La barre des 10k a été franchie hier. Cette première semaine de NaNo a été plutôt laborieuse. Je n'ai pas encore trouvé le ton de La fée barbue. J'oscille régulièrement entre la première et la troisième personne, ne sachant pas ce qui convient le mieux (problème d'influence de lecture, je crois). Du coup, c'est un très long début, la fée a mis beaucoup de temps à débarquer. Maintenant qu'il est là, j'espère que ça va gagner en fluidité. Et si je n'y arrive pas... ben tant pis, il faudra avancer. Le NaNo, c'est justement ça.
J'avoue, j'ai aussi dévoré un très bon bouquin (♥), vu quelques bons films, et hélas je suis allée bosser. Tout ça n'a pas aidé!
Allez, un petit (gros) extrait pour fêter le cap des 10k! J'avoue, j'ai triché, j'ai écrit une scène qui se passe dans la deuxième moitié de l'histoire, que je ne suis même pas certaine de conserver, pour me débloquer. Mais ça a marché. Je vous en mets un morceau. C'est dur premier jet donc il faudra excuser les fautes, les répétitions, les incohérences et cie! Désolée!
[Contexte de l'extrait]Pour une raison que Nina ignore, Rash a dû rentrer pour la journée à Féérie. A son retour, de très mauvaise humeur (pour changer...), il s'en prend à elle et l'engueule, alors qu'elle n'a rien fait. Alors qu'elle avait même décidé de commander un repas thaï, son préféré. Rash étant parti en claquant la porte, sa colocataire étant absente, Nina a fini par tout manger. Malade, elle se lève dans la nuit et découvre que la fée squatte de nouveau son canapé.
* [Extrait] Le déclic de bouilloire me fit sursauter. Un sachet mis à infuser, je pris ma tasse dans les mains. Rash parut légèrement surpris en me découvrant debout au bout du canapé. Il lui fallut en plus un regard entendu pour qu’il accepte de replier ses longues jambes pour me laisser m’asseoir. Mes pieds nus au chaud sous mon derrière, ma tasse entre mes mains, je soufflai légèrement sur ma tisane pour la refroidir.
- Il s’est passé quelque chose de grave au royaume champignon ? ai-je demandé, feignant d’être passionnée par la lente coloration de ma boisson.
J’ai senti avant de voir toute la noirceur du regard qu’il m’a adressé. Ok, ce n’était pas le plus malin à faire. Mais le coup du champignon marchait à chaque fois. Et après tout, je n’avais aucune raison de l’épargner. Un sourire amusé m’échappa.
- Tu avais l’air plutôt remonté, me suis-je justifiée, tachant de recouvrer mon sérieux. D’accord, ce n’est pas comme si c’était la première fois, mais…
- La fée Morgane m’a passé un savon.
Honnêtement, Je m’attendais à un « va te faire voir », pas à la vérité. Rash se confiait rarement. Et surtout pas sur un ton presque grave, en tous cas civilisé. Surprise, je n’ai pas su quoi répondre. Puis, j’ai réalisé que c’était peut-être arrivé à cause de moi. Enfin, de la situation actuelle. Morgane m’avait assuré que Lucky Charm, en la personne de son plus mauvais élément, mettrait tout en œuvre pour enfin m’apporter satisfaction. Elle n’imaginait peut-être pas que ça prendrait autant de temps.
Mon silence ne parut pas déranger la fée en costume. Rash se redressa et s’assit sur sa moitié de canapé. Le front barré par un pli de contrariété, les avant-bras sur ses jambes, il serrait et desserrait ses poings presque machinalement.
- Ce n’est pas ma faute cette fois, je te promets, ai-je soufflé le mug contre mes lèvres.
J’avais dit ça pour plaisanter, mais Rash ne m’adressa pas un regard, ne cilla même pas. La situation était peut-être plus grave que je ne le pensais. Son silence me déroutait. Les vacheries étaient pourtant habituellement son moyen de communication préféré. Je n’ai pas su quoi ajouter, pour briser le silence qui s’était installé.
