Mon interview à la Radio Liberté et Europe libre sur la tentative d'empoisonnement au ricin à Prague

May 03, 2020 12:00



Dans la grande publication « Les mesures actives du KGB. Le ricin dans le rôle du coronavirus? » sur le web-site de Radio Liberté et Europe libre, on a publié des éléments sélectionnés de mon interview sur la tentative d'empoisonnement avec du ricin de trois gouverneurs de la ville de Prague dans le cadre du scandale avec le démantèlement du monument soviétique au maréchal Konev (avec son transfert au parc commémoratif) et suite aux remplacements très désagréables à Poutine des anciens noms soviétiques des rues de la capitale tchèque par les patronymes des opposants assassinés par le régime poutiniste.

Les soupçons du contre-espionnage tchèque quant à l'organisation de ce crime se sont dirigés sur la piste des services spéciaux russes. Par conséquent, le rédacteur en chef Internet de Radio Liberté et Europe libre s’est tourné, en particulier, vers moi en tant qu'analyste expert dans le domaine du renseignement et du contre-espionnage soviétiques et russes.

Plusieurs interviews ont été utilisées dans ce document, par conséquent, pour des raisons d'économie d'espace, la mienne l’a été sous la forme abrégée suivante:



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Les mesures actives du KGB. Le ricin dans le rôle du coronavirus?

L'ancien officier des renseignements soviétiques et russes Sergueï Jirnov , qui vit en France, a déclaré dans une interview à Radio Liberté et Europe libre qui faisait référence à la publication du magazine « Respekt » sur les empoisonnements soupçonnés à Prague, qu’il la considérait sans aucun scepticisme.

« Ce n'est pas la recherche dérisoire des théories du complot inexistantes qui m'amène à cette conclusion, mais le bon sens et la logique purement professionnelle des services spéciaux.

Si le contre-espionnage tchèque a organisé une fuite dans les médias d'une histoire d’empoisonnement avec le ricin, alors cette histoire s'est vraiment produite. Tout est trop précis dans cette fuite. La substance toxique spécifique est nommée avec précision, des objets d'attaque spécifiques sont définis avec précision, des exécuteurs et des transporteurs spécifiques sont définis avec précision. Pour moi, en tant qu'analyste expert des services de renseignement, presque tout est clair ici.

Vous voyez, le contre-espionnage a souvent un problème très grave avec ce qu'on appelle « l’exploitation opérationnelle de l'information ». Des données secrètes, sont obtenues, y compris en violation des lois, par voie opérationnelle, mais il n'y a pas de preuves juridiquement et légalement préparées pour le tribunal, ou elles ne sont pas suffisantes, ou elles ne peuvent pas être présentées publiquement sans compromettre la source confidentielle des informations. Dans le même temps, un crime pénal dangereux est clairement en préparation, et l’on ne peut pas hésiter, exposant des gens à un danger mortel.

Dans le cas-là, les services spéciaux procèdent à l'organisation des fuites dans la presse. Cela ne permet pas « magnifiquement » et théâtralement arrêter les criminels en flagrant délit, mais permet de prévenir une infraction pénale. Ce qui, à mon avis, s'est produit en République tchèque.

Mais, je suppose, la presse n’a pas très bien compris ou a compris trop littéralement le contre-espionnage tchèque, pensant qu'il avait en quelque sorte arrêté le courrier avec le ricin juste pendant son passage de la frontière nationale à l'aéroport. Il me semble que ce n'était pas tout à fait le cas. En effet, ces agents chimiques dangereux sont généralement transportés dans des conteneurs spéciaux hermétiquement fermés. Cela ne permet pas d'attraper des molécules volatiles du poison ou de les détecter à l'aide de capteurs sensoriels de piégeage.

