Traduction "Remise en Question" du fandom Skip Beat! - Chapitre 10

Sep 03, 2015 02:21

[Publié sur Fanfiction.net entre Octobre 2010 et Janvier 2013, original disponible à l'adresse suivante sur le site.]https://www.fanfiction.net/s/5912588/10/

Auteur : Mystic Rains
Traductrice : Hermi-kô
Cinquième jour, en soirée : Appréciation
Kyoko suivit « son manager » en trottinant derrière, gardant la tête baissée comme pour aller à la potence. Elle se balançait de droite et de gauche tandis qu'autour d'eux la nuit commençait à tomber. En regardant par-dessus son épaule, Ren pouvait bien voir que l'écolière ne s'était pas laissé prendre à son subterfuge. Il n'en attendait pas moins d'elle, après tout, elle avait bien été capable de voir desuite à travers son déguisement de Cain. Pourtant, le fait que sa partenaire fut tout aussi capable de le percer à jour l'avait quand même surpris. Lui, entre tous les autres, avait confiance en son costume mais apparemment les filles de Love Me étaient bien plus observatrices que ceux du show-biz en général.

C'était rare qu'il puisse bouger aussi librement que cela, en fin d'après-midi un jour de semaine sans rendez-vous importants prévus. La presse à scandales n'avait pas encore arrêté de parler de l'affaire, et Ren trouvait que son emploi du temps habituellement plein à craquer semblait plus léger dernièrement. Il fronça bigrement les sourcils en y repensant. Du moins pour aujourd'hui, tout allait selon son plan.

Une fois qu'ils eurent atteint le portail, Ren se retourna vers sa kohai. Réalisant qu'il s'était arrêté, elle protégea sa figure de ses bras, attendant de subir son courroux. Il fronça les sourcils. Elle devait probablement croire qu'il était venu pour l'admonester.

« Où est la plus proche station de métro ? » Demanda simplement Ren.

Abaissant ses bras avec hésitation, elle regarda des deux côtés de la rue, surprise et confuse : « Euh, c'est juste au Nord d'ici… mais où est votre voiture, Tsuruga-san ? »

« Je ne l'ai pas aujourd'hui… » Ren lui fit le sourire flamboyant qu'il lui réservait habituellement avant de se mettre en mode Senpai. Elle fit plusieurs pas en arrière jusqu'à se retrouver bloquée par la clôture. « …et ne crois-tu pas qu'en m'appelant par mon nom, les gens pourraient me reconnaître ? »

Elle baissa la tête, prenant pleinement conscience de ce qu'il disait. Puis elle se redressa et s'éclaircit la gorge : « Ano… Ren-sama ? » Son sourcil levé montra sa désapprobation. Sa voix à elle se fit plus forte : « Ren-san… ? » « Kyoko… » La voix de Ren gardait le même ton d'avertissement.

Elle regarda ailleurs et grommela quelque chose indistinctement.

« Excuse-moi ? » Ren pouffa et se rapprocha, appuyant ses mains sur le mur derrière elle. « J'ai peur de ne pas t'avoir entendue, Kyoko… ou devrais-je dire Peach-chan ? »

Kyoko, hébétée, vira au rouge pivoine. Elle le surprit lorsqu'elle croisa ses bras et détourna son visage gêné. « Si vous m'appelez Peach, » sa voix avait un ton un peu narquois maintenant et lui rappela le rôle qu'elle avait tenu en tant que sa sœur, « …alors je vous appellerai Corn. »

Un court silence s'insinua entre eux tandis qu'une voiture passait. Il continua de la regarder et elle mordit sa lèvre, toute agitée qu'elle était. Finalement, il brisa le silence avec un incompréhensible « Hum. » Elle baissa la tête et un frisson la parcourut de part en part avec force. Elle s'inclina un nombre incommensurable de fois tout en pleurant honteusement de manière factice :

« PARDON TSURUGA-SAN ! JE NE VOULAIS PAS ÊTRE SI ARROGANTE ! »

Ren sourit à sa réaction hystérique puis s'écarta. « Très bien, appelle-moi Corn alors. » Kyoko stoppa et leva les yeux vers lui d'un air stupéfait. « Vraiment, ça me va. Je suis venu en fait aujourd'hui pour te faire mes excuses. Si tu veux m'appeler Corn, ne te gêne pas. » Avec une expression distante, il s'éloigna petit à petit du bloc, la laissant en arrière choquée.

« Eh… attendez… Ren-san ! » La jeune fille avait finalement utilisé son nom d'un ton un peu plus convaincant cette fois-ci, et courut pour le rattraper. Il ne se tourna pas mais sourit à ce petit succès.

Ren se déplaçait aisément dans les rues bondées, sa haute silhouette incitant la foule à s'écarter quelque peu de son passage. Il regardait sa kohai se mouvoir lestement à ses côtés, essayant tant bien que mal d'éviter de bousculer qui que ce soit dans ce quartier touristique de Tokyo. Il n'allait pas vite, lui permettant de se maintenir à sa hauteur. La petite taille de Kyoko ainsi que sa couleur bénigne de cheveux la rendaient difficilement repérable si jamais elle se faisait emporter par le flot de gens alentour. S'il devait se mettre à sa recherche, il aurait à l'appeler : ça attirerait bien trop l'attention sur eux deux.

