[Self-service] Trouble (Partie 1/2)

Jan 12, 2011 00:26

Titre :  Trouble
Pairing : Sirius x Severus à sens unique, OC x Sirius (relation purement physique, l'intrigue portant sur un SBSS.)
Personnages : Les Maraudeurs, la Famille Black, Severus Snape, Lily Evans, et divers élèves de l'école remplissant le décor.
Disclaimer : L'univers de Harry Potter appartient à J.K Rowling.
Rating : NC-17.
Mots : Word indique 16 600 mots.

Résumé : Cinquième Année à Poudlard : Alors que Sirius traverse une passe délicate avec sa famille et doit faire face à un choix difficile, l'apparition de désirs étranges viennent le perturber. SBSS, époque des Maraudeurs, 1975.

Bonjour à tous, je suis un peu nerveuse de poster ici car c'est ma première fic se déroulant dans l'univers d'Harry Potter, et donc mon premier Snack - je n'ai pas pu résister à la tentation ^^ -
J'espère que cette histoire vous plaira, si jamais vous vouliez la lire sous un format différent, vous pouvez la trouver sur ffnet en suivant le lien :

http://www.fanfiction.net/s/6612871/1/Trouble

Étant donné que cette fic est un peu longue, je l'ai coupé en deux, néanmoins il s'agit quand même d'un one shot, même si divisé en deux parties.
J'espère que ça vous plaira, bonne lecture ^^

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Cela fait près d'une demie heure que Sirius fixe sans bouger le plafond de sa chambre. Dehors, un rai de lumière blanchâtre passe au travers des lourds rideaux de velours tirés, éclairant faiblement la pièce plongée dans l'obscurité, dessinant sur les tentures des murs des ombres effrayantes. Son souffle est court, silencieux, comme s'il n'osait pas faire de bruit, de peur que ses parents ne montent à l'étage et ne s'aperçoivent qu'il ne dort pas. Sur sa table de chevet, la montre à gousset en or que lui a offert son oncle Alphard pour son anniversaire indique qu'il est plus de minuit.

Cela fait une demie heure que malgré tous ses efforts il ne peut bloquer la voix de ses parents, en bas, qui se disputent à son sujet. Il a bien essayé de se boucher les oreilles, de penser à autre chose, mais rien n'y fait. La voix aigüe de sa mère résonne à l'intérieur de sa tête, et celle, désolée, déçue, de son père, lui fait écho. Prenant une grande inspiration, il se décide à se lever, ses pieds nus glissant sans bruit sur le plancher froid. Il entrouvre la porte doucement, priant pour qu'elle ne grince pas. Son vœux est exaucé, et, il se tient à l'affut, un pied dans l'ombre, l'autre au pied de la première marche de l'escalier. Et il attend, exactement au même endroit que lorsqu'il faisait un cauchemar, enfant, et pesait le pour et le contre pour aller réveiller ses parents. Il lui arrivait de rester une heure entière, indécis, entre la latte de plancher qui craque et l'escalier qui gémissait sous son poids. Au final, il finissait toujours par retourner dans sa chambre, n'osant pas déranger ses parents.

Son petit frère, Régulus, a trouvé la parade. Quand il faisait un mauvais rêve, c'était chez lui qu'il allait frapper. Parce que, Sirius avait beau le traiter de bébé et lui cogner l'épaule, ennuyé parce qu'il l'avait réveillé, il finissait toujours par lui faire une place dans son lit à baldaquin, en grommelant. De toute façon, Régulus n'a jamais eu beaucoup d'égard pour son sommeil, le petit égoïste.

Les éclats de voix se font plus violent, en bas. Mais ce n'est pas contre eux, que ses parents crient. C'est contre lui. C'est de plus en plus fréquent, ça a commencé pendant les grandes vacances, après sa deuxième année à Poudlard.

Demain, c'est la rentrée. Sirius rentre en cinquième année, quant à son frère, ce sera sa toute première année à l'école. C'est en partie pour ça que cet été s'est vraiment mal passé. Il a beau faire comme s'il n'avait rien entendu, c'est difficile d'ignorer sa mère quand elle sous-entend, en faisant leurs emplettes sur le Chemin de Traverse, qu'elle serait tellement fière de Régulus s'il était accepté à Serpentard. Comme elle. Comme Papa. Et comme tout le reste de la famille d'ailleurs.

Parce que non Sirius, depuis que le choixpeau t'as envoyé à Gryffondor, plus rien n'a jamais été comme avant. Les murmures aux réunions de famille sur ton passage, le temps qu'avait ton père à te consacrer, ta mère qui venait t'embrasser avant le coucher, les remarques désobligeantes à table-

Déglutissant en vain dans l'espoir de se débarrasser du gout amer dans sa gorge, il écoute.

"Je ne sais plus quoi faire Orion. Il a...changé, on dirait que ce n'est plus le même."

"Moi non plus Walburga, je...peut être que c'est son âge, ça lui passera sans doute."

"-et toutes ces retenues! ...stupide, me fais honte-"

La voix de sa mère se fait plus basse, ils chuchotent à présent et Sirius entend vaguement les mots "mauvaises fréquentations" et "sang-mêlés".

"-pas si mal que ça, il est ami avec ce Potter...famille ancienne...sang-purs."

"Tu plaisantes...traîtres à leur sang!"

Sirius ne sait plus trop s'il a envie d'entendre la suite, brusquement extrêmement mal à l'aise. Un couinement discret derrière lui le fait sursauter, et, se tournant il aperçoit la silhouette de son petit frère dans la semi-obscurité.

Celui-ci frotte ses yeux embués de sommeil, se grattant de l'autre main ses cheveux ébouriffés par l'oreiller. A voix basse, il murmure :

"Sirius? Qu'est ce que tu fais debout?"

Ne voulant pas qu'il entende leurs parents, Sirius pose une main sur son épaule, l'incitant à retourner dans sa chambre.

"Rien, j'étais aux toilettes. Va te coucher Régulus, on a école demain."

Son frère hausse un sourcil, apparemment pas dupe, mais lui obéit quand même, la fatigue ayant raison de sa curiosité. Sirius referme la porte de sa chambre, et lentement se dirige jusqu'à son lit, se laissant mollement tomber dessus.

