Les Losers! > Unleash the heat [5/7] > Go go Magic Losers !

Jan 23, 2012 18:44

Anthologie: Unleash the heat
Titre: Go go Magic Losers !
Auteurs: drakys & supaidachan
Fandom: Original > Les nouvelles aventures des Losers !
Personnages: Les Losers !
Rating: PG
Nombre de mots : ~4250 mots
Disclaimer: ironie & bas blancs (drakys & supaidachan)
Notes: Tout est ici. Posté pour flo-nelja dans le cadre d'ecrirepouraider. Pour la petite histoire : la première version de cette fic a été écrite avant que je commence à suivre les séries de sentai, que supaidachan aimait déjà. Absolument toutes les idées et les détails qui parodient le genre à fond sont de sup', ma seule contribution à cette fic, c'est d'avoir aligné les mots.


L'édition hebdomadaire du Babillard Express venait d'arriver par pigeon et les Losers !, par manque d'argent plutôt que par réel intérêt (une situation plutôt commune), la consultait avidement.

"Exterminer des rats ? Peuh !", Carpet-Vale leva le nez. "C'est sans aucun doute une histoire qui cache des créatures mutantes ! Et puis, pas question qu'on rampe dans les égoûts, je porte une jupe neuve !

- Tu portes toujours une jupe neuve", fit remarquer Spider-chan.

"Bien sûr. Comment je pourrais me servir de ça comme excuse, sinon ?

- Sa technique est superficielle, mais elle a le net avantage de pouvoir toujours nous procurer un peu d'argent de poche en cas de besoin", fit remarquer Esoj.

Carpet-Vale fit la moue.

"Seulement parce que vous me forcez à revendre toutes mes belles jupes usagées...

- Jupes usagées, n'exagère pas. Ça frôle toujours le miracle quand tu portes la même plus de deux fois !", s'indigna l'elfe.

"Et c'est encore heureux qu'on te force à les revendre, sinon tu devrais en transporter des centaines", la druide roula des yeux.

"Je devrais en transporter des centaines ? Voyons Esoj, qu'est-ce que tu racontes !", Carpet-Vale éclata de rire et s'adressa à Shmae Girl avec un sourire mielleux : "Tu me transporterais mon sac, hein, Shmae ? Tu es tellement gentille et extraordinaire !

- Ouiii !", s'enthousiasma la guerrière, pour qui les concepts d'exploitation et de flatterie ne voulaient rien dire.

"Hé !", siffla Spider-chan. "Elle n'est pas ta bête de somme !

- Oh pardon", le sourire de la magicienne adopta sa courbe hautaine la plus insultante. "J'oubliais que c'était la tienne !"

Les oreilles de l'elfe frémirent de rage et d'un coup de coude bien placé, Esoj poussa Shmae Girl entre les deux femmes, évitant de justesse une scène de meurtre.

"Protection village, équipement fourni, ça doit être quand même plutôt bien comme boulot…", suggéra nerveusement Pidgeonboy pour revenir au sujet de discussion de base. "Ça nous évitera de brûler, déchirer ou autrement détruire nos vêtements, n'est-ce pas ? Ça vaudrait peut-être la peine ?

- Ça dépend beaucoup de l'équipement qu'on nous prêtera", fit remarquer Spider-chan. "À tous les coups, c'est des trucs pourris encore imprégnés de l'odeur de la dernière personne qui les a portés. Très peu pour moi, la puanteur des courtes-oreilles !

- Ou alors, ce sera bien pire et on devra porter des fringues super moulantes", grimaça Silent Pascal.

"Ça serait mieux si ça disait repas fourni", soupira Shmae Girl qui entamait son traditionnel petit creux de post déjeuner.

"Ça ne peut certainement pas être pire que le dernier boulot que tu nous as trouvé !", siffla Carpet-Vale.

La pauvre avait encore l'impression que sa peau empestait la mort, malgré des bains répétés, l'abus d'huiles parfumées et des frais de masseurs. Pas que les massages avaient été d'une grande aide contre l'odeur, mais si on lui demandait (et personne n'avait l'intention de lui demander), les masseurs avait été essentiel pour son bien-être mental (et visuel).

