Artiste :
little_meenoo Titre de l'oeuvre : Petites (més)aventures au café Kichijouji (5/5)
Fandom : Café Kichijouji de
Rating : PG
Genre : Gen
Nombre de mots : 816 mots
Outils : Aquarelle
Une commande de :
drakys Commentaires : Et en dernier le grand maître de l'ombre, Minagawa.
Minagawa ou la voie de la normalité
«Tu es en retard.» fit remarquer Tarou.
Maki attendit le coup de balai qui allait forcément suivre. Coup qui ne vint cependant jamais.
«Hey ! Pourquoi il a droit à un traitement de faveur ?» geignit-il en désignant du doigt le chef cuisinier.
«Parce que Minagawa n’est pas un crétin congénital doublé d’un incapable.»
«Quoi ?!»
Le coup de balai parti bel et bien cette fois-ci, et alla s’écraser avec conviction contre la tête du blond. Un son creux résonna dans la pièce. Maki fut déclaré K.O.
«Les réseaux de failles de transport spatio-temporel sont en grève.» expliqua sobrement Minagawa, ignorant complètement leur petite scène de ménage.
«Oh...»
Au fil du temps, Tarou en était arrivé à ce stade où plus rien de ce que pouvait inventer leur chef cuisinier ne parvenait encore à l’étonner.
«Si cela implique de ne plus te balader dans les placards, tu pourrais en profiter pour te comporter un peu plus normalement pour une fois...» lâcha-t-il négligemment, en balayant un peu plus loin la carcasse de Maki, qui avait l’impudence de créer un désordre terrible en traînant au beau milieu de la pièce.
«Pourquoi pas...»
Le sourire de Minagawa eut à ce moment là quelque chose de tout à fait terrifiant. Tarou frissonna, se demandant s’il devait commencer à regretter tout de suite ses imprudentes paroles, ou s’il devait plutôt attendre que survienne une catastrophe pour se repentir.
Cette pensée ne le lâcha plus, l’empêchant de se concentrer sur ses tâches ménagères, occasionnant une brillance moindre du parquet - chose parfaitement intolérable. Il reposa rageusement son balai.
Peu de temps après, on pu le voir se faufiler dans les cuisines, accrocher un petite feuille sur l’une des portes des placards et s’en retourner aussitôt.
Minagawa s’approcha du feuillet.
***
Être normal signifie :
- Pas d’usage de magie
- Poupées vaudous prohibées
- Malédictions interdites
- Menaces et sous-entendus douteux aussi
- Pas de promenades dans les placards (ou autres recoins sombres)
...
***
La liste se poursuivait ainsi sur une quinzaine de lignes. Arrivé au terme de sa lecture, le chef cuisinier sourit à nouveau. Retournant vaquer à ses occupations, il jeta un regard en direction de la porte derrière laquelle Tarou se croyait dissimulé et en sécurité.
Le responsable déglutit avant de s’éloigner à grands pas. Il doutait que sa charmante petite liste puisse avoir un quelconque effet son son collègue. Mais au moins, il pouvait reprendre son travail la conscience tranquille : il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour sauver le café d’une destruction probable.
Pendant un certain temps, les choses parurent se dérouler à merveille. Ce n’est qu’à l’heure de pointe que la situation commença à s’envenimer.
«Désolé, il ne nous en reste plus.» répétait inlassablement Maki chaque fois qu’un client lui passait une commande.
Le mécontentement grimpait. Le serveur était sur le point de passer un très mauvais quart d’heure. Bien que l’idée ne déplaise pas à Tarou, il dû se résoudre à prendre son courage à deux mains et à aller se rendre compte par lui même de ce qui se passait en cuisines. Pour le bien du commerce.
Il trouva Minagawa, affairé à confectionner ses pâtisseries en sifflotant. Il y mettait beaucoup de soin et d’application. Il y mettait beaucoup de lenteur.
«Tu ne pourrais pas aller un peu plus vite ?» s’agaça Tarou.
Le chef cuisinier haussa un sourcil, faussement surpris.
«Je travail à un rythme normal...»
«Excuse moi, mais tu n’est pas aussi lent d’habitude.»
«D’habitude, je travaille à mon propre rythme.» Il pointa un doigt accusateur en direction de la liste que Tarou avait placardée un peu plus tôt. «Malheureusement...»
Le responsable se renfrogna.
«Tu veux dire que tu ne peux pas cuisiner sans magie ?»
Minagawa posa un doigt sur ses lèvres et susurra, inquiétant :
«Oh, je t’assure qu’il y a certaines choses que tu ne veux surtout pas savoir...»
Tarou n’avait aucune envie de remettre en doute cette affirmation.
«Bien sûr, si tu m’aidais, ça pourrait aller plus vite...» proposa innocemment l’ex-sorcier.
Tarou blêmit. Il était à peu près aussi doué en cuisine que Tokumi l’était en transport d’objets fragiles. Et il était certain que Minagawa en était parfaitement conscient.
«Je... Maki est beaucoup plus doué pour ces choses là.»
Le cuisinier jeta un coup d’oeil par la porte.
«Je crois qu’il est occupé.»
Le malheureux serveur était en effet cerné par une horde de clients mécontents. Jun et Tokumi se tenaient soigneusement à l’écart, apparemment peu désireux de risquer leurs peaux pour sauver celle de leur collègue.
Tarou pesta, attrapa rageusement la liste qui le narguait du haut de son placard et la froissa avec application.
«Rah, et puis fais ce que tu veux...» capitula-t-il.
Il fallait bien se rendre à l’évidence : un Minagawa “normal” n’était finalement pas tellement moins flippant que le Minagawa habituel. Et le Minagawa habituel était en revanche diablement plus efficace.