En bas, les voix se sont tues.

Poussant un soupir tremblant, Sirius se passe une main légèrement moite dans ses mèches sombres, et ferme les yeux très forts.

Le lendemain, il fait semblant de ne pas remarquer le sourire figé de son père lorsqu'il lui dit au revoir, ni comme le baiser de sa mère sur sa joue lui paraît sec et hésitant. Il regarde de loin comme elle étreint Régulus contre son cœur, et la main affectueuse de son père qui décoiffe gentiment les mèches brunes de son cadet.

Ce n'est pas grave. Ça n'a pas d'importance, d'ailleurs il s'en fiche.

Il se répète ce mantra dans sa tête pendant un long moment, jusqu'à ce qu'il n'aperçoive James dans la foule qui lui fait des grands signes de la main, lui arrachant un faible sourire.

Il fait comme s'il n'avait pas remarqué les regards inquiets que lui jettent ses amis, en coin. Comme si quelque chose n'allait pas. Et c'est vrai. Sirius a beau remettre au lendemain ses problèmes, c'est toujours cette même préoccupation qui revient sans cesse dans sa tête.

Le moment où il devra choisir entre sa famille et ce qu'il est.

Il a beau essayer de chasser cette vilaine pensée, de s intéresser à autre chose, elle refuse de partir et revient souvent le visiter la nuit. Ce n'est que le début de l'année, et Sirius a du mal à réaliser qu'il est à Poudlard, avec ses amis. A la maison. Mais ça, il refuse de le penser à voix haute, pas encore, c'est trop tôt. Il n'est pas encore prêt à oublier les souvenirs de son enfance.

Même si ses parents ont déjà commencé à se préparer à cette idée.

Aujourd'hui il a passé une bonne journée. Il a plu des cordes pendant l'entraînement de Quidditch, mais il s'est bien amusé avec James. Ils ont même trouvé la parade du siècle afin de gagner le prochain match contre Serpentard. Il s'ébroue sur son ami en un geste qui n'est pas sans rappeler Padfoot, ses mèches noires sont trempées par la pluie, des gouttelettes ricochent sur la nuque de James qui le repousse en riant. Il est toujours en train de rire quand ils tournent à l'angle que forme la tour des Gryffondors, quand des éclats de voix tout près du portrait de la Grosse Dame leur parviennent.

"Laissez moi tranquille, enlevez vos sales pattes de moi!"

Son sourire se fige en reconnaissant cette voix, et Sirius se met à courir, James le suivant sans comprendre. Devant le tableau qui mène à leur dortoir, il y a deux Gryffondors qui ont l'air d'être en Quatrième année. Et son frère. Ses yeux font un aller retour rapide entre la main qui empoigne rudement la tignasse brune de Regulus, le maintenant en position de faiblesse, et sa baguette qu'il reconnait entre les doigts de son agresseur. Tout à coup, il y a comme un voile rouge qui recouvre sa vision, sa bouche s'entrouvre en une grimace malveillante alors qu'il crie :

"Expelliarmus!"

Le voile rouge s'étend sur ses pupilles, sa teinte de plus en plus sombre, et Sirius lève sa baguette, le visage déformé par un mélange de haine et de colère aussi intense qu'elle est soudaine, et tout est si rouge dans sa tête qu'il ne remarque pas le regard vaguement apeuré que lui lance Régulus, ni n'entend James arriver en courant derrière lui.

Le rouge s'estompe instantanément en revanche, lorsqu'un corps sec et musclé se presse brutalement contre son dos et que deux bras fermes entravent son torse, la poigne enserrant son poignet se resserrant en un avertissement silencieux. Le voile rouge se dissipe complètement et Sirius prend conscience que c'est lui qui respire aussi fort, son souffle étrangement bruyant à ses oreilles bourdonnantes. Il se dégage d'un mouvement qui se veut ennuyé de l'étreinte de James, mais baisse sa baguette magique, docile.

Régulus se relève en prenant soin de ne pas laisser voir que ses jambes tremblent un peu. En cet instant précis, avec ses cheveux désordonnés qui forment un rideau sombre sur ses yeux clairs, et l'intensité de son regard, il y a une ressemblance troublante entre lui et un Sirius plus jeune.

Les deux élèves qui l'ont malmené ont l'air offensé, trahi, alors qu'ils détaillent Sirius, et sa robe écarlate de Quidditch, signe qu'ils appartiennent à la même maison. L'espace d'un instant, Sirius se sent troublé, car jamais encore on ne l'a regardé avec cette lueur accusatrice dans les pupilles. Comme s'il était un traître. Se ressaisissant, ses yeux se font plus durs, sa voix est rauque :

"Vous deux. Ne touchez plus jamais à mon frère, c'est compris?"

L'un des deux, plus bravache, tente de se justifier :

"Un Serpentard n'a rien a faire à côté du dortoir des Gryffondors. S'il ne veut pas d'ennui, il n'a qu'à pas traîner ici!"

Son ami acquiesce vivement, la témérité de son compagnon semblant lui redonner courage.

"C'est mon frère, il peut me rendre visite où il veut et quand il veut. Le prochain qui le touche aura affaire à moi, c'est clair?"

James choisit ce moment pour se placer à côté de lui, et placer une main sur son épaule, fixant d'un œil menaçant ces deux petites frappes du Dimanche. Sirius sait tout au fond de lui que jamais James n'oserait jeter un sort à quelqu'un de leur maison, et lui même ne s'abaisserait pas à s'attaquer à plus faible que lui. Mais ça, les deux autres ne sont pas obligés de le savoir...

Se concertant du regard, ils lèvent tous deux leurs baguettes, et il n'en faut pas plus pour que les deux garçons filent en vitesse.

"Ah les jeunes Gryffondors, c'est plus ce que c'était. De vrais mauviettes." lâche James en plaisantant, sans doute pour détendre un peu l'atmosphère. Ça fonctionne, puisque tout à coup les épaules de Sirius se relâchent, et les traits de son beau visage se détendent.

Régulus époussette nonchalamment ses vêtements, comme si rien de s'était passé, et Sirius lui propose de monter dans leur dortoir, qui est bien plus douillet que les couloirs froids du château.

James reste un moment en arrêt, les sourcils froncés. Lui n'a pas oublié la lueur un peu folle qui dansait dans les yeux de son meilleur ami il y a quelques instants.

