[Self-service] Trouble (Partie 2/2)

Jan 12, 2011 00:34

Titre :  Trouble
Pairing : Sirius x Severus à sens unique, OC x Sirius (relation purement physique, l'intrigue portant sur un SBSS.)
Personnages : Les Maraudeurs, la Famille Black, Severus Snape, Lily Evans, et divers élèves de l'école remplissant le décor.
Disclaimer : L'univers de Harry Potter appartient à J.K Rowling.
Rating : NC-17.
Mots : Word indique 16 600 mots.

Résumé : Cinquième Année à Poudlard : Alors que Sirius traverse une passe délicate avec sa famille et doit faire face à un choix difficile, l'apparition de désirs étranges viennent le perturber. SBSS, époque des Maraudeurs, 1975.

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http://www.fanfiction.net/s/6612871/1/Trouble

Voilà la suite de ce one shot, en espérant que ça vous plaira ^^

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Sur le quai de la gare, Sirius échange quelques dernières paroles avec James, Remus et Peter. Derrière eux, Mme Potter et Mme Lupin parlent cuisine, tandis que leurs maris respectifs se sont lancés dans une discussion animée sur le match de Quidditch prévu cet été, qui doit opposer les Harpies de Liverpool aux Trolls de Glasgow. Peter jette un regard légèrement inquiet à la foule, n'apercevant toujours pas ses parents.

"J'espère que ma mère n'a pas oublié que c'était aujourd'hui la fin des cours." marmonne-t-il en se grattant nerveusement derrière le crâne, provoquant l'hilarité de ses amis.

A côté de lui, James lui donne soudainement un coup de coude, en s'écriant :

"Hey Padfoot, regarde qui voilà, c'est mini-Sirius!"

En effet, un garçon brun portant une écharpe aux couleurs de Serpentard accourt vers eux, un grand sourire accroché aux lèvres. Arrivant à leur hauteur, les joues rouges et quelque peu essoufflé, il halète :

"S-salut Sirius! Maman m'a dit d'aller te chercher."

Le sourire de Sirius se fane à ces mots, restant figé sur son visage comme une grimace. Son petit frère salue James, puis Remus et Peter, apparemment un peu hésitant quant à comment il doit se comporter avec des Gryffondors.

"Bon eh bien, salut les gars, on se voit à la rentrée." finit par dire Sirius, prenant un ton joyeux qui sonne horriblement faux même à ses propres oreilles. Il étreint brièvement ses amis, dit au revoir à leurs parents, avant de suivre Régulus d'un pas raide.

Le 24 au soir, leur manoir de campagne du New Hampshire est bondé - leur appartement Square Grimmaurd était trop petit pour accueillir tous les invités - et de somptueuses décorations couvrent murs et cheminées. Sirius aurait bien aimé passer Noël dans sa chambre, mais malheureusement en temps qu'hôte, son absence est inconcevable.
Il a eu l'occasion de bavarder un peu avec son oncle Alphard et jouer à la bataille explosive avec sa cousine Andromeda, enfin du moins avant que Cissy et Bella ne viennent les déranger sous prétexte qu'il était très impoli de ne pas être avec le reste des convives.
Sirius pousse un soupir, et regarde son verre de punch d'un air morne. Si seulement il pouvait s'y noyer...
Sa mère semble être en grande conversation avec sa tante Deborah. Elle et la sœur de son père s'adorent, malheureusement Sirius ne peut pas en dire autant des deux harpies que sa tante a mis au monde. Curieux, il se dirige vers le buffet, et se saisit d'un canapé tout en les écoutant.

"- ça a fait la une de la Gazette du Sorcier, je ne sais pas si tu te rappelles Wallie, une affaire sordide au Département des Créatures Dangereuses. Tu sais que le frère de Rufus fait partie de la Commission, il s'est tout de suite porté volontaire pour s'en occuper."
Rufus Macnair est le mari de sa tante, et son frère, Walden, travaille comme bourreau. Une famille charmante, songe Sirius en grimaçant. Piqué de curiosité, il tend la main vers un petit-four, faisant exprès de le mâcher lentement.

"Oh oui, cette histoire avec le loup-garou qui a assassiné sa jeune épouse. Je m'en souviens. Effroyable histoire. Ils l'ont exécuté tout de suite, si je me rappelle bien. Bonne chose de faite."

Une vague de froid extrêmement désagréable se propage sous sa peau, faisant se dresser les petits cheveux noirs sur sa nuque. Sirius se fige.