"Tu sauras que retirer les cadavres d'animaux des routes, c'est un boulot avec un excellent salaire, en plus d'être le job idéal quand on est soucieux de la beauté de nos chemins ! ...Et puis, ce n'est pas trop dangereux", ajouta le voleur, toujours préoccupé par la nécessité de survivre le plus longtemps possible.

"Sauf pour toutes les maladies qu'on peut chopper au contact de ces bestioles crevées", grinça Spider-chan. "Qu'est-ce qu'elles font au milieu de la route de toute façon ? Elles attendent exprès de se faire frapper par la première charrette venue ?

"Au moins, j'en suggère des petits boulots !", se plaignit Pidgeonboy. "Ce n'est pas comme d'autres, qui se contentent de cri-"

Une main se referma sur sa ceinture et Silent Pascal le tira en arrière, lui faisant éviter de justesse la claque derrière la tête que l'elfe lui destinait. Avec un soupir découragé, il demanda :

"On pourrait peut-être éviter de s'entre-tuer le temps de trouver un boulot potable ?

- Pourquoi on doit absolument en trouver un ?", râla Carpet-Vale. "On ne pourrait pas plutôt séjourner dans un centre de villégiature, se payer une virée au spa ou un forfait manucure/pédicure chez une esthéticienne ?"

Réalisant que la majorité des regards s'étaient soudain dirigée vers elle (sauf celui de Shmae Girl que ces considérations monétaires affectaient très peu, leur budget commun dédiant toujours une somme suffisante à son seul besoin primaire : manger), elle fronça les sourcils et reconsidéra ce qu'elle venait de dire.

"...Ah oui, je vois le problème. Le boulot, c'est pour gagner l'argent qu'il faut pour payer tout le reste."

"C'est certain qu'avec une princesse et ses petits caprices parmi nous, c'est plus dur de trouver un boulot qui plaît à tous", commenta Silent Pascal en subtilisant le Babillard Express, pour que personne ne lui vole la recette du jour.

"Tu sais ce qu'elle te dit, la princesse !?", s'enflamma Carpet-Vale, tout de suite prête en à découdre à grand renfort de boules de feu, quitte à griller tout le monde dans la manœuvre.
Esoj parut une seconde tentée lui mettre une claque, mais transforma plutôt le geste pour pointer une direction.

"Le village en question est à peu près à deux heures de marche, on peut bien aller voir de quoi il s'agit."

Les autres échangèrent des regards dubitatifs (sauf Shmae Girl qui s'exclama : Ouais ! Allons-y ! On va gagner plein de XP !) et affichèrent des expressions peu enthousiastes (sauf Shmae Girl qui sautilla de trépidation à l'idée d'une nouvelle quête, débile ou pas, elle n'avait pas de préférence). La druide roula des yeux.

"Bien sûr, quand je dis à peu près deux heures de marche, c'est à peu près deux heures de marche si on part tout de suite. C'est certain que si on hésite, qu'on argumente, qu'on s'engueule et qu'on en vient aux coups comme d'habitude, ça risque de prendre beaucoup plus longtemps pour s'y rendre qu'à peu près deux heures !

- Ouais bon, alors, on va le voir, ce village à défendre ?", demanda Pidgeonboy.

Il leva la main, pensant encore vaguement qu'il y avait de l'espoir pour instaurer une belle démocratie amicale au sein de ses Losers ! Silent Pascal tira sur sa manche pour qu'il baisse son bras et arrête de se rendre ridicule. Carpet-Vale soupira.

"Oui, pourquoi pas ? Dans le pire des cas, on aura perdu à peu près deux heures de notre vie et c'est tout !"

À peu près deux heures de marche plus tard, ils arrivèrent au village qui demandait protection. Vu d'assez loin, il avait l'air en bon état : pas de maisons en feu, encore fumantes ou bien cramées, pas de gouffre géant creusé dans la place publique, pas même le moindre petit signe d'une occupation violente et sanglante par des méchants de service ou autres viles créatures laides et/ou puantes.

