Mythologie grecque - Faiblesse
Titre : Faiblesse
Base : Mythologie grecque
Personnage(s)/couple(s) : Achille/Patrocle.
Rating : G (tout public)
Genre : Gen, Romance
L'air marin le frappa légèrement au visage, et Achille sourit en fermant les yeux, savourant ce contact. Le bruit des vagues frappant les côtes lui semblait mélodieux.
Après l'entraînement quotidien de Chiron, Achille avait décidé de descendre jusqu'à la plage pour se rafraîchir, accompagné de Patrocle. Après une courte baignade, ils avaient rejoint la côte à la nage et s'étaient installés près de rochers polis par l'eau salée.
Ils se séchèrent au soleil, Achille assit sur un petit rocher et Patrocle positionné entre ses deux jambes.
Celui-ci, d'un air joueur, avait posé une main au niveau de sa cheville, et elle descendit doucement jusqu'à son talon.
Achille eut un léger sursaut face à ce contact. La main de Patrocle était froide, mais Achille ressentait une chaleur agréable au plus profond de son être. Patrocle eut un léger rire en réaction de celle d'Achille.
« Tu es sensible à cet endroit, n'est-ce pas ? » demanda-t-il, un léger sourire ornant ses lèvres.
Malgré la formulation de sa phrase, Achille savait qu'il s'agissait plus d'une affirmation que d'une question. Achille hocha de la tête, car à quoi lui servirait-il de mentir à Patrocle, lui qui le connaissait aussi mieux que lui-même ? Lui à qui, plus que n'importe qui, il avait tout donné. Sa confiance, son amitié, son amour, sa dévotion.
« C'est ma… faiblesse. » avoua Achille.
Sa mère, Thétis, l'avait toujours averti. C'était quelque chose dont il devait garder à tout prix le secret. Personne ne devait savoir que le divin être qu'il était avait une partie de lui vulnérable, rattaché à sa propre mortalité. Mais il savait qu'il pouvait faire confiance à Patrocle. Sa mère aurait compris, il en était sûr, elle qui aimait tendrement celui qu'elle voyait presque comme un second fils. Aimer Achille, c'était aussi aimer Patrocle. Ils formaient la même âme dans deux corps différents.
Un baiser fut déposé sur son talon, aussi léger d'un papillon et Achille ressentit une douce chaleur à l'endroit où Patrocle l'avait embrassé.
« Ton secret est bien gardé avec moi. » lui dit Patrocle en lui adressant un clin d’œil.
Achille l'avait toujours pressenti, il ne saurait en être autrement avec Patrocle.
Sinon, il ne serait pas Patrocle.
Soudainement revigoré, Achille se pencha et posa une main derrière la nuque de Patrocle pour l'attirer vers lui en un baiser fougueux, faisant taire le rire qui commençait à naître chez Patrocle.
Ses doigts plongèrent dans la chevelure de son compagnon, et il se perdit dans ce baiser.
Son talon était sa faiblesse, lui avait toujours dit sa mère, il devait toujours veiller à garder ce secret et protéger cet endroit vulnérable à tout prix, sous peine d'être mené à sa perte. Mais, alors qu'il se perdait dans l'étreinte et la chaleur des bras de Patrocle et se nourrissait de ses caresses et ses baisers, Achille sut qu'il avait deux faiblesses et que celle-ci était plus importante que l'autre.
Comment aurait-il pu sinon expliquer, quelques années plus tard alors qu'il se mourrait sur le sol de Troie, que des mots - la nouvelle de la mort de Patrocle - et l'absence de son compagnon aient été infiniment plus douloureux que la flèche de Pâris, guidée par Apollon, lui transperçant le talon ? Il y avait une douleur dont il ne s'était jamais remis, et une autre qu'il avait accepté avec soulagement car elle le libérait d'un fardeau. Le fardeau du deuil, de l'absence, au fond de son coeur... de son âme.
Achille mourut, le sourire aux lèvres, se languissant de retrouver l'étreinte de Patrocle…