Original - Jours et nuits - Menottes, cordes et liens

Sep 20, 2012 13:44

Titre : Jours et nuits
Auteur : anadyomede
Thème : Menottes, cordes et liens
Fandom : Original
Personnages : Ne sont pas nommés
Rating : PG
Disclaimer : Pour cette fois, tout m'appartient.


Jours et nuits, ils vécurent ainsi : menottes aux poings et terreur au ventre.

Ils avaient renoncé depuis longtemps à l’idée de sortir de leur prison. S’ils respiraient encore, cela leur convenait. Tout ce qui comptait s’était retrouvé réuni autours d’eux : les murs, les pierres, les fers et leurs mains serrées, empilées l’une sur l’autre lorsque la lumière du soleil s’éteignait. Leurs mains liées pour rompre à la vacuité et puisque les masques étaient tombé au bout d’une semaine - ou moins peut-être, leur notion du temps s’étirait, les rayons parvenaient difficilement à trancher le toit alors peut-être n’était-ce pas à sept mais trois ou quatre soleils qu’ils s’étaient abandonnés - ils n’avaient plus rien à perdre.

Le premier jour, ils avaient joué les fiers. Sans jamais y apposer clairement les mots, ils avaient su qu’ils avaient été dénoncés - par des voisins ? par des amis ? Comment expliquer autrement les policiers arrivés au milieu de la nuit, la voiture sale et la pièce glaciale où cette dernière les avait conduit ? Quelle importance cela pouvait-il y avoir, à présent, puisque la corde se préparer à les balancer, puisque les menottes étaient passées mais qu’eux étaient encore ensemble, qu’ils recueillaient les derniers éclats de soleil et que leurs silences étaient d’or ?

Les risques avaient été pris. Lorsqu’ils étaient libres, une petite peur se tenait lovée contre leur cœur comme un caillou dans la chaussure. Parfois ils parvenaient à l’oublier et s’endormaient sans y penser. D’autres fois, elle semblait gonfler et les lacérait. C’était la peur d’être découverts, arrêtés et condamnés ; de ne jamais vieillir, de souffrir, souffrir, souffrir. C’était la peur de la mort, de ce qui se passerait après, de crever comme un chien pour des idées.

A présent que cela semblait inévitable, ils s’apercevaient, émerveillés, que la peur s’en était allée. Peut-être avait-elle glissé hors de leur corps avec la douleur. Peut-être le sang l’avait-il balayée. Ou peut-être n’était-elle qu’enfant de l’incertitude, mais que maintenant, le doute était terminé : enfin, ils savaient comment tout allait se dérouler.

S’aimeront-ils ? Ils s’observaient comme des ombres et se le demandaient. S’aimeront-ils pour de vrai, se sont-ils aimés ou ont-ils simplement l’un chez l’autre de quoi se rassurer ? Qu’en restera-t-il ? Puis ils se rappelaient qu’un jour, tout cela avait compté. Les baisers volés, les draps froissés, les caresses dispersées avaient eu leur propre sens qui à présent leur échappait. Et si à présent ils s’apercevaient plus rien en eu ne s’allumait, qu’une douleur physique tant leurs plaies se ressemblaient, ils ne pouvaient s’empêcher de songer : nous nous sommes aimés. Nous nous sommes aimés si fort et rien ne pourra jamais nous en arracher le souvenir. Qu’importe le sentiment tarît, qu’importe le silence, il nous reste la certitude et elle est hurlante. Nous nous sommes aimés comme des noyés.

Alors ils attendaient. Ils avaient abandonné leur fierté sans s’en apercevoir mais sans la piétiner. Ils l’avaient simplement déposé sur le plancher tandis que leurs forces diminuaient et que la nuit tombait. Bientôt, une cloche retentirait et on viendrait les chercher.

Jours et nuits, ils vécurent ainsi : la corde au cou et les lèvres liés.

fandom : original, auteur : anadyomede

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