Les lendemains joyeux

Apr 14, 2012 15:03


Lendemain de veille le plus joyeux dont je me rappelle!

Je dégrise dans l'allégresse! C'est rare. Je me sens euphorique et frétillante. J'ai peine à me concentrer, mais qu'importe. Je m'abandonne à cet état étrange.

Peut-être l'habitude de l'alcool que nous avons développée depuis quelques jours facile-t-elle le passage de l'ivresse au calme? Nous nous promettions de nous enivrer solide après le dépôt de la thèse d'Amélie et nous n'avions pas encore réalisé ce fabuleux projet jusqu'à hier, bien qu'Amélie ait déposé il y a un peu plus de deux semaines. Nous nous sommes toutefois mis à boire un peu à chaque jour. Après des mois à boire seulement une ou deux coupes à l'occasion, nous avons du chemin à rattraper!

Peut-être cet état inattendu est-il aussi la suite logique de la jubilation de la veille qui ne veut pas me quitter? Il m'est arrivé trop peu souvent de me retrouver en groupe pendant les derniers mois, les dernières années, même. J'ai beau être plutôt sauvage, je me sens heureuse et fébrile lorsque je suis entourée de gens avec qui je me sens une certaine communauté de pensée. Simplement, il est rare que ça se produise. Je recompose cette communauté par fragments, une personne à la fois. Mais me retrouver en compagnie de plusieurs gens avec qui je me sens bien et de qui je me sens proche, ça relève de l'exception. Et pourtant, c'était ça hier...

Peut-être, enfin, cette facilité à composer avec la disparition de l'ivresse et la fatigue qui s'ensuit est-elle aussi la conséquence de ce bonheur immense qui m'habite depuis le dépôt de la thèse d'Amélie. Nous sommes si heureuses, si heureuses. Nous revenons enfin peu à peu à cette vie consacrée entièrement à la lecture, à l'écriture et à la pensée, avec en plus la possibilité de partager de beaux moments avec les gens que nous aimons et, en moins, le stress écrasant de la thèse (pour Amélie au premier chef, évidemment, mais aussi pour moi qui partage tout avec elle). Peu à peu notre corps se libère de ce stress hautement toxique.

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Je me laisse emporter! En réalité, je voulais parler ici du texte de Sloterdijk qui était le prétexte de notre rencontre hier. Ici comme dans ma vie je me laisse constamment dévier de ma trajectoire. N'est-ce pas là le mouvement de la vie? La destruction seule, peut-être, connaît un mouvement défini et irrévocable? Depuis que j'ai regardé Melancholia, je suis hantée par cette image de la destruction de la Terre. Je ne sais pas si c'était en partie l'effet du cannabis ou la fatigue, mais après le visionnement du film, j'avais passé la nuit à faire des cauchemars de fin du monde. (N'empêche, si une planète devait détruire la Terre, il me plairait que ce soit une planète nommée Melancholia!)

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Et en tout apercevoir la fin. Je ne suis pas certaine que je serais encore capable de tolérer la lecture de Houellebecq, encore moins l'apprécier. Cette phrase ne continuera pas moins de m'habiter.

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Je dévie encore. Ç'aura été une fois de trop puisque soudain la fatigue m'emporte et que je risque de m'essouffler trop vite en parlant du livre de Sloterdijk immédiatement. Je pousuivrai donc ce soir ou demain.
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