Je n'avais pas vraiment le choix, je devais le boucler le 28 novembre. Ce que j'ai finalement réussi à faire avec 50 002 mots, dans la douleur et sans panache. Mais c'est fait! J'ai travaillé sur La fée barbue tout le long et, contrairement à ce que j'espérais, je n'ai toujours pas fini. Mais les choses avancent et un jour, j'y arriverai! Il va donc y avoir encore deux extraits à venir, pour les 40k et le vrai TGIO des 50.
Contexte:
[Contexte] Après s'être violemment disputés et s'être finalement réconciliés et expliqués, Rash et Nina ont repris avec un certain plaisir leurs petites habitudes. Mais un jour, alors qu'elle discute avec deux collègues de travail, Nour et Cess la Garce givrée, Nina aperçoit au bout du couloir sa colocataire. Si Mathilde est de retour à l'appartement, Rash sera lui obligé de le quitter...
La Garce givrée est le surnom donnée à une fille des RH, ex d'Apollon. Suite aux voeux qu'elle a formulés (et surtout à cause de l'intervention d'une certaine fée), Nina va avoir affaire à elle (enfin, après avoir surtout commencé par la fuir) et découvrir que le surnom n'est absolument pas mérité. S'il est beaucoup utilisé, c'est surtout parce que Nina a du mal à perdre cette habitude et aussi parce que ça me permettait d'engranger quelques mots! ^^"
Comme d'habitude, c'est à peine relu. Je ne trouve pas grand chose à garder dans cette édition du NaNo donc... Je préfère prévenir. Il y a certainement beaucoup de fautes, de coquilles et de maladresses. Désolée!
Sortant mon portable de ma poche, j’en vérifiai les messages. Rien. Si Mathilde était là, elle n’avait pas cherché à me contacter.
Et si je ne m’étais pas trompée, j’allais devoir agir en revanche.
Rapidement, j’envoyai un message à la fée, un simple et concis « Mathilde est là ».
Relevant la tête vers les filles, je sentis qu’un léger malaise s’était installé.
- J’imagine eu tu as dû entendre des trucs… finit par dire la Garce givrée d’une voix traînante.
Il me fallut quelques secondes pour comprendre exactement de quoi elle parlait. Surprise, je n’ai pas su quoi répondre. Je ne pouvais pas mentir. Mathilde m’avait tout raconté. Enfin, du moins elle m’avait répété tout ce qu’Apollon lui avait dit, et ce que les rumeurs lui avaient appris. Et preuve que ça avait marché, même moi qui ne la conaissais pas, je l’appelais la Garce givrée.
La culpabilité m’empêcha un instant de la regarder.
- Ne t’inquiète pas, ai-je fini par répondre d’un sourire que j’espérais rassurant et assuré. Il s’en est dit tout autant sur moi…
Ce qui n’était pas la chose la plus sensible et maligne à répondre, j’en convenais. Surtout que, dommage pour mon petit ego, la Garce givrée (Cess, bon sang !) ne démentit pas. Elle se chargea même d’expliquer à Nour la situation et comment ma colocataire et elle étaient liées.
Mon ego ébréché, je fus sauvée de la spirale déprimante de pensées par la vibration de mon portable. Sauvée de justesse par la fée.
Et ? J’étais incapable de savoir s’il le faisait exprès. Aussi ai-je reprimé la pointe de colère qui montait, colère uniquement justifiée par un bref sentiment de panique, je le savais.
Et qu’est-ce qu’on fait ???
Comme si la multiplication de la ponctuation allait aider… La réponse de Rash ne fit pas attendre.
Et qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ?
Même par message interposé, la fée ne perdait pas de son potentiel irritant. Je pouvais presque entendre le sarcasme rien qu’en lisant son message. Non, bien sûr, lui ne voyait pas le problème ! Mathilde était de retour, avec toutes les conséquences que ça aurait et Môssieur la fée s’en moquait totalement.
Il allait se retrouver à la rue le soir-même (parce que clairement, c’était ce qui lui pendait au nez si elle réintégrait l’appartement), mais non, il jouait la carte de la sagesse et de la résignation. Bon, je savais qu’il n’irait pas non plus dormir sous les ponts et serait peut-être ravi de retrouver son cottage champignon pour la soirée mais…
En fait, je devais me l’avouer: je serais sûrement celle qui vivrait le plus mal la situation.
Je ne voulais pas, vraiment pas. Et cette idée ne fit que renforcer ma panique naissante, ajoutant du stress au stress.