"Si tu veux mon avis, on ne devrait pas laisser ces animaux courir librement dans notre société. Tu te rends compte, il paraît que la pauvre chérie ne savait même pas qu'elle allait se marier avec...avec une bête!"

Le visage de sa mère s'assombrit, sa lèvre se plissant de dégout.

"Absolument affreux. Elle faisait partie d'une famille des plus respectables. Moi je pense qu'on devrait les tuer. Ce n'est pas suffisant de les répertorier, je ne me sens pas du tout en sécurité à l'idée que des loup-garous côtoient des honnêtes gens. Tu imagines, on ne leur retire même pas leur baguette magique! Comme s'ils étaient nos égaux!"

Sa tante hoche la tête, l'air atterrée.

"Il ne manquerait plus qu'on les laissent étudier à Poudlard, que ces monstres côtoient nos enfants."

Un faible son de cristal lui fait baisser le regard, et Sirius se rend compte que sa main tremble sur sa flûte de champagne. Déglutissant, il se force à avaler.

Le petit four à un gout de plâtre.

"En parlant de Poudlard, je t'ai dit que Sirius avait eu d'excellents résultats ce trimestre? Sirius, viens voir ta tante."

Lentement, Sirius se tourne vers sa mère, son estomac tellement noué qu'il a l'impression qu'il va être malade. Il se force à sourire et se laisse faire quand sa tante embrasse sa joue et y laisse la trace de son rouge à lèvre. Il s'étonne de voir les visages de sa mère et de sa tante se plisser d'inquiétude, se demandant si son sourire est suffisamment convainquant.

"Ça ne va pas Sirius? Tu es blanc comme un linge...tu ne te sens pas bien?"

Saisissant l'occasion de fuir cet endroit maudit avant d'être vraiment malade, il hoche la tête, et explique :

"Je...je crois que j'ai mangé trop de petit-fours." Il n'a même pas besoin de faire des efforts pour bégayer, encore choqué par ce qu'il vient d'entendre. Sa tante jette un regard inquiet devant la teinte verdâtre qu'a pris son visage, mais Sirius est persuadé que c'est uniquement parce qu'elle craint qu'il ne vomisse sur sa nouvelle robe de soirée.

"Tu veux aller t'allonger?" demande sa mère d'une voix douce qui le désarçonne légèrement. Cela fait si longtemps qu'elle ne lui a pas parlé comme ça, aussi gentiment. Déglutissant, il murmure :

"Je préfèrerai rentrer à la maison, si ça ne dérange pas."

Sa tante hoche la tête en marmonnant "oui évidemment". Sa mère finit par répondre :

"Il y a de la Poudre de Cheminette dans la pot à côté de la cheminée de notre chambre."

Sirius est si furieux que ses doigts tremblent. Il claque la porte de sa chambre dans un horrible bruit de bois ancien, qui lui procure une sensation de satisfaction étrange, mais ne fait rien pour le calmer. Il s'affale sur son lit, se prenant le visage entre ses mains.

"Oh Merlin, Remus..." souffle-t-il contre ses paumes, se sentant impuissant. Si jamais ses parents l'apprenaient, que non seulement un loup-garou étudiait à Poudlard, mais qu'en plus leur fils aîné était ami avec lui, les conséquences seraient terribles. A cette pensée, un frisson lui parcoure l'échine.

L'envie soudaine d'aller à l'encontre de ce que tout ce que ses parents, toute sa famille haït plus que tout le prend. Il ne peut pas continuer à se voiler la face. Son sang bouillonne dans ses tempes, lui donne trop chaud. D'un geste impatient il retire sa cravate, et réfléchit, le regard brillant. Il sait qu'il est en train de faire une grosse bêtise, un mélange de peur mêlée d'excitation faisant battre son cœur à un rythme effréné. C'est le même sentiment que ce qu'il ressent lors de ses escapades nocturnes en compagnie des Maraudeurs, la même bouffée d'adrénaline que lorsqu'ils font une farce à Rusard où qu'il se bat en duel contre un Serpentard. Il laisse échapper un petit rire tremblant, se dirigeant vers sa valise posée en dessous du lit. Il a à peine pris la peine de la déballer, déjà pressé de repartir de chez lui. Il fouille un peu, avant de ressortir un cadre photo. Avec des gestes fébriles, il sort la photographie du cadre, et la contemple un instant.