A l’heure actuelle, il y a une lutte avec la pandémie du Covid-19, et le niveau des transports a fortement chuté. Tous les mouvements dans le monde et en République tchèque sont plus faciles à établir et à identifier. En revanche, les espions de Poutine, de leur côté, ne peuvent pas réduire le niveau de leurs activités - le Kremlin exige d’eux de travailler constamment et fournir des résultats concrets. En outre, il est possible qu’à Moscou, on ait considéré que dans cette situation compliquée où les gouvernements et les services spéciaux ennemis étaient trop occupés par les énormes problèmes médicaux et autres, ils auraient moins de moyens et d’effectifs pour combattre les espions russes. D’où un niveau d'activité plus élevé des services russes mais également un niveau plus élevé de leurs fautes et d’échecs.

Cette dernière histoire à Prague a déjà joué son rôle de propagande, utile à Poutine, malgré toute la publicité scandaleuse et les conséquences en apparence clairement négatives pour la réputation internationale de Poutine. Parce que Poutine ne se soucie tout simplement pas de sa propre réputation, de la réputation du pays et de son régime à l'extérieur du pays. Sinon, il n'y aurait pas eu de député Lougovoï, soupçonné de meurtre et protégé par l'immunité parlementaire. D'où l'affaire Skripals à la veille de l'élection présidentielle de 2018 afin d'augmenter la cote de popularité de Poutine, alors en baisse. Cela a parfaitement fonctionné à l'intérieur du pays, bien que provoquant des pertes morales à la réputation internationale de la Russie.

Ce nouveau scandale en République tchèque - lire les commentaires assoiffées de sang sur les forums des réseaux sociaux russes « Odnoklassniki » ou « VKontakte » - a provoqué une très forte réaction d'approbation à la veille de la fête déraisonnable de la « Victoire » de mai prochain et face à d'éventuelles critiques des erreurs et des lacunes de Poutine dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 en Russie. Trois dirigeants de la ville de Prague sont contraints de se cacher d’empoisonneurs et de meurtriers potentiels, et la plèbe russe, indignée par la démolition des monuments soviétiques, se réjouit en exigeant du sang », a déclaré Sergueï Jirnov. »

Lire l’article en entier sur le site web de Radio Liberté et Europe libre

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Ci-dessous, je vous propose le texte intégral de mon interview à la Radio Liberté et Europe libre :
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À la demande de Radio Liberté et Europe libre, Sergueï Jirnov, un ancien officier de renseignement soviétique et russe vivant en France, partage son évaluation de l'incident révélé en République tchèque lié à une tentative d'empoisonnement de trois dirigeants de la ville de Prague suite à la démolition du monument soviétique au maréchal Konev et au changement de noms des rues de la capitale tchèque.

DES EMPOISONNEURS DES SERVICES SPÉCIAUX RUSSES DEMASQUES EN RÉPUBLIQUE TCHÈQUE?

Premièrement, moi, en tant qu'analyste expert des services spéciaux et le seul ancien véritable officier supérieur de l’espionnage du KGB de l’URSS et du Service russe des renseignements extérieurs qui vit en France, et qui peut se permettre, grâce au statut international protecteur de réfugié politique, de s'exprimer publiquement sur les problèmes d’espionnage et de contre-espionnage, je prends cette histoire très au sérieux et sans aucun scepticisme.

Ce n'est pas la recherche dérisoire des théories du complot inexistantes qui m'amène à cette conclusion, mais le bon sens et la logique purement professionnelle des services spéciaux.

Dans le monde théâtral, on dit que si un fusil est accroché sur la scène, cela signifie que tôt ou tard, pendant la représentation, il finira par tirer un coup de feu. Poutine et le régime poutiniste possèdent au moins 3 de ces fusils spéciaux, à qui on a donné le droit de se livrer à des activités illégales, criminelles et terroristes en Russie et dans le monde : le SVR, le GRU de l'état-major des forces armées et le FSB. Toutes ses armes de Poutine sont bien polies, graissées, chargées et sont prêtes à être utilisées. Le niveau d'espionnage extérieur et d'activité terroriste de la Russie moderne est incroyablement élevé et dépasse au moins de 2 fois celui de e l'URSS pendant la guerre froide !

Dans la meilleure période andropovienne et post-andropovienne de la fin des années 1980 et du début des années 1990 le personnel opérationnel du KGB était estimé à 430 000 personnes, dont 200 000 gardes-frontières. Et c'était le KGB de la grande Union Soviétique - officiant pour le compte des 15 républiques de l’Union et pour le pays avec 290 millions d'habitants au total.

Actuellement les spécialistes donnent ces mêmes chiffres pour une seule agence de renseignement russe - le FSB, le service de sécurité intérieur et du contre-espionnage. Et ceci uniquement pour l'une des 15 anciennes républiques fédérales avec une population de 140 millions d'habitants - c'est-à-dire seulement la moitié du niveau soviétique global. Ainsi, il n'y a pas un doublement absolu du potentiel opérationnel, mais son triplement ou même quadruplement relatif. Parce que le FSB, ce n'est que du contre-espionnage russe.

Paradoxalement, il est encore plus facile d'évaluer la croissance du potentiel opérationnel de la Russie de Poutine à l'exemple du Service des renseignements extérieurs (SVR) de Russie. L’espionnage à l’étranger faisait partie du KGB en la personnification structurelle de la Première direction générale. Ses sites opérationnels ont été séparés territorialement de la structure générale du KGB dans les années 1970 et 1980 avec le transfert de la Première DG de la place Loubianka à Yassénévo, dans le nouveau QG de l’espionnage dans la banlieue. Ainsi la croissance du l’espionnage étranger est devenue plus facile à détecter depuis les satellites.

Les photographies aériennes, accessibles à tous via Google Maps, et même des photographies classiques du territoire du siège de SVR, que tout auditeur de Radio Liberté et Europe libre peut facilement trouver sur Internet, montrent clairement que le nombre de bâtiments a doublé dans la zone opérationnelle du QG de Yassénévo par rapport à la période soviétique. Lorsque moi, en ma qualité d'officier opérationnel de la Direction « S » (des illégaux) de la Première DG du KGB de l'URSS, je l'ai personnellement visité pour la dernière fois. Et dans la zone technique - la quantité de bâtiments a quadruplée. Le personnel de l’espionnage du KGB était estimé à 7,5 mille personnes. Chez le SVR actuel - environ 15 mille personnes. Tout en sachant que ce QG concerne actuellement que la Russie, l'une des 15 anciennes républiques fédérales de l'URSS. Là encore, on peut constater un doublement en chiffres absolues des bâtiments et des effectifs opérationnels face à une réduction de moitié de la population du pays. Ce qui donne, au final, le quadruplement relatif par rapport à l’URSS. Tout ceci sous la forme parfaitement visible et « palpable ».

Il serait étrange de supposer que des millions de dollars aient été gaspillés et que personne ne travaille dans ces nouveaux bâtiments. Qu'il s'agit de simples maquettes vides, grandeur nature, gonflables ou en carton, afin de tromper l'intelligence spatiale des pays ennemis. Si les militaires peuvent utiliser de telles maquettes grossières sur les champs de bataille, les bâtiments réels du SVR ne sont ni des canons, ni des chars, ni des avions fictifs.

En 2006, un nouveau complexe de bâtiments a été construit pour le GRU (renseignement militaire). Il a été inauguré par le ministre de la Défense de l’époque Sergueï Ivanov et par le président Poutine, anciens collègues du KGB. Dans le même temps, le vieil « Aquarium » (sobriquet du QG du GRU) n'a pas été rasé de la surface de la Terre. Ce bâtiment n'a pas été offert à un jardin d'enfants ou à une école. Là encore, le doublement du potentiel dans l'absolu, tout en réduisant de moitié la population du pays, c'est-à-dire en fait un quadruplement relatif de la puissance d'espionnage du ministère de la Défense.