Faire partir Rash juste parce qu'elle arrivait était injuste. Et je refusais. Mathilde ne pouvait pas m'imposer ça. Pas après tout ce que la fée et moi avions vécu et traversé. L'autre fois, j'avais cédé. C'était différent désormais. Là, je ne culpabilisais plus seulement de le mettre dehors. Je ne voulais pas qu’il parte.
Fixant l’écran de mon téléphone, les doigts au dessus du clavier tactile, j’eus cette prise de conscience. Assez effrayante au demeurant.
Comment j’aurais pu le dire à la fée ? J’avais déjà du mal à m’avouer que je trouvais injuste qu’il ait à partir et surtout que je n’avais pas envie que nos habitudes soient troublées. Ca n’avait pourtant absolument rien de déplacé, je le savais. Une partie de tout ça était d’ailleurs sûrement motivée par la légère rancœur que j’entretenais envers ma colocataire qui ne donnait plus aucune nouvelle, qui ne m’avait pas prévenu qu'elle revenait et qui sortait toujours avec Apollon. Mais je savais que ce n’était pas comme ça que ça sonnerait.
Ce n’était pas non plus exactement comme ça que dans ma tête, c’était formulé. Ce qui me troublait aussi, je devais l’avouer.
Alors lui en parler à lui ?
Même sa situation encore un peu tendue à Féérie ne pouvait justifier l’inquiétude et la réticence à son départ que je ressentais.
Mon portable vibra, me tirant de mes pensées. Rash.
C’est Apollon, le problème, pas vrai ?
Je restai une seconde stupéfaite avant qu’un grognement ne m’échappe. Est-ce qu’on pouvait plus à côté ? Apollon n’avait rien à voir là-dedans. A vrai dire, je n’y avais même pas pensé. Il me pensait obsédée à ce point ?
- Nina, ça va ?
Surprise de m’entendre être appelée, je relevai les yeux de mon téléphone et découvris les filles qui m’observaient, Nour inquiète et la Garce givrée les sourcils froncés.
- Mauvaise nouvelle ? demanda Nour avec prudence. Tu as l’air contrariée...
J’envisageais un moment de mentir puis réalisai qu’elles se rendraient rapidement compte. Autant expliquer la situation. Si ça se trouvait, elles comprendraient et me donneraient raison.
- Mathilde ne m’a pas prévenue qu’elle revenait, ai-je soupiré. Et j’ai du monde à l’appartement en ce moment, ai-je repris, cherchant la manière la plus neutre de présenter la situation. Elle et Rash ne se supportent pas.
Enfin, c’est que j’en avais déduit. Autant les sentiments de la fée à l’égard de ma meilleure amie restaient mystérieux, autant Mathilde ne s’était jamais donnée la peine de dissimuler sa méfiance (plutôt saine au départ, je l’admets) et son aversion envers l’homme en costume qui avait fait irruption dans nos existences.
- Rash ? répéta la Garce givrée avec un léger mouvement de recul.
Un sourire m’échappa. Le nom était ridicule, n’est-ce pas ? Mon léger amusement s’évanouit lorsque mon téléphone vibra.
Vous avez peur de quoi ?
Il ne voyait vraiment pas le problème ? Me retenant de lever les yeux vers le plafond, je me concentrai sur ma conversation et ne pris pas la peine de répondre.
Meilleur ami d’enfance. Bien joué. Si Cess intégra l’information sans moufter, je jetai un regard à Nour. La pauvre avait beau le savoir, l’information avait l’air de la surprendre et d’avoir du mal à passer à chaque fois.
- Rash ne peut pas rester à l’appartement si Mathilde est là et…
Les vibrations, désormais incessantes, de mon téléphone m’interrompirent. Par réflexe, j’y jetai un œil. Sans réponse de ma part, la fée développait sa théorie.
Sérieusement, Nina !
Ils coucheront ensemble ce soir.
Vous vous en doutiez ?
Un ricanement incrédule m’échappa. Je me foutais totalement que Mathilde et Apollon remettent ça ou pas ! Ce n’était pas ce qui était important là tout de suite ! Il imaginait sûrement que c’était ce qui me dérangeait. Grossière erreur. Je m’inquiétais pour lui en vérité ! Il ne comprenait donc pas ? Comment est-ce qu’il pouvait ne pas le voir ?
- Lui s’en fout ! ai-je fini par dire aux filles en désignant mon portable.
Les filles m’observèrent, pensives. Ce n’était pas vraiment le genre de réaction que j’avais escompté. Quelque part, j’avais espéré qu’elles compatiraient et partageraient mon indignation. En vain. J’étais en fait la seule personne que la situation dérangeait. La tristesse du constat me frappa de plein fouet. Je m’empressai alors de reprendre.
