Titre : 52 semaines avant le début
Chapitre : 12/52
Auteur :
camille_mikoRating : PG-13
Disclaimer : Hormis l'histoire, patamoi.
Fandom : Harry Potter
Pairing : Harry/Draco un jour
Résumé : Une mystérieuse lettre vient rompre le quotidien de Harry. Quelqu’un a décidé de le courtiser.
Bêta :
Sofi_cerise ♥ qui est un amour et qui vient de vous épargner des semaines d'attente, le temps que ma bêta habituelle ait de nouveau un ordi fonctionnel...
Note : Quand j'ai commencé ce projet, mon objectif était des chapitres de 1000 mots. On en est loin...
AO3 //
FF.net //
Quand Harry arriva sur place, il se souvint parfaitement les remarques d’Hermione. Elle ne voyait pas pourquoi il avait accepté cette invitation et elle lui avait fait savoir toute la semaine, depuis qu’il lui avait demandé si elle acceptait de garder ses enfants ce soir-là.
Ron de son côté lui avait fait signe d’ignorer sa femme. Cela faisait longtemps qu’il avait arrêté de lui expliquer le principe même de « liens sociaux sans but intéressé professionnellement ». Il adorait son épouse, réellement, mais des fois, il aimerait qu’elle s’ouvre à de nouvelles choses.
Quoi qu’il en était, Harry se fit la remarque un instant qu’elle avait peut-être raison, en se rendant compte qu’il ne connaissait pas grand monde. Par contre, il avait fait un excellent choix pour sa tenue. La chemise offerte par William, avec le pantalon de costume, était parfaite. C’était habillé, mais détendu, comme la majorité des invités.
Harry ne savait pas comment son correspondant l’avait deviné, mais le vêtement était parfaitement ajusté. Ron lui avait demandé s’il devait voir son inconnu, vu sa tenue. Il avait nié, mais son meilleur ami n’y croyait pas réellement. Trop bien habillé, selon lui. Il n’avait pas eu cœur à lui expliquer qu’il espérait qu’il y ait quelques photographes pour que justement il puisse en profiter.
Il n’était pas sûr que le roux puisse comprendre. Ni qu’il ait envie de lui donner trop de détails. Il fit rapidement le tour de la salle du regard. Il reconnaissait quelques personnalités sorcières françaises qu’on pouvait voir dans les journaux, mais un grand nombre restait des inconnus.
Par contre, il ne s’était pas attendu à trouver les sœur Patil ici. Elles étaient en grande discussion avec un blond. De loin, on aurait pu le prendre pour Malfoy, mais il faisait définitivement une tête de moins. Et quand on parle du loup…
- Potter ? Tu donnes dans les mondanités ? L’interpella Draco en arrivant dans son dos.
- Ta femme m’a invité, j’étais curieux de voir ce qu’elle faisait, répondit-il simplement.
- Alors, c’est elle qu’il faut attraper, pas regarder mon cousin, se moqua-t-il.
Malgré les années, malgré le fait qu’ils ne soient plus des gamins… Il y avait toujours une petite envie de se confronter, de ne pas perdre un pouce de terrain avec celui qui resterait éternellement son meilleur ennemi.
- Cela explique la couleur de cheveux, je suppose. Dire que je pensais que tu étais, Merlin merci, un modèle unique !
- La famille française n’est pas encore arrivée à dépérir. Ce n’est pas faute d’essayer de les empoisonner pour récupérer les châteaux qu’ils ont dans le Val de Loire.
Exactement ce qu’il disait à William. Malfoy avait un humour noir, grinçant et pince sans rire. Et quand on le connaissait, on savait parfaitement que le meurtre n’était pas dans ses aptitudes.
- J’espère qu’ils sont au courant. Sinon, ce serait déloyal de les assassiner sans les prévenir, répondit-il sur le même ton.
- Tradition familiale. On préfère cela aux têtes d’elfes coupées et accrochées sur les murs. C’est plus présentable.
- Ca se défend, concéda Harry.
Il avait mis du temps avant de comprendre que la majorité des réparties de Malfoy à partir de 15 ans étaient une forme d’humour et qu’il n’en pensait pas un seul mot. Certaines étaient de l’habitude, des restants de cette idéologie dans lequel il avait toujours baigné. Mais bien souvent... Draco ne le faisait que pour maintenir l’illusion de qui il était. Devait être.
Rien qu’une réplique comme celle-ci l’aurait certainement fait bondir avant -et ferait toujours bondir Ron- mais au final, il le trouvait plutôt drôle avec ses remarques.
- Bon, si je veux être sûr que tu sois aimable avec Astoria, il va falloir te saouler. Tu préfères le faire au champagne ou au vin blanc ? Lui demanda-t-il.
- Tu bois quoi ? Répliqua-t-il incapable de deviner ce qu’était le liquide dans le verre de son ancien camarade.
- Une boisson pour grand, Potter. Je me souviens des fiançailles de Pans’ et Thomas, tu ne tiens pas l’alcool. Pourquoi est-ce que je t’ai demandé ? Rajouta-t-il comme fatigué, avant de lui mettre d’autorité un verre entre les mains.
Reniflant la chose, Harry se demanda ce que c’était avant de goûter et comprendre.
- Du jus de citrouille.
Draco prit son air le plus innocent, alors qu’un enfant lui fonçait dessus, attrapant ses jambes. Loin de laisser paraître le moindre trouble, le blond ébouriffa la chevelure tout aussi dorée que la sienne.
- Papaaa ! Maman, elle dit que je vais avoir des leçons de français, maintenant. Même qu’elle l’a dit à Oncle Anilam !
- Scorp’, tu sais que ta mère a toujours raison, même si pour l’occasion, je n’ai pas encore tranché avec elle le nom de ta professeur. Et tu sais ce qu’on dit sur le fait d’interrompre les grands ? Soupira-t-il comme une rengaine bien souvent répétée.
Le petit garçon prit immédiatement un air aussi coupable que factice, alors que le dernier membre de la famille Malfoy apparaissait.
- Harry, c’est un plaisir de vous voir, lui sourit-elle en lui serrant la main. Je vois que vous avez déjà fait connaissance avec notre turbulent Scorpius. Quant à Draco… Vous vous connaissez bien, si je ne me trompe pas.
- Harry, reprit son mari en espérant la couper dans ses insinuations, voulait justement voir ce dont tu étais capable. Tu devrais aller lui montrer, pendant que je m’entretiens avec Scorpius.
Astoria lui fit un petit signe de la main, avant de prendre le bras du brun et de s’éloigner avec lui vers le laboratoire de la pâtisserie.
- Je vais vous montrer ça. Mais promettez moi de garder la surprise pour les autres invités, roucoula-t-elle.
- Je ne voudrais pas…
- T-t-t-t, le coupa-t-elle. Vous vous êtes faits tout beau pour cette réception. Il ne faut pas qu’il n’y ait que Draco qui puisse en profiter. Laissez-moi aussi mes cinq minutes en tête-à-tête avec vous.
Harry sentit ses joues s’empourprer à cette remarque, alors qu’il continuait à avancer avec la jeune femme. Elle lui semblait bien moins effacée que dans son souvenir, soudainement !
- Et puis… Peut-être que vous, vous pourrez me raconter des histoires compromettantes sur Draco. Ses amis ont le mauvais goût de tenir tout cela secret. Même ma propre sœur refuse de me parler de ce qu’elle sait…
Finalement, elle avait vraiment pris de sa sœur !
***
Même si Astoria Malfoy avait quelque chose de terrorisant et de maternel à la fois, Harry avait passé une excellente soirée. Ses pâtisseries étaient superbes et délicieuses. Il avait eu l’occasion de pouvoir parler avec les sœur Patil, mais aussi avec le mystérieux Anilam, qui s’était révélé être bien moins classique que son cousin.
Il avait même revu Daphné en fin de réception. Elle était plutôt mignonne du temps de Poudlard et les années n’avaient fait qu’amplifier tout cela. Elle l’avait même invité à danser un instant, au grand dam de son compagnon qui avait passé le peu de temps qui restait à bouder sur une chaise.
Les deux sœurs ne se ressemblaient définitivement pas. Si l’une était blonde comme les blés, l’autre était presque aussi brune que lui. Elles semblaient toutes les deux avoir un caractère bien trempé et Malfoy n’était clairement pas le gagnant au milieu d’elles deux. Il se faisait mener par le bout du nez par sa femme.