C'est une photo des Maraudeurs. Dessus il y a lui et James, et Peter et Remus, tous quatre en train de rigoler. Son regard s'attarde un peu sur le visage rieur de Moony, lui arrachant un sourire. Il se demande comment on pourrait croire qu'il s'agit d'un monstre. Mais sans doute que ses parents ne seraient pas de son avis.
Saisissant sa baguette magique, il commence par accrocher le cliché de ses amis au mur, à côté de son lit. Un sourire en coin éclaire son visage et refuse de partir, en songeant à la tête que fera sa mère en voyant la nouvelle décoration de sa chambre.

Plongeant une main dans sa valise, il en sort la banderole aux couleurs de sa maison. Il l'a chipé le jour où Gryffondor a gagné le match de Quidditch contre Poufsouffle et qu'il y a eu une fête dans leur Salle Commune. D'un geste du poignet, ses murs se retrouvent affublés de rouge et d'or. Il s'arrête un moment pour jauger le résultat, puis, satisfait, continue de fouiller dans sa malle.

Son cœur rate un battement devant sa trouvaille. D'une main tremblante, il sort les posters enfouis au fond de sa valise. C'est James qui les a trouvés et achetés sur un coup de tête, le jour où ils se sont promenés dans le Londres Moldu. Sirius est tout de suite tombé amoureux des motos, quant à James les blondes plantureuses en maillot de bain lui plaisaient beaucoup. D'un ton de défi, Sirius avait voulu crâné en affirmant qu'il les collerait aux murs de sa chambre. Seulement, il n'a jamais osé le faire, et même encore maintenant, il se demande si ce n'est pas pousser le bouchon trop loin.
Les paroles de sa mère et de sa tante lui reviennent en tête, et, décidé, il lance le sort de Glu Perpétuelle aux posters Moldus.
Lorsque sa chambre en est entièrement recouverte, tant qu'on ne voit presque plus le papier peint, il laisse échapper une respiration tremblante et s'essuie le front, souriant.

Sirius rentre plus tôt que prévu à Poudlard. Après le jour de Noël, une sorte de tension palpable s'est petit à petit glissée dans la maison, le faisant se sentir constamment nerveux. Les portraits de ses ancêtres chuchotent sur son passage, ses parents se font mystérieusement silencieux lorsqu'il entre dans une pièce commune, et même Kreacher s'est mis à le dévisager bizarrement, jusqu'à ce que Sirius, excédé, ne lui fasse remarquer son impolitesse. Régulus est le seul à le traiter encore normalement, mais Sirius voit bien qu'il s'inquiète devant la tournure qu'ont prise les relations entre son frère et ses parents. A son grand étonnement, sa mère ne s'est pas mis à hurler en voyant l'état dans lequel il a mis sa chambre. Sirius aurait presque préférer qu'elle se mette en colère, cette réaction aurait été bien plus saine. Au lieu de cela, quand elle est entrée, il se rappelle très précisément comme elle s'est figée en une expression de stupeur, puis de fureur muette. Elle s'est contentée de lui jeter un regard profondément méprisant, cette expression hautaine si propre à sa famille, et sa colère froide était si palpable qu'elle lui a glacé les sangs. Puis, sans dire un mot, elle a refermé doucement la porte de sa chambre, et ne lui a plus parlé.
Le soir il l'a entendu se disputer férocement avec son père, et ses cris ont fait trembler les murs pendant des heures.

Le dortoir des Gryffondors est vide, si ce n'est un ou deux élèves de Deuxième année. Pourtant, Sirius se sent plus léger, comme si un poids formidable se retirait soudainement de sa poitrine. Pensant passer une bonne nuit, il s'endort en réfléchissant à comment il pourrait occuper ses journées en attendant que ses amis ne reviennent au château, et s'assoupit avec un petit sourire aux lèvres.

Il fait un rêve étrange cette nuit là. Ça commence comme un souvenir, c'est vaguement différent de la réalité : les objets ont moins de substances, leurs contours et formes sont plus floues, les sensations moins précises sur sa peau. La boule de chaleur tourne et grossit dans son bas ventre, à la manière d'une vague, s'enroulant dans son écume avant de s'écraser dans un fracas liquide sur la grève. Les lieux ont changé, puisqu'il ne s'agit plus d'une salle de classe du château, mais du bureau de son père, celui dans lequel lui et Régulus ont l'interdiction formelle d'entrer. Pourtant, il ne ressent pas de peur particulière à l'idée de se trouver dans cette pièce interdite. Ogden, lui, est semblable à son souvenir de cette nuit où ils ont couché ensemble. Il porte les même vêtements, et au début du rêve, tout se passe exactement comme lors de leur escapade nocturne. Les même gestes, les même sons, la même odeur lourde de sexe et de sueur qui plane dans l'air.

