Dans un week-end très rugby (on le sent que je suis dans mon élément là ?) je poste la quatrième partie du Feutre et du Briquet ! Je fais pas long, c'est la mi-temps ! :P Juste dire que ceci est la dernière partie avant une sorte d'épilogue. J'espèren cher lecteur, chère lectrice, que cette fic te plait ! Toujours pas de beta hein...
And now for something completely different... Le Feutre et le Briquet 4/5 !
[Quelques jours après l’incident du cauchemar, Nino se rendit chez des amis. Après un début de soirée agité, Nino franchit la porte en acier de l’ancien entrepôt.] Quelques jours après l’incident du cauchemar, Nino se rendit chez des amis. Après un début de soirée agité, Nino franchit la porte en acier de l’ancien entrepôt. Il monta les escaliers et retrouva Ohno, toujours à la même place. Il ne peignait que la nuit, dormait toute la matinée et vaquait à ses occupations le reste du temps. Nino s’approcha de lui, l’enlaça quelques secondes et déposa un petit baiser sur sa joue. L’homme sourit sans bouger, sa façon à lui de dire bienvenue. Nino alla s’asseoir sur le canapé. Le jeune homme regarda Ohno peindre pendant un petit moment puis il sortit son éternelle blague à tabac de son blouson. Reconnaissant le son des doigts de Nino sur le papier, le peintre prit la parole sans même se retourner.
« Tu fume trop.
-Belle observation. » Lui répondit Nino, l’air absent, concentré sur son roulage.
« T’es accro.
-Et alors ?
-Ça te bousille le cerveau, à petite dose ça va mais…
-Bon qu’est-ce que tu veux au juste ? »
Ohno ne l’avait pas habitué à faire ce genre de remarque ou à poser la moindre question vis-à-vis de ses habitudes. Alors ce soir-là, la fatigue jouant, Nino prit la mouche un peu plus vite que de raison.
« Ce que je veux je ne sais pas mais en tout cas je ne veux pas que tu fume ce soir. » Enchaina Ohno, toujours très calmement et en se retournant pour plonger ses yeux durs dans ceux, agacés, de Nino.
« Je fume si j’en ai envie.
-Je suis encore chez moi Nino.
-Ah oui ? Très bien ! »
Piqué au vif et se sentant dos au mur, Nino remit tout son matériel dans son blouson et descendit l’escalier en furie.
« Salut ! » Lança-t-il à Ohno qui n’avait même pas prit la peine de le suivre du regard. Cette attitude finit de pousser le jeune homme dans ses derniers retranchements. Il claqua la porte et sortit dans la nuit. A la gare, il constata que le dernier train était partit une minute auparavant. De frustration et de colère, il donna un gros coup de pied dans une poubelle qui bascula et déversa son contenu sur le quai désert. Nino s’assit un peu plus loin et ressortit sa blague. Une vingtaine de minutes plus tard, Nino se releva. Puisqu’il n’y avait plus aucun train, qu’il n’avait pas l’argent de se payer un taxi et qu’il n’avait aucune envie de retourner chez Ohno, il ne lui restait plus qu’à marcher. De toute façon, il n’avait strictement rien de mieux à faire. Puis peut-être que le fait de marcher dans la nuit pendant de longs kilomètres l’aiderait à se calmer. Pas sûr, mais c’est pas comme si j’avais le choix… Pensa-t-il.
Il rentra chez lui très tard dans la nuit, presque au matin, des ampoules aux pieds et une rage toujours aussi encrée en lui. De quoi se mêlait Ohno tout à coup ? A quoi jouait-il ? Etait-ce un message lancé ? Ne voulait-il plus de lui dans son appartement, dans sa vie ? Toutes ces interrogations le rendaient fou. Malgré tout, il réussit tant bien que mal à trouver le sommeil. Quand il se réveilla cinq petites heures plus tard, Nino fut pris d’un intense mal de tête. Il se traina jusqu’à la cuisine et avala un cachet d’aspirine.
Une cigarette aux lèvres, il appela Masaki.
« Yo Nino.
-Salut Mas’. Tu fais quoi aujourd’hui ?
-Rien de spécial, t’as quelque chose en tête ?
-Ça te dit de sortir ce soir ?
-Ah non ce soir je peux pas, les parents de Sho viennent manger.
-Putain tu fais chier… Bon pas grave, à la prochaine !
-Attends Nin… »
Le jeune homme raccrocha puis il appela frénétiquement certaines de ses connaissances. Il avait besoin de sortir, de s’enivrer. Rester seul dans un moment comme celui-ci lui semblait trop difficile. Il se sentait nul, lâche et faible, il ne pouvait plus supporter sa minable réalité. Le silence radio d’Ohno depuis la veille le touchait plus qu’il n’osait se l’avouer. Il réussit, au bout d’une demi-heure à trouver un plan pour le soir. Matsumoto, une vague connaissance avec qui il avait l’habitude de dealer diverses substances, lui proposa de le rejoindre dans un bar de Kabukicho dans lequel il avait prévu de passer la nuit avec des amis.
