Les Losers! > Unleash the heat [6/7] > Paarth ouane

Jan 29, 2012 13:23

Rhâ, j'ai oublié de poster vendredi dernier ! *headdesk*

Anthologie: Unleash the heat
Titre: Paarth ouane
Auteurs: drakys & supaidachan
Fandom: Original > Les nouvelles aventures des Losers !
Personnages: Les Losers !
Rating: PG
Nombre de mots : ~4350 mots
Disclaimer: ironie & bas blancs (drakys & supaidachan)
Notes: Tout est ici. Posté pour flo-nelja dans le cadre d'ecrirepouraider.
Vague avertissement: le "nain" est écrit en grosse déformation du québécois "pur laine" et les dialogues sont vérifiés et approuvés par supaidachan parce que mon québécois est, paraît-il beaucoup trop "français international" pour sonner juste.


"Ow !", Pidgeonboy se couvrit la tête des mains, les larmes aux yeux. "Qu'est-ce qu'on vient de me lancer !? Ça va devenir une habitude de m'envoyer des trucs par la tête ou quoi ?"

Suspicieux, il jeta un coup d'oeil vers l'elfe. Un examen rapide lui confirma qu'elle portait toujours ses deux bottes et que, pour une fois, son visage ne trahissait pas son parfait bonheur de l'avoir atteint. ...C'était possible que, depuis le temps, Spider-chan avait appris à garder une botte à lancer dans son sac et à ne plus autant laisser transparaître sa joie de le frapper, mais le voleur décida de lui accorder le bénéfice du doute. Il était après tout un leader plein de bonne foi, même si les autres avaient eu le culot de lui souligner en riant beaucoup que le plus proche qu'il s'en rapprochait, c'était d'avoir un foie.

"Owww !", grinça-t-il quand il fut atteint par autre chose. "Non mais, c'est quoi-"

Il s'interrompit en réalisant que le nouveau projectile était en fait un énorme pigeon qui lui était tombé sur la tête. Avec des réflexes surprenants, il rattrapa l'oiseau avant qu'il dégringole par terre. La poitrine du pauvre pigeon se soulevait et s'abaissait à une vitesse dangereuse. Pidgeonboy l'examina et haussa un sourcil.

"C'est un pigeon de la messagerie express, mais... je ne vois pas le message.

- C'est peut-être ça qui t'a presque assommé", sourit Esoj. "Un petit bout de parchemin roulé, c'est vrai que c'est terriblement lourd.

- Ce n'était pas ça du tout ! C'est plutôt comme-

- Une roche", compléta Silent Pascal en se penchant pour la ramasser.

"Oui ! Et c'est elle !", le voleur pointa la roche coupable de l'avoir percuté.

"...C'est pour moi", annonça le demi-elfe après avoir examiné la roche grosse comme son poing.

"Comment tu sais ça ? C'est écrit en n-", Pidgeonboy se mordit la langue pour ne pas continuer.

En voyant les regards amusés braqués sur lui, il roula des yeux.

"Oui, bon d'accord, ça va ! Je sais ! J'ai encore oublié qu'il a été élevé par des nains !

- ...Personne n'a rien dit", fit remarquer Esoj.

"Parce qu'après tout, tu es toujours excellent pour te ridiculiser toi-même !", sourit Carpet-Vale.

Dans une grande démonstration de maturité, Pidgeonboy lui tira la langue.

"Qu'est-ce que ça dit, cette pierre ?", demanda Esoj.

"Rentah mèzon benvitt, cé le tournoua annu-L, t'avah-tu oublié kaahliss."

Silent Pascal s'était contenté de lire le message, oubliant pendant une seconde que ce n'était pas donné à tout le monde de comprendre le nain. Il remarqua l'expression meurtrière de la druide (qui tolérait toujours très très bien d'ignorer quelque chose) et s'empressa de traduire en commun :

"...Ce qui veut dire qu'il faut que je rentre chez moi. Il y a... hm... quelque chose que je dois faire."