"Ils n'ont pas l'air d'être tellement dans le besoin, pour des gens qui appellent à l'aide…", avança prudemment Esoj, regardant à droite et à gauche avec circonspection.

Elle savait très bien que c'était généralement après ce genre de réplique que les choses s'envenimaient avant que quiconque puisse dire Merde, j'aurais dû la fermer. Bien sûr, puisque c'était la chose attendue, on leur fonça aussitôt dessus avec de grands cris.

Le côté positif, c'était que la charge s'arrêta avant de les percuter de plein fouet et que les cris, plutôt que de réclamer leur mort dans la violence et les tripes répandues d'un mur à l'autre, les saluaient plutôt pour leur noblesse et pour leur courage, ce qui était assez flatteur pour l’égo.

Tout ça enthousiasma les Losers ! pendant une bonne grosse fraction de seconde avant que l'odeur de l'arnaque commence à se faire sentir avec insistance. Les villageois se rapprochaient un peu trop d'eux, avec des sourires un rien trop artificiels. Ils allaient se faire avoir, c'était clair ! Pidgeonboy n'eut pas le temps de sonner la retraite avant que la situation parte en vrille.

"Vite, enfilez ça !", leur cria quelqu'un.

Et sans qu'on leur demande leur avis, on força à leur poignet des bracelets et on leur confia des bouts de parchemin avec gribouillés dessus ce qui ressemblait à des formules magiques.

"Maintenant, battez-vous !", leur ordonna-t-on.

Les Losers ! restèrent perplexes à cet ordre.

"…Quoi ?", tenta Pidgeonboy en vue d'obtenir une explication, en sa double qualité de leader et d'homme confus.

"Nous vous confions de grands pouvoirs, soyez responsables !

- Oui, bon d'accord, mais il faut se battre contre qui ?", s'informa le voleur.

"Contre les Cafaarnahoms !", clamèrent les villageois tous ensemble.

"...Les quoi ?", demanda Pidgeonboy, sentant sa jauge interne de confusion dépasser sa limite supérieure et donner des signes d'explosion imminente.

"Vite, vite, dites les formules magiques qui activeront les pouvoirs des bracelets !"

Pile sur cette déclaration, un bruit comme le tonnerre se fit entendre et une armée aux carapaces noires, polies au point de refléter le soleil, se déversa sur le village. Avec un certain niveau d'incertitude, Pidgeonboy examina son bout de parchemin et leva son poignet près de sa bouche.

"Par euh... par le pouvoir du Papaverceae ?"

Une lumière rouge monta du sol pour l'envelopper, remplaçant d'abord ses vêtements par un costume moulant entièrement rouge et mettant sur son visage un masque de la même couleur.

"Qu- C'est quoi ce délire !?", il prit une grande respiration. "...Et putain, on respire mal là-dedans !"

Shmae Girl hurla de rire, ce dont le voleur aurait pris ombrage si la fighter n'avait pas aussitôt levé son poignet pour crier :

"Par le pouvoir du Ruscaceae, je me transfoooooooooooooooorme !"

Avec plus ou moins les mêmes effets spéciaux, recyclés en blanc, elle se retrouva avec plus ou moins le même costume, plus une petite jupette. Pour faire plus féminin. Elle prit aussitôt une pose et, certainement inspirées par ces tentatives qui n'avaient encore tué personne, Carpet-Vale et Esoj se transformèrent à l'unisson.

"Par le pouvoir du Plantaginaceae !", lança Esoj, illuminée d'une lumière bleue.

"Par le pouvo~oir de l'Asteraceae~ !", chantonna Carpet-Vale, pour donner une petite touche plus personnelle à sa déclaration, outre le jaune particulier à son costume.

Comme à regret, le demi-elfe se résolut à les imiter, marmonnant d'abord Je savais qu'il allait y avoir des costumes moulants ! et murmurant ensuite assez discrètement dans son bracelet magique :

"Par le pouvoir du Solanaceae", sans point d'exclamation et avec une lumière plutôt faible.