Même si c’était plutôt mignon, il repensa à une lettre de William. Il y avait de fortes chances que ce soit un mariage arrangé, vu qu’ils avaient été fiancés avant l’âge légal du mariage pour Astoria. Mais ils semblaient réellement heureux ensemble. Ils devaient être comme les parents de son correspondant, ils étaient tombés amoureux l’un de l’autre.
Il avait mis son réveil à sonner le lendemain matin pour ne pas arriver trop tard chez Molly -ils se retrouvaient tous pour un repas avant le week-end de célébration- et pouvoir l’aider.
Néanmoins, avant cela, il espérait fermement pouvoir profiter de son courrier, devant sa tasse de café du matin.
« Harry,
Je crois que nous serons tous les deux d’accord pour dire qu’il est important d’essayer de trouver le courage d’agir quand la situation l’impose.
Cela semble plus simple à certains qu’à d’autres. Vous avez vraiment les mots qu’il faut pour motiver vos troupes. Méfiez-vous, ils vont vous nommer chef des Aurors et refuseront que vous partiez le jour où vous le déciderez car vous leur serez trop essentiel.
Il n’est jamais trop bon d’être si doué dans son domaine… (Encore que j’imagine très bien les gros titres de la Gazette « Les Aurors séquestrent Harry Potter : un soulèvement national est prévu pour le libérer ». Ça me paraît une prédiction des plus raisonnables vu les titres qu’ils vous infligent depuis des années.)
Peut-être que vous devriez réfléchir, et regarder ce que des associations ont fait dans le passé. Ou alors, créer votre propre association. Au moins, comme cela, vous serez sûr qu’on ne tenterait pas d’utiliser votre nom. Confiez les rênes à une ou deux personnes de confiance.
En plus, je suis certain que les idées couleraient à flots si vous commencez à y réfléchir. Croyez-vous que vous auriez de mauvaises intentions envers vous même, Harry ?
Vous commencez à très bien me connaître. En fait, j’ai prévu quelque chose. Néanmoins, cela me rassure, je commençais à m’inquiéter que vous ne disiez rien. Donc, vous ne traquez pas mon identité ? Vous ne vous demandez pas si je suis n’importe quelle personne que vous croisez ? Vous êtes donc sage ? Vous arrivez à mettre pause à vos instincts d’Auror ?
Enfin, cela me rassure, car je me suis demandé, si vous n’aviez pas subi un sort ou un maléfice. Bon, alors si vous vous laissez porter… Ca me va. Ca me plait, même. Merci pour votre confiance, Harry.
Je me passionne pour les pages « people » de la Gazette, surtout quand il y a des photos de vous torse nu. Je trouve que c’est généralement leurs meilleurs articles. Ils ne mettent pas trop de textes, donc ça aide, aussi. Néanmoins, je note que vous allez alimenter pour moi ces pages. Allez-vous faire des folies ? (Dois-je m’inquiéter et vous trouver un bon avocat par avance ?)
Arrgh ! Vous avez dit le mot interdit ! Ceci est tragique, comment vais-je pouvoir continuer ? (C’est bon ? Ca vous paraît assez théâtral comme réaction ? Il paraît que j’ai des dons pour la tragédie.)
Disons plutôt que oui, le mot « sexe » est présent, mais… Ce n’est pas tant une question d’élégance. J’ai juste envie que vous n’ayez aucun doute sur le fait que je vous désire. Certes physiquement -soyons honnête, vous êtes un très bel homme-, mais aussi intellectuellement. Je ne fais pas cela juste pour vous mettre dans mon lit.
Je souhaite que vous vous y trouviez bien et que vous souhaitiez y venir -et y rester !- mais pas juste cela. Je veux que vous soyez certain que c’est aussi votre caractère, votre humour, votre personnalité qui m’attire.
Néanmoins, rassurez-vous. Je vous laisserais aller courir avant de vous plaquer contre un mur à votre retour pour finir de vous aider à vous dépenser. Est-ce que vous pensez que cela suffira ? Ou dois-je envisager l’installation d’une salle de sport chez moi ?
Je suis par contre étonné par la manière dont vous êtes arrivé à la lecture, même s’il faut reconnaître qu’elle a du panache. Je note néanmoins qu’Hermione Granger n’arrive plus à suivre votre rythme de lecture. Cela ressemble presque à un titre d’un sport de haut niveau.