C'est un soir relativement tranquille. Ils se sont attablés dans un coin de la bibliothèque afin de faire leur devoir. Remus est plongé dans les pages jaunies d'un ouvrage épais sur l'Arithmancie. A côté de lui, Peter recopie soigneusement le devoir de Métamorphose qu'ils doivent rendre pour demain, tirant légèrement la langue en signe de concentration. James, lui, fait semblant d'avoir l'air studieux, et relie la même page depuis déjà vingt bonnes minutes, jetant des coup d'œil furtifs à la table des filles derrière la leur, notamment la tignasse rousse de Lily Evans, qui reste désespérément dos à lui. Et Sirius, lui, s'ennuie. Il étouffe un bâillement dans son coude, ses yeux s'humidifiant, avant de tremper sa plume dans l'encrier et de se tourner vers son parchemin vierge. Il griffonne des silhouettes au hasard, perdu dans ses pensées. Au bout d'un moment, Remus se penche pour voir son 'œuvre', curieux, et un demi-sourire amusé écarte ses lèvres fines à la vue de ce que son ami a dessiné sans s'en rendre compte. Sortant de sa rêverie, Sirius baisse les yeux vers les petits personnages d'encre, et se rend compte qu'il s'agit d'un chien, d'un loup, d'un cerf et d'un rat qui jouent ensemble et courent dans les fourrées. Ses joues se colorent, un peu gêné que Remus ait vu son dessin, et surtout ce qu'il représente. Il offre une grimace contrit, et murmure "Désolé Moony", parce que si James et Peter s'amusent autant que lui durant leurs escapades nocturnes, il sait que les transformations sont un sujet sensible chez le jeune loup garou. Mais Remus se contente de secouer la tête, l'air de dire qu'il n'y a pas de mal. Une sensation très agréable s'empare de lui, comme une sorte de douce chaleur au niveau de la poitrine. Ça ne lui arrive pas souvent, mais c'est le genre de révélations que l'on a rarement et qui nous font nous sentir vraiment bien. Et Sirius observe ses trois amis, se disant qu'il a de la chance tout de même de les avoir.

Il jette un coup d'œil au papier, et observe le gros chien noir remuer la queue en gambadant gaiement autour du cerf, sauter pour rire sur le loup avant de poursuivre le rat à la manière d'un énorme chat. Il tapote le grain du parchemin du bout de sa baguette, et sagement les animaux d'encre sortent de la feuille blanche et replonge silencieusement dans l'encrier.

Tout à coup, une ombre en forme de main apparaît sur le parchemin vierge, le faisant lever les yeux vers une fille de leur année. Sirius se rappelle vaguement avoir partagé quelques classes avec elle pendant leur cour commun de Botanique avec les Serdaigles. Il a un vague souvenir de James matant ses seins, et qu'elle s'appelle Belvina Belby. Elle a des yeux noisettes, des lèvres pulpeuses, et de jolies boucles brunes retombent sagement sur ses épaules. Elle offre un petit sourire à Sirius, indiquant d'un geste du menton le rayonnage de livres juste derrière lui, et fait mine de se pencher pour en saisir un, prenant appui sur leur table. Il se recule légèrement dans sa chaise, collant son dos au dossier, mais le décolleté plongeant de Belvina s'approche dangereusement de son visage. Le parfum suave que dégage sa gorge nue chatouille son nez sensible, lui donnant envie d'éternuer. Enfin, après ce qui lui paraît être une éternité, son opulente poitrine finit par s'éloigner de son visage et le laisser respirer alors qu'elle se redresse, livre en main. Elle lui jette un regard qui se voudrait timide s'il ne contrastait pas avec sa détermination à lui coller le visage entre ses impressionnantes glandes mammaires, avant de partir rejoindre ses copines. Quand elle est enfin partie, il s'autorise à éternuer, satisfait que l'horrible sensation dans son nez se dissipe. Il hausse un sourcil devant la tête que font ses compagnons, avant de lâcher de manière éloquente :

"Bah quoi?"

"Non mais tu as vu?" s'écrie James, l'air d'être partagé entre se sentir envieux ou excité, ses mains devant son torse mimant un bonnet D.

"Quoi, que son soutien gorge était violet?" Sirius répond, sa lèvre supérieure plissée en une moue hautaine qui rappelle immédiatement dans quel genre de famille il a été élevé.

"Ah bon? Désolé je n'étais pas assez près pour le voir." lance Remus d'un air intéressé, daignant lever le nez de son pavé. A côté de lui, Peter se tortille dans sa chaise, ses grands yeux bleus brillant de curiosité, attendant apparemment que Sirius leur donne des détails croustillants. Brusquement agacé sans trop savoir pourquoi, Sirius remet une mèche sombre le gênant derrière son oreille en un geste impatient, sa voix claquant dans l'air :

"Au moins tu n'as pas manqué de te faire asphyxier par une vache laitière." Au moment même où il prononce ses mots, un pic de culpabilité le prend et il se fait la remarque que ce n'est pas très digne d'un homme de se moquer ainsi d'une jeune fille. Ça a beau l'irriter, il a remarqué comme elle le regardait en cours, avec cet espoir timide illuminant ses pupilles. C'est nul de tourner en ridicule les sentiments des autres, peut être qu'elle est vraiment amoureuse. Il ignore les trois regards vaguement choqués de sa remarque acerbe, et détourne les yeux en pinçant les lèvres, mal à l'aise. James finit par dire :

"Moi je n'aurai rien contre mourir asphyxié par la sublime poitrine de Belby." il marque un temps d'arrêt, comme s'il réfléchissait, avant d'ajouter :

"Quoi que ce serait mieux s'il s'agissait de celle d'Evans."

Sans réfléchir, Peter lâche :

"Je ne sais pas si tu pourrais t'étouffer avec ceux d'Evans, elles n'ont pas le même calibre."

Remus semble faire un gros effort pour ne pas éclater de rire, pris de secousses incontrôlables alors qu'un son qui ressemble à s'y méprendre à des gloussements s'échappe de sa poitrine. Sirius lui, ne se gêne pas pour laisser éclater son hilarité, son rire sonnant comme des aboiements joyeux. Passé le choc de sa remarque, James pousse un cri de guerre et saute sur Peter, bien décidé à ce qu'il répare l'affront de ses paroles impies.

