En ce moment, je lis pas mal de mangas sportifs. Je continue avec de suivre avec bonheur les scans de Yowamushi Pedal et je redécouvre avec plaisir le baseball avec les oeuvres de Mitsuru Adachi. Pour un peu qu'on ait le même âge, vous avez forcément vu Théo ou la batte de la victoire. Ben, Touch, le manga est vachement bien. Ca m'a rappelé plein de souvenirs et du coup, j'enchaîne avec Mix, toujours une histoire de frères, toujours sur le baseball, trente ans après Touch.
[Contexte]Rash a demandé à Nina d'éviter Apollon pendant quelques temps. Selon son plan, c'est censé aider... D'abord sceptique, elle a fini par accepter. Prise par son travail, elle a même fini par oublier. Sans qu'à passer son temps à descendre à la comptabilité pour accomplir la mission qu'on lui a donnée, elle finit forcément par le croiser...
- Combien de fois ? demanda la comptable avant même que je n'ai eu le temps de toquer.
Aujourd’hui ou en général ? ai-je pensé en franchissant le seuil et lui tendant mon dossier. La précision était inutile, la réponse étant la même dans les deux cas.
Trop.
Je la remerciai et tournai les talons, sans lui souhaiter une bonne journée. Je risquai de faire encore quelques aller-retours, rien que cet après-midi.
Devant l’ascenseur, j’appuyai sur le bouton d'appel. En temps normal, j’aurais pris l’escalier. Mais là, je ne pensais plus qu'à rejoindre le hall et aller manger. Mon estomac gargouillait.
- Nina ?
Un frisson me traversa l'échine. Cette voix me ferait toujours de l’effet. Faisant volte-face, je me trouvai face à Apollon, qui paraissait visiblement surpris de me découvrir ici.
- Oh, bonjour ! ai-je, à mon grand regret, couiné. Ca va ? Je devais apporter des papiers, ai-je ajouté sans lui laisser le temps de répondre et en désignant le bureau que je devais quitter.
Pourquoi ? Pourquoi j’avais ressenti le besoin urgent de me justifier ? Je donnais simplement l’impression d’être là pour de mauvaises raisons. Alors qu’en fait, je travaillais. Et Apollon se foutait complètement de ce que je faisais.
Ses yeux s’écarquillèrent un peu plus et il esquissa un sourire.
- Je m’en doute, répondit-il. C’est plutôt rare de te voir dans le coin…
Je retins de justesse un ricanement moqueur. Ce n’était pas ce que dirait sa collègue, qui devait au contraire avoir l’impression de passer ses journées avec moi depuis quelques temps. Je naviguais entre nos étages dernièrement et pour le coup, c’est lui que je n’avais jamais croisé. A croire qu’il n’y était jamais...
La première fois, je m’étais apprêtée, anticipant, choisissant avec soin mes vêtements, me coiffant et me maquillant un peu plus qu'à l'ordinaire. Ce que certains (enfin certaines, Nour et Cess principalement) avaient noté. Par la suite, les allers-retours s’étaient multipliés et je n’en avais plus vu l’intérêt. Je portai la main à mes cheveux, que j’avais machinalement attaché peu de temps avant. J’aurais sûrement dû insister.
Quoi que, à me voir me pomponner, la fée qui m'avait ordonné de l'éviter aurait fini par deviner que quelque chose clochait...
- Tu es devenue une vraie célébrité, se moqua-t-il gentiment.
- Pour une bonne raison, cette fois…
Son sourire vacilla un court instant mais il s’efforça de le figer. C’est là que j’ai compris ce que j’avais fait.
Je perdais des points de quotient intellectuel face à cet homme, c’était désormais un fait avéré. J'avais parlé sans réfléchir. La dernière fois que les gens avaient parlé de moi, Apollon avait découvert que sa bonne amie lui faisait des infidélités. Il m’avait accompagné quelque part dans la célébrité.
Je marmonnai aussi un « désolée » et baissai la tête, gênée.
L’arrivée de l’ascenseur me sauva.
- Je… je vais me manger, ai-je dit en désignant la porte qui s'était ouverte derrière moi.