Dans son rêve, Sirius embrasse Dave Ogden, appréciant le contacte de ses lèvres, les trouvant plutôt charnues pour un garçon. Il y a un changement subtil dans l'atmosphère, les cheveux sous ses doigts s'allongent et changent de texture, la bouche chaude contre la sienne se fait plus fine, les mains agrippant ses hanches sont plus sèches tout à coup. Étant soumis à la logique curieuse des songes, Sirius ne s'étonne pas plus que cela, se contentant d'entrouvrir les paupières.
Dans son rêve, ce n'est plus Dave Ogden, le Batteur séduisant de l'équipe des Gryffondors que Sirius embrasse, mais Severus Snape.
Celui ci le fixe, le regard noir d'une haine brûlante, presque démente. Sa bouche fine s'étire en un petit sourire cruel, avant de donner un coup de rein violent qui l'est tout autant et trouble sa vision. Il exécute les même gestes qu'Ogden, pousse les même soupirs, en une parodie grotesque de passion qui fait naître en Sirius un profond sentiment de honte et d'humiliation qui se mêle au plaisir. Leur étreinte a beau être glaciale, la chaleur artificielle dans son aine continue d'enfler et de grossir, avant d'éclater comme un fruit trop mûre.

Les yeux de Sirius s'ouvrent très grand, tombant sur les rideaux de son lit à baldaquin. Il reste un long moment immobile dans l'obscurité, n'osant pas bouger, écoutant son cœur cogner comme un fou contre sa cage thoracique. Au bout de quelques minutes qui lui semblent interminables, il soulève sa couverture, découvrant son boxer souillé. D'un geste tremblotant, il rejette en arrière ses cheveux trempés de sueur, et se lève pour prendre une douche.
Lorsqu'il s'arrache à contre cœur du jet d'eau brûlant, l'aube commence à peine à se lever. Ignorant ses yeux bouffis de sommeil, il s'habille chaudement et se dirige vers la Salle Commune, prenant avec lui un bouquin.

C'est un maigre réconfort quand ses amis reviennent et que les cours reprennent. Les rêves ont repris de plus belle, l'horrifiant chaque fois un peu plus. Au début il refait toujours ce même rêve, mais au bout d'un moment il y a des variantes. La seule chose qui ne change pas, c'est l'intense sentiment de dégout de lui-même que ces cauchemars lui laissent. Quel plaisir peut-il y avoir à se faire humilier de la sorte par son ennemi juré? Est ce que ça fait de lui un pervers? Il finit par redouter l'heure du coucher, lisant de plus en plus tard le soir - jamais il n'a visité la bibliothèque aussi souvent -
Cela fait une semaine que Sirius ne dort plus. La nuit, il refuse de se coucher, préférant s'occuper à autre chose. Le matin son teint est livide, cireux, et de grosses cernes violacées commencent à se voir sous ses yeux. Il devient plus irritable, et est sujet à de fréquents maux de tête. Il ignore les regards inquiets de ses amis, et se fâche même avec James lorsque celui ci lui demande quelle mouche l'a piqué. Il s'endort en cours. Une fois, il s'est même assoupi en cours de Métamorphose, et la colère du Professeur McGonagall s'est mue en inquiétude, quand personne n'est parvenu à la réveiller. Ce jour là Sirius s'est réveillé vers dix-huit heure à l'infirmerie. Devant l'air inquisiteur de Mme Pomfresh, il a fini par inventer un bobard, comme quoi il dormait très mal et souffrait d'insomnie. Elle lui a prescrit une potion sensé l'aider. L'avantage de cette potion, c'est que son utilisateur dort d'un sommeil sans rêve.

Cette potion a comme un gout d'espoir timide dans sa bouche. Sirius retrouve petit à petit le sommeil, le sourire, et ses amis mettent son comportement lunatique soudain sur le compte des deux semaines qu'il a passé avec sa famille.
Un jour, pendant le petit déjeuner, James lâche l'air de rien que si jamais Sirius a des problèmes chez lui, il sera toujours le bienvenue sous son toit. Bizarrement, après cette simple phrase, c'est comme si un nœud dans son ventre particulièrement bien serré s'était défait.