'

"Maman?"

Sa mère est près de l'âtre, le feu accentuant l'ombre du grand fauteuil et colorant ses joues pâles de rouge et de bleu. Elle lève les yeux du livre qu'elle est en train de consulter, et les pose sur son jeune fils de cinq ans.

"Oui, Sirius?"

Un sourire timide aux lèvres - sa maman est très intimidante quand elle se fâche, et elle déteste être dérangée dans sa lecture - , il s'approche d'elle, jusqu'à être à côté du fauteuil. Ses petites mains agrippent nerveusement l'accoudoir de velours vert, et, quelque peu hésitant, il pose sa question.

"Maman, qu'est ce que c'est un 'Sang-de-Bourbe'?"

Sa mère prend le marque page posé sur la table basse, et repose son livre, avant de le regarder droit dans les yeux. Souriant, elle dépose une main fraîche sur sa joue, et Sirius ne peut s'empêcher de s'appuyer contre sa paume. Il n'a pas l'habitude de ces démonstrations de tendresse, car bien souvent ses parents ne sont pas là et c'est Kreacher qui s'occupe de lui. Il ne l'aime pas beaucoup d'ailleurs. La voix de sa mère l'enveloppe, ses doigts fins replaçant ses cheveux noirs derrière son oreille.

"Sirius, un Sang-de-Bourbe, c'est une créature vile et très laide."

Sans pouvoir s'en empêcher, Sirius laisse échapper :

"Comme Kreacher?"

Sa mère hausse un sourcil, le coin de sa bouche s'écartant en un petit sourire amusé.

"Non, pas vraiment. C'est une créature encore plus détestable, car elle n'a aucune utilité que celle de nous nuire. Sirius, tu dois me promettre quelque chose."

Lentement, il hoche la tête, heureux d'avoir toute l'attention de sa maman. Satisfaite, un vrai sourire illumine son visage.

"Tu dois me promettre de ne jamais te lier de quelque façon que ce soit, avec un Sang-de-Bourbe. Tu me le promets, Sirius?"

Le regard de sa mère est si intense, qu'une bouffée de peur tombe dans son estomac, contrastant avec le sentiment de contentement que le contact affectueux lui prodigue. Avalant sa salive, Sirius répond :

"Je te le promet, Maman."

'

Sirius se réveille en sursaut, sa respiration bruyante et erratique dans le silence de la nuit. Son dos et sa nuque sont trempés de sueur, et une nuée de chair de poule recouvre ses avant bras. Il passe une main tremblante dans ses cheveux, tirant un peu dessus, cherchant à penser à autre chose. Il tourne la tête vers le lit de James au son d'un ronflement discret, mais qui semble sonore dans le calme du dortoir. Sirius se lève sans bruit, frissonnant dans le t-shirt et le boxer qui lui servent de pyjama. Il croise les bras contre son torse afin de conserver un peu de chaleur corporelle, et marche sans but précis, ses pieds silencieux sur la pierre froide de l'escalier du dortoir des garçons. Arrivé dans la salle de bain, il va aux toilettes, se passe un coup d'eau sur le visage, et observe silencieusement son reflet dans le miroir. Il paraît que le garçon qui lui fait fasse a le nez, les yeux et les cheveux de son père. Et, cette bouche, ces pommettes, et la fossette quand il sourit, ce sont celles de sa mère. Après un dernier regard à son jumeau dans la glace, Sirius éteint la lumière de la salle d'eau, et quitte la Salle Commune des Gryffondors, réveillant au passage la Grosse Dame.

Il n'a pas besoin de la carte, il connait les passages secrets du château par cœur. Il laisse ses vêtements dans le tunnel, et n'a pas vraiment le temps de ressentir l'air frais nocturne qu'une épaisse toison de poils noirs le recouvre entièrement. Ça y est. Il est dehors. Padfoot s'élance joyeusement dans l'herbe tendre du parc de Poudlard, sa queue battant l'air alors qu'une foule d'odeurs intéressantes envahissent ses narines. Des effluves d'herbe grasse et humide de rosée, de terre riche et de liberté, l'odeur de la nuit et du vent, froide et enivrante, des parfums de la Forêt Interdite au loin, de magie, de créatures et d'animaux. Padfoot sort la langue, c'est sa façon de rire à lui, et se roule avec bonheur dans cette farandole de senteurs. La lune est haute ce soir, ressemblant à un étrange sourire tordu, et Padfoot aboie, se relève, et se remet à courir.

Tout comme Prongs n'a pas encore de bois majestueux comme ceux des cerfs adultes - les siens ne sont pas très hauts et encore recouverts d'une sorte de peau duveteuse -, Padfoot n'a pas encore terminé sa croissance. Il a cette démarche quelque peu chaloupée des jeunes chiens, qui, s'ils ont leur taille adulte, n'ont pas encore de poitrail robuste ni de pattes puissantes. Celles de Padfoot semblent un peu maigres, comme s'il avait grandi trop vite, trop soudainement, et que son corps n'avait pas encore développé tous ses muscles. Comme l'adolescent qui se cache derrière le chien.

Il court longtemps, longtemps, suivant la piste d'un lapin, s'arrêtant parfois pour repartir en sens inverse, jouant à faire peur à quelque oiseau de nuit. Sirius est toujours là, au fond, mais c'est tellement plus simple d'être Padfoot et d'oublier un temps ses problèmes, de se fatiguer jusqu'à ce qu'il en tombe d'épuisement et puisse enfin dormir d'un sommeil sans rêve.

Il finit par s'arrêter près d'un tronc d'arbre, à l'orée de la Forêt Interdite. Il se couche sur le flanc, la gueule ouverte, grognant doucement en sentant la fatigue envahir tous ses membres. Il a le souffle court, et sa poitrine se soulève rapidement, en rythme avec sa respiration irrégulière. Il décide de se reposer un peu. Après il retournera au château, et montera se recoucher.