"Par le-", commença Spider-chan à voix basse. "Par- Par le pouvoir- Je ne peux pas faire ça !", s'indigna-t-elle. "C'est humiliant et puis-

- Par le pouvoir du Rosaceae !", hurla Shmae Girl dans le bracelet de l'elfe, après lui avoir attrapé le poignet. "Tu te transfooooormes !"

Une lumière rose enveloppa l'elfe et la guerrière la força à lever le bras en l'air pour adopter la position de circonstance.

"Rose ? Rose !?", explosa Spider-chan, se faisant craquer les jointures avec un sourire mauvais. "Qu'ils arrivent, ces hommes-cafards ou je sais pas quoi, je me sens dans une forme rare, c'est le temps de buter quelqu'un !"

***

Les Cafaarnahoms se révélèrent de bien piètres adversaires. La plupart étaient vaincus avec une simple attaque bien gueulée, que ce soit un Les pétales virevoltants ! ou un Tempête d'aigrettes ! Silent Pascal réussit même à en éclater six à la fois en hurlant Twilight sleep ! à pleins poumons, avec un coup plutôt lamentable de sabre qui, en temps normal, n'aurait pas mis une fissure dans un tronc, humain ou pas.

Quand Spider-chan retira son épée courte du ventre d'un des monstres, répugnée par le liquide verdâtre qui tenait lieu de sang aux Cafaarnahoms, elle examina ses environs pour trouver sur quel autre insectoïde passer sa colère de devoir crier des Yamazakura !, des Yaezakura ! et des Shidarezakura ! pour arriver à produire une attaque valable. Les ennemis, bien que nombreux, avaient été vaincus dans un temps record.

"Où sont-", elle ne continua pas la question, plissant les yeux.

Des éclairs rouges et blancs filaient d'un côté à l'autre d'une bestiole géante qui ne pouvait être autre chose que le chef des autres. Aux grands cris enthousiastes de Corolle de feu ! et Charge des clochettes ! qui suivaient les mouvements rapides des combattants, l'elfe déduisit avec facilité que l'enthousiasme puéril de la guerrière avait affecté sans grande difficulté leur leader, lui-même déjà assez proche d'être débile, de toute façon.

À voir la vitesse ridicule et le gros manque de stratégie évident avec lesquels ils sautaient d'un côté à l'autre du Cafaarnahom plus massif que les autres en hurlant leurs attaques, Spider-chan réalisa qu'ils n'étaient pas près de le battre. La seule chose qu'ils pouvaient accomplir comme ça, pensa-t-elle, c'était d'avoir l'air encore plus ridicule. Apparemment, elle n'était pas la seule à être parvenue à cette conclusion parce que la druide se rapprocha et mentionna :

"On doit leur donner un coup de main.... Faire une attaque de groupe.

- On ne fait jamais d'attaques de groupe", souligna Carpet-Vale.

Leurs attaques de groupe consistaient surtout à se mettre l'un l'autre des bâtons dans les roues, histoire d'être le seul ou la seule qui ramasserait tous les points bonis donnés par chaque adversaire vaincu. Elles consistaient aussi à éviter les divers projectiles lancés par Pidgeonboy et qui atteignaient plus souvent ses alliés que ses ennemis.

"C'est certain qu'avec une folle incendiaire parmi nous, ce n'est pas nécessaire de faire d'attaques de groupe", grinça l'elfe. "À moins de vouloir être tué en même temps que nos adversaires."

Silent Pascal consulta le parchemin qu'il avait reçu.

"…Merde, vous avez lu le nom de l'attaque ?"

Trois parchemins furent déroulés immédiatement et des grimaces passèrent sur tous les visages. L'elfe serra le poing sur le sien, le froissant sans pitié dans une démonstration peu surprenante de rage.

***

"Nous sauverons ce village, vile créature !", cria Pidgeonboy, levant son masque pour essuyer la sueur sur son visage.

En plus d'empêcher de parler clairement, ces trucs étaient chauds !

"Ouais ! On va trop t'éclater la gueule !", renchérit Shmae Girl avec beaucoup moins de classe. "Feuilles aiguisées !", attaqua-t-elle, sautant d'un endroit à l'autre en ponctuant chacun de ses mouvements frénétiques d'une attaque. "Tige acérée ! Épines qui piquent ! Pédoncule terrifiant !"

Au milieu d'un saut, un bras la tira en arrière et après avoir fait à peu près de même avec le voleur, un petit échange rapide décida de la suite. Adoptant chacun une pose spécifique, les Losers ! firent de leurs voix une seule pour lancer l'attaque suprême :

"Photosynthèse de la Justice !"

Ils n'avaient pas tout à fait terminé de crier Justice que le gros Cafaarnahom explosait violemment dans une série de déflagrations sonores, envoyant de grands pans de chair visqueuse, de morceaux de carapace et d'entrailles en vrac voler dans toutes les directions et provoquant une volée de Ewwww ! d'intensité variable. Dans une espèce de transe inexplicable, les Losers ! se placèrent en ligne droite devant le carnage.

Ils encadrèrent Pidgeonboy et adoptèrent des poses diverses, mais définitivement classes, se plaçant à leur avantage devant la soudaine série d'explosions colorées. Derrière eux, le calme retomba en même temps que les dernières retailles de Cafaarnahom explosé et un long moment de silence plus tard.

Esoj brisa la première l'enchantement et fit la déclaration qui s'imposait :

"Bon, alors qui d'autre pense que tout ça ne fait pas de sens ?"

Personne n'eut le temps de lui répondre, parce que des bouts épars et gluants du Cafaarnahom géant se formaient rapidement un nouvel ennemi. Qui, bizarrement, était beaucoup trop immense et beaucoup trop humanoïde pour la taille initiale de la grosse bête. Avec une voix rauque, il rit et déclara ses intentions diaboliques :

"HA HA HA HUMAINS MOURREZ

- …Où est sa ponctuation, à celui-là ?", grommela Esoj avec humeur.

"Jamais !", tonnèrent Pidgeonboy et Shmae Girl ensemble, en profitant pour poser honteusement en croisant leurs armes.

Spider-chan leva les yeux au ciel, implorant les dieux d'avoir la pitié de l'achever avant que son niveau de honte le fasse.

"Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?", demanda Silent Pascal, trouvant qu'améliorés ou pas par la magie du bracelet, ses sabres n'allaient pas pouvoir faire grand-chose contre un adversaire de cette taille.

Esoj examina les réglages de son bracelet.

"Il y a un mode coopération sur ce truc…", elle tourna la roulette et dans un flash de lumière, elle se retrouva dans une jambe géante.

Les autres fixèrent cette nouvelle incohérence sans même cligner des yeux. Ils en avaient vu d'autres. Avec des haussements d'épaule, des soupirs ou une simple expression de découragement, ils activèrent chacun leur tour le mode coopération de leur bracelet. Bientôt, une armure géante se tenait devant le gros cafard qui menaçait assez mollement l'endroit, prête à lui mettre une raclée. Esoj leva le nez du manuel d'instructions qu'elle venait de trouver dans le coffre à gants.

"Il faudrait que Shmae-Girl active elle aussi le mode coopération, c'est elle qui doit devenir notre épée.

- Alors on a un sérieux problème", crut bon de mentionner Spider-chan en pointant le sol. "Je ne crois pas qu'elle ait compris comment activer son bracelet pour ça..."

En effet, la guerrière se contentait de courir autour de l'armure géante en criant des encouragements avec enthousiasme, indiquant avec des grands mouvements des bras la direction à suivre pour se rendre au Gros Méchant. Pas qu'il était très difficile à manquer, vu sa taille généreusement immense...

"Il n'y a pas moyen de sauter cette étape là ?", demanda Carpet-Vale.

La druide continua à feuilleter le manuel d'instructions. Elle tourna rapidement les pages.