- Ils ont reçu une plainte, marmonna doucement Rash après ce qui m’a paru être une éternité. Un vieux truc en fait. Ça n’est presque plus de ma faute depuis ce temps-là.
Un profond soupir souleva lentement son dos et ses épaules. Il se frotta la nuque, abattu. Je pris une longue inspiration, ouvris la bouche avant de la refermer. Il fallait que je dise quelque chose. Mais je ne savais pas quoi. C’était la première fois que je le voyais comme ça. Sans artifice et sans sarcasme, grave et vrai.
- Je déteste tellement ce boulot, avoua-t-il dans un soupir.
Pour le coup, dès notre première rencontre, c’était une chose que j’avais pu deviner. Mais qu’il l’énonce, à haute-voix, avec autant de sincérité, m’a désarmée. Ces mots-là me paraissaient prendre tous leurs sens désormais. Je ne sais pas, c’était peut-être dû à l’atmosphère du moment, la seule luminosité de cette lampe, l’heure avancée de la nuit, ma nausée qui allait et revenait, cette journée étrange ou encore l’enguelade à laquelle j’avais eu droit un peu plus tôt dans la soirée.
Puis j’ai réalisé. Rash se confiait.
- Je ne l’ai jamais aimé, ajouta-t-il en relevant la tête, mais conservant le regard sur le mur face à lui (et que l’écran de télé implose sous son effet ne m’aurait pas franchement étonnée).
Sa mâchoire eut un léger tressautement quand il serra les dents. M’asseyant en tailleur, je me tournai vers lui, mon infusion toujours entre mes mains.
- Tu peux peut-être…
- A Féérie, on n’a pas vraiment le choix !
Surprise par son ton (nettement plus habituel pour lui, mais qui tranchait vraiment avec celui de ses confidences), j’eus un léger mouvement de recul.
Un sourire amer étira ses lèvres.
- A Féérie, question boulot, c’est ça…ou ça.
- Et c’est pour ça que tu as décidé de mal le faire… ai-je déduit, faussement songeuse.
Sans bouger d’autres muscles que ceux de ses yeux, il me foudroya du regard. Même simplement en biais, il y parvenait.
- Le faire différemment, rectifia-t-il. Nuance.
Un léger sourire m’échappa. Tant parce que c’était effectivement ça, et plutôt drôle en vérité, que parce que quelque chose dans son attitude avait commencé à changer. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il s’était radouci, mais il avait l’air d’avoir pris conscience que c’était avec une personne réelle qu’il discutait. J’étais sur la bonne voie.
- C’est marrant, je pensais que c’était par pur sadisme que tu infligeais ça à tous tes clients, mais tout compte fait, c’est simplement un geste de rébellion…
Il se redressa légèrement et se tourna vers moi pour me dévisager. Sans ciller, je soutins son regard et renforçai mon sourire. Oui, Rash, j’étais en train de te charier.
- Et finalement, ai-je fini par dire, que je remplisse positivement l’enquête ne serait qu’une simple démonstration de soutien à ta cause. Un doigt d’honneur fait à Lucky Charm. Et à la fée Morgane.
Il s’efforça de garder son visage impassible mais l’étincelle amusée qui s’était éclairée dans son regard ne m’avait pas échappé.
- Rêve pas, ai-je toutefois précisé. On est encore loin du résultat.
Cette fois-ci, un faible sourire lui échappa. Il baissa la tête à nouveau pour le dissimuler. Je pris une gorgée de ma tisane avant de soupirer.
- Et ton beau discours sur prendre sa vie en main, le fait d’être acteur, de décider, ne pas subir, et tout le tralala, tu en fais quoi ?
- Pitié ! fit-il consterné. C’est bon pour les humains, ça !
La stupeur me laissa pantoise. Rash se fendit d’un vrai sourire cette fois. Ok, j’étais plutôt rassurée que nos rapports retrouvent la normale et que lui renoue avec son étrange personnalité mais quand même… Je me doutais bien que tout son blabla philosophico-psychologique n’avait pas de vrai fondement, mais ça avait eu un effet sur moi. Aussi cliché que c’était. J’avais fini par m’en inspirer.