Il aurait pu être aussitôt interrogé par les autres et abruti de questions jusqu'à ce qu'il se trouve forcé de donner une explication plus claire. Sauf que les Losers ! perdaient rarement du temps à poser des questions. C'était plus facile de foncer dans le tas d'abord et de se demander ensuite pourquoi ils venaient de faire ça. Ils se mirent donc en route... Ou presque. Ils leur fallut bien suivre quelles étapes essentielles avant d'y parvenir :

1) Spider-chan piqua une crise monumentale. Elle fit grand cas d'énumérer les différentes raisons qui l'empêchaient de se rendre chez les nains, notamment qu'ils étaient petits, poilus et petits et qu'en plus, ils n'avaient même pas les oreilles pointues. Et ils étaient petits, est-ce qu'elle avait mentionné déjà à quel point ils étaient petits et avec des oreilles pas pointues !?

2) Pidgeonboy essaya de la convaincre avec des arguments de poids. Comme le fait que les elfes, sûrement, avaient leurs défauts aussi, ce qui ne les empêcheraient jamais d'aller les visiter. Sans surprise, ses efforts ne lui récoltèrent qu'un oeil au beurre noir.

3) Esoj prit les choses en mains en offrant gentiment de l'eau à l'elfe qui avait beaucoup hurlé. Spider-chan, trop énervée, ne soupçonna pas l'arnaque pourtant évidente et avala le somnifère.

4) Quand elle s'effondra enfin, Shmae Girl la jeta sur son épaule et ils purent enfin se mettre en route pour vrai vers les contrées lointaines où habitaient les Nordeux.

***

Silent Pascal soupira. Il y avait déjà cinq ans qu'il n'était pas rentré, s'il se fiait à la pierre de rappel pour le tournoi. Il ajusta ses sabres et prit une grande inspiration avant de faire face aux autres.

"Vous avez déjà séjourné chez les Nordeux ?", leur demanda-t-il.

"Qu'est-ce que tu en penses ?", siffla Spider-chan en croisant les bras. "Si ce n'était que de moi-

- Je n'irais pas chez les nains, je n'irais jamais chez les nains, les nains sont petits et ils n'ont même pas la décence d'avoir les oreilles pointues !", complétèrent les autres en choeur, par automatisme.

L'elfe se renfrogna.

"Ça ne fait pas tant de fois que je dis ça !

- Je dois avouer qu'après la trois cent ou la quatre centième fois, j'ai arrêté de compter...", soupira Esoj. "Dis-moi, tu penses pouvoir être civile pendant quelques jours ? Parce que si tout ce qu'on va accomplir, c'est de créer un incident politique-

- Attends... Ça nous a déjà arrêté ce genre de considération ?", l'interrompit Carpet-Vale.

La druide y pensa et reconsidéra sa position.

"Bon point. Allons-y et espérons pour le mieux !"

D'un signe de la main, elle allait indiquer aux autres de la suivre, avant de se rappeler que le spécialiste de cette histoire-ci était plutôt Silent Pascal. Après s'être éclairci la gorge plutôt nerveusement, elle se tourna vers le demi-elfe.

"Je veux dire, hm, on te suit.

- Ce n'est pas loin, mon appartement est près de-

- Tu as un appartement ?", s'étonna Pidgeonboy.

Silent Pascal hocha la tête.

"Bien sûr, tous les nains en ont un.

- Mais tu es-"

Le demi-elfe le dévisagea, haussa très lentement un sourcil et sous-entendit discrètement que la prochaine remarque stupide allait être saluée par une solide claque. Le voleur réussit à lire entre les lignes et ne continua pas. Ils grimpèrent deux séries de marches aménagées à l'extérieur de la montagne, jusqu'à une petite porte qui paraissait toute simple. Un énorme marteau de guerre y était gravé et en couvrait presque toute la surface. S'arrêtant devant, Silent Pascal s'accroupit et commença à fouiller dans son paquetage.

"...Où j'ai bien pu fourrer mon passe universel ?

- Ton quoi ?

