"Petit" One Shot coup de tête après un long moment passé sans écrire. Ca ne casse pas trois pattes à un canard mais je suis tout de même super contente de retrouver mon Sakuraiba chouchou et aussi fière d'avoir réussie à boucler quelque chose, enfin !
Absence de beta lectrice à noter... ^^
Il suffisait pour Masaki de fermer les yeux pour être comme si il y était. Il s’en souvenait comme si c’était hier. Cette peau si douce, cette langue aventureuse, cette odeur si masculine, ces gestes hasardeux, ce souffle coupé... Mais ce dont il se souvenait le mieux, c’est cette voix à jamais gravée dans sa mémoire. Cette voix déjà grave et rocailleuse aux accents toujours un peu magistraux. Cette voix qui lui avait susurré un nombre incalculable de mots doux, cette voix qui avait crié son nom jusqu’à se casser dans une plainte douloureuse et jouissive. Comment oublier ses premiers frissons de la chair ? Comment oublier cet orgasme ? Un orgasme qui avait envahi tout ton corps, broyant le moindre recoin de conscience. Un orgasme ravageur, balayant tout sur son passage. Maintes et maintes fois, Masaki avait tenté de retrouver cette sensation, par tous les moyens possibles et imaginables, tous moins catholiques les uns que les autres. En vain. A croire que cette sensation de bien-être absolu était vouée à rester enfouit dans sa mémoire, une nuit de ses 18 ans à Yokohama en compagnie de Sakurai Sho…
Seul sur son grand lit, Sho réfléchit. Sa petite-amie depuis six mois, Hochiko-chan, venait de mettre fin à leur histoire. Il n’était pas triste, juste amer. Amer parce que cette fille, il l’appréciait beaucoup. Seulement, il ne pouvait sincèrement pas dire qu’il l’aimait, ça aurait été mentir. Il aimait en revanche l’idée que leur histoire dépasse les 6 mois. 6 mois… Un record pour Sho. Alors cette après-midi-là, dans sa chambre, Sho s’en voulait de ne pas avoir su la garder. Ou plutôt, il s’en voulait de ne même pas avoir essayé de la retenir. Au fond, c’est peut-être ce qu’il souhaitait. Sho s’en voulait d’être si lâche.
Il haïssait cette lâcheté qui le poussait à se trouver de nouvelles filles tous les trois mois en moyenne, comme des pansements sur une mémoire sensorielle bien trop à fleur de peau même après tant d’années. Cette lâcheté qui lui faisait appréhender chaque instant passé en tête à tête avec Aiba Masaki. Car Sho en était conscient, aucun des deux n’avait oublié cette nuit moite de Juillet 2001, où ils s’étaient perdu l’un dans l’autre le temps d’un instant. Le choc avait été violent pour le jeune homme qu’il était alors. Il avait aimé coucher avec un homme, il avait adoré coucher avec son meilleur ami. L’explosion de sensations dans tout son corps avait été trop violente, elle lui avait fait peur. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Qu’il était pédé ? Cette idée le paralysait. Alors il avait tenté d’oublier, de faire comme si rien ne s’était passé. Le lendemain, quand Masaki s’était approché de lui, il l’avait évité, comme le surlendemain et tous les autres jours qui suivirent. Aiba finit par se lasser et n’essaya plus de lui parler. Alors, leur amitié se construisit là-dessus, un socle un peu bancal certes mais qui jusque-là tenait la route. Tous les deux s’appréciaient beaucoup et passaient des moments agréables ensemble mais ils ne se voilaient jamais seul à seul. C’était une règle, un accord tacite que m^me les autres membres du groupe semblaient avoir acquis eux aussi. Il avait tenté d’oublier cette nuit mais de toute évidence, il n’y arrivait pas. Malgré les apparences, malgré les nombreux masques et autres filtres, il lui était impossible d’oublier la sensation de ce corps nu contre le sien.
Lasser de regarder le plafond immaculé, Sho se leva et alla se faire bouillir un peu d’eau. Il regarda la pendule de sa cuisine : 13h. Le temps d’avaler une tasse de thé brûlant et il s’engouffra dans sa voiture, direction le building de la Johnny’s Jimusho. Au programme de l’après-midi : Les répétitions du Arashi LIVE TOUR Love dont la première date arrivait à grands pas.
Quand Sho entra dans la salle de répétition après s’être changé dans les vestiaires, il aperçut Nino, Jun et Masaki déjà en train de s’échauffer en compagnie de Nanami-san, le chorégraphe.
« Yosssh ! Sakurai-kun ! Nous n’attendons plus que Ohno-kun et on pourra commencer. »
A ces mots, Sho salua ses collègues d’un léger signe de la tête.
« Alors ? Qu’est-ce qu’elle voulait te dire de si urgent Hochiko-chan ? » Demanda Jun aux côtés duquel Sho venait de s’installer pour entamer ses étirements.
« On n’est plus ensemble.
-Sérieux ? » Intervint Nino en se rapprochant d’eux.