- Bref, peu importe ! me suis efforcée de dire avec autant de sourire et de légèreté que je le pouvais.
Ce qui ne fut pas une réussite, autant l’avouer directement.
Nour hésita un instant mais finit par se lancer.
- S’il y a besoin de dépanner ton ami, je…
Comprenant ce qu’elle s’apprêtait à faire et donc la méprise, je m’empressai de l’interrompre.
- Non ! Surtout pas ! me suis-je écriée avant de reprendre calmement puisque ma réaction l’avait effrayée. C’est adorable de ta part, mais je ne disais pas ça pour ça. Tu sais, Rash est… insupportable. Je ne peux pas laisser faire ça, crois-moi !
J’appuyai tout cela d’un regard entendu qui, je l’espérais, ferait effet. Après tout, elle avait assisté à quelques passes d’armes entre Rash et moi, et donc devait se faire une idée du caractère agaçant de la fée. Humainement, je ne pouvais pas laisser ce personnage entrer dans la vie de quelqu’un aussi gentil que Nour. Je ne pouvais pas, me le suis-je répété. Je resserai le poing autour de mon téléphone, qui continuait à vibrer.
C’était ma fée, mes vœux, mon problème à gérer.
Le message parut passer puisque Nour hocha la tête, gênée. J’eus soudainement peur de l’avoir vexée. Elle si réservée avait sûrement pris sur elle pour faire une proposition aussi audacieuse. Est-ce que je devais dire quelque chose ou est-ce que cela ne ferait que rendre la situation encore plus bizarre ? Finalement, ce fut la Garce Givrée qui vint interrompre ce silence gênant.
- Désolée, fit-elle les sourcils froncés, mais… Rash, ce n’est pas un nom ?
Un éclat de rire surpris m’échappa, et trouva écho du côté de Nour.
- C’est ce que je passe mon temps à lui répéter !
Mon téléphone se mit à sonner. A croire que la fée avait senti que la conversation allait virer à ses dépends.
- Quand on parle du loup… ai-je soupiré.
D’un sourire désolé, je m’excusai auprès des filles et après m’être écartée de quelques pas, décrochai.
- Je vous ai vexée.
Comme ça, directement. Pas un préambule, pas un ça va. Ce n’était pas une question, mais une affirmation. Le connaissant, il n’en était pas mécontent. Encore qu’au son de sa voix, cela ne me parut pas si évident.
Sauf qu’il avait tort pour une fois.
Je n’étais pas vexée, tout juste à peine contrariée ou agacée. Et certainement pas pour les raisons qu’il pensait.
- Ca va, Rash, ne vous en faites pas !
Je crois que la note amusée de ma voix le prit légèrement au dépourvu. La sienne sonnait beaucoup plus sceptique lorsqu’il reprit.
- Comme vous ne répondiez pas…
- Vous avez insisté, ai-je répondu, sachant que les messages de sa part que je n’avais pas encore lus ne faisaient sûrement que remuer le couteau de la plaie.
- Si je peux rendre service, lâcha-t-il l’air de rien.
Un ricanement m’échappa. Avant que je ne réalise que c’était bel et bien ce qu’il avait fait. Il avait insisté et n’obtenant pas de réponse, il avait appelé. Il m’avait appelée. Inquiet.
Peu importait sa véritable intention (sûrement s’assurer que le message était bien passé), il l’avait fait.
- Merci, ai-je donc dit, sans une once de sarcasme, ce qui eut l’air de le surprendre légèrement.
- Je sais que je vous ai demandé de vous tenir à distance d’Apollon pour le moment, reprit-il un peu à regret. Mais faites-moi confiance. Ce n’est pas parce qu’ils remettent ça que nous n’y arriverons pas.
Un sourire m’échappa. Je me foutais totalement qu’Apollon couche avec Mathilde ce soir. Ce n’était pas ça qui m’inquiétait dans cette situation. Ce n’était pas pour ça que je l’avais contacté. Cette méprise m’amusa et m’attendrit. Autant que les efforts visibles qu’il venait de faire pour tenter de me réconforter.
- Je vous fais confiance, Rash, ai-je répondu sachant d’avance que ces simples mots le gêneraient. Mais ce n’est pas… ai-je commencé avant de m’interrompre. Ne vous inquiétez pas, ça va.
Je m’attendais à un glacial « Ah, mais je ne m’inquiète pas ! » qui n’arriva pas. Il garda le silence quelques secondes, vraisemblablement en pleine réflexion.
- C’est quoi alors ? finit-il par demander.
Fin comme il était, il allait sentir si je mentais, aussi je m’en suis tenue à une partie de la vérité.
