inscrit sur la devanture. Sa pomme d’Adam rebondissait alors qu’il déglutissait convulsivement. Il était soudain pâle et Cuddy décela la réticence dans ses yeux et dans sa position.

-         Qu’est ce qu’il y a ?, demanda-t-elle doucement, observant le restaurant à la recherche de ce qui provoquait ce comportement. House ?

Il secoua légèrement la tête, comme pour reprendre ses esprits, avant de redresser les épaules.

-         Rien. Tout va bien.

-         Etes-vous…déjà venu ici ?, hésita Cuddy, scrutant son visage à la recherche d’une réponse à ses questions silencieuses.

-         Une fois.

House détourna le regard alors qu’il répondait, les lèvres serrées.

-         Vous voulez qu’on aille autre part ?

House secoua la tête à nouveau.

-         Non, insista-t-il. Ca ira. C’est bien. On mange bien ici.

-         Vous êtes sûr… ?

Cuddy sentait qu’elle ne devait pas trop le pousser, mais elle ne pouvait s’en empêcher. Elle pouvait dire que quelque chose n’allait pas, mais n’avait aucune idée de la gravité de la situation. De son côté, House semblait déterminé à prétendre que tout allait bien.

-         Certain, répliqua House d’un ton faussement assuré.

Il fit un pas en avant et lui fit signe de le suivre.

-         Dépêchez-vous, sinon ils vont donner notre table à quelqu’un d’autre.

En vérité, ils étaient légèrement en avance sur leur réservation. Le maître d’hôtel les accompagna jusqu’à leur table et quelques secondes plus tard, le serveur était déjà à leurs côtés, prêt à prendre la commande de leurs apéritifs. Cuddy sourit poliment alors qu’elle commandait un Cosmopolitain, inconscient du tressaillemente de House à ce choix.

Quand le serveur se tourna vers House, il secoua légèrement la tête pour signifier qu’il ne désirait pas d’alcool. Puis, soudain, il se figea, une mimique pensive fronçant ses sourcils alors qu’il changeait d’avis. Il n’avait pas bu d’alcool depuis la nuit de l’accident de bus, chaque fois qu’il se servait un verre, la nausée l’assaillait sous le poids de la culpabilité et il se retrouvait incapable de boire une seule gorgée.

Pourtant, ce soir, il avait envie que ça change.

-         Vous servez une boisson ici…je ne sais pas comment ça s’appelle. C’est…bleu clair et ça a le gout de…barbe à papa. Il me semble bien qu’il y a une goutte d’alcool sous la tonne de sucre et de colorant artificiel. Vous voyez de quoi je parle ?

House souriait au serveur, essayant au mieux d’être poli, mais pour Cuddy, même s’il feintait au mieux la sincérité, son sourire lui paraissait faux. Le serveur parut déconcerté par le sourire et les yeux perçants de l’homme, n’osant pas croiser son regard alors qu’il nommait une boisson qui semblait coller à la description de House.

-         Voilà. Je vais prendre ça.

Alors que le serveur s’éloignait pour aller chercher leurs cocktails, Cuddy dressa les sourcils, interrogatrice.

-         Quoi ?

Cuddy haussa les épaules.

-         Rien. C’est juste…ce n’est pas le genre de boisson que je vous imaginais boire.

House feinta l’horreur à l’éventualité qu’elle trouve que ça lui correspondait.

-         Ca ne l’est pas, s’indigna-t-il.

Il resta silencieux un moment, le sérieux reprenant le pas. Cuddy devinait qu’un débat s’animait derrière ses prunelles claires. Finalement, il inspira profondément.

-         C’était celui de Ambre, admit-il à voix basse.

Les yeux de Cuddy s’écarquillèrent avant qu’elle ne se reprenne, buvant une gorgée d’eau pour paraître nonchalante.

-         Celui d’Ambre ?, répéta-t-elle en une question.

House acquiesça doucement, fixant la nappe alors qu’il expliquait.

-         La…fois où je suis venu ici. C’était avec Wilson et Amber. Elle…a commandé un de ces trucs.

Un sourire aussi nostalgique qu’amer élargit ses lèvres.

-         Elle en a commandé deux si on compte celui de Wilson. Un cocktail a la barbe à papa est pourtant loin d’être son truc non plus.

Cuddy hésita, choisissant ses mots avec précaution et contrôlant son ton pour qu’il reste neutre.

-         Ca a du être…Gênant.

Elle rit un peu, surprise de ses propres mots. Elle avait voulu dire « sympa », mais avait décidé d’être honnête à la dernière minute.

Peu importait pourtant, parce qu’il n’aurait pas remarqué qu’elle ne l’était pas.

House rit tout bas une seconde, acquiesçant.

-         Ca l’était. Evidemment…ça ne l’aurait pas été si j’avais été invité.

Il fit une pause, songeur.

-         Non. Ca aurait quand même été gênant. Je m’étais bien amusé à les embêter.

Un silence mal à l’aise s’installa alors, le regard de House se fixant sur la table, perdu dans ses souvenirs alors que Cuddy buvait une nouvelle gorgée d’eau. Elle devinait que quelque chose le tracassait, qu’il était sur le point d’ajouter autre chose. Le mieux qu’elle pouvait faire pour l’aider, c’était de lui laisser le temps de trouver ses mots, de ne pas le pousser.