Une odeur familière, et à la fois légèrement différente le fait se rassoir sur le ventre. Il l'a déjà senti étant humain, mais à présent que son nez s'est changé en truffe, il la perçoit d'une tout autre manière, comme si elle se précisait et devenait bien plus complexe à la fois. Il pousse un petit reniflement ennuyé, se demandant ce que Lily Evans peut bien faire dehors à cette heure là. Ce n'est pas qu'il ne l'aime pas, mais... il ne peut s'empêcher d'être jaloux. De filles comme elle, comme Belvina Belby, ou Malicia Jones. Depuis qu'ils ont des poils au menton, on dirait que ses trois meilleurs amis semblent irrésistiblement attirés par tous ce qui porte une jupe et un décolleté. Ça l'agace. Non pas qu'il ait quelque chose contre les filles, Alice, de leur classe, est plutôt rigolote comme nana, et il a de bons souvenirs de sa cousine Andromeda. Mais, il n'y pas de quoi faire tout un plat de la jupe scandaleusement courte de Malicia, qui laisse voir sa petite culotte quand elle se penche. Ça lui fait un peu peur, aussi. Peur qu'une de ces filles comptent un jour plus pour ses amis que lui même. Mais bon, pour le moment Lily n'a pas l'air spécialement enclin à lui piquer sa place, ni même à s'intéresser à James.

Lily s'assied sur le tronc, juste à côté de lui. Elle lui offre un sourire, et il est certain que jamais elle ne lui a adressé de sourire aussi gentil quand il est dans sa forme humaine. Étrange, cette alchimie entre les hommes et les chiens. A part les quelques personnes qui en ont peur, la plupart des hommes se sentent à l'aise avec un chien, et ont cette curieuse tendance - qui tient de l'obsession - à vouloir à tout prix les caresser. Sirius lui même ne peut s'empêcher de papouiller les chiens errants qui viennent à sa rencontre. Il y a quelque chose de...de presque magnétique avec leur fourrure. Ce besoin irrépressible de passer ses doigts dans les poils d'un chien, de lui grattouiller la tête ou le ventre, de lui frotter les oreilles.

S'il était dans sa forme humaine, sans doute que Sirius se sentirait embarrassé, agacé, peut être même choqué par le fait que Lily Evans est actuellement en train de lui caresser gentiment sa nuque, juste en dessous du crâne et entre ses oreilles, et brrr, il en a des frissons le long de l'échine. Dans cette forme là c'est tellement agréable de se faire tripoter, il doit bien l'admettre. Il a toujours aimé qu'on lui caresse les cheveux, mais ce genre de comportement est relativement délicat lorsqu'on est un garçon civilisé. Il se voit mal poser la tête sur les genoux de Remus et lui dire 'Moony s'il te plaît, gratte moi les cheveux, j'adore ça'. Il a beau ne pas apprécier Evans plus que cela, la sensation de ses doigts emmêlant son pelage noir est divine. Il ne vaudrait mieux pas que James soit au courant de ça, d'ailleurs.

Ses yeux se ferment, sa queue remuant gentiment l'air autour de lui quand la main fine gratte son dos. Il se redresse abruptement sur ses quatre pattes lorsqu'un craquement sur la droite le sort de sa torpeur. Une odeur qu'il connaît bien flotte dans l'air. En voyant sa réaction, Lily se tourne vers la silhouette qui s'avance dans l'ombre, ses bras se croisant contre sa poitrine en signe d'agacement. Pourtant, dans sa forme, Padfoot perçoit très bien des émotions qui ressemblent plus à de l'amusement et à du soulagement, et qu'elle fait juste semblant d'être contrariée.

"Tu en as mis du temps, Severus."

Padfoot laisse échapper un grondement sourd de sa poitrine, et sort la langue en un ricanement discret en voyant que Snivellus s'est raidi en le voyant. A contre cœur, il arrête de grogner quand une main féminine recommence à le cajoler. Avec méfiance, Snape s'assied à côté de Lily sur le tronc, sans quitter des yeux le molosse que Lily a l'air de prendre pour une grosse peluche. Sa lèvre supérieure se plisse de mécontentement, et il lâche dans un ton qui se veut méprisant - mais les oreilles de Padfoot entendent clairement une nuance d'appréhension - :

"Qu'est ce que ce chien fait ici?"

Sirius a beau ne pas être ami avec Lily, c'est tout de même follement amusant de faire enrager Snivellus de la sorte. Prenant ses plus beaux yeux de cockers humides, il pose sa tête sur les genoux de la jeune fille, qui le papouille de plus belle.

"Je crois que c'est le nouveau chien d'Hagrid. Il m'avait dit qu'il en voulait un, et je l'ai trouvé tout près de sa maison."

'Pas bête, mais essaye encore, Evans.' songe Sirius, avant de laisser échapper un bâillement canin.

Snape se détend visiblement en entendant ces mots, sa posture jusqu'alors crispée se relâchant. Se rapprochant un peu de la jeune fille, il sort sa baguette et la tapote contre sa cuisse, murmurant une formule magique que Sirius ne connait pas. L'espace d'un instant, un voile doré les enveloppent tous les deux, avant de disparaitre. Lily se tourne vers lui, le regard incroyablement adouci, ce genre de regard que Sirius a parfois pour James.

"Merci, Severus."

Il répond à son sourire, l'air un peu gêné, avant de dire :

"Tu avais l'air d'avoir froid."

Sirius est un peu étonné. C'est la première fois qu'il le voit sourire, et une partie de lui pensait presque qu'il en était incapable. Enfin, pas de cette manière. Il y a tellement de...de chaleur dans son sourire et dans ses yeux alors qu'il regarde Lily, qu'il ne peut s'empêcher de penser à James. Un silence s'ensuit. Sirius est partagé entre sa curiosité et son impression embarrassante d'être un voyeur. Pesant le pour et le contre, il se roule en boule au pied de Lily, étouffant un second bâillement dans l'herbe, et ferme les yeux. Il n'est pas sûr d'avoir très envie d'épier leur conversation, mais pour le moment il est trop fatigué pour bouger.

Au bout d'un moment, il entend Lily sortir dans un bruit de papier quelque chose de sa poche, et le tendre à Snivellus. Une émotion froide et désagréable l'enveloppe, excepté qu'elle ne vient pas de lui, mais de la jeune fille. Inconsciemment, il appuit légèrement plus sa tête contre son mollet, le chien en lui désirant lui apporter un maigre réconfort.