- Rien, ai-je assuré. Apollon n’a rien à voir là dedans.
Il ne remit pas en cause ma parole, preuve qu’il avait dû sentir que je disais vrai. Sa voix restait toutefois perplexe quand il insista.
- Alors qu’est-ce qui vous…
- C’était idiot ! l’ai-je interrompu. Et pour être honnête, je préfèrerai oublier !
J’avais beau tenté d’y avoir mis autant de légèreté que je pouvais, ça n’a pas pris.
- Nina ! dit-il de sa voix grondante.
Comme si les menaces allaient fonctionner... Bon, j’avoue que ça ne me laissait jamais indifférente. Mon instinct de survie y réagissait à chaque fois. Mais là, je n’allais pas y céder. Je ne pouvais pas répondre et lui avouer que je me faisais du souci pour lui. Il allait se moquer, et se serait totalement mérité. C’était une humiliation dont j’espérais pouvoir me passer.
- Nina…
La façon dont mon simple prénom sonna était totalement différente cette fois. Un frisson me traversa l’échine et vint mourir en fourmillant entre mes épaules. Il n’était pas agacé, consterné, il n’y mettait pas toutes ces choses plutôt négatives qu’il y mettait d’habitude. C’était différent. Presque inquiétant.
Peut-être même un peu troublant.
L’idée qu’il ait compris de quoi il retournait me traversa aussitôt l’esprit.
Je secouai la tête, chassant l’éventualité. C’était impossible. Jamais il n’envisagerait que je puisse m’inquiéter et commencer à paniquer à l’idée qu’il puisse partir. Même moi j’avais du mal à le reconnaître et à l’intégrer.
Alors la fée…
Si je ne l’avouais pas, si je réchignais à faire preuve de sincérité cette fois, c’est bien qu’il y avait quelque chose d’incongru et de déplacé dans tout ça.
Le silence entre nous s’éternisa. Rash le faisait sûrement exprès. Il savait parfaitement que cela avait tendance à me faire paniquer, et donc à me faire parler.
Il ne recommença pas, ne prononça pas mon prénom une nouvelle fois (et entre nous, je n’y aurais pas résisté je crois). Quand il reprit la parole (puisqu’il fut le premier à céder), ce fut d’une voix bien plus neutre.
- On verra. Pour Mathilde, je veux dire. Rien ne dit qu’elle va rester, pas vrai ?
Je hochai la tête, même si cela ne servait pas. La fée disait vrai. Je l’avais aperçue mais j’avais pu me tromper. Et rien ne disait qu’elle rentrerait à l’appartement. Et si cela arrivait, peut-être qu’elle se moquerait de la présence d’un invité, depuis le temps.
- Ils coucheront quand même certainement ensemble, ajouta-t-il d’un ton qui était déjà nettement plus le sien.
Un éclat de rire m’échappa. Il ne m’épargnerait rien. Manque de bol pour lui, je m’en moquais pour l’instant.
- Merci Rash, je sais. Et merci d’avoir appelé.
- Je voulais simplement m’assurer que…
Que j’allais bien, c’est ce que j’ai eu envie de dire. Et de penser. Mais je ne m'y serais jamais risquée. Et ce n’était sûrement pas l’exacte vérité.
- … que le message était bien passé, ai-je complété. Ne vous inquiétez pas, c’est le cas.
- Ils coucheront…
- Rash ! me suis-je écriée, amusée.
- … ensemble. Soyez-y préparée.
Levant les yeux au plafond, je secouai la tête.
- Merci pour l’image. Bonne journée, Rash.
- A ce soir, Nina, dit-il, une pointe de satisfaction dans la voix.
Et il raccrocha.
Je suis restée un instant à observer mon téléphone, un sourire aux lèvres. La fée pouvait être drôle quand il le voulait. Ma crainte s’était dissipée. Rash n’avait pourtant rien fait de particulier, si ce n’était me mettre des évidences sous le nez.
Rangeant mon téléphone dans ma poche, je rejoignis les filles qui, en mon absence, continuaient à discuter joyeusement.
- Eh bien, ça va mieux à ce que je vois, signala la Garce givrée, un sourcil haussé.
Surprise, j’eus un léger mouvement de recul. Je reconnais que je souriais sans réelle rasion et que je me sentais étonnamment bien après avoir parlé à la fée. Mais je ne pensais pas que c’était visible à ce point.
- La situation s’est arrangée ? demanda Nour poliment.
La question me décontenança un bref instant et je répondis positivement du tac au tac, pour ne pas laisser le trouble s’installer.
Pour être tout à fait honnête, j’avais la sensation qu'au contraire la situation commençait à se compliquer.