« Hé, regarde ! La fille de Kyurara ! »

« Tu as raison, c'est elle ! »

« Je pourrais avoir un autographe ? »

Quelques badauds avaient repérés la jeune actrice de la publicité Kyurara, qui était d'ailleurs toujours diffusée sur certains grands écrans en ville. Il s'arrêta lorsque des fans se mirent à lui adresser des félicitations et des encouragements. En plus, son uniforme scolaire ressemblait un peu à celui de la pub. Ren ne rata pas une miette du charmant sourire timide qui étira ses lèvres.

Il ne pipa mot tandis qu'ils atteignaient le métro ensemble, bien qu'elle ait maintes fois essayé de s'excuser. Elle abandonna seulement lorsqu'il lui adressa son faux sourire. Depuis lors, elle restait à une distance respectable de lui. Ren ne répondit sciemment à aucune de ses tentatives de conversations. S'il avait dit quelque chose, elle aurait pu l'interroger sur le lieu où ils se rendaient. Si ça avait été le cas, Ren lui aurait répondu et elle aurait surement bataillé tout le long du chemin.

Ren ne stoppa qu'une fois arrivé devant un studio de photographe et la jeune fille lui rentra presque dedans. Elle s'arrêta cependant à temps et scruta attentivement le minuscule commerce qui avait tant intéressé son mentor. Il entra et elle le suivit par curiosité.

L'entrée était boisée, exiguë et proprement décorée de calligraphies aux murs. De petites lanternes pendaient du plafond et la seule chose qui était debout dans la pièce se trouvait être une dame derrière son comptoir haut.

« Bonjour monsieur, mademoiselle. » La femme d'âge mur s'inclina. Les yeux de Kyoko s'écarquillèrent lorsqu'ils tombèrent sur le maquillage blanc, les lèvres rouge rubis, l'élégant chignon et le kimono doré d'un rouge profond.

« Nous avons un rendez-vous pour 16h30 sous le nom de Mogami. » Déclara posément Ren, décelant son regard fasciné.

« Est-ce la demoiselle ? » Demanda l'hôtesse avec un sourire poli. Ren hocha la tête. Il prenait soin d'éviter tout contact oculaire avec l'actrice curieuse qui se tournait vers lui, très confuse.

La geisha âgée prit la main de Kyoko et la tapota amicalement : « Nul besoin d'être nerveuse, mademoiselle. » Elle la guida doucement vers le rideau. Kyoko la suivit, plongée dans une perplexité docile.

Il se coula dans leur sillage, pénétra dans le studio. Il était plus grand et mieux meublé que l'extérieur ne le laissait présager. L'intérieur reflétait le style de Kyoto dont il avait gardé le souvenir quand il y était allé avec ses parents. On pouvait voir du bambou de partout et des portes shoji menaient vers d'autres salles. Des kimono japonais classiques pendaient du plafond de bout en bout, chacun dans une teinte différente de l'autre. De-ci de-là étaient disposées des statues de samouraï, vêtus de pied en cap, dans des postures martiales. En fond sonore, une fontaine de bambous résonnait à intervalles réguliers. Des portraits en pied ou en gros plan de geisha d'antan étaient accrochées aux solides murs, mettant en image l'expérience du studio.

Ren repéra une place libre sur un banc et s'assit à côté d'un autre visiteur tout en gardant un œil sur Kyoko qu'on menait vers une cabine d'essayage. Le touriste, chauve et au léger embonpoint, se tourna vers lui, ravi semble-t-il d'avoir quelque compagnie :

« Un autre homme, pris en flagrant délit. » Lança le vacancier potelé après un moment. Son accent anglais était épais mais point âpre. Les deux hommes se jetèrent un coup d'œil avant que le Japonais n'esquisse un sourire poli en réponse. « Vous attendez votre sœur ? »

Ren accusa le coup et le gentleman eut un éclat de rire tonitruant. Il aplatit sa large main sur l'épaule du jeune homme et la serra comme à un collègue.

« Je suis désolé. Je ne m'attendais à ce que vous compreniez. Où sont donc mes manières… »

« Non non, ça ne fait rien. » Ren laissa échapper un rire avant d'adresser un sourire nerveux au bavard : « Je ne suis pas là pour ma sœur. »

« Une petite amie, alors ? » Le visiteur baissa les yeux sur la main gauche non baguée de son interlocuteur. « Ça doit être ça. Aucune femme ne laisserait sortir son splendide époux sans leur alliance. »

Ren se contenta juste de sourire, ne sachant pas trop comment réagir. Le plus vieux des deux hommes pouffa encore avant de continuer sur sa lancée, imperturbable :

« Je me souviens quand j'avais votre âge. Lucy était aussi jolie qu'une fleur, et je devais faire de mon mieux pour la conquérir. Maintenant regardez-nous deux vieilles carnes en terre étrangère, vadrouillant pour la dernière fois. » Il se mit face à Ren, tout sourire. « Surtout traite-la bien, fils. Les filles sont comme des princesses, y a pas photo. Elles méritent toutes d'être aimées et appréciées tels les joyaux qu'elles sont. »

Ren fut sauvé par l'hôtesse qui venait à leur rencontre. Elle s'inclina tandis que les deux hommes sautaient sur leurs pieds.