Cruche j’avais été, cruche je resterai. J’aurais pu me contenter d’un simple « j’y vais ! » ou « à la prochaine ! ». Mais non. Par chance, je n’avais pas une envie pressante à soulager, j’aurais été capable de dire aussi la vérité.
- Moi aussi, fit Apollon avec un sourire.
Et il pénétra dans l’ascenseur.
Ce qui aurait pu être mon rêve, il y a quelques temps de ça. Apollon et moi dans un ascenseur. Même si je dois avouer que dans mes rêves, nous étions nettement moins vêtus. C’était la faute à ces foutus bouquins ! A force de lire de la romance à tout bout de champs, mon imagination s’emballait. Nous n’allions pas vivre un moment de passion enfiévrée.
Prenant place à l’autre bout de la cabine, je frissonnai légèrement lorsque le froid de la paroi traversa mes vêtements.
Apollon se chargea d’appuyer sur le bouton du rez-de-chaussée. Les portes se fermèrent. Je cessai de respirer pour commencer à transpirer.
- Félicitations pour ton idée.
L’entendre parler me fit sursauter. Risquant un regard dans sa direction, je vis qu’il souriait.
- Merci, ai-je répondu, un peu gênée.
- J’ai vu quelques-unes de ses œuvres. Horribles, dit-il avec une grimace.
Oh, comme je comprenais. YXY faisait l’unanimité à son sujet. Et j’étais certaine que c’était quelque chose qu’il appréciait. Le rôle de l’artiste incompris lui allait comme un gant.
Apollon jeta un regard dans ma direction, à l’affût de ma réaction, se demandant visiblement si j’approuvais son avis ou si son commentaire m’avait choqué. S’il savait…
- M’en parle pas, ai-je confié à mi-voix.
- Tu les as sauvés ! insista-t-il. C’est une bonne idée.
Une idée brillante, eus-je envie d’ajouter. Mais je me retins, ne sachant pas vraiment comment cela serait interprété. Je ne voulais pas risquer qu’Apollon passe à côté de la plaisanterie. Aussi ai-je préféré la vérité, et faire preuve de modestie.
- C’est une idée de Rash, ai-je avoué.
C’était mon idée, inspirée par la fée. Sur le coup, il m’avait paru plus simple de simplifier.
Le prénom avait visiblement toujours du mal à passer. Je ne manquerai pas d’en parler au principal concerné. D’abord la Garce givrée, Apollon… Il allait bien finir par devoir m’expliquer d’où ce surnom venait (parce que concrètement, ça ne pouvait pas être un véritable prénom).
- Il va mieux, ai-je soupiré, amusée. Surtout depuis qu’il a eu cette idée !
- Je suis sûr que c’est ton idée…répondit Apollon d’un air entendu.
- Depuis qu’il m’a inspiré mon idée, ai-je alors rectifié.
Ce qui était finalement l’expression même de la vérité. Apollon souffla par le nez, amusé.
L’ascenseur s’arrêta et les portes s’ouvrirent. D’un geste de la tête, Apollon m’invita à passer la première.
[...]
La conversation nous mena, sans que nous nous en rendions compte au milieu du réfectoire. Je m’arrêtai, cherchant du regard autant une place que quelqu’un que je connaissais. Pas tant pour les rejoindre (encore que cela mettrait fait à la nervosité grandissante que je ressentais… et que ce soit clair, seules Nour et Cess entraient dans cette catégorie), mais pour éviter un moment gênant. Apollon, tout en continuant à me parler des dossiers qu’il traitait (la discussion avait légèrement dérivé et il me démontrait par A plus B que certaines économies pouvaient très facilement être réalisées), faisait de même. Lui était bien plus populaire que moi, il allait forcément rencontrer quelqu’un.
- Là-bas, dit-il en désignant un direction du menton.
Me tournant dans la direction qu’il indiquait, je découvris avec surprise qu’il désignait une table avec quelques places vides.
Mes joues s’empourprèrent aussitôt et je rejoignis les places d’un pas tremblant. Il était ok pour déjeuner avec moi. C’était une sorte d’invitation tout compte fait. Parce que nous discutions depuis l’ascenseur et les choses s’étaient faites sans vraiment réfléchir. D’ailleurs, Apollon se glissa face à moi tout en continuant à parler. J’étais vraiment la seule à être troublée.