- Mes clés", précisa le demi-elfe en vérifiant le contenu de ses chaussettes roulées.

"Il n'y a pas de gardes ?", demanda Spider-chan avec une expression dédaigneuse.

Silent Pascal étouffa un petit rire et elle demanda aussitôt :

"Quoi !?

- Personne n'attaque les Nordeux ! Cette porte est impénétrable ! Sauf si on a un passe universel, bien sûr", se hâta d'ajouter le demi-elfe en voyant Spider-chan ouvrir la bouche pour critiquer. "Le nôtre est encore plus complexe que celui des Ouestants. Bien sûr, on est loin des systèmes de sécurité des Sudistes, mais ça fait très bien l'affaire.

- Et c'est la seule raison pour expliquer pourquoi personne ne vous attaque ?", siffla l'elfe.

"Oh, c'est aussi parce que c'est la seule porte pour entrer dans le complexe Nordeux", ajouta Silent Pascal.

Les Losers ! échangèrent des regards.

"...Quoi, pour de vrai ? Il n'y a qu'une seule porte dans touuuute cette énorme montagne ?", demanda Shmae Girl.

Pour appuyer son point, elle leva le regard et risqua vite de se casser le cou en tentant d'apercevoir le sommet de la montagne. Elle faillit tomber sur le dos en voulant pencher encore plus la tête en arrière. Spider-chan la rattrapa en roulant des yeux.

"Une porte principale, ouais", le demi-elfe hocha la tête. "Bien sûr, il y a un certain nombre d'entrées secrètes. Chaque clan à les siennes et en garde jalousement le secret, en plus de se charger de les défendre en cas d'attaque."

Silent Pascal retrouva finalement son passe universel coincé dans une pile de recettes pliées avec soin. Il se releva et l'inséra dans une mince fente taillée dans le roc. Une roche passa de sa texture naturelle à un vert lumineux et avec un déclic et un couinement d'air compressé, la porte glissa vers le haut pour les laisser passer. Le demi-elfe reprit son passe et les invita à le suivre.

"Attention à la tête, la porte est un peu basse", avertit-il, une fraction de seconde à peine avant que Pidgeonboy se pète le front.

"Owwwww !", couina le voleur en se massant la tête.

Il grimaça, mais eut la décence de ne pas trop se plaindre, sachant très bien que les autres ne le prendraient pas en pitié. Ils suivirent Silent Pascal toute la longueur d'un interminable corridor bas, étroit et à peine éclairé. Spider-chan grinça des dents.

"Génial, on va être tous pris dans un trou de la taille d-"

Elle se mordit la langue pour ne pas continuer. Le couloir venait de déboucher dans un énormissime hall énormissimement énormément énorme. L'elfe écarquilla les yeux, surprise par la taille démesurée et surtout, par la beauté délicate de ce hall.

De chaque côté d'une place centrale qui s'étendait à perte de vue, des milliers de colonnes géantes et ouvragées avec un soin proche de la maladie mentale soutenaient des étages et des étages qui s'empilaient pour se perdre en hauteur, laissant à l'imagination de celui ou de celle qui regardait vers le haut d'imaginer à quoi pouvait bien ressembler l'hypothétique plafond de la caverne. L'ensemble faillit faire suffoquer Spider-chan tellement le brio avec lequel était ouvragé les colonnes donnait une impression de légèreté. Les motifs d'arbre, malgré leur immobilité complète, lui filèrent une horrible impression de nostalgie pour sa forêt natale.

Silent Pascal désigna une étrange petite pièce carrée sur leur droite, dans laquelle ils entrèrent.

"Comme j'essayais de le dire plus tôt, mon appartement est près de l'entrée. Il est au dix-huitième étage.

- On va devoir grimper dix-huit étages à pied !?"

Le visage du voleur exprima un mélange d'incrédulité et d'essoufflement anticipé. Une expression de sa composition et généralement passe-partout, qu'il utilisait pour exprimer une grande variété de mélanges d'émotions, comme l'horreur et une envie pressante alors que les toilettes étaient loin ou encore la panique et l'espoir ténu qu'on ne lui fasse pas faire quelque chose de dégoûtant et/ou humiliant et/ou stupide.