« Oui, elle a rompu.
-T’as pas l’air très affecté par cette nouvelle. » Observa le plus jeune d’entre eux.
« Bof… Ca devait bien arriver un jour ou l’autre… » Souffla Sho. En tournant la tête, il aperçut Masaki du coin de l’œil. Ce dernier fit semblant de ne pas s’intéresser à la conversation mais afficha tout de même un petit sourire. Ce sourire, le jeune homme le connaissait bien, c’était toujours le même qu’Aiba arborait quand Sho leur racontaient ses nombreux déboires sentimentaux. Ce sourire qui aurait pu dire : « Je sais ce qu’il se passe dans ta tête Sho-kun, pas la peine de me mentir à moi. »
Contrarié, Sho reprit ses étirements.
Une fois qu’Ohno les eut rejoints, la répétition débuta rapidement et l’après-midi puis le début de soirée s’écoulèrent à toute vitesse. Rock Tonight, Starlight Kiss, Funky, Breathless, Confusion, Endless Game, des chorégraphies connues ou inconnues jusque-là, toutes y passèrent pour finir sur P.A.R.A.D.O.X. Une fois cette danse répétée Nanami-san reprit la parole.
« Bien, avant de finir, Sho-kun j’aimerais voir ta gestuelle sur la partie rap. Les autres vous pouvez partir si vous voulez, otsukare sama deshita, à demain ! »
Sho, déçu de ne pas finir un peu plus tôt comme les autres, jeta un coup d’œil à sa montre qui affichait déjà 21h et alla se poster au milieu de la salle face au grand miroir. En redressant la tête il aperçut Jun juste derrière lui. Ce dernier, comme à son habitude, refusait de rater une seconde de toutes les répétitions même quand il s’agissait des solos de ses collègues. Mais une personne de plus resta dans la salle. Masaki se tenait dans une angle de la pièce, adossé au mur, transpirant de tous les efforts fournis dans l’après-midi et tenant une bouteille d’eau fraiche à la main. Que faisait-il ici, lui qui d’habitude ne perdait pas un instant pour rentrer chez lui ou sortir en ville ? Tentant de ne pas paraitre trop dérouté, Sho le quitta du regard et se concentra sur son rap.
« La fenêtre me renvoie l’ombre de ce corps n…nu… »
Masaki ne le lâchait pas du regard, sans s’en cacher. Un regard brulant que Sho n’avait pas senti depuis un bon moment sur lui. Se sentir dévoré des yeux de la sorte déconcentra l’homme qui par malchance se mit à bégayer.
« Ah… Pardon, je recommence. La fenêtre me renvoie l’ombre de ce corps nu bien lointain. Le clair de lune et bien d’autres matins ont découpé ce… Ce… Ce… »
Dans le miroir, Sho ne pouvait plus voir autre chose que Masaki à l’autre bout de la pièce. Ce regard insistant et impudique, ce corps totalement relâché, ces vêtements collants à sa peau fine…
« Sho-kun ! On dirait un robot ! Concentre-toi un peu ! » Intervint Jun en fronçant les sourcils.
« Ok, ok. Pardon… La fenêtre me renvoie l’ombre de ce corps nu bien lointain. Le clair de lu…
-Attends, attends, stop. » L’interrompu Nanami-san. Du coin de l’œil, Sho jeta un regard en direction de Masaki. Ce dernier arborait un large sourire entendu.
« C’est pas la notice de ton nouvel autocuiseur que t’es en train de nous raconter là ! C’est sensuel le bordel, mets y de tes tripes un peu…
-Ouais pardon… La fenêtre me renvoie l’ombre de ce corps nu bien lointain. Le clair de lune et bien d’autres matins…
-Non ! Sho-kun ! Sérieux ! Faut que tu donnes envie à tout un stade de te sauter dessus ! Sois sexy ! »
Sho ferma les yeux et souffla. Être sexy… Oui il savait faire ça, c’était son métier, ce qu’il apprenait à faire depuis sa plus tendre enfance même. Alors pourquoi ce soir… Il rouvrit les yeux sur Masaki. Sho serra les dents. Ok… Ils veulent du sexy ? Je vais leur en donner…
« J’ai soif. » Articula-t-il. C’est Aiba qui réagit le premier. Avant même que Jun et Nanami-san ne pensent à chercher de l’eau, il envoya sa bouteille d’eau glacée à Sho. Ce dernier, surpris, la rattrapa au vol, y but deux grosses gorgées et la renvoya à Masaki en le remerciant d’un simple regard.
Il referma les yeux et se concentra sur toutes les émotions qu’il pouvait ressentir à l’instant même. Ses mains se firent plus moites, une boule se forma au creux de son ventre et son pouls s’accéléra.
« La fenêtre me renvoie l’ombre de ce corps nu bien lointain. »
Sa voix était à présent plus grave, plus éraillée. Il ne déclamait plus son rap mais le susurrait sur un rythme bien plus lent qu’auparavant. Un regard sur Masaki et il continua.