Mais cela était plutôt logique au final. J’étais la seule pour qui cela avait de l’importance.
Pour une raison stupide, j’eus l’impression que le monde entier s’était arrêté de tourner pour nous regarder. Et que tout le monde murmurait et se demandait ce que quelqu’un comme lui faisait à table avec quelqu’un comme moi.
A force de regarder tout autour d’un œil inquiet, Apollon finit par le remarquer.
- Nina, ça va ? demanda-t-il le front légèrement plissé.
Je tressaillis légèrement. Apollon m’appelait par mon prénom. Il n’y a pas si longtemps, il ne le connaissait malheureusement même pas.
- Oui, oui, me suis-je empressée de répondre. Je me demandais si… Tu ne devais pas rejoindre tes amis ? Je veux dire, tu n’es pas obligé de déjeuner avec moi si…
C’était tellement gênant que je ne suis pas parvenue à finir ma phrase.
Mon embarras ne fut heureusement pas contagieux et il eut plutôt l’air de trouver ça amusant. Du moins, c’est ce que je déduisis de son sourire.
- Si ça ne te dérange pas, ça ne me dérange pas, dit-il avant de reprendre avec un sourcil haussé. Mais c’est plutôt à toi que je devrais poser la question, répondit-il. Tu es sûre que personne ne t’attends ?
Je n’ai pas su sur le coup s’il plaisantait ou non. Sur le terrain de l’humour, Apollon restait encore très mystérieux à mes yeux. Dans le doute, je pris le risque de répondre au premier degré et secouai la tête négativement.
- Rash ne va pas débarquer ? demanda Apollon en entamant son plat.
Stupéfaite, je n’ai rien répondu et suis restée un instant la fourchette en l’air. Bien bête, je le reconnais. Je ne m’attendais pas à ce qu’Apollon mentionne la fée. Surtout pas de cette façon. Il me jeta un rapide regard avant de se remettre à manger.
- Je l’ai déjà vu dans le coin, je crois, reprit Apollon comme pour se justifier.
- C’est vrai, ai-je admis. Mais pas aujourd’hui, il est… occupé.
A Féérie. Autrement, j’imagine qu’Apollon aurait dit vrai. Rash venait de temps à autre déjeuner dernièrement. Principalement parce que je payais.
- Ca fait combien de temps que vous êtes ensemble ? finit par demander Apollon.
En cet instant, je faillis décéder.
Fausse route de carottes râpées. Etouffement par crudité.
J’eus à peine le temps d’attraper une serviette en papier pour tout recracher. Une quinte de toux plus tard, j’étais écarlate. Mais pas seulement parce que je venais de suffoquer à moitié.
- On n’est pas... ai-je dit d’une voix étranglée. On n’est pas ensemble ! Rash est mon meilleur ami, c’est tout.
Je m’étais empressée de rétablir la vérité. Ce qui aurait pu paraître suspect. Je n’y avais même pas pensé, je voulais simplement qu’Apollon ne se fasse pas de mauvaises idées. Parce que dans l’éventualité où le plan de la fée finisse par marcher (et que ce déjeuner aujourd’hui ne le fasse pas totalement échouer), dans l’éventualité où Apollon puisse m’envisager, il ne devait surtout pas s’imaginer que j’étais prise. Il ne devait pas se faire de fausses idées.
- On se connaît depuis tout petit, ai-je repris un peu plus calme (je ne voulais pas que mes justifications paraissent suspectes). A vrai dire, il ne me voit même pas comme une fille. Il ne s’en est jamais caché.
Ce n’était pas exactement ce que Rash avait dit, mais dans l’esprit, je respectai l’idée.
J’aurais aimé qu’Apollon ait l’air surpris. Dans l’absolu, j’aurais voulu qu’il s’indigne et traite Rash d’idiot (et rien que d’imaginer la tête que ferait Rash si je me hasardais à le lui raconter m'emplissait de joie). Mais rien de tout ça. Il se contenta d’afficher un sourire poli. Soit il ne me croyait pas. Soit il s’en foutait royalement.