« Médaille d’or de la personne qui arrive à laisser Hermione Granger sur le carreau côté lecture ». Il va falloir que je vous l’offre. Je ne peux pas faire autrement, réellement.
Je vais être honnête avec vous, Harry, par rapport à votre question. J’ai mis plusieurs minutes avant de comprendre de quoi vous parliez en disant « Eurovision ».
Même si je travaille avec les Moldus, que je m’intéresse à ce monde, j’ai une absence totale de culture populaire quand cela les touche. Pas tant par choix, mais plutôt par manque de guide. Mes proches sont majoritairement des Sang-Purs. Je côtoie exclusivement les Moldus dans le cadre professionnel.
Je n’ai même pas de télévision, ce qui est visiblement le comble de la ringardise, si j’ai bien compris. Alors, non, pas d’Eurovision pour ma part. Mais peut-être que l’an prochain, vous me le ferez découvrir. Est-ce que le gagnant est à la hauteur de vos espoirs ? Vous regardez cela seul ou en famille ?
Je suis majoritairement quelqu’un de sage et qui ne fait pas de vague. Néanmoins, il est des situations où je préfère être un méchant garçon. Les gentils garçons sont trop fades et on se lasse rapidement d’eux. Il faut toujours une dose de diablerie chez quelqu’un.
Mes proches savent bien ce qu’il peut leur en coûter de venir titiller le diable, en question. Ils m’ont connu bien moins raisonnable et bien plus jeune. Je n’ai pas été toujours aussi tendre avec eux.
La dernière guerre a été… Profondément meurtrière dans mon cercle de connaissances. Un de mes meilleurs amis est mort durant celle-ci. A l’époque, je n’avais pas la lucidité de le voir ainsi et… Je ne sais pas s’il est meurt en sachant que je tenais à lui ou non. Je crains qu’il ne l’ait jamais su. Il est littéralement mort sous mes yeux. Je n’ai rien pu faire, pas plus que ceux qui étaient avec nous.
Alors, c’est bien plus douloureux de parler aux morts de cette époque via les portraits. J’essaye plutôt d’oublier les souvenirs douloureux et de me concentrer sur ceux pleins de bonheur que nous avions pu vivre tous ensemble.
Les tableaux ont toujours été des morts que je n’avais jamais connus pour lesquels je n’avais une affection qu’à travers ce que l’on a pu me dire d’eux. Là, ce sont des personnes bien réelles que j’ai appris à aimer pour eux et non pour une simple image, que je savais capable du pire comme du meilleur. Pour eux, j’utilise une pensine.
Aussi cliché que cela puisse paraître, je préfère ne pas prendre le risque de ruminer encore et encore les mêmes pensées sombres. Il vaut mieux se souvenir du meilleur et laisser de côté le pire. Je sais que je n’ai plus envie de regarder au-dessus mon épaule en quête éternelle de ce passé qu’on ne retrouve jamais.
Je me dois être plein de surprise pour vous, voyons. Comment vous captiver, sinon ?
C’est promis, je vous apprendrais à boire et à apprécier le scotch. Par contre, méfiez-vous. Vous ne savez pas à quoi vous vous exposer à m’apprendre à cuisiner. C’est un acte d’un héroïsme rare et peut-être même la preuve d’une certaine forme de folie à un stade assez avancé.
Et oui, je sais accorder un vin à un plat. Je pourrais même vous surprendre à vous proposer certains accompagnements étonnant à première vue, mais délicieux.
Qu’avez-vous fait de mon présent de la dernière fois ? Vos propos étaient intrigants et surprenants. Vous en avez trop dit ou pas assez ! Il faudra que vous choisissiez, un camp !
Surtout que vous m’avez accordé votre bénédiction pour me rejouer les images que j’ai de vous, le soir une fois couché, alors… Comment ne pas penser à quelque chose de parfaitement inapproprié ? Quelque chose que vous partagez peut-être de votre côté ?
A bientôt,
William.
P.S. Je dois vous avouer que je suis fasciné par la facilité avec laquelle vous parlez de votre thérapie, comme si ce n’était rien. »
Harry sourit en lisant la conclusion. Il avait mis du temps avant d’en parler, mais oui, ses années de thérapie avaient porté ses fruits sur un certain nombre de sujet.