"Bien sûr que non."

Le demi-elfe étira le bras et appuya sur un bouton dans un panneau près de la porte. Elle se referma lentement et après une secousse discrète, la pièce se mit à bouger tout en douceur.

"Arghhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !", se mit aussitôt à hurler le voleur. "On va tous-"

La claque le calma.

"Merci, j'avais besoin de ça", Pidgeonboy se massa la joue, essayant avec une certaine subtilité de vérifier si Spider-chan ne venait pas de lui décrocher la mâchoire.

"Pas de problème", l'elfe s'appuya contre le mur du fond et croisa les bras. "Si tu en veux une autre, n'hésite pas.

- Comment on fait pour monter sans vraiment bouger ?", demanda Shmae Girl en regardant vers le haut.

"Oh, c'est de la technologie Sudiste", expliqua Silent Pascal. "Drôle d'histoire. Il y a assez longtemps de ça, un de leurs inventeurs les plus ingénieux...", il fronça les sourcils. "Bizarre comme son nom m'échappe, je l'ai sur le bout de la langue pourtant, hm... Enfin bref, il a épousé une Nordeuse et s'est installé ici avec elle. Il a développé pour nous tout un tas de machines dans le genre de celle-ci, prétextant que nous étions gravement en retard sur les avancements technologiques. Personnellement, je crois que c'était plutôt parce qu'il était incapable d'arrêter d'inventer des trucs.

- Ou peut-être qu'il n'aimait pas les escaliers !", suggéra Shmae Girl.

La petite pièce carrée s'immobilisa avec un Ding ! et aussitôt, la guerrière rigola :

"Hiii ! Ça chatouille dans le ventre quand ça s'arrête !"

Silent Pascal les précéda à l'extérieur et les guida jusqu'à une autre porte. Une autre utilisation de passe universel plus tard, elle s'ouvrit et ils purent entrer, le hall d'entrée de l'appartement passant aussitôt d'obscur à clair

"C'est éclairé comment ?", demanda Carpet-Vale, curieuse (et un tout petit peu déçue de ne pas être désignée pour allumer les torches d'une boule de feu bien placée).

"Par des cristaux magiques", Silent Pascal en pointa un incrusté dans le mur. "Ils s'allument et se ferment dès que quelqu'un entre ou sort d'une pièce.

- Vraiment ? Alors vous avez des mages pour qu'ils soient constamment chargés ?", voulut savoir Esoj. "Je connais une librairie qui utilise le même principe pour éclairer ses salles. La majorité des employés sont des mages de bas niveau, alors il y a toujours quelqu'un sur place pour s'assurer que les cristaux restent chargés en permanence. Il y a même une petite section sur eux dans le dictionnaire des magiciens.

- Ici, ils sont chargés par l'énergie géothermique sans que nous devions intervenir", le demi-elfe désigna une série de pierres colorées qui formaient une ligne à droite du cristal magique. "Cette jauge nous permet de voir le niveau d'énergie actuel contenu dans le cristal..."

Il fronça les sourcils.

"Il est plutôt bas, donnez-moi une seconde..."

Il s'accroupit près de l'âtre, ouvrit une trappe au sol et jeta un coup d'oeil dans l'obscurité.

"Ah ! Voilà", il tendit une main dans la trappe et parut ajuster quelque chose. "J'ai dû oublier de fermer la valve géothermique avant de quitter. Ce sera un de mes cousins qui est passé s'en occuper. Je n'utilise pas beaucoup d'énergie d'habitude, mais avec des invités, j'aime mieux m'assurer que le niveau est au maximum."

Il se releva et les invita à le suivre plus loin à l'intérieur de son appartement. Le hall d'entrée modeste déboucha sur une grande pièce carrée, entièrement dénuée de mobilier.

"Faites attention, les plafonds sont un peu bas", avertit Silent Pascal.