Avec un soupir, il se laissa retomber contre le dossier du canapé.
- Comme je te l’ai dit, dit-il en tournant la tête vers moi, à Féérie, on n’a pas vraiment le choix.
- Et du coup, aujourd’hui… ai-je repris après une hésitation. C’est ça qui t’a mis dans cet état ?
Rash détourna la tête. Sa barbe légère crissa lorsqu’il se gratta la joue. J’avoue, j’attendais des excuses. Même un simple « A ce propos, désolé, Nina ». Mais soit il ne comprit pas l’allusion, soit, pas concerné pour un sou, il vit la perche mais refusa de s’en emparer.
- Tu devrais en avoir l’habitude pourtant, ai-je continué, légèrement vexée.
- Ouais, souffla-t-il en croisant les bras derrière sa tête, dans sa position préférée. Mais c’était la fois de trop. Et totalement injuste cette fois. J’en ai juste… assez, je crois.
La lassitude lui passerait dès qu’il pourrait de nouveau pourrir la vie des pauvres âmes assez naïves pour s’en remettre à Lucky Charm. Peut-être qu’être hors de son monde et de son train train quotidien lui avait fait oublié ce côté de son travail qu’il s’était bâti pour parvenir à le supporter. Obligé de coopérer avec moi, il n’avait plus rien pour lui changer les idées.
C’est idiot, mais quelque chose dans cette idée m’a dérangée.
Après avoir vidé ma tasse d’un trait, je me penchai pour la déposer sur la table basse.
- Si tu n’as pas le choix, tu as raison de vouloir t’amuser, ai-je dit en repliant mes jambes devant moi et en m’appuyant contre les coussins du canapé. Je crois que c’est aussi ce que je ferai…
Avec lenteur, Rash tourna la tête vers moi. Je n’avais pas apprécié qu’il foute un tel bazar dans ma vie, dans l’unique but de tromper son ennui. Mais quelque part, s’il détestait réellement tout ça, et si vraiment à Féérie, il n’avait le choix, alors oui, il avait eu raison de trouver une manière ou une autre de l’endurer.
- C’est sincère, ai-je précisé les sourcils froncés, constatant qu’il continuait à m’observer (à tous les coups, il n’en croyait pas un mot).
Un mince sourire étira ses lèvres.
- Dieu merci pour Féérie, tu n’es pas une fée.
Il avait tort, je ferais une excellente fée, j’en étais persuadée. Pour ça, il me faudrait un bon pseudonyme (et pas de noms de fleur ou de maladies de peau). Et aussi un bel uniforme. Visiblement pas un costume trois pièces comme le sien (encore que, ça me faisait mal de le reconnaître, mais Rash le portait plutôt bien, et en toutes occasions), pas plus qu’une robe pastel à froufrous et à volants. Absorbée dans mes pensées, j’étais en train d’imaginer ce qui serait le plus confortable tout en restant approprié (le cuir commençait à se faire dans mon esprit une place de choix), quand je sentis de nouveau les yeux de Rash se poser sur moi.
Son regard avait dévié sur les mains que je gardais sur mon ventre, dans le mince espoir de soulager mon indigestion.
- Malade ? demanda-t-il simplement.
Je répondis d’un hochement de tête. Il fronça les sourcils légèrement. Sa manière à lui de demander des précisions.
- J’ai trop mangé, ai-je fini par avouer.
Le froncement de sourcils se fit plus consterné.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? fit-il moqueur. Apollon a fait des siennes ?
Oui, parce que pour lui, j’avais forcément compensé. Contrairement à ce qu’il avait l’air de croire, ma vie ne tournait pas autour du futur homme de ma vie. Moins en tous cas. Je crois que c’est ce qui m’a poussé à dire la vérité.