Il n’y avait pas à dire, par contre, William connaissait parfaitement la propension de la Gazette à concocter des titres stupides. Le brun en faisait particulièrement les frais. Mais à sa grande joie, Ron et Hermione, mais aussi Pansy Parkinson, Blaise Zabini et Malfoy partageait ce plaisir raffiné.
Il sortit le présent de l’enveloppe avec le petit mot qui était accroché dessus.
Je me suis permis de vous offrir ce que vous n’aviez pas eu. On ne peut pas remplacer le passé, mais on peut essayer de l’améliorer. Et j’aimerais pouvoir vous aider à forger ces bons souvenirs.
William.
Aussitôt qu’il toucha le papier entourant son cadeau, celui-ci reprit sa taille normale. C’était une première et Harry ne put que se demander ce qui justifiait un tel traitement. Cela semblait plus… Plus personnelle comme démarche.
Il déchira rapidement le papier pour découvrir à l’intérieur un immense ours en peluche. Il glissa lentement les doigts dans le pelage de l’animal. Il était d’une infinie douceur. Il était brun, à l’image de teddy bear les plus classiques.
Ce n’est qu’au bout de quelques secondes qu’il se rendit compte que sa main tremblait sous l’émotion.
***
Draco inspira profondément. La présence de Harry lors de l’inauguration de la nouvelle boutique d’Astoria l’avait surprit. Il ne savait pas qu’elle l’avait invité. Elle avait plaisanté sur ce qu’elle devrait manigancer pour rencontrer le futur mari de son mari, mais Draco n’avait pas imaginé cela.
Il… Il avait été comme saisi par l’aura que Harry dégageait. Il portait la chemise qu’il lui avait offerte. Elle lui allait aussi bien que ce qu’il avait imaginé. Il avait mis un moment avant d’aller le voir. Il avait essayé d’être aussi impassible et décontracté que possible.
Visiblement, cela avait marché. Harry ne s’était pas rendu compte de combien il était stressé. Il n’était pas prêt à prendre le risque de se découvrir maintenant. Peut-être qu’il était capable de plaisanter avec lui, mais… Certaines fois, il se demandait si ce n’était pas juste en souvenir de leur inimitié à Poudlard. A ce fameux « faire vivre des enjeux d’enfants » de Harry.
En effet, Harry le regardait avec des yeux neutres. Avant, il y avait une sorte de feu dans ses yeux. Jamais il ne lui avait facilité les choses. Il y avait comme un défi à avoir son attention pleine et entière, à Poudlard.
Sauf qu’aujourd’hui, ce n’était plus le cas. Draco était revenu au milieu de tous les autres. Il n’était plus qu’un parmi la foule. C’était ce qui lui faisait le plus peur. Si le brun ne retrouvait pas de l’intérêt pour lui, il n’était pas certain que cela puisse marcher.
Cela avait toujours été une composante de leur relation et il savait bien qu’entre Ginny et lui, ce qui avait été le déclic était la passion qu’ils avaient l’un pour l’autre. S’il n’arrivait pas à déclencher tout cela… Il n’avait pas trop envie d’en parler. Il voulait juste retrouver le feu dans les yeux de Harry quand celui-ci le regardait.
Il supposait que derrière la porte de son bureau devait se trouver Pansy ou n’importe quel autre de ses amis. Sauf que ce n’était pas du tout le cas. Il regarda un instant, la jeune inconnue ne sachant pas quoi dire.
- Je peux vous aider ? Finit-il par demander.
C’était à croire que cette phrase et l’ensemble de ses variantes se devait de devenir son hymne du mardi.
- C’est votre femme qui m’a dit de vous attendre.
- Ma femme… Répéta-t-il. 1m60, blonde, les yeux bleus ?
L’inconnue hocha la tête. Pourquoi diable, Astoria lui avait amené quelqu’un chez lui, en son absence ? En plus, elle lui disait quelque chose, mais impossible de se rappeler où il avait pu la rencontrer. Ce n’était ni dans le cadre du travail, ni dans le cercle d’amies de son épouse.
Ce qui le sauva, ce fut l’arrivée -bien que non désirée- de sa belle-sœur.
- Oh, Draco, alors comme ça, on embauche une professeur de français pour son fils chéri ? Se moqua-t-elle, tout en s’installant dans un fauteuil sans plus de cérémonie.
Oh, oui. C’était ça.