Pidgeonboy leva aussitôt la tête pour calculer le pourcentage de risque (tenait-il plus du 100% ou du 120 % ?) qu'il avait de se fracasser le crâne contre un stalactite mal placé. Il resta le cou courbé, à fixer le plafond d'un air ébahi.

"...C'est bas, ça ?", demanda-t-il, incertain.

Il avait peut-être mal compris. C'était déjà arrivé. Souvent.

"Ils ont seulement trois mètres de haut. Dans certains quartiers, le standard en construction est plutôt de cinq.

- Pour des nains ?", insista le voleur. "Est-ce qu'ils-

- Non, on ne compense pas pour autre chose", Silent Pascal roula des yeux. "C'est pour assurer une bonne valeur de revente. Si jamais on change de montagne, on peut toujours vendre ou louer à d'autres races.

- C'est plutôt spartiate", Carpet-Vale fit la moue en examinant la pièce. "On va se piler sur les pieds et puis, on va devoir dormir où ? Sur le plancher ?"

Silent Pascal sourit.

"Ne t'inquiètes pas pour ça ! Il n'y a rien ici parce que je me sers en général de la salle commune pour m'entraîner", il marcha vers le mur du fond et plaqua sa main contre un carré plus foncé que le reste de la surface. "Les chambres sont par là, chacune à sa salle de bain privée. Mon appartement n'est pas très grand, on devra faire avec seulement trois chambres."

Dans son dos, Esoj répéta Pas très grand !? ; Carpet-Vale fit la moue, répétant plutôt Humpf, seulement trois chambres. Un pan de mur glissa sur le côté, révélant un passage. Le demi-elfe tira sur le bord du carré qui servait de panneau de contrôle, révélant une série de marques verticales. Il appuya sur certaines des marques en séquence.

"Je vais laisser les passages activés, ce sera plus simple", annonça-t-il avant de marcher vers un autre carré foncé et de répéter la manoeuvre. "Là-bas, vous avez la cuisine et la salle à manger. Oh, et si vous voulez visiter un des spas, il y en a un à chaque dizaine d'étages. Si vous mentionnez que vous êtes des invités de Esspi des Kanayens, les frais seront chargés à mon compte. Il y a aussi des boutiques à chaque étage. Je ne les connais pas toutes, mais n'importe quel nain que vous croiserez sera heureux de vous informer."

Dans un geste lent comme dans un rêve, Carpet-Vale se pinça l'avant-bras, soudain prise d'un doute. Elle était peut-être morte sans s'en apercevoir et venait de débarquer dans un paradis taillé sur mesure pour elle, fait de séances au spa et de magasinage intensif. C'était tellement beau qu'elle ne se soucia même pas que la seule ombre au tableau était le fait que les hommes qui peuplaient ce paradis sur terre risquaient tous d'être petits et barbus.

***

Après quelques explications rapides sur l'utilisation des différents items essentiels de son appartement, Silent Pascal fit le nécessaire pour qu'un repas leur soit livré. Autour de la table, personne ne pensa à lui poser de questions. Se remplir l'estomac était devenu leur première priorité. Ils avaient bien le temps d'en trouver une deuxième plus tard, probablement quand elle leur tomberait sur la tête en les menaçant de mort.

"C'est vraiment trop bon !", s'extasia Shmae Girl en se resservant pour la quatrième fois. "C'est quoi ?

- Du rat", répondit Silent Pascal avec un sourire en coin.

Un silence de mort se fit immédiatement (sauf pour les bruits de mastication de la guerrière, que la révélation ne dérangeait pas) et le demi-elfe s'amusa des expressions soudain verdâtres des autres. Pas si cruel que ça, il avoua :

"Désolé, c'était trop facile ! C'est un substitut de viande en fait, beaucoup de notre cuisine est végétarienne. Il n'y a quasi que les Ouestants qui restent de grands consommateurs de rat d'élevage."