Et connaissant ma veine, c’était sûrement cette possibilité qui était vraie.
J’aurais pu dire que j’étais celle qui ne voyait pas Rash comme un homme. Mais honnêtement, si je ne le voyais pas comme un homme, je n’avais aucune chance de voir Apollon comme un homme aussi. Ce n’était clairement pas le message que je voulais envoyer.
Et Apollon ne m’aurait jamais cru. Les mâles se reconnaissaient entre eux. Rash était un homme, en plus d’être une fée agaçante à souhait.
- Désolé, fit Apollon. J’ai cru que…
Que Rash et moi… Je secouai la tête pour ne pas y penser. C’était étrange et déplacé. Surtout avec Apollon face à moi.
- Ce n’est rien, ai-je fini par dire. Ca arrive parfois.
J’avoue, j’avais dit ça pour ne pas le mettre dans l’embarras. Personne n’avait jamais cru que Rash et moi… je ne pouvais même pas le prononcer. Je fis un geste de la main pour chasser l’idée.
Personne ne l’avait imaginé. Enfin, à part…
Une idée germa. Fronçant les sourcils, je regardai Apollon.
- Est-ce que c’est Mathilde qui t’a dit ça ?
Ma colocataire était la seule à ne pas croire à notre amitié. A raison, à la base, je sais. La fée et moi nous étions donné du mal pour qu’elle finisse par l’envisager, quitte à y mettre de notre personne. Apollon était sûrement capable de se forger seul ses opinions mais il avait peut-être été influencé.
Surpris, il eut un léger mouvement de recul.
Je me maudis un instant d’avoir posé la question. Comme si eux deux avaient du temps à perdre à parler de la fée et moi.
- Non, finit par dire Apollon, visiblement hésitant. Enfin. Non.
Autant dire qu’elle l’avait sûrement fait.
Je haussai les sourcils et secouai la tête. Si jamais Rash l’apprenait... Je n’osai même pas imaginer la réaction de la fée. Encore que malin comme il l’était, il le savait déjà. Et j’étais sûrement l’imbécile qui n’avait pas envisagé cette possibilité…
- Génial... ai-je marmonné.
Ce qui était encore pire tout ce qui venait d’arriver, je crois. Mais plutôt que d’avoir l’air choqué ou intrigué, Apollon eut surtout l’air désolé. Allez savoir de quoi Mathilde avait dû aussi lui parler…
- Tu as eu de ses nouvelles dernièrement ? demanda-t-il après une hésitation.
Il évitait soigneusement de me regarder. Ce qui était plutôt suspect.
- Euh, non, ai-je avoué, surprise qu’il pose cette question. Je sais qu’elle était là il y a quelques jours. Je l’ai aperçue dans un couloir mais elle est pas venue me voir et on n’a pas eu l’occasion de discuter…
Sacrées amies, pas vrai ? Il y avait quelque chose de navrant dans ce constat.
- Tu l’as vue ? ai-je demandé. Comment elle va ?
Bien sûr qu’il l’avait vue ! Comme Rash n’avait cessé de me le répéter, ils avaient passé la nuit à remettre ça.
Apollon eut l’air soudainement embarrassé. Il se força à sourire cependant.
- Oui, je l’ai vue et… (il hésita un instant) Et on a rompu.
La surprise était de bon aloi en cet instant. Je n’ai même pas eu à la feindre.
Pour une étrange raison, cela m’a étonnée. Mais je crois que ça tenait plus du fait de l’entendre me le dire, que d’apprendre qu’il l’avait fait. Qu’Apollon se confie à moi alors qu’au final, je n’étais pas du tout concernée avait de quoi me surprendre.
Parce que pour le reste, ce n'était pas trop tôt. Honnêtement, il était temps. J’adorais Mathilde mais la façon dont elle avait traité ce pauvre garçon laissait à désirer… Lui avait enduré plus que n’importe qui l’aurait fait. A croire qu’il l’aimait vraiment, sincèrement.
Ou comme Rash le disait, qu’elle avait sûrement certains talents cachés.