- Miss Delacour ! S’exclama-t-il comprenant d’un seul coup qui elle était. Excusez-moi. Ma journée a été difficile. Par contre, je ne vois pas ce que ma femme attend de ma part.
- Elle souhaiterait que vous m’accordiez une entrevue pour signer les contrats, répondit-elle en lui tendant les papiers hors de son sac.
Il avait parfaitement assumé le fait de ne pas rencontrer la sœur de Delacour-Weasley avant qu’ils ne l’embauchent. Gabrielle leur avait été recommandée par Anilam et en toute objectivité -contrairement à ce que certains lui avait dit- son CV était de loin le meilleur.
- Je vous propose de déjeuner avec vous, demain. Ma femme sera ravie, ajouta Draco en signant rapidement les papiers.
Il bénit Merlin, Slytherin et tous les sorciers qu’il connaissait quand elle accepta. Il n’avait pas le courage d’affronter la discussion nécessaire quant à l’éducation de Scorpius, en présence de sa belle-sœur.
- Daphné, que puis-je pour toi ? Demanda-t-il dès que la future professeur de son fils fut sortie.
- En fait… Commença-t-elle.
- Rapidement, la coupa-t-elle. J’ai à faire ce soir.
La jeune femme leva les yeux au plafond.
- Donc, je résume ta vie, tu essayes de faire en sorte que Potter soit bien habillé -et il faut reconnaître que je l’aurais presque invité dans mon lit avec une telle chemise-, tu embauches sa belle-sœur pour enseigner le français à ton fils et tu attends comme une vierge en détresse ses lettres. Et tu veux que je parte rapidement ? Tu rêves sur ce point, mon pauvre garçon.
Le blond soupira. C’était exactement pour cela qu’il avait une sainte horreur de voir l’unique sœur de sa femme. Ils se connaissaient depuis leur naissance. Si la fantaisie de Blaise lui avait plu, si Théodore était devenu un ami calme et réfléchi, si le grain de folie de Pansy avait ses faveurs, il n’en était rien avec Daphné. Elle était la seule personne qui avait une telle aptitude pour lui taper sur le système.
L’unique individu contre qui ils arrivaient à se liguer, c’était Madame Greengrass. Elle avait un degré de folie relativement poussé. Elle avait reproché à sa fille cadette le temps qu’il lui avait fallu pour tomber enceinte de Scorpius, leur séparation, l’arrangement de son intérieur, … Bref, quoi qu’elle décide Astoria avait tort et cela agaçait autant son mari que sa sœur.
- Tu sais, si c’est uniquement pour venir te plaindre, ce n’était pas nécessaire que tu passes, lui répondit-il tout en triant son courrier.
- Oh, non, voyons, si c’était que pour cela, j’aurais attendu le repas à la mémoire de Vince, tu sais. Non, en fait, j’étais venue pour lire, ceci, ajouta son odieuse belle-sœur en agitant la lettre qu’il était en train de chercher.
Draco inspira lentement. Il allait la tuer.
- Dégages ou je ne répond plus de rien, Daphné, lui dit-il en lui arrachant son courrier des mains.
La jeune femme haussa les épaules, tout en sortant son poudrier pour rectifier son maquillage.
Le blond envisagea un instant de l’expulser manu militari, avant de se souvenir qu’Astoria n’apprécierait pas qu’il fasse cela à sa sœur. Alors, l’ignorant très clairement, il sortit les feuillets à l’intérieur de l’enveloppe.
« William,
Votre cadeau est… Surprenant. Je ne sais pas comment vous dire combien je l’apprécie. Il… Voyez, je perds mes mots, je ne sais plus parler ! Il me plaît infiniment !
J’espère bien qu’ils n’auront jamais l’idée de me nommer chef des Aurors. Je n’ai pas du tout envie de le devenir. Ce sont des responsabilités qui sont loin de m’attirer. Néanmoins, il faut tout de même reconnaître que bien souvent la thématique de ce qui m’intéresse ou non est le cadet de leurs soucis. Ils estiment que mettre « le Survivant » à tel ou tel poste ou sur telle ou telle affaire leur rapportera une bonne publicité et l’affaire est traitée.