Laissant ensuite les autres libres de s'installer ou d'explorer les environs, Silent Pascal sortit sous prétexte de "devoir régler quelques affaires personnelles". Il se rendit à l'appartement du chef du clan des Kanayens et glissa son passe universel dans la fente près de la porte. Un témoin lumineux passa au jaune et il attendit qu'on lui ouvre.

Dès son ouverture, une forme se jeta contre ses genoux et le serra dans ses bras avec assez de force pour menacer de lui faire sauter les rotules.

"Mon Esspi !", couina sa tante. "Mon petit Esspi !"

Elle le relâcha et essuya une petite larme de bonheur au coin d'un oeil avec le bout de sa barbe soyeuse et tressée avec soin. Silent Pascal constata que ses longs cheveux remontés en chignon serré et sa barbe foncée avaient gagné quelques fils blancs. Reculant de quelques pas, elle le regarda de la tête aux pieds, puis des pieds à la tête et posa les poings sur ses hanches en fronçant les sourcils.

"Mais tu es tout maigre ! Regarde-moi ça, hmpf ! Tu es à peine gras comme un cure-dent, mon pauvre petit bout de quartz !

- Allez, Jahvaa ! Laisse-le donc entrer avant de penser à l'engraisser !", appela une voix autoritaire depuis la salle commune.

La naine se retourna et les poings toujours sur ses hanches, cria en retour :

"Les nerfs Sicharpe, j'ai bien le droit de lui dire deux mots avant que tu l'accapares !

- Reste que tes deux mots, tu peux bien les lui dire dans le confort de notre appartement."

Jahvaa roula des yeux et d'un geste de la main, invita son neveu à la suivre à l'intérieur. La porte se referma derrière eux et ils rejoignirent Sicharpe dans la salle commune. Son oncle se leva de son siège et pria ses invités - Silent Pascal reconnut les chefs des clans Kannux et Cénathors - de l'excuser un moment. Il abandonna la partie de Roches en cours et rejoint Silent Pascal, lui donnant une bonne claque sur la cuisse.

"Ohben eille, komenski va!

- Yhva papirh, yhva papirh...", lui assura Silent Pascal. "Pilôtre, yhva komen?

"Ben lôtre, yhva papirh ôssi!", répondit Sicharpe avec un sourire fier. "...Je suis content de constater que tu ne perds pas ta vraie langue à force de voyager", il secoua la tête. "Les jeunes ne sont plus ce qu'ils étaient, ils adoptent le commun et veulent tous quitter notre montagne.

- Et c'est toi qui me dit ça !", le demi-elfe sourit. "...Tu peux me rappeler, s'il te plaît, qui détient le record d'avoir quitté la montagne le plus jeune ?"

Son oncle changea de couleur et Jahvaa éclata de rire.

"Oooh~ Touché !

- Oui, bon", grommela Sicharpe avec un geste vague de la main pour écarter le sujet. "Viens te joindre à nous, Esspi. Nous discutions du Tournoi.

- Ha ! Bien sûr !", Jahvaa s'amusa d'une déclaration pareille. "Vos talents d'organisateurs sont vraiment mis au défi entre le thé et les jeux de table !"

Sicharpe roula des yeux et invita son neveu à prendre place à la table basse. Le demi-elfe s'installa en tailleur par terre, saluant les autres chefs de clan. Jahvaa s'empressa de lui servir un tasse d'une mixture épaisse et odorante, du dehbug, le thé local. Silent Pascal en prit une gorgée, savourant le goût prononcé du breuvage. Chez les moins habitués, c'est-à-dire n'importe quel non-Nordeux, le dehbug donnait l'impression d'avoir avalé du décapant.

Le chef des Kannux, Lisaac, était un rouquin à l'expression rieuse. Le chef des Cénathors, Forhtran, arborait une tête aux cheveux sauvages, blonds presque blancs, et une expression constamment contrariée. Les trois nains portaient comme la majorité des Nordeux leur barbe courte et entretenue avec un soin maladif. Lisaac, le plus jeune des trois, portait la sienne la plus longue, avec une tresse courte de chaque côté de son menton, chacune mêlée de perles en onyx.