"Regarde ce qu'elle m'a écrit..."

Un peu intrigué malgré lui, Sirius tend l'oreille. Il ouvre les yeux et les pose sur Snivellus. Il observe comme son front se plisse, la façon qu'ont ses mains de se tendre autour du papier, et la grimace de colère à peine cachée qui se dessine sur son visage.

"Cette sale petite-"

"Severus!" La voix de Lily claque férocement dans l'air, mais étrangement, Snivellus n'a pas l'air intimidé.

"Mais enfin Lily, tu as vu ce qu'elle t'écrit? Ce n'est pas-" proteste plus doucement Snape.

"Je sais, Severus. Mais c'est ma sœur." Il y a quelque chose de si fatigué tout à coup, dans la voix de Lily, de si défaitiste, que Snivellus se tait. Sa main se crispe sur ses genoux, comme s'il voulait attraper quelque chose. Mais il la laisse retomber, une lueur désolée et impuissante allumant ses yeux noirs.

Padfoot regarde ses pattes avant, se faisant brièvement la réflexion que les gens sont différent la nuit et le jour. Il secoue la tête, comme pour chasser cette pensée, parce que si l'on se met à éprouver de la pitié pour son meilleur ennemi, où va le monde?

L'image de Régulus flotte dans son esprit, et, quoiqu'il est pu arriver à Lily et à sa sœur, il prie pour que jamais sa relation avec son petit frère ne soit abimée de la sorte. Même si son frère est à Serpentard, même si ses parents s'éloignent un peu plus de lui chaque jour qui passe, il se promet de ne jamais abandonner son cadet.

"Et toi, avec ton père?" la voix de Lily le sort de ses pensées.

Il entend distinctement Snivellus pousser un gros soupir, et devine qu'il se passe une main dans les cheveux d'un air las. Il le sait, parce qu'il l'a fait des millions de fois auparavant, et que l'émotion qui enveloppe Snape a exactement la même couleur sombre que celle qui l'envahit chaque fois qu'il songe à sa famille.

"Le moins j'ai de ses nouvelles, le mieux je me porte." finit-il par répondre dans un souffle.

Sirius a la distincte impression d'être un intrus dans une conversation bien plus privée qu'elle ne le semblait de prime abord. Ce n'est pas son genre de fouiner dans la vie des autres, même lorsqu'il s'agit de Snivellus. Il y a certaines choses dans la vie de quelqu'un dont on ne peut pas se moquer, même si on déteste la personne en question, et la famille en fait partie. Décidant qu'il en a assez entendu, Padfoot se lève, faisant mine de s'ébrouer, et lèche la main de Lily en guise d'adieu. Puis, de sa démarche chaloupée, il s'enfonce dans la nuit.

Il fait beau ce matin. Le ciel a cette nuance particulière, ce bleu froid et clair qui annonce la fin de l'automne. C'est une journée parfaite pour jouer au Quidditch, se dit Sirius tout en attaquant avec appétit son porridge. Celui qu'on leur sert à Poudlard est particulièrement bon, il faudrait qu'il pense à complimenter les elfes de maison la prochaine fois qu'ils feront une virée nocturne dans les cuisines du château. Il se ressert de jus de citrouille, et se frotte les yeux d'une main. Ils sont encore embués de sommeil, et piquent un peu, signe qu'il n'a pas assez dormi cette nuit. Ils ont cours d'Histoire de la Magie avec Binns en première heure, et il sent qu'il va sans doute en profiter pour prolonger sa courte nuit.

Décidant tout de même qu'une bonne douche brûlante pourrait l'aider à se réveiller, il termine son petit déjeuner en vitesse, avant de prendre son sac et de se lever. James l'interpèle pour lui demander où il va. Se retournant pour lui répondre qu'il remonte juste à la Salle Commune, Sirius percute violemment quelqu'un, manquant lui même de perdre l'équilibre. Il se tourne pour voir qui il a bousculé, s'apprêtant à s'excuser.

"Pardon, je n't'avais pas v-"

Sa voix se meure dans sa gorge en apercevant Snivellus au sol. Des rires fusent de toute la pièce, mais tout ce que remarque Sirius, c'est le regard noir et profondément empli de malice et de malveillance à son égard. Ses yeux brûlent d'une haine brûlante, intensément mauvaise, et Sirius en est déstabilisé l'espace d'un instant. Un souvenir de la veille lui revient, d'avoir vu ce visage blafard s'illuminer d'un sourire si vrai et si sincère qu'il le magnifiait d'une beauté courte et éphémère. A présent, ce même visage, entouré de son halo de cheveux gras et sales, est si laid dans sa noirceur, si vrai dans sa colère, que Sirius a un mouvement de recul. Snape a du se prendre la boucle de son sac en plein visage, car sa lèvre est éclatée, un mince filet de sang rouge coulant sur son menton. La couleur est si vive comparée à son teint de lait caillé et à ses cheveux noirs, que Sirius ne peut s'empêcher d'observer, comme fasciné, le liquide carmin rouler lentement sur la peau blanche.

Dans un mouvement sec, Snape se relève et passe devant Sirius en cognant volontairement leurs épaules au passage. Trop surpris pour réagir, Sirius le regarde bêtement sortir de la salle à manger, suivit de l'écho cruel des ricanements des élèves.

Il cligne des yeux en voyant James à ses côtés.

"Ça va? Ce sale petit fils de Gobli-"

Sirius hoche la tête sans vraiment entendre les insultes que lance son meilleur ami à l'encontre de Snape, le regard perdu dans le vague.