- J’avais pensé qu’un repas thaï nous aurait changé les idées, après cette journée, ai-je expliqué en regardant mes ongles, cherchant délibérément à ne pas le regarder.
Quelques heures auparavant, c’était même une grande idée. S’il n’avait pas pété un câble sans raison, et ne m’avait pas envoyé paître, ça aurait marché. En parler maintenant, ça avait juste un côté syndrome de Stockholm embarrassant. D’ailleurs, pour une fois, Rash n’eut aucun commentaire à faire. Il se contenta de m’observer, cherchant visiblement le piège. Que je puisse simplement vouloir lui remonter le moral en lui faisant plaisir semblait le dépasser.
- Même si tu ne le méritais visiblement pas, ai-je fini par reprendre. Mais bon, comme tu es parti…
Rash jeta un rapide regard vers la cuisine où mon assiette et les nombreux plats s’empilaient.
- Et donc, dit-il d’une voix traînante, tu…
- J’ai tout mangé. Mais je n’ai pas vraiment eu le choix, me suis-je défendue. Tu es parti en me pourrissant et Coloc’ n’était pas là. Tu voulais que je fasse quoi ?
- Pourquoi pas en profiter pour inviter Apollon ? répliqua-t-il.
Pour la bonne et simple raison que sur l’instant, je n’y avais pas pensé. Trop occupée à maudire cette fée caractérielle, je l’avais oublié.
- Mais selon ton plan, on n’en est pas encore là, me suis-je défendue, redressant le menton fièrement.
A l’air qu’il arbora, je sus immédiatement ce qu’il pensait. A savoir qu’à ce rythme, on ne risquait justement pas d’y arriver.
- Donc, résuma-t-il, tu as tout mangé !
- Je ne voulais pas gâcher !
- Tu aurais aussi pu en laisser.
- J’avais faim, ai-je marmonné. Et c’était vraiment bon. Surtout les nems en fait.
- Qui ne sont pas du tout thaï.
- Mais c’est frit. Et délicieux. Et j’étais affamée.
Quand Rash a éclaté de rire, j’ai d’abord cru que c’était encore une de ces fois où il se foutait de moi. Puis j’ai réalisé qu’il était vraiment amusé. La nuance était mince mais dans ces moments là, l’expression de son visage se transformait.
- D’où l’indigestion ! finit-il par dire en se reprenant. Tu sais quoi ? C’est bien fait.
- Tu es juste jaloux qu’il ne soit rien resté, ai-je répliqué, faussement vexée.
- Apollon ferait mieux de se méfier, ajouta Rash d’un air entendu. Si tu te jettes sur la bouffe à la moindre contrariété, une demi-heure de course par-ci par-là ne suffira pas.
C’était facile et mesquin, je le lui fis comprendre d’un regard consterné. Il haussa un sourcil, amusé. Pile poil l’effet qu’il recherchait. Son air satisfait ne dura pourtant pas. Ramenant une main sur sa nuque, il eut l’air plus hésitant.
- Pour aujourd’hui, reprit-il d’une voix moins assurée. Désolé.
Je m’efforçai de cacher ma surprise. Des excuses ? J’avoue que je n’y croyais plus vraiment.
- Tu es désolé de t’en être pris à moi alors que, pour une fois, je n’avais rien fait pour une fois ou pour le repas ?
- Le repas. Rater de la bouffe thaï gratuite, c’est presque criminel.
- Surtout que ce n’est pas près de se reproduire, ai-je répliqué, m’efforçant de réprimer un sourire. Dommage pour toi, mon quart d’heure de bonté ne risque pas de revenir de si tôt.
Je n’étais pas dupe. J’étais plus que bien placée pour savoir que Rash était nourri, logé, blanchi à l’œil depuis qu’il avait mis un orteil dans cet appartement. Mais visiblement s’excuser clairement, et sans dissimuler ça sous un sarcasme était hors de sa portée. Pour lui, prononcer le simple mot « désolé », en le pensant, était déjà un pas énorme. Et au fond, j’en étais consciente. Ça ne m’aurait pas touchée autrement.