"...Mais c'est quoi toutes ses étapes superflues !? Pourquoi essayer toutes les armes les unes après les autres quand seulement la plus forte suffit !?", s'indigna-t-elle avant d'aller consulter les pages finales en sautant par-dessus tout le reste. "Appuie sur le bouton devant toi, Pidgeonboy.

- Lequel !? Sur lequel il faut que j'appuie !?", paniqua le voleur, regardant son écran de contrôle en cherchant frénétiquement le bouton dont la druide parlait.

"Probablement celui étiqueté Appuyez ici pour enclencher l'annihilation complète de l'ennemi", soupira Spider-chan.

"Oh ! Alors allons-y pour le gros bouton rouge !", s'exclama Pidgeonboy avec un grand coup de poing sur la console.

L'armure géante leva lentement une jambe et avec un gros Sprouitch ! juteux, son pied alla écraser l'espèce de grosse blatte mutante qu'ils affrontaient. Ils attendirent que l'ennemi se relève, parce que l'ennemi avait toujours tendance à se relever et comme de fait, la grosse blatte mutante agita ses antennes un peu mollement, donnant des signes évidents de son retour imminent à la vie.

Pidgeonboy donna un autre grand coup sur le bouton rouge, le maintint enfoncé et le pied, en plus de s'écraser de nouveau et sans pitié, tourna bien à gauche et à droite pour écraser le plus parfaitement possible l'insecte très vaguement humanoïde. Relâchant le bouton, il considéra les dégâts. La grosse bestiole était étalée partout, avec une bonne partie incrustée sous le talon de leur armure géante. Le voleur espéra que les villageois n'allaient pas leur demander de s'occuper du nettoyage avant de devoir rendre leur équipement prêté.

"...C'est tout ?", demanda-t-il, un peu surpris d'avoir réussi à buter quelque chose dans un délai raisonnable.

"Non attends encore un peu", suggéra Esoj. "D'habitude, les cafards, c'est plus coriace que ça. Et puis, ça c'est déjà fait, hein, le coup du méchant qui revient à n'en plus finir."

Ils attendirent une minute, puis cinq. Quand, une heure plus tard, tout restait encore décidément calme, la druide haussa un sourcil.

"...C'est tout ?

- Hé, c'est ma question !", se plaignit Pidgeonboy.

"Pour une fois que tu en poses une qui est pertinente !", siffla Spider-chan. "J'en ai une bien meilleure, vous allez voir, elle est excellente ! Comment on fait pour sortir de ce truc ?

- Euh...", fit Esoj en fouillant encore dans le manuel d'instructions. "Donnez-moi une minute ou deux, je vais trouver !", leur assura-t-elle en retournant consulter l'index. "Il doit bien y avoir une section là-dessus...", commença-t-elle à désespérer.

"On pourrait peut-être appuyer sur des boutons au hasard ?", suggéra Carpet-Vale.

Sans demander l'avis de personne, elle pianota sur les boutons du panneau de contrôle. Au fil de ses combinaisons aléatoires, l'armure géante se transforma en singe, en spatule et menaça un instant de rester coincer dans la forme d'une crevette avant de redevenir une armure géante.

"Arrête ça !", se plaignit Pidgeonboy. "Tu vas finir par endommager quelque chose et on va devoir payer pour les réparations !"

Comme d'habitude, Carpet-Vale ne l'écouta pas et continua à appuyer au hasard sur les boutons. Après une énième combinaison, l'armure émit un Clic ! suivit d'un Tac tac tac... et avec un couinement, une trappe s'ouvrit au-dessus de Pidgeonboy.

"Qu'est-ce quoouaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhh !", hurla-t-il en étant brutalement éjecté de son siège d'abord et de l'armure géante ensuite.

La magicienne cligna des yeux et éloigna lentement ses mains du panneau de contrôle. Réalisant que les autres la considéraient avec des expressions allant de la surprise à l'amusement, elle risqua un Ce n'est pas ma faute ! sans conviction que personne ne contesta. Leurs regards se tournèrent vers Pidgeonboy qui amorçait à une vitesse folle sa descente vers le sol.