Cette journée-là, Nino fuma bien plus qu’à son habitude. Il ne se supportait pas et n’attendait qu’une chose, rompre cette solitude qui le détruisait à petit feu. Ohno ne donnant pas signe de vie, le jeune homme, vexé, éteignit son portable et décida de l’oublier jusqu’à nouvel ordre. Le jour se décida enfin à tomber. Nino prit une douche et partit rejoindre Matsumoto.
De l’alcool à foison, de la musique, une foule dense. Nino attendait ça depuis des lustres. A une heure avancée de la nuit, le jeune homme se tenait debout au milieu du petit bar quand il sentit monter une sensation bien trop connue. Le souffle court, le cœur qui s’affole, la vision qui se déforme. Nino tituba un moment, se cognant aux personnes alentours. Il devait quitter cet endroit, il devait partir, s’enfuir. A peine eut-il réussit à mettre un pied à l’extérieur qu’un jet de liquide chaud et acide surgit de sa gorge. Il tomba à genoux sur le trottoir et vomit tout le contenu de son estomac. Des voix lointaines et étranges arrivèrent à ses oreilles. « Baah dégueulasse… » « Lui il sait pas boire ! » « Fais gaffe à tes chaussures il va te dégueuler dessus ! ». Trop faible pour s’en préoccuper, il sentit des larmes couler sur ses joues, il ferma les yeux, toujours à terre. Il ne pouvait plus respirer, il n’avait plus aucun air dans tout son corps. Il ne contrôlait plus ses membres qui faisaient des soubresauts étranges. Cette fois ci c’était la bonne, il allait mourir, partir sans que personne ne s’en préoccupe. Il essayait de respirer mais rien ne filtrait par-delà sa gorge endolorie. Son cœur lui faisait mal, comme s’il s’était évadé de sa poitrine en déchirant tout sur son passage, ses os, ses veines et sa peau. Il tenta de crier, d’appeler à l’aide mais il resta muet malgré tous ses efforts. Il se regardait à présent partir, la mort tout près, juste derrière lui. Il porta son poing à sa bouche et le mordit de toutes ses forces. Ses tympans semblaient exploser. Différents sons, tous beaucoup trop puissants, entraient en lui d’abord par ses oreilles puis dans son cerveau. Tout le percutait, tout l’imprégnait, il n’y avait plus de frontière entre son corps et cette rue nauséabonde. Il était cette rue, il était cette réalité qui le dégoutait tant. Il mordit encore plus fort et sentit ses dents déchirer sa peau puis sa chair. Son sang chaud et visqueux s’écoula de sa main pour tâcher le bitume et ses vêtements. Faites que ça s’arrête, je peux plus, que je meurs maintenant… Toujours suffoquant, les voix autour de lui ne s’arrêtaient pas. Un brouhaha ambiant qu’il ne comprenait pas.
Puis, tout à coup, une voix en particulier atteignit ses tympans.
« Ni… Nino !! NINO ! »
Tout alla très vite. Le jeune homme sentit quelqu’un s’agenouiller à ses côtés, dans son vomi et son sang. Des bras l’enserrèrent puissamment, on le força à retirer son poing mutilé de sa bouche et il entendit un murmure tout proche.
« Calme-toi, je t’en prie, calme-toi… Nino, s’il te plait… »
A la voix, le jeune homme reconnu Ohno. Il émit une sorte de grognement et s’affala sur lui, le souffle coupé et le corps douloureux.
« Je t’en supplie, laisse-moi t’aider Nino, laisse-moi t’aider… »
Nino ouvrit les yeux mais sentant une vive douleur au fin fond de ses rétines, les referma aussitôt. Il était chez Ohno, il reconnaissait l’odeur des lieux et la douce sensation de la lourde et douce couette sur son corps à moitié nu. Il bougea légèrement son corps souffrant et effleura le bras ferme et tiède du peintre.
« Dors Princesse, c’est pas encore le matin. »
Nino voulut riposter. Princesse ?! Il se trouve drôle ?! Mais sa gorge en feu et sa tête trop lourde l’en empêchèrent. Au lieu de ça, il se colla un peu plus à Ohno et se blottit tout contre lui. Sa respiration était revenue, il soupira d’aise contre son torse.
« Tu m’as fait peur Nino, tu m’as fait tellement peur… »
Nino voulut s’excuser, lui dire qu’il se sentait minable, qu’il ne devrait pas se faire de souci pour un paumé dans son genre. Mais contre toute attente, une petite larme naquit au coin de son œil couleur d’ambre. Une larme de bonheur et de soulagement tant les simples mots de l’homme touchèrent Nino en plein cœur. Il se souciait de lui, il avait eu peur de le perdre, il était là pour lui. Sans doute l’avait-il ramené dans son appartement et avait pris soin de lui avec l’infinie douceur dont il faisait toujours preuve…
« Je suis là… » Murmura Ohno comme s’il devinait ses pensées les plus intimes. « Mais s’il te plait, je t’en supplie, ne refais plus jamais ça… »
Nino se blottit un peu plus, comme pour se fondre en lui, dans sa douceur, dans sa chaleur. Il rassembla le peu de force qui lui restait, ouvrit la bouche et souffla d’une voix caverneuse :
« Je… Tout seul j… Je peux pas…
-Tu n’es plus tout seul Nino, c’est finit tout ça et je ne partirai pas, crois-moi. »