Le temps commence à se réchauffer, et ce week end, Sirius se sent d'humeur à aller se promener du côté de Pré-au-lard. L'anniversaire de Remus approche, et il se dit qu'il trouvera sans doute quelque chose de chouette chez Honeydukes. James a prévu de lui offrir quelque chose de chez Zonko, quant à Peter il a déjà trouvé son cadeau sur le Chemin de Traverse, dans une librairie de l'Allée des Embrumes spécialisée dans les sortilèges incongrus. Du coup, ils ont demandé à Wormtail s'il pouvait surveiller Moony le temps qu'ils achètent leur cadeau, histoire de ne pas risquer de gâcher la surprise. Apparemment Peter lui a demandé de l'aider à réviser le prochain test de Charmes dans le parc.
Les mains dans les poches, sifflotant un air des Bizar'Sisters, Sirius est tiré de ses pensées sur "Qu'est ce qui pourrait bien faire plaisir à Moony?" par un coup de coude discret de James. Celui ci affiche un air mutin, celui qui signifie en général qu'il prépare un mauvais coup. Lui intimant de rester silencieux, il lui indique de l'index une bande de Serpentard de Cinquième année. De dos, Sirius reconnaît la tignasse sale de Snape, les oreilles décollées de Goyle, et les épaules carrés de Nott. Ils ont l'air de discuter et apparemment ne les ont pas remarqués. Souriant, James lève sa baguette et murmure :

"Coloremorph."

Se mordant la lèvre pour ne pas éclater de rire, Sirius observe comme leurs cheveux prennent une teinte rose. Apparemment la formule ne réagit pas pareil selon les personnes. Nott a désormais une crête de punk, les cheveux de Snape lui retombent à présent souplement jusqu'à la taille, quant à Goyle il semblerait qu'il fasse une réaction allergique puisqu'il a maintenant des airs de famille avec le cousin de la famille Adams - Sirius l'a regardé avec Remus la fois où ils sont allés dans un cinéma Moldu -

James évite de justesse un sortilège de Boule de Feu qui visait ses cheveux en bataille, quant à Sirius, il est trop occupé à rire et se prend de plein fouet le maléfice du Jambencoton lancé par Nott. Son rire se coupe net lorsque sa tête heurte le sol, pourtant alors qu'il observe du coin de l'œil Goyle empêtré dans sa fourrure rose, ses lèvres tremblent d'une hilarité muette. De son côté, Prongs est occupé avec Nott. Ses cheveux ont viré à une teinte douteuse, quant à son adversaire, ses joues à lui sont recouvertes de pustules violettes qui forment les mots "Je suis un crétin".
Toujours cloué au sol par le maléfice, Sirius regarde Snape s'approcher de lui, l'air mauvais.
Sa bouche fine est tordue en un rictus en coin, et Snivellus jubile littéralement d'avoir Sirius en position de faiblesse. Prenant son temps pour sortir sa baguette magique de sa poche, comme s'il savourait l'instant, il la pointe vers lui et entrouvre les lèvres. L'espace d'un moment, le regard de Sirius se voile et il se demande quelle sensation cela lui procurerait d'avoir ces lèvres fines entourant son sexe. Est ce qu'il trouverait sa bouche jolie, comme ça?
Quelque chose lui dit qu'il va avoir très, très mal dans quelques secondes. Pourtant, il se met à rire en imaginant la tête que ferait Snivellus s'il savait à quoi il était en train de penser.
Son rire semble le désarçonner un bref instant, qui suffit à James pour lancer un Expelliarmus et lui sauver la mise.

Le soir, en songeant à cette étrange - et franchement dégoutante - envie qu'il a eu concernant Snivellus, il se fait la réflexion qu'il est surement en manque, tout bêtement. Satisfait d'avoir trouvé la cause de ses problèmes, il se dirige vers la Salle Commune, se demandant au passage si Ogden est toujours intéressé.