La vapeur qui recouvre les vestiaires des Gryffondors contraste avec l'air gelé du dehors. Sirius sort de la douche brûlante, soulagé d'avoir retrouvé l'usage de ses doigts de pieds après l'entraînement de Quidditch. Il s'essuie vigoureusement les cheveux, sa peau encore humide luisant faiblement à la lumière de la pièce. Il aperçoit du coin de l'œil la forme blanche de James, qui, penché sur son sac, cherche ses lunettes de vue. Se saisissant de sa serviette, Sirius a un sourire alors qu'il la fait claquer dans l'air moite. Elle s'abat dans un bruit cruel sur le derrière pâle de son meilleur ami, et Sirius éclate de rire devant le cri aigüe et indigné que James pousse, se tenant les fesses. Les autres garçons rigolent quand James riposte en se saisissant de sa propre serviette trempée, et que les deux amis engagent un combat improvisé. Ces 'duels' arrivent assez souvent, même si ce ne sont pas toujours eux qui les incitent. Les serviettes claquent telles des épées, les encouragements fusent sans vraiment encourager quelqu'un en particulier, et James a un faux sourire victorieux en frappant Sirius en pleine poitrine, celui-ci mimant le trépas dans une chute dramatique. En riant, Prongs l'aide à se relever, et Sirius se dirige vers ses affaires. Il sort de son sac un boxer propre, et le met, quand une étrange sensation le prend. Cette impression de picotement, le long de la peau, quand quelque chose vous observe avec insistance. L'air de rien, Sirius se tourne vers la droite, et croise le regard de Ogden. Il a un an de plus que James et lui, et est en Sixième année. Dave Ogden est l'autre Batteur de l'équipe des Gryffondors. Il est grand, avec des épaules carrés, et des cheveux blonds sable, en bataille. Quelques tâches de rousseurs entourent son nez fin et ses joues, et il a de grands yeux bleus, qui présentement semblent très intéressés par son sexe. Sirius remonte brusquement son sous-vêtement, faisant sursauter Ogden. Leurs regards se croisent, et en le voyant déglutir, la façon qu'à sa pomme d'Adam de descendre et de remonter péniblement, Sirius sent sa gorge devenir sèche et une boule de chaleur lui tomber dans l'estomac. A son tour, il observe Ogden, s'attardant sur ses muscles qui roulent sous sa peau moite, et le fin duvet blond qui part de son nombril et descend jusque dans son caleçon. Avalant sa salive, il remarque le sourire timide que lui adresse Ogden, et après un temps, finit par y répondre.

Sirius ne sait pas trop pourquoi ni comment il se retrouve dans une salle de classe vide du deuxième étage ce soir là, la bouche chaude et humide de Ogden plaquée contre la sienne, ses mains puissantes le poussant un peu plus contre le mur. Il ne prend pas garde au bruit que fait le bureau sur lequel il est assis quand il tape contre la pierre, ni à l'air frais qui frôle son ventre dénudé, ni aux empreintes de doigts qui seront bleues sur ses hanches le lendemain. Tout ce qui lui importe pour l'instant, c'est la chair chaude, si chaude et si dure ancrée tout en lui, qui laisse sa bouche entrouverte en un cri muet, lui fait se tordre ses orteils et cambrer le dos, ses yeux fermés en une grimace de plaisir presque douloureux. Tout semble si vrai, si réel et magnifique en cet instant, comme s'il ressentait vraiment. Une goutte de sueur dégouline le long de sa tempe, de sa joue, de sa mâchoire serrée, et se meurt dans le creux de son cou. Ses mèches noires sont trempées et l'empêche de voir clairement le visage de Ogden. Un frisson le traverse tout entier alors qu'il laisse échapper un gémissement, s'humectant distraitement les lèvres et s'interrogeant sur leur gout de sel. Une bouche brûlante et avide se pose sur sa gorge nue, et quelque chose de doux et de mouillé retrace lentement sa pomme d'Adam, lui arrachant un hoquet. Il tremble violemment lorsque des doigts se glissent dans sa chevelure, lui procurant une douce sensation de chatouillis, avant de tirer brutalement ses mèches vers l'arrière, le forçant à dévoiler complètement sa gorge. Ses sourcils se froncent un peu plus sous la sensation, un pic d'excitation le prenant au bas ventre le faisant haleter. Son regard embué de plaisir se pose sur le sexe profondément enfoui en lui, sur sa propre érection brillante de liquide séminal. L'érotisme de la vision lui fait se mordre la lèvre du bas, et, enserrant vicieusement ses jambes autour de la taille d'Ogden, il le force à donner un coup de rein plus violent que les autres, qui trouble sa vue à présent constellée de tâches blanches. Le souffle d'Ogden est court contre sa clavicule, il a le regard voilé d'un garçon qui va bientôt jouir. Lui même sent que ça vient, que la pression dans ses testicules augmentent délicieusement, la chaleur dans son aine se fait liquide, se tortillant comme une langue de feu sous sa peau, le faisant grogner. Sa bouche s'entrouvre en un demi-sourire, et un petit cri de bonheur qui ressemble presque à un rire s'échappe d'entre ses lèvres, il se sent tellement heureux en cet instant, ça y est, ça vient, il le sent...

"Vas-y, vas-y!" murmure-t-il, encourageant Ogden à finir alors qu'il se saisit de son sexe. La chair est humide et brûlante dans sa paume. Il cligne lentement des yeux en soupirant, passant son pouce sur le gland, son cœur résonnant, cognant comme un fou à ses oreilles. Il entend vaguement Ogden susurrer un compliment contre sa peau, qui ressemble à 'trop bon', ou 'trop sexy', mais pour l'instant il n'en a rien à faire et la seule chose qui compte c'est cette chaleur qui enfle et qui grossit sous son ventre, prête à exploser.

Les coups de reins se font plus rapides, irréguliers. Ses yeux se ferment, et un monde brillant de couleur se dessine sous ses paupières closes, comme un petit film d'images successives.

Une figure sombre, à terre. Une silhouette au détour d'un couloir qui s'empêtre dans ses robes. Un visage pâle, laid, des cheveux gras, et des yeux si noirs, qui le fixent avec une haine brûlante, dévorante. Sa lèvre éclatée, le sang rouge qui coule sur un menton blanc, le regard noir, si noir et empli de malice, malveillance-

Sirius est parcouru d'un spasme, tout son corps se tendant vers l'arrière, formant un arc, ses paupières s'ouvrant en grand, un son étranglé sortant de sa bouche. La chaleur explose dans son aine, couvrant tout d'un blanc magnifique et grandiose, tout est si glorieux, cette sensation infinie dans son corps qui tourne et le brûle-

Sirius reprend sa respiration, reposant sa tête mollement contre le mur derrière lui. Son cœur bat à la chamade sous son torse, lui faisant presque mal. Les yeux écarquillés, il repense à ce qu'il a vu avant de jouir. Il a les jambes en coton, et c'est comme si toute sa peau était engourdie. Malgré la douce sensation de chaleur qui coule dans son ventre, cette impression de fatigue agréable qui l'envahit après s'être masturbé, ça se bouscule dans sa tête et sous sa peau, comme un chaud-froid malsain qui réveille une nuée de chair de poule dans son dos. Son souffle s'accélère, et une vague de nausée le submerge. Son ventre convulse en un réflexe, et il se décide à se rhabiller, remontant son pantalon et boutonnant sa chemise.