Finalement, il recommença à parler d’une voix basse et lourde de regrets.

-         Quand tout ça a commencé…quand Wilson…C’était…c’était à cause d’elle. Il me…punissait pour…pour ce que je lui ai fait…

Cuddy fronça les sourcils.

-         House, vous n’avez pas….

Il leva une main pour la faire taire et reprit doucement.

-         Il croyait avoir le droit de…me faire payer pour lui avoir enlever la vie.

Il hésita avant d’ajouter en un chuchotement.

-         Peut-être qu’il l’avait. Un peu. Mais…mais au bout d’un moment, ça n’avait plus rien à voir avec elle. Je ne me souviens même pas de la dernière fois où il a prononcé son prénom.

Cuddy était surprise et touchée par sa peine, par le respect profond qu’il démontrait quand il prononçait le nom de Ambre. Elle hésita, partagée entre son instinct et ce qu’elle savait de l’instinct de House, avant d’oser glisser une main sur la table, jusqu’à ce que ses doigts frôlent le dos de sa main.

-         Il était si consumé par la colère qu’il en avait oublié pourquoi il était en colère.

Cuddy acquiesça avec compassion.

-         Il a été trop loin et elle n’aurait pas voulu ça.

Elle resta silencieuse alors que le serveur arrivait avec leurs cocktails. House attendit jusqu’à ce qu’il reparte pour lever les yeux vers elle, le regard solennel et un brin timide. Il leva son verre vers le sien et Cuddy imita son geste. Sa voix était sereine, respectueuse, alors qu’il énonçait son toast, cognant son verre contre celui de la jeune femme.

-         A Ambre.

HHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH

Quand House commanda son second verre, un scotch beaucoup plus masculin, qui lui correspondait, Cuddy sentit qu’elle devrait se limiter à un seul verre, qu’elle allait conduire.

House, apparemment, n’avait pas l’intention de se poser des limites.

Elle ne pouvait lui en vouloir de désirer s’évader de la réalité étant donné les circonstances. Malgré tout, elle l’arrêta au quatrième verre, lui rappelant gentiment le prix d’un verre dans un restaurant de ce standing. House savait que ce n’était qu’une excuse, mais il obéit tout de même et Cuddy sentit de nouveau un élan d’affection pour lui quand elle comprit qu’il le faisait pour elle.

Cesser de boire avant de devenir incohérent, barbant et maladroit était une marque de respect pour House.

Cuddy conduisit jusqu’à l’appartement, l’accompagnant à l’intérieur pour s’assurer que ça irait. Bien que ce soir, l’alcool avait effacé la majorité de ses angoisses. Alors qu’elle avait déjà eu affaire à un House complètement bourré et n’avait pas l’intention de revivre ça un jour, Cuddy dut admettre qu’un House presque bourré était tout à fait plaisant. Il était souriant, faisait de l’humour sur autre chose que son corps ou sa tenue, et n’essayait pas de dissimuler le fait qu’il appréciait sa compagnie.

A sa demande, elle s’assit avec lui sur le canapé. Ils regardèrent la télé un moment, profitant d’un silence agréable, uniquement brisé par quelques remarques sarcastiques sur l’émission qu’ils regardaient. Quand Cuddy songea à vérifier l’heure, il était déjà onze heures.

-         Je dois vraiment y aller, soupira-t-elle, surprise d’être déçue alors qu’elle se levait.

Elle lâcha un léger cri quand elle fut tirée en arrière vers le sofa. Ebahie, elle regarda la main de House fermée autour de la sienne et l’interrogea du regard.

-         Vous n’êtes pas obligée.

-         House…vraiment, insista Cuddy, dégageant sa main de la sienne et se levant à nouveau. Il y en a qui doivent travailler demain matin.

-         Vous êtes le boss. Vous pouvez y aller quand bon vous semble.

-         Non, le corrigea gentiment Cuddy. Je suis le boss, je dois pratiquement vivre là bas pour faire mon travail.

House attrapa sa main de nouveau, la forçant à s’asseoir sur le canapé, plus près d’elle. Il plongea ses yeux brillants de sincérité et de vulnérabilité dans les siens. Elle attendit alors qu’il ouvrait la bouche pour parler, la refermait, puis admit doucement et avec une certaine réticence.

-         Je…Je ne veux pas que vous partiez. Pas encore. Je…

Il hésita, détournant le regard, et Cuddy fut submergée par la compassion et la culpabilité alors qu’elle réalisait que House ne voulait pas rester seul. Son visage était à quelques centimètres du sien, et il lui était impossible de manquer la peur qui naissait à nouveau dans ses yeux.

-         House, murmura-t-elle en posant une main sur sa joue. Vous êtes en sécurité ici. Le garde est juste…

-         Je m’en moque, répondit House en haussant les épaules et croisant à nouveau son regard avec une sincérité inhabituelle. Je veux que tu restes.

TBC….

fic: nerfs à vif, fic, traduction

Previous post Next post
Up