Il semblerait que oui, s'il en juge par l'enthousiasme évident de la tête blonde entre ses cuisses. Se saisissant d'une poignée de cheveux soyeux, Sirius pousse un soupir, ses paupières se fermant sous la sensation de chaleur humide et délicieusement accueillante autour de son érection. Il donne un petit coup de hanche, rejetant la tête en arrière, et, voyant que son compagnon ne proteste pas, empoigne plus fermement sa tignasse claire, et lui impose le rythme de ses coups de reins. Les bruits de succions s'intensifient et Sirius ouvre un œil, se gorgeant de la vue de son sexe disparaissant entre ces si jolies lèvres, lui arrachant un gémissement. Apparemment il n'est pas le seul à aimer ça car il voit la main d'Ogden farfouiller sous sa robe, et baisser la fermeture éclair de son pantalon. Fasciné, il ne quitte pas des yeux sa main sur son sexe, l'idée qu'il puisse autant exciter un garçon le rendant euphorique.
Il ferme les yeux en sentant une langue chaude et terriblement douce passer sur le gland, ses genoux manquant de le lâcher.
Au prix d'un gros effort il rouvre les paupières, et croise le regard brillant de luxure d'Ogden, et c'est la vision la plus excitante qu'il lui ait été donné de voir. Il se libère dans sa bouche brûlante en poussant un grognement, et manque de jouir à nouveau en sentant Ogden avaler.

Cette nuit, Sirius ne prend pas sa potion, persuadé qu'il a réglé ses problèmes et que ces cauchemars ne reviendront pas le tourmenter.

Cette nuit, il se voit à la place de Dave Ogden, ses lèvres entourant un sexe en érection. Sauf qu'il ne participe pas vraiment à son rêve, c'est plutôt comme s'il était un simple spectateur. Une main écarte gentimment les mèches sombres qui lui retombent sur les yeux, dévoilant son regard voilé par le désir. Sirius est surpris de se voir aussi...aussi débauché. Est ce qu'il ressemblait à ça la fois où il a couché avec Ogden? Puis, la perspective change, et Sirius n'est plus seulement spectateur, il se retrouve dans son corps. Levant les yeux vers son partenaire, il tombe sur le visage de Snivellus, tendu dans une expression d'extase pure. Ses joues creuses ont une légère nuance de rose, une langue humidifiant rapidement des lèvres fines entrouvertes. Il ouvre les paupières, dévoilant un regard noir et brillant de concupiscence.
Sirius sent la main dans ses cheveux se resserrer, et le voit donner un coup de rein plus profond que les autres, son sexe s'enfonçant dans sa gorge dans la jouissance.

Il est quatre heure du matin lorsque Sirius se réveille en sursaut. Jetant un regard effrayé au petit flacon sur sa table de nuit, il se saisit de la potion et boit avidement à même la bouteille le liquide âpre, désirant oublier.

Il s'endort paisiblement jusqu'au lendemain, la potion gardant ses rêves loin de lui. Malheureusement, au réveil, il se souvient de tout.

Il fait un temps de chien ce matin, et le cours de potion a été annulé car le Professeur Slughorn a attrapé la Dragonite. Sirius est le seul à ne pas se réjouir d'avoir deux heures de temps libre en plus, ne pouvant s'ôter ce maudit rêve de sa tête. Frustré, il s'excuse auprès de ses amis et profite d'être au premier étage pour aller se passer un peu d'eau sur le visage. Croisant son reflet dans la glace, il se fige en voyant son double changer dans le miroir : ses cheveux emmêlés comme si une main les avait agrippés, sa bouche rougie et charnue comme après un baiser, ses yeux brillants de désir, exactement comme dans son rêve. Sirius ferme les yeux très fort, et quand il les rouvre, la glace ne lui renvoie plus que son reflet normal.

"Mais qu'est ce qui m'arrive..." murmure-t-il en se prenant les cheveux, tirant plus fort que nécessaire, ignorant les petits picotements désagréables dans son cuir chevelu.
Une image s'impose à lui, de Snape pointant sa baguette magique vers lui à Pré-au-lard, l'air incroyablement content de lui.
Sirius ouvre grand les yeux, une lueur de compréhension s'allumant dans ses pupilles. Peut être que Snape lui a vraiment jeté un sort...pas forcément un sort qui le ferait voir toutes ces choses là, après tout ça l'étonnerait qu'il souhaite que Sirius le voit ainsi, mais...un sort de Confusion très puissant peut être?
Lentement, ses sourcils se froncent, son nez et sa bouche se plissent alors que sur son beau visage se peint une expression de fureur intense.

"Ça ne peut plus durer..."

De sa main droite il fouille dans la poche de son pantalon, et en sort la Carte du Maraudeur d'un geste sec. Cette semaine c'est son tour de la garder, et ça tombe très bien. Jetant un coup d'œil à la carte, il localise rapidement la petite étiquette qui indique que Severus Snape est dans le parc et semble se diriger vers le château. Laissant échapper un reniflement dédaigneux, Sirius gromelle dans sa barbe :

"Qu'est ce que ce connard graisseux peut bien faire dehors par ce temps?", avant de sortir des toilettes et de marcher à sa rencontre.