"Il va s'écraser", constata Esoj après un court moment d'analyse de la situation. "...Par les dieux, il va s'écraser !", répéta-t-elle, après que la panique ait eu le temps de mieux s'installer.

Un éclair blanc zigzagua jusqu'à la forme descendante du voleur. Shmae Girl se mit à courir en rond autour du point d'impact imminent, créant un courant d'air assez fort pour amortir la chute de Pidgeonboy. Surpris de ne pas être mort, il se tapota ici et là pour vérifier si son corps comptait encore tous ses morceaux. Après s'être sommairement épousseté, les mains en porte-voix, il leur cria :

"Hé !

- On entend très bien sans que tu hurles", siffla Spider-chan. "Les bracelets nous permettent de communiquer sans problème !"

Pidgeonboy baissa aussitôt les bras et leur annonça (à un volume beaucoup moins fort) avec un grand sourire :

"Moi au moins, je suis sorti de ce truc !

- C'est vrai çaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhh !", souligna Silent Pascal en s'envolant.

La guerrière fila vers lui pour l'attraper. Spider-chan fronça les sourcils et tourna la tête vers Carpet-Vale.

"Oh non ! Tu ne vas paaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhh !"

Shmae Girl déposa le demi-elfe pour aller éviter une rencontre brutale entre Spider-chan et le sol. Esoj se contenta de soupirer, n'ayant aucune envie de se faire étirer ses A avant de s'envoler. Dès l'éjection de Carpet-Vale, l'armure disparut dans un flash de lumière multicolore hallucinant.

Après un pause assez longue, peut-être pour s'assurer qu'ils étaient tous bien éveillés, Esoj résuma la situation :

"C'est vraiment n'importe quoi."

***

"Comment ça, juste la moitié de la somme !?", s'indigna bien fort le voleur. "Je veux tout mo-", il se reprit de justesse avant de faire une erreur fatale d'adjectif possessif, "je veux tout notre argent !

- Ah non", refusa net le petit maire barbu, "si vous gardez un des bracelets magiques, on ne va pas vous payer toute la somme en plus !

- Quoi !?", grinça le voleur. "Mais personne n'a gardé son-

- Par le pouvoir du Ruscaceae, je me transfoooooooooooooorme !", beugla quelqu'un derrière lui.

Il n'eut pas besoin de se retourner pour reconnaître Shmae Girl et surtout, il ne voulut pas se retourner pour la voir poser comme la lumière pâle l'engouffrait pour lui mettre sur le dos son costume moulant blanc.

"Ranger spécial Argent, à la rescousse ! Tun dun dun~! Tunnn duuun~!", la guerrière entonna son propre thème musical et Spider-chan se demanda ce qui allait lâcher en premier entre ses tympans et sa santé mentale.

Esoj s'approcha du maire et demanda :

"...Dites-moi, la source d'énergie de ce bracelet, elle a une durée de vie qui ressemble à quoi ? On parle de jours, de semaines ?"

Le maire la regarda avec un grand sourire niais et admiratif.

"Jamais les bracelets n'ont failli !

- Ils ne nous ont ja~a~amais failli !", entonnèrent en choeur les villageois derrière lui.

La druide leva les yeux au ciel, implorant la pitié d'un ou plusieurs dieux, selon l'audimat céleste du moment.

Shmae Girl put finalement profiter de son bracelet magique une seule semaine. Le septième jour, dans un moment de rage après des successions rapides de Je me transfoooooorme ! Ranger Argent~~~!, Je me détransfoooooorme, tra la la ! Justiiiice, ouais ! et variations pendant sept heures, trente-huit minutes et cinquante-trois secondes, Spider-chan envoya une flèche dedans.

Pidgeonboy en fut plutôt triste : il avait espéré pouvoir voler le bracelet pour le mettre aux enchères.

(20 août 2007)
(Révision finale et améliorations diverses : 6 octobre 2011 ...ou la fic qui s'est longtemps perdue dans un fond de tiroir)

univers : les losers!

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