« Le clair de lune et bien d’autres matins ont découpé ce temps passé. »
Il se sentit trembler tout à coup. Les mots ne sortaient plus de sa bouche mais directement de sa gorge sèche.
« Même encore maintenant je te sens partout autour de moi. »
Il avait chaud, bien trop chaud, sa tête se mit à tourner plus vite que de raison.
« Exposant brièvement le lien étroit qu’il y a entre la tête et le corps. »
Cette sensation qui l’envahissait, il la connaissait, il l’avait déjà sentit il y a quelques années.
Mais alors qu’il commençait à lâcher prise et à se laisser envahir par cette chaleur, Jun se leva et alla lui taper amicalement sur l’épaule.
« Bein voilà ! Tu vois ! C’était pas si compliqué ! Otsukare sama deshita ! A demain Nanami-san ! »
Suivant le signal de fin de la répétition déclaré par Jun, Sho saisit une serviette, le dépassa et s’engouffra dans les vestiaires en bousculant Masaki sans un seul regard pour ce dernier.
Une fois sous la douche il laissa l’eau couler un bon moment sur son corps endolori avant de déposer une noisette de savon dans la paume de sa main droite.
Masaki finirait bien par le rendre fou furieux un jour ou l’autre… Ce regard, ce sourire, cette attitude. Sho avait l’impression que l’homme lisait en lui comme dans un livre ouvert ? Y avait-il lu son trouble ? Y avait-il vu cette chaleur monter en lui à chaque fois qu’il posait le regard sur lui ? Ressentait-il la même chose de son côté ? Non, cela n’avait aucun sens… S’il ne s’était jamais rien passé entre eux après cette fameuse nuit de 2001 ce n’était pas pour rien ! La vie n’est pas un drama ou un roman à l’eau de rose. Un couple ne peut pas fonctionner s’il fait face à trop d’interdits. Quoiqu’en pensent les plus romantiques, deux personnes ont besoin de certains assentiments pour oser se prendre la main. La pression sociétale est un fait que personne ne peut nier. Sho ne se sentait pas de taille à affronter les idées préconçues d’une société bornée. Deux idoles d’un même groupe et de même sexe qui sortirait ensemble ? Lourd à porter… Sans compter la déception familiale et parfois amicale qu’une telle relation pourrait véhiculer.
Sho ferma les yeux et se prit la tête dans les mains.
Pourtant il ne pouvait le nier : Il aimait se sentir regarder par Masaki. Il aimer sentir ses yeux le détailler tout entier. Il aimait quand leurs deux corps se frôlaient par inadvertance. Il aimait son odeur reconnaissable entre mille. Il aimait tout simplement être en sa compagnie… Être en couple avec lui ? Ces mots firent frissonner Sho tant l’idée était incongrue. Pourtant, les fois où il imaginait la meilleure façon de passer un jour de repos, il ne l’imaginer pas en compagnie de sa petite amie du moment ou de ses amis ou de sa famille mais bien avec Masaki. Une journée avec lui, tous les deux enfermés dans un appartement à ne rien faire d’autres de la journée que de parler et de rire...
Sho coupa l’eau précipitamment. Il avait besoin de voir Masaki. Un besoin irrépressible. Pour une fois, il n’allait pas laisser sa lâcheté maladive envahir sa vie privée une nouvelle fois. Que lui dirait-il une fois en face de lui, il n’en savait strictement rien et il s’en fichait. Il avait envie de ressentir à nouveau son regard sur lui et cette fois ci, pour de vrai, pas depuis le coin gauche de la salle de répétition.
Il attrapa une serviette, la noua autour de ses hanches et sortit de la cabine de douche. Il ne restait plus dans les vestiaires que Jun affairé à ranger son sac.
« Masaki-kun est partit ?
-Oui. Tu es resté longtemps sous la douche, ça va toi ?
-Oui oui ça va. Il est rentré chez lui ?
-Non, il est sorti avec des amis à lui je crois.
-Où ?
-Au Baron il me semble. Sho-kun ça va pas entre vous deux ? Vous semblez en froid…
-En froid ? Non non ! Ahah ! Pas du tout.
-Ah bon…
-C’est où le Baron ?
-Tu vas aller le voir ?
-Oui, j’ai oublié de lui dire un truc important.
-Tu peux pas l’appeler ?
-Jun, s’il te plait, dis-moi où il est ce club !
-Ok, ok… Bon… Tu vois Aoyama à Minato ?
-Oui, j'habite un peu là-bas…
-L’Aoyama Center Building, tu situes ?
-Ouais.
-Bon, tu prends la petite ruelle qui longe le building sur la gauche quand tu arrives de Omote, c’est tout petit y’a que des enseignes de vêtements de fringues. Tu vas tout au fond et tu trouves le Baron. A cette heure-ci je pense que tu peux trouver un place dans la rue sinon y’a un parking pas loin.
-Ok merci. »
2ème partie