Il ne croise pas grand monde, ce qui n'est guère surprenant car à cause de la pluie, sa classe s'est réfugiée près des cheminées de leur Salle Commune, et que les autres élèves sont en cours.
Une fois dehors, il ignore les gouttes de pluie froides qui s'abattent sur lui par centaines, ne prêtant attention qu'à la forme noire qui s'avance vers lui. Levant sa baguette magique, il le désarme en lançant un Expelliarmus, et se précipite sur Snape, attrapant ses épaules et le plaquant brutalement sur les murs de pierre trempés.

La lueur un peu folle qui danse dans ses yeux clairs semble effrayer Snivellus, s'il en juge par son corps qui se recroqueville discrètement contre lui, et le fait de savoir qu'il lui fait peur est étrangement satisfaisant.

"Qu'est ce que tu m'as fait?" gronde Sirius, ses doigts s'enfonçant un peu plus dans les épaules de Snape. Celui ci s'humecte nerveusement les lèvres, ses yeux noirs déviant vers l'entrée du château, cherchant vainement de l'aide.

"Tu m'as jeté un sort, je le sais!"

Sirius hurle à présent. Ses doigts tremblent sur sa baguette, de colère et d'autre chose, se demandant pourquoi Snivellus ne réagit pas. Pourquoi n'a-t-il pas l'air content de lui? Il devrait non, après lui avoir jouer un si mauvais tour. Pourquoi il ne bouge pas?

Lentement, Snape secoue la tête, une lueur d'incompréhension dans le regard. Sirius a beau plisser les yeux, il ne parvient pas à déceler de mensonge dans l'expression de Snivellus. Une vague d'incertitude s'empare de lui, et sans réfléchir il fait un pas en arrière, les yeux exorbités.

"F-fais pas le con Snivellus, je sais pas ce que tu mijotes mais je veux que t'arrête ça tout de suite!"

Sauf que, pour une fois, Snape a vraiment l'air à côté de la plaque. Il penche légèrement la tête sur le côté, comme s'il observait un insecte particulièrement bizarre. Ses lèvres fines s'entrouvrent - Sirius sent ses yeux s'attarder dessus, et cligne des paupières rapidement -, et il lâche :

"Mais qu'est ce que tu racontes, Black? De quoi tu parles?" sa voix a le même ton méprisant qu'il a toujours en s'adressant à Sirius, mais on peut distinctement y déceler une note de curiosité. Quelque chose qui ressemble à de la peur se faufile sous sa peau, lui donnant chaud et froid à la fois, faisant battre son cœur à la chamade. Troublé, Sirius cligne des yeux, avant de réellement percuter ce que Snivellus vient de dire. Une bouffée de colère et d'incompréhension le submerge. Peut être est ce la fatigue accumulée au cours des derniers mois, ou la situation désastreuse avec sa famille, qui le fait voir rouge et agir sur un coup de tête.

"De ça!" rugit Sirius, plaquant brusquement Snape contre le mur, ses mains se saisissant de son visage. Il ignore la surprise que reflète ses yeux noirs, ferme les paupières et sans réfléchir, l'embrasse. Le corps contre lui se crispe et pousse un hoquet, mais Sirius s'en fiche.

C'est incroyable ce que ces lèvres fines et craquelées qui appartiennent à ce garçon si moche et qu'il déteste tant peuvent provoquer comme réactions en lui. Son estomac fait un bond violent, du moins c'est l'impression qu'il a, comme s'il faisait une très longue chute, et les battements de son cœur sont si violents qu'ils en sont audibles. Une douce chaleur tombe dans son bas ventre, s'enroulant sensuellement sous sa peau, lui faisant lâcher un soupir tremblant contre la bouche tiède collée à la sienne.

Il y a un crac sonore qui vient percer l'air humide de pluie, et tout à coup Sirius est par terre, dans l'herbe mouillée, avec le ciel blanc de nuages au dessus de lui, et il y a cette douleur vive dans toute sa mâchoire.

Hébété, Sirius cligne plusieurs fois des yeux, avant de comprendre qu'il vient de se manger un pain par Severus Snape. Quelque chose de chaud et de liquide coule le long de son menton - Sirius le remarque tout de suite parce que l'autre liquide qui tombe sur lui depuis tout à l'heure est glacé -, et dans un geste un peu lent, il porte une main à son visage, et la retire tâchée de rouge.