« Les demoiselles sont prêtes. Auriez-vous l'amabilité de me suivre, je vous prie ? »

Elle les guida derrière une autre paire de portes coulissantes, où une deuxième geisha patientait. Elle accompagna l'Anglais dans une autre pièce. Ren regarda l'étrange vieillard s'éloigner, ses mots flottants encore dans l'air.

« Est-ce que monsieur veut bien me suivre ? »

Ren pénétra dans la salle de photographie, remarquant sa compagne à l'extrémité de l'écran vert. Kyoko avança lentement sur le devant de la scène, faisant de petits pas dans ses tabi blanches et ses zori de paille. Elle serrait ses mains l'une contre l'autre, du moins le crut-il puisque le tissu les cachait. Il resta dans l'obscurité dispensée au fond de la salle.

Ayant revêtu intégralement la tenue coutumière des maiko, elle lui rappelait les traditionnelles poupées hina ningyo. Le riche kimono était d'un bleu-violet vif, drapé autour de sa frêle silhouette et contrasté par rapport à son fond de teint aussi blanc que la neige. Le motif représentait des fleurs écloses surlignées d'un ambre profond qui s'accordait à la couleur de ses yeux. L'encolure était de plus dans un ton orange coloré. Il comprit pourquoi elle avait choisi celui-là. Le costume parvenait à reproduire toutes les nuances de sa pierre bien-aimée.

Kyoko fouilla la salle du regard là où il se tenait dans l'ombre. Il recula plus encore. Ses lèvres rouges se tinrent tranquilles mais ses yeux brillaient tandis que le photographe se mettait en position. Ren regarda l'écran tandis qu'ils prenaient des portraits en pied aussi bien que des plans rapprochés de sa figure parfaitement peinte. Elle resta aussi immobile et professionnelle que si elle faisait un nouveau boulot, mais ses yeux étincelaient de quelque chose de familier.

Sa mémoire s'éveilla alors qu'il plongeait dans son regard. Le beau visage peint de poupée geisha mua en celui d'une petite fille, les joues rondes de l'embonpoint enfantin et les yeux éclairés par son amour pour les contes de fées. C'était le même regard qu'elle lui avait lancé lorsqu'il était son Corn adoré et lui avait fait don de sa pierre magique pour faire s'envoler la douleur. C'était le même sourire qui illuminait Kyoko quand elle pensait aux fées ou à son tendre prince Sho qui était encore impeccable à l'époque.

Il fut frappé à quel point les petites choses comptaient à ses yeux et se retrouva à vouloir lui en offrir en quantité. Chaque pierre précieuse, n'importe quelle robe de bal à froufrous… Ren pourrait écumer le pays des fées juste pour qu'elle garde un tel sourire.

Une fois que le photographe eut fini, il la dirigea vers la seconde sortie permettant de se changer. Elle s'inclina respectueusement puis marcha hors de la scène à pas lents et sortit. Ren bougea, perdu dans ses pensées. Il suivit à bonne distance, attendant dans un coin de l'entrée alors qu'elle mettait des habits plus modernes.

La geisha du début s'approcha de lui, une pochette cartonnée en main contenant le paquet de photos. Remarquant le modèle, il s'empara du tirage pour portefeuilles de l'actrice si semblable à une poupée et sourit chaleureusement au bonheur contenu dans sa pose. Ses émotions semblaient vouloir jaillir hors du cadre et il fit grand cas des capacités du photographe à capturer cette impression.

Ren prit le stylo et signa pour le plus gros pack avec son adresse et ses coordonnées bancaires. La geisha s'inclina profondément et s'écarta avec le formulaire dûment rempli. Une fois qu'il fut de nouveau seul, il sortit son portefeuille et y glissa la photo de 6cm sur 9cm. Cette dernière le regardait intensément et il la considéra un moment avant de la ranger.

Sortant joyeusement dans son uniforme de lycéenne, elle le repéra. Sa démarche changea tandis qu'elle s'approchait de plus en plus de lui, traînant les pieds timidement.

« Vous n'auriez pas dû, Tsuruga-san… »

Il ne pouvait pas s'empêcher de sourire face à sa timidité. Ça lui donnait envie de l'étreindre pour la protéger. Ren essuya délicatement un reste de maquillage sur sa joue. En réponse, ses lèvres à elle s'étirèrent en un sourire discret. Il était plutôt satisfait qu'elle ne se soit pas automatiquement écartