Jan 11, 2012 23:02
Je viens vous faire part de mes états d'âme à la con, comme d'habitude. Je n'arrive plus à vous dire quand ça va, je n'arrive plus à vous tenir à jour dans ma vie tellement il se passe de trucs et tellement je me sens minable. Alors je viens juste cracher mon venin là comme une conne & je vous demande pardon pour ça.
En ce moment, je reste enfermée chez moi sans voir personne. Je ne sais même plus vous dire depuis combien de jours je n'ai pas vu Amandine. Je pense que c'est assez explicite. Je suis là, chez moi, à écouter ma musique, à écrire encore et encore & à me prendre la tête avec ma mère, mes soucis d'administration & tout le bordel. J'ai recommencé mon culte pour Ruki.
J'ai mal partout, comme si mon corps partait à nouveau en miettes, encore et encore & j'en ai marre d'avoir toujours putain de mal quelque part c'est tout. J'ai tellement écrit que j'ai des courbatures dans les bras & que j'aggrave mon cas en ce moment, parce que mes doigts même sont douloureux. Je vous parlerais même pas de l'état de ma nuque... ça va être génial quand je vais reprendre le taff, ouais. J'ai trouvé un travail à Macdo, je devrais bientôt commencer. C'est pas glorieux mais faut bien payer son loyer, qu'est-ce que vous voulez.
J'ai toujours froid. J'ai même plus le courage d'allumer mon chauffage parce que la facture de ce mois-ci m'a tellement donné envie de vomir que je préfère encore me les geler & devoir mettre des pulls pour dormir sous ma couette, ma couverture & mon plaid.
Le soucis ne vient pas seulement de ce putain de chauffage éteint. Je sais que je perd mes forces, je sais que je n'ai pas assez d'énergie à brûler pour que mon corps maintienne mes doigts et mes pieds au chaud. Je sais que c'est même pas la peine d'essayer de courir jusqu'au bout de ma rue. De toute façon, c'est pas comme si j'en avais envie, je refuse de courir. Je hais ça & puis Ryo a dit non alors je suis pas à une niaiserie près hein...
Je suis tellement faible que 33cl de bière arrivent à me faire tourner la tête.
Je hais mon corps. Si vous saviez comme je le hais.
Et alors j'ai recommencé à penser à tout ça parce que je sais ce que je suis encore en train de faire. Je sais que j'ai été presque été heureuse de voir que j'avais plus assez de sous pour faire les courses. Je sais que j'y trouve une malsaine satisfaction en me disant que je pourrais pas manger. Parce que j'ai recommencé. Je recommence toujours, je finis toujours par replonger comme une putain de fille merdique.
Parce que j'ai des troubles alimentaires depuis ma quatrième. Je devais avoir dans les treize ans quoi. Ma vie est une vaste blague.
J'ai passé toutes ces années à essayer d'arrêter, à réussir parfois pendant un an à ne plus devenir dingue sur mes cuisses... mais c'est pire que ma dépression, pire que toutes mes maladies psychologiques. Mon putain de fucking trouble alimentaire qui me gâche l'existence.
Et je suis toujours là à péter des câbles sur combien je voudrais être mince, combien je n'y arrive pas... je me remet à vomir, comme il y a quelques semaines. Je bouffe tout ce que je trouve en frappant les murs, en pleurant, en me roulant sur le sol tellement je me hais et je finis par aller tout recracher de deux doigts dans la bouche jusqu'à vomir du sang, jusqu'à voir des petits points lumineux devant mes yeux. Ensuite, je me met à ne plus rien manger.
Et puis je craque et je redeviens normale, jusqu'à la prochaine fois.
& là, je n'ai plus rien à manger. Je bois un thé le matin, parfois une soupe miso dans l'après-midi & je finis le soir avec un reste de quelques pâtes parce que mon ventre gronde trop. Mais il appelle de moins en moins et je finis par être heureuse. Comme si je lui disais "je vais gagner cette fois". Et je sens que quand il me demande de manger, je sens que j'y deviens insensible, peu à peu, comme quand j'avais réussi à perdre 10 kilos, avant.
Je sens que même quand mon corps à faim, j'arrive à nier et à oublier.
Arrêtez de me dire que je suis bien comme je suis. Arrêtez de me dire que ça ne sert à rien & que je suis jolie. Je ne le suis pas. Ce corps est infâme, il l'a toujours été et je le déteste. Et je me sens toujours inférieure aux autres. Ne me dîtes pas que les filles avec des formes sont jolies. Parce que je le sais, les autres le sont. Pas moi & je me dégoûte.
Vous pouvez faire tout ce que vous voulez, vous pouvez vous efforcez d'être gentil, vous ne comprendrez jamais. Les problèmes alimentaires, c'est exactement comme une dépression. Si tu ne l'as pas vécu, tu ne peux pas le comprendre, tu ne peux pas aider l'autre. Me demande d'arrêter parce que "ça ne sert à rien" "je t'aime comme tu es" c'est inutile. Totalement et irrémédiablement inutile. Vous ne changerez pas cette idée profondément ancrée en moi que je suis une monstre et que je suis grosse, grosse, grosse.
Si vous saviez combien j'ai envie de tuer les nanas qui se ramènent en disant que Kame a grossit & que c'est moche, ou Shou, ou Hiroto, ou Benji. Ou n'importe qui d'important pour moi. Et j'ai envie de leur hurler de se la fermer parce qu'elles ne savent pas ce que ce simple mot peut avoir comme conséquences dans la vie de quelqu'un. Elles ne comprennent rien. Et je ne veux même pas imaginer Kame qui a tant perdu en si peu de temps utiliser les mêmes méthodes que moi parce que ça me donnerait envie de me tuer tout de suite. Je ne veux pas imaginer ma Julia faire les mêmes choses que moi parce que ce serait intolérable, même si je sais qu'elle me comprend, même si je sais qu'elle est pareille, même si je sais qu'elle le fait. Parce que cette souffrance abominable que j'ai en me regardant dans le miroir, je ne la veux pour personne. Je ne veux pas que les gens soient obsédés comme moi par leur reflet.
Je ne sais pas pourquoi j'écris ça. Sans doute parce que je me sens faible encore une fois, parce que je voudrais que les gens ne passent pas par les mêmes chemins que moi. Ne m'envoyez pas de messages pour me dire qu'il faut que je mange, je veux juste que vous, vous vous acceptiez comme moi je n'ai jamais su le faire.
moi,
maladie