Ce n’est pas tant l’actuel chef des Aurors qui joue à ce jeu-là, mais plus les politiciens. Le Magenmagot est un grand spécialiste sur la question. Ils ont tendance à oublier que je suis un être humain avec des désirs et non juste un pion sur leur échiquier. J’ai assez subi cela durant mon adolescence pour ne pas l’accepter, aujourd’hui.
Ce qui est le plus étonnant, c’est que malgré tous les bâtons que je mets dans les roues de leurs manigances, ils continuent. Ils n’ont pas l’air de comprendre le principe du « non, je ne suis pas votre jouet ». Je crois qu’ils sont habitués à ce que tout le monde accepte leurs lubies, mais je n’ai pas particulièrement envie de me plier à des choses qui vont à l’encontre de mes projets.
(Par contre, je note que vous avez beaucoup d’imagination pour les unes de la Gazette. Avez-vous envisagé de devenir « rédacteur de Une » ? Je suis certain que vous pourriez faire fortune avec cela. Enfin, refaire fortune, si j’ai bien compris…)
J’aime beaucoup votre idée d’avoir ma propre association. C’est vrai que je n’aurais aucune inquiétude à me faire dans ce cas. Néanmoins, il faudrait lui trouver une cause -et une seule- qui me tient à cœur. Et autant dire que le choix unique n’est pas le plus évident pour moi.
Quant à une personne à qui le confier… Vous connaissez Luna Lovegood ? Si elle n’avait pas son travail de naturaliste, elle serait la personne parfaite. Malheureusement, je la vois mal lâcher un métier qu’elle adore autant. Elle est éclatante de bonheur chaque fois qu’elle en parle et ce serait odieux de ma part de la pousser à quitter ce qui la rend heureuse pour mon petit plaisir.
Vous savez, je sais aussi être sage et ne pas tout mettre à bas. Je ne cherche pas à savoir qui vous êtes, même si, il est vrai, quand je croise quelqu’un qui me parle de ce dont nous avons pu évoquer, je me pose toujours la question si cela peut être vous…
Mes instincts d’Auror sont toujours là, mais je leur impose un silence complet. Vous m’avez juré de ne rien faire qui me soit préjudiciable, alors, c’est simple de vous faire confiance, vous savez. Et quelque part, c’est agréable de se laisser porter.
En fait, vous vous passionnez pour les pages « people » de la Gazette, car vous êtes un voyeur qui aime les images sur mauvais papier ? Je suis certain que je peux leur demander de vous envoyer des versions sur papier glacé…
Et non, je n’ai pas besoin d’un avocat. J’ai accepté l’invitation de la femme de votre jeune rival. Elle inaugurait une boutique et, visiblement, je fais parti des « obligatoire à inviter ». Parler de lui m’a donné envie d’accepter. Et j’en ai profité pour étrenner votre chemise. Elle est parfaite et je crois que vous en conviendrez sur les photos que j’ai… empruntées aux photographes présents pour vous les envoyer.
Mais… Je dois vous faire un aveu. Je n’ai pas cessé de penser à vous de toute la soirée.
Vous savez, je sais que ce n’est pas juste pour me mettre dans votre lit que vous faites cela. Ce serait se donner beaucoup trop de mal pour aussi peu de chose. Surtout que vu ce que vous m’avez dit de votre mariage et ce que vous attendez de nous deux, je sais que vous voulez un peu plus qu’un coup d’un soir.
Même si je suis sage et que je ne cherche pas à savoir qui vous êtes, je ne perd pas pour autant tout bon sens. Sachez tout de même que j’ai déjà envie de venir dans votre lit. Il ne vous reste plus qu’une seule étape : me donner envie d’y rester indéfiniment.
Oh, donc un homme en sueur, cela vous titille ? N’est-ce pas immensément cliché, William ? Pas que je me plaigne, bien sûr. (Et pour ne rien vous cacher, je préfère courir à soulever de la fonte ou n’importe quel autre exercice de salle de sport).
Ma question de cette semaine porte sur Poudlard. Quel était votre cours préféré ? En dehors des leçons de vol de première année, qui m’ont ouvert un nouveau monde, je dois reconnaître que mon cours favori restait celui sur les soins des créatures magiques. Néanmoins, c’était bien plus pour Hagrid que pour l’enseignement en lui-même.
Sans lui, je pense que la matière ne m’aurait pas intéressée. Mais il donnait quelque chose de très savoureux à la moindre de ses leçons. Cela devenait toujours très… Artistique, dirons nous.