"Tu es prêt ?", lui demanda Lisaac. "Les derniers préparatifs vont bon train, on avait peur que tu n'arrives pas à temps.

- Ouais", grogna Forhtran en réarrangeant les pièces de Roches pour une partie à quatre. "Ça aurait été de mauvais augure de changer d'arbitre au dernier moment.

- Oh, tu exagères ! Tu vois toujours des catastrophes partout !", Lisaac roula des yeux. "Il y a eu bien des Tournois avant que le petit soit en âge d'arbitrer !

- Hm", fit Forhtran en fronçant un peu plus les sourcils. "N'oublie par que le dernier s'est terminé en guerre civile.

- C'était la faute des Brwouinns !", s'emporta aussitôt Sicharpe.

"C'est toujours la faute des Brwouinns, à t'écouter", sourit Lisaac, amusé de la rivalité immémoriale entre les Kanayens et les Brwouinns.

À la plus grande fierté de son oncle, Silent Pascal commenta :

"...S'ils n'étaient pas aussi insupportables depuis qu'ils ont gagné ce Tournoi, aussi."

Avant que le demi-elfe et son oncle commencent à s'enthousiasmer sur les nombreux défauts des Brwouinns, conversation qui pouvait prendre deux ou trois jours complets, un carillon résonna doucement dans l'appartement, le son semblable à une série de délicats coups d'un petit marteau sur une enclume particulièrement musicale. Jahvaa leva une main en voyant Silent Pascal esquisser un geste pour se lever.

"Ne te dérange pas, mon petit bout de quartz ! Je vais tout de suite voir qui c'est !"

La porte s'ouvrit et se referma et Jahvaa revint au pas de course dans la salle commune.

"Mon petit Esspi ! Vite !", s'exclama-t-elle. "Tu dois te présenter immédiatement au poste de police de l'étage 15, section A-

- Qu'est-ce qui s'est passé ?", soupira Silent Pascal.

"Je ne sais pas trop, le messager parle de possible outrage public à la pudeur...", Jahvaa tira nerveusement sur sa barbe. "C'est à cause d'un ou une de tes invités. C'est si difficile de différencier entre les humains, tu sais bien, vu leur pilosité inadéquate ! Les policiers demandent ton aide pour mieux comprendre la situation !"

Silent Pascal s'empressa de sortir, présentant des excuses rapides aux chefs de clans pour son départ précipité. Il rejoignit le poste de police, certain d'y trouver Shmae Girl sous bonne garde pour un acte stupide ou violent ou peut-être plus précisément, un acte stupide et violent. Il resta surpris en voyant plutôt Pidgeonboy.

"Désolé !", s'empressa de s'excuser le voleur. "J'ai juste essayé d'entrer dans les toilettes publiques ! Ce n'est pas ma faute ! Les portes sont super mal identifiées !"

Le demi-elfe haussa un sourcil. Le nain en service qui remplissait le constat d'infraction fronça son sourcil et secoua la tête.

"C'est ce que cette personne répète-

- Je vous dit que je suis un humain !", interrompit Pidgeonboy.

"N'empirez pas votre cas, personne d'une autre race ! Vous avez causé un très désagréable moment de panique !"

Silent Pascal soupira, comprenant aussitôt le problème.

"Tu as essayé d'entrer dans la toilette des naines.

- Comment je pouvais savoir !?

- Elles sont identifiées très clairement.

- Non ! C'est deux portes côte à côte, avec de petits dessins de nains ! Qui sont identiques !

- La barbe des nains est plus courte et leur kilt est long. La barbe des naines se porte longue et leur jupe est plus courte."

Pidgeonboy le dévisagea. Le policier dévisagea Pidgeonboy. Silent Pascal dévisagea le policier. Le demi-elfe parla le premier :

"...Comme il s'agit d'une première offense, vous pourriez peut-être lui donnez un simple avertissement et je vous promets", ajouta-t-il à la hâte, "que je vais apprendre à mes invités à bien différencier les signes peints sur toilettes publiques !"

(28 décembre 2011)

univers : les losers!

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