Par réflexe, je sortis mon portable de ma poche. Aucun message. Mathilde ne m’avait pas prévenu. Alors que la nouvelle était plutôt énorme ! A sa place, j’aurais sûrement eu besoin de me confier (enfin, encore qu’à sa place, j’aurais tout fait pour garder Apollon). Vérifiant encore notre fil de conversation, je relus son dernier message. Ni tristesse, ni désespoir. Elle était plus forte que je ne le pensais.
Ou alors, ce n’était pas elle qui était blessé. Je relevai les yeux vers Apollon. La tête basse, il triturait les restes de son assiette distraitement.
- Toi, ça va ? ai-je demandé doucement.
Autant parce qu’il me faisait de la peine que parce que je n’osais pas vraiment. Il haussa les épaules et soupira.
- C’est mieux comme ça, dit-il en s’efforçant de sourire.
Je ne pouvais trop rien dire. Bien sûr que c’était mieux comme ça. De mon point de vue, je ne pouvais même pas mieux rêver. Sans Mathilde dans le tableau, je m’éloignais du spectre de l’impossibilité. Tout pouvait être simplifié. Mais de leur point de vue à eux, je ne pouvais pas forcément en dire autant.
Ne trouvant rien à répondre, je me suis contentée de sourire un peu tristement, comme lui.
- Ca s’est fait calmement, reprit Apollon, qui a ma grande surprise, continuait à se confier. On sait l’un comme l’autre qu’on risque de se recroiser au boulot. [...] On va essayer d’être amis, simplement.
Pour une raison idiote, j’étais nettement moins peinée pour lui tout compte fait. Je pris sur moi pour ne pas afficher trop clairement mon scepticisme. En cet instant précis, je pouvais presque entendre la voix de Rash me disant qu’ils allaient remettre ça encore une fois. « Coucher ensemble, Nina ! », le connaissant, c’est même ce qu’il ajouterait !
S’il ne coupait pas les ponts, vu comme les choses s’étaient passées, Apollon ne s’en sortirait jamais. Il resterait dans cette relation étrange avec Mathilde, jusqu’à ce qu’elle en ait assez de lui. Et quelque part, tant pis pour lui ! Mais moi, j’étais là. Et si Mathilde était présente comme ça dans sa vie, il n’y avait pas de place pour moi.
- Si ça te convient, ai-je toutefois dit, haussant les épaules à mon tour, c’est ce qui compte…
Le sourire d’Apollon était bien moins triste quand il me répondit.
- Merci, Nina.
Je haussai les épaules à mon tour. Ca ne me coûtait pas grand-chose de le dire. Je me méprenais visiblement sur la raison de ses remerciements puisqu’Apollon renifla, amusé.
- C’est grâce à toi, reprit-il, ou malgré toi d’après ce que j’ai compris, que j’ai découvert que… enfin, ce qui se passait.
Un bref instant, je me suis demandée s’il faisait preuve d'ironie. Puis j’ai vite compris que non, il ne l’était pas. Il le pensait. Il me remerciait réellement. Sachant tout ce que cela avait provoqué pour lui. Sachant que cela l’avait amené à cet instant. Leur séparation, j'entends.
Ma gêne redoubla. Pour le coup, je ne l’avais pas fait exprès. Loin de là !
- Ce n’était pas volontaire, ai-je rappelé dans un marmonnement (sachant pertinemment que nous ne parlions pas de la même chose dans tous les cas, lui pensait aux mails, moi… à l’action d’une certaine fée).
- Oui, reconnut-il, mais après tu n’as pas cherché à mentir pour t’excuser. Tu as été sincère. Et j’ai apprécié.
Je pense être restée à l’observer stupidement plus que nécessaire. Mais il fallait me comprendre ! Comme quoi, quoi qu’en dise la fée, malgré mes problèmes de dosage, la sincérité payait !
- Je ne suis pas certaine que Mathilde soit d’accord avec toi, ai-je grimacé.
- Pas sûr en effet, admit Apollon en haussant les sourcils, entendu.
Mes yeux s’écarquillèrent. Qu’est-ce qu’il voulait dire ? Elle savait ? Elle avait découvert la vérité ?