J’avoue que je suis restée un moment en arrêt face à votre révélation. Vous n’avez pas de télévision et vous ne connaissez pas l’Eurovision. Je suis dévasté, sachez-le. Il faudra que je vous convertisse, au moins au second. On vit très bien sans le premier, mais il vous faut votre dose de kitch annuelle. Cela se fait habituellement en famille, surtout si j’ai mes enfants avec moi. Sinon, seul, cela se regarde très bien.
L’an prochain, je vous apprendrais l’art de l’Eurovision. Préparer une pizza maison, du pop-corn, débrancher le téléphone et savourer ce spectacle hallucinant. Voire, je pourrais peut-être vous emmener au concert, directement. Car, oui, non content de passer à la télévision, il est possible d’y assister en direct.
C’est le pays gagnant de l’année d’avant qui l’organise et je suis certain que vous adoreriez Vienne. Quant au gagnant… Elle s’appelle Conchita Wurtz et elle a une voix superbe. On aurait dit un générique de « James Bond ». Chaque pays vote et nous lui avons donné la note maximale. Par contre, Molly était très très loin. Mais ce n’est pas grave. Conchita méritait vraiment sa première place !
Nous avons tous évolué, grandi et nous avons appris à devenir plus raisonnables. Et si vos amis sont restés malgré le fait que vous ayez été un très vilain garçon, c’est certainement qu’ils devaient y trouver leur compte dans cette histoire.
(Et il paraît que les mauvais garçons sont les plus sexy, vous savez. Il faudra que l’on fasse le test de tout cela).
Le frère de mon meilleur ami est mort dans la Grande Bataille. Le meilleur ami de mon père, aussi. Ainsi que le premier amoureux de ma mère. Ca a été une véritable hécatombe dans mon entourage, mais c’est Fred Weasley qui est le plus difficile à oublier.
Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce que c’était l’un de ceux que je connaissais le mieux ou parce que George est toujours là. Et même si les célébrations passent tous les ans, c’est une période où c’est compliqué pour moi. Après la guerre, j’ai continué à faire beaucoup de cauchemars.
Aujourd’hui, ils sont rares, mais j’ai un sommeil agité quand la date approche. Cela fait une semaine que c’est dur de faire une nuit complète. Je n’ai jamais acheté de pensine. Je n’en ai utilisé que deux fois. C’est peut-être parce que je n’ai pas grandi avec cela, mais je n’y pense pas.
Vous avez raison de garder uniquement le meilleur de vos amis décédés. C’est ce qu’il faut faire.
J’espère que les photos que je vous joins seront suffisantes pour satisfaire votre curiosité et vos pensées totalement inappropriées, cette nuit. Racontez-les moi, un jour…
A bientôt,
Harry. »
Draco fouilla dans l’enveloppe sans rien trouver, fronçant les sourcils. C’était étonnant de la part du brun d’oublier de glisser ce dont il parlait.
- Il est vraiment photogénique, lâcha négligemment Daphné depuis son fauteuil, en agitant des papiers.
- Un jour, Astoria finira fille unique ! lui répondit-il, alors qu’il lui arrachait des mains son précieux bien.
- T-t-t-t… Tu n’as pas ce qu’il faut pour ça, Blondie. C’est bien pour cela que tu es toujours marié à ma sœur et que clairement, tu ne l’as pas encore dit à Potter.
- Ca n’a aucun rapport. C’est juste… Plus simple pour le moment, ajouta-t-il pour clore la conversion.
Et c’était vrai que Harry était superbe sur ces photos, pensa-t-il en se mordant la lèvre. Dans ce genre de moment, il savait très exactement pourquoi il était tombé amoureux de lui, parce qu’il n’exultait pas juste sa beauté, mais aussi sa gentillesse, son charme et ce… il ne savait quoi, qui donnait envie à tout le monde de lui sourire.
- Si tu crois que ça suffira à Potter… Tu te trompes gravement. Il voudra tout ou rien. Et tout, c’est toi, réellement divorcé, lui susurra à l’oreille la diablesse qui lui servait de belle-sœur.
Le pire et ce qu’il ne voudrait jamais avouer, c’est qu’elle avait vraisemblablement raison.
A suivre...
N'hésitez pas à reviewer, cela fait toujours plaisir !
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