Ah. Il saigne.

Il se relève, titubant légèrement, s'étonnant que Snivellus puisse cogner aussi fort. Relevant les yeux vers lui, il se rend compte à son expression stupéfaite qu'apparemment, lui aussi est surpris de sa propre force. Il a même du se faire mal, vu la façon avec laquelle il soutient sa main droite, toujours fermée en un poing. Les jointures sont écarlates, mais Sirius ne sait pas trop s'il s'agit de son sang à lui ou du sien.

Snivellus le regarde, l'air passablement horrifié - et dégouté aussi -, et pendant un bref instant, Sirius a très peur.

'Et s'il le dit à tout le monde? S'il le dit à James? Ou à Remus, Peter?'

Sauf que Snivellus ne dit rien, secouant lentement la tête sans jamais le quitter des yeux, l'air tout aussi terrifié que lui. Puis, il part en courant, jetant des regards apeurés par dessus son épaule, serrant sa main blessée contre son torse.

Sirius reste un long moment sans bouger. Au bout d'un long moment, il se rend compte qu'il pleut toujours, et qu'il est complètement frigorifié. A pas lents, il rentre au château, et monte jusqu'à son dortoir, ignorant les regards interloqués que provoque sa personne trempée et son visage tuméfié. Il se laisse retomber sur son lit lourdement, sans prendre la peine de se déshabiller, ayant tout de même le réflexe de jeter un charme aux rideaux de son lit histoire d'avoir la paix.

Il a beau faire jour et n'être que le matin, ses yeux se ferment d'eux même, et il tombe la tête la première dans un abîme sombre et dépourvu de songes.

Au final, Severus Snape ne dit rien a personne de cette histoire. Peut être qu'il a trop honte pour en parler, et qu'il a enfoui ce souvenir dans un coin de son esprit pour ne plus jamais y penser.
Les rêves ne reviennent plus jamais le hanter, même après que Sirius ait arrêté de boire sa potion. Trop soulagé de pouvoir enfin dormir sans crainte, Sirius fait comme Snivellus, il oublie, il laisse le contenu loufoque et dérangeant de ces quelques mois aux oubliettes, bien caché au plus profond de sa mémoire.

Au fur et à mesure que l'été approche, des souvenirs du Noël horrible qu'il a passé lui reviennent en tête. Puis d'autres, plus anciens. Sirius rêve, de sa famille, de sa mère et de son père. Parfois il lui arrive de rêver de Régulus, ou de moments passés avec son oncle Alphard. La fois où il lui a fait visiter pour la toute première fois le Londres Moldu. Il se souvient d'avoir vu un vieux film au cinéma, et qu'il avait eu droit à du pop corn.
Parfois, il revoit sa cousine Bellatrix faire léviter le petit chien qu'il avait trouvé dans la rue, avant de le faire violemment retomber par terre. Il ne sait jamais si ce sont les couinements de l'animal blessé ou le rire suraigüe de sa cousine qui le réveille en sursaut.

Il y a des bons souvenirs aussi, de son père qui passe du temps avec lui, de sa mère qui lui lit un livre avant l'heure du coucher, de lui et de son petit frère en train de jouer.

Mais la plupart de ces rêves lui laissent des sueurs froides, et il se réveille pantelant, un gout amer dans le fond de la bouche.

Sa mère qui crie, ses crises de colères glaciales. Le dégout profond de son père envers les Moldus, les attentes qu'il a de ses fils. Leur obsession commune pour le Sang Pur, pour cette famille pourrie-

Lorsqu'il se réveille, affolé à l'idée de devoir retourner là-bas, la voix apaisante de James lui revient en mémoire, rassurante, réconfortante.

'Si jamais tu as des problèmes chez toi, n'oublie pas que tu seras toujours le bienvenue à la maison.'

La veille des vacances d'été, tout en préparant sa valise, Sirius se sent étrangement serein à l'idée de devoir retourner au domicile familiale. Comme s'il voyait enfin clair depuis toutes ces années.

Il a pris sa décision.

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Voilà c'est la fin, j'espère que ça vous a plu ^^

-self-service-, rating: nc-17, cadre: poudlard, longueur: 10 000-50 000 mots, [fanfiction], format: oneshot, regulus, époque: 1970-1977, relation: amour à sens unique, genre: angst

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