Des milliers de tous ces braves espions reçoivent un salaire et doivent inlassablement faire quelque chose à l’étranger, constamment rapporter quelque chose de secret à Poutine. Ces 3 agences spéciales ne sont pas un fusil théâtral suspendu passivement sur la scène en attendant son heure fatidique, comme c'est le cas de l’arsenal nucléaire. Ces 3 fusils opérationnels de Poutine doivent constamment tirer, même en temps de paix. Alors ils tirent. Et lorsque les espions sont trop actifs, ils ne peuvent pas se cacher du contre-espionnage ennemi. Parce que la plupart de ces espions sont des espions dits « légaux », c’est-à-dire travaillant à l'étranger sous la couverture des représentations officielles russes à l’étranger.

Si le contre-espionnage tchèque a organisé une fuite dans les médias d'une histoire avec le ricin, alors cette histoire s'est vraiment produite. Tout est trop précis dans cette fuite. La substance toxique spécifique est nommée avec précision, des objets d'attaque spécifiques sont définis avec précision, des exécuteurs et des transporteurs spécifiques sont définis avec précision. Pour moi, en tant qu'analyste expert des services de renseignement, presque tout est clair ici.

Vous voyez, le contre-espionnage a souvent un problème très grave avec ce qu'on appelle « l’exploitation opérationnelle de l'information ». Des données secrètes, sont obtenues, y compris en violation des lois, par voie opérationnelle, mais il n'y a pas de preuves juridiquement et légalement préparées pour le tribunal, ou elles ne sont pas suffisantes, ou elles ne peuvent pas être présentées publiquement sans compromettre la source confidentielle des informations. Dans le même temps, un crime pénal dangereux est clairement en préparation, et l’on ne peut pas hésiter, exposant des gens à un danger mortel.

Dans le cas-là, les services spéciaux procèdent à l'organisation des fuites dans la presse. Cela ne permet pas « magnifiquement » et théâtralement arrêter les criminels en flagrant délit, mais permet de prévenir une infraction pénale. Ce qui, à mon avis, s'est produit en République tchèque.

Mais, je suppose, la presse n’a pas très bien compris ou a compris trop littéralement le contre-espionnage tchèque, pensant qu'il avait en quelque sorte arrêté le courrier avec le ricin juste pendant son passage de la frontière nationale à l'aéroport. Il me semble que ce n'était pas tout à fait le cas. En effet, ces agents chimiques dangereux sont généralement transportés dans des conteneurs spéciaux hermétiquement fermés. Cela ne permet pas d'attraper des molécules volatiles du poison ou de les détecter à l'aide de capteurs sensoriels de piégeage.

De toute évidence, les agents de contre-espionnage tchèques ont surveillé non seulement le courrier du SVR ou du GRU à l'aéroport, mais toutes les Rézidentouras (antennes locales) des trois services spéciaux russes, tous les espions identifiés dits « légaux ». Ils sont généralement bien connus. Il n'y a tout simplement pas suffisamment de données spécifiques pour les attraper en flagrant délit pendant les opérations d'espionnage.

La fuite s'est produite trois semaines après la livraison potentielle de substances chimiques de la Russie à la République tchèque. Cela signifie qu'il est facile de calculer que les agents de contre-espionnage tchèque ont suivi des espions criminels russes pendant un certain temps, ont tout révélé et ont décidé de mettre en œuvre la fuite afin de ne pas prendre le risque de danger mortel pour la vie des futures victimes d'empoisonnement, comme dans l'histoire avec les Skripals il y a deux ans.

A l’heure actuelle, il y a une lutte avec la pandémie du Covid-19, et le niveau des transports a fortement chuté. Tous les mouvements dans le monde et en République tchèque sont plus faciles à établir et à identifier. En revanche, les espions de Poutine, de leur côté, ne peuvent pas réduire le niveau de leurs activités - le Kremlin exige d’eux de travailler constamment et fournir des résultats concrets. En outre, il est possible qu’à Moscou on ait considéré que dans cette situation compliquée où les gouvernements et les services spéciaux ennemis étaient trop occupés par les énormes problèmes médicaux et autres, ils auraient moins de moyens et d’effectifs pour combattre les espions russes. D’où un niveau d'activité plus élevé des services russes mais également un niveau plus élevé de leurs fautes et d’échecs.

Soit dit en passant, on peut supposer que non seulement les espions, mais aussi les organisations terroristes, les trafiquants de drogue et d'armes clandestins ont intensifiés leurs activités criminelles.

La nouvelle histoire scandaleuse en Tchéquie a aussi un fond clairement et ouvertement politique. Les exécutions politiques publiques (de Léon Trotski, Guéorgi Markov, Stépan Bandera, Anna Politkovskaya, Youri Schekhotchikhine, Boris Nemtsov, Alexandre Litvinenko, Sergueï et Youlia Skripal, et bien d'autres) diffèrent des représailles secrètes des services spéciaux.

Les développeurs de poisons du laboratoire spécial de l'OGPU-NKVD-MGB sous la direction du Professeur Grigori Maïranovsky se sont fixé pour tâche opérationnelle l'impossibilité de leur détection par des examens toxicologiques - parce que le véritable espionnage professionnel ne supporte pas le battage médiatique et la publicité, les enquêtes publiques journalistiques et juridiques. La jeune république soviétique, qui s'est battue pour une reconnaissance internationale, voulait au début avoir une bonne réputation. Le Parti communiste, qui à l'époque se faisait encore passer pour le plus honnête et le plus équitable du monde, ne pouvait pas ternir ouvertement son honneur et les bannières de la révolution mondiale par des empoisonnements et des meurtres publics. Puis, de ses propres mains (OGPU-NKVD-NKGB-MGB), Staline a détruit ou emprisonné dans le GOULAG tous les vrais révolutionnaires idéalistes. Et il s'appuyait sur sa dictature et l'activité criminelle des services spéciaux.

Par conséquent, le régime stalinien et celui de Poutine, qui se considère comme son successeur spirituel, dans leurs représailles publiques ne se sont jamais imposés aucune limite éthique ou morale. Au contraire, plus le battage médiatique est scandaleux autour de ces exécutions, mieux c'est pour les régimes de Staline et de Poutine.

Que ce soit vrai ou faux, la nouvelle histoire de Prague a déjà joué son rôle de propagande, utile à Poutine, malgré toute la publicité scandaleuse et les conséquences négatives apparemment évidentes pour la réputation internationale de Poutine. Le fait est que Poutine n'a aucun problème avec une réputation internationale ternie - il ne se soucie pas de sa propre réputation, de la réputation du pays et de son régime à l'extérieur du pays.

Depuis les attentats à la bombe contre des maisons paisibles en 1999 pour augmenter la cote de popularité du tchékiste alors inconnu. Depuis le cas d’Alexandre Litvinenko, qui a exposé la participation de Poutine, Patrouchev et le FSB dans ces explosions, et l'a payé de sa vie. De plus, on lui a fait payé ça précisément de telle manière abominable pour que tout le monde comprenne immédiatement qu'on lui réglait son compte publiquement et de façon sophistiquée. Parce que le « politicien » Poutine s'appuyait déjà à cette époque là non pas sur des personnes décentes, éduquées et intelligentes, mais sur la plèbe, sur des « scumbags », sur un troupeau de moutons qui se foutent de l'illégalité et de la fraude, des violations de la constitution et des droits de l'homme.

Sinon, il n'y aurait pas eu de député Lougovoï soupçonné de meurtre et protégé pendant 14 ans par l'immunité parlementaire de Poutine. Un député du Parlement de Poutine et un tueur publiquement soupçonné était la meilleure publicité pour le « frère coriace » de Poutine dans un pays malade. Le héros de la Russie du GRU et un tueur potentiel des Skripal était une excellente publicité pour le « scumbag » de Poutine à l'intérieur d'un pays schizophrène et cynique. Poutine est très satisfait d'une telle réputation. D'où l'affaire des Skripal à la veille de l'élection présidentielle de 2018 afin d'augmenter la cote de popularité de Poutine, alors en baisse. Cela a parfaitement fonctionné à l'intérieur du pays, bien que provoquant des pertes morales à la réputation internationale de la Russie.

Ce nouveau scandale en République tchèque - lire les commentaires assoiffées de sang sur les forums des réseaux sociaux russes « Odnoklassniki » ou « VKontakte » - a provoqué déjà une très forte réaction d'approbation à la veille de la fête folle de la « Victoire » de mai prochain et face à d'éventuelles critiques des erreurs et des lacunes de Poutine dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 en Russie. Trois dirigeants de la ville de Prague sont contraints de se cacher d’empoisonneurs et de meurtriers potentiels, et la plèbe russe, indignée par la démolition des monuments soviétiques, se réjouit en exigeant du sang.

Le transporteur du poison ou l'empoisonneur direct est-il censé être un diplomate russe protégé par la Convention de Vienne? Et alors? Sous le couvert de toutes les ambassades russes du monde entier, sous la protection de la Convention de Vienne, il y a de vils espions dits « légaux », c'est-à-dire bien connus de tous, dans les antennes locales (Rézidentouras) du SVR et du GRU.

Le ministère russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le porte-parole du Kremlin Dmitry Peskov nieront bien sûr tout et vous accuseront, vous et moi, de diffusion de fausses nouvelles, de fake-news. Comme ils l'ont déjà fait après mon interview avec la télévision suisse en septembre 2019. Mais de telles protestations et tentatives de discréditer moralement les experts se retournent généralement contre eux-mêmes. Dans mon cas, cela a même pris un caractère anecdotique lorsque les allégations du ministère russe des Affaires étrangères, qui remettaient en question mes opinions d'experts et me nier l’appartenance au corps des officiers supérieurs, ont été réfutées par écrit par le commissaire militaire de la ville de Moscou, qui m'a effectivement informé de la promotion au grade de colonel de réserve avec le transfert au deuxième niveau (le plus élevé) et prolongeant mon service dans la réserve jusqu'à l'âge de 65 ans !

Hélas, sous la couverture des ambassades des quatre autres des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies (États-Unis, Royaume-Uni, France et Chine), les mêmes criminels et espions se cachent. Et les sièges de l'ONU à New York ou à Genève sont de vrais nids d'espionnage « légaux » connus de tous.

Autrefois, à la veille de la révolution 1917, les idéalistes parmi les sociaux-démocrates avaient promis d'interdire toute les polices secrètes, de publier et de dénoncer tous les traités et protocoles secrets de l'empire. Mais immédiatement après la prise du pouvoir, ils ont créé la Tchéka (Commission extraordinaire de la lutte avec la contre-révolution) et les camps de concentration, dans lesquels ils sont eux-mêmes morts plus tard.

Hélas, l'espionnage est pratiqué à l'échelle mondiale par tous les grands acteurs contre tous. Nous l'avons déjà vu avec l'infiltration Internet par les espions russes aux États-Unis. Poutine est intervenu activement et directement dans les élections démocratiques aux États-Unis et en France. Poutine n'a pas peur de se mouiller dans les affaires de sang. C'est bien dans son style de bandits de grand chemin : il a immédiatement donné un ton criminel avec son célèbre « On va vous buter dans les chiottes » au début de son ascension au trône.

Et la petite République tchèque a peu de chances de réussir à convaincre les principaux pays du monde de mettre en place un front uni contre les empiétements criminels des espions de Poutine, car tous les pays du G7 disposent des mêmes services d'espionnage actifs et criminels. Tous les grands joueurs sur la scène mondiale sont mouillés jusqu’au cou dans les sales histoires d’espionnage. Et personne n'a la propreté morale adéquate pour donner les leçons d'éthique et de morale au criminel Poutine.

Sergueï Jirnov, colonel de réserve du deuxième niveau, ancien officier supérieur de la Direction « S » de la Première DG du KGB de l'URSS et du Service des renseignements extérieurs de la Fédération de Russie, réfugié politique en France depuis 2001.

Paris, le 1er mai 2020.


Since 15/11/2015

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