'Putain, qu'est ce qu'il m'arrive?'

Une odeur âcre lui rappelle soudainement qu'il n'est pas tout seul. Il tourne la tête et voit qu'Ogden vient d'allumer une cigarette. Ses lèvres charnues se pincent autour du filtre, avant de relâcher des volutes de fumée bleutées dans l'air. Le blond le regarde en haussant un sourcil, l'interrogeant du regard, et sans réfléchir Sirius tend la main et accepte la clope qu'il lui tend. Normalement il n'aime pas spécialement cela, pas assez de sensations à son gout. Il préfère se fumer un pétard, quitte à choisir. Quoiqu'il en soit, il aspire avec avidité la fumée, accueillant avec bonheur la brûlure familière dans ses poumons, avant de recracher fébrilement un nuage grisâtre. La nicotine lui fait du bien, et réussit à calmer sa subite envie de vomir momentanément. Ogden reprend la clope, et fronce légèrement les sourcils en remarquant :

"Fais chier t'a mouillé le filtre. Je déteste ça."

Sirius n'y prête pas attention, déjà parce que quand ses copains et lui partagent un joint, James lui reproche toujours de "mouiller" sur le filtre, et parce qu'il est trop perdu dans ses pensées pour que ce genre de réflexions l'affectent.

'Pourquoi j'ai pensé à Snivellus, moi? Cette saleté de petit fouineur répugnant et vil-'

En se levant, Sirius fait une grimace dégoutée devant la sensation de son boxer humide. Il caresse un instant l'idée séduisante d'une bonne douche chaude, qui le relaxerait et l'aiderait à s'endormir sur de douces pensées, comme par exemple qu'il a pris son pied avec un mec canon. Ogden écrase la cigarette sur sa semelle, avant de la jeter dans la corbeille à papier en dessous du bureau. Il lui offre un sourire coquin, et murmure :

"Ce que t'étais chaud, Black. Faudrait qu'on refasse ça, un de ces jours."

Sirius lui rend son sourire, et hoche la tête, la perspective de remettre le couvert loin de lui déplaire. En sortant de la salle de classe, ils échangent un dernier baiser, avant de regagner leurs dortoirs respectifs.

Ce matin il crève la dalle. Ça a sans doute avoir avec le fait qu'il est resté éveillé une bonne partie de la nuit, pendant laquelle il était...em, occupé. Il ne jette pas un regard à son assiette, portant sa fourchette à sa bouche et mordant férocement dans un malheureux bout de saucisse. Presque sans prendre la peine d'avaler, il enfourne avec la même hargne sa tranche de bacon, avant de s'attaquer à ses œufs brouillés. Ses yeux ne le quittent pas des yeux, à deux tables de la sienne, en train de manger tranquillement son petit-déjeuner...

'Cette saloperie de pourceau graisseux, cet immonde sale type vénéneux, ce connard de furoncle laid et-'

"Sirius?"

Il se tourne vers Remus, et hausse un sourcil en le voyant sursauter puis se raidir sur le banc. Remus avale sa salive, avant de demander prudemment :

"Que...qu'est ce que Snape t'a fait pour que tu le regardes...comme ça?"

Sirius cligne des yeux, et se rend compte que la haine viscérale avec laquelle il fixait Snivellus était toujours présente dans son regard quand il s'est tourné vers Moony. Pas étonnant qu'il ait été surpris, le pauvre.

"Tu veux dire, à part le fait qu'il existe?" Il finit par grogner, recommençant à fusiller du regard la table des Serpentard. Voyant l'expression de son ami, il pousse un soupir.

"Rien, je crois qu'il m'a jeté un sort."

Puis, voyant Remus ouvrir la bouche pour demander des explications, il change de sujet, baissant la voix :

"Au fait, ce soir, on se ballade au clair de lune..." Il hausse les sourcils de manière suggestive, et est soulagé de voir Moony esquisser un bref sourire, et surtout qu'il laisse tomber le sujet "Snivellus".

La nuit est froide ce soir, froide comme une vraie nuit de décembre. L'herbe du parc est gelée, recouverte çà et là de neige. Padfoot pousse un jappement aigu lorsque l'air piquant irrite sa truffe, le faisant éternuer. Son épaisse fourrure l'empêche de sentir la morsure de l'hiver, et bientôt il est en nage à force de bondir dans les fourrées. Sa queue battant l'air frénétiquement, il pousse les flancs de Moony avec un grognement joueur. Celui ci retrousse ses babines, lui donnant un petit coup de tête près de l'épaule, en signe d'avertissement. Bientôt, les deux canidés chahutent sur le parterre de mousse, à l'orée du bois, faisant claquer leurs dents dans le vide. Padfoot pose ses pattes avant sur son dos gris - le pelage du loup change selon la saison, se faisant plus fauve au printemps, et plus triste en hiver - avant de se faire déloger de son perchoir. Moony roule sur lui, sa truffe humant son museau d'un air intéressé. Padfoot ouvre la gueule en bâillant, avant de se redresser d'un coup, surprenant son adversaire, et s'asseyant sur lui. Puis, il sort la langue, l'air très content de lui, et son rire de chien éclate dans la forêt. A côté d'eux, Prongs secoue ses bois, l'air de dire "Mais quels abrutis...", tandis que Wormtail grignote une noisette oubliée par un écureuil sous un chêne.

Sirius, bien au chaud dans l'esprit plus simple de Padfoot, oublie le temps d'une nuit l'incident avec Ogden et Snape, oublie que le lendemain le Poudlard Express les ramène tous chez eux pendant les vacances de Noël.

-self-service-, rating: nc-17, cadre: poudlard, longueur: 10 000-50 000 mots, [fanfiction], format: oneshot, regulus, époque: 1970-1977, relation: amour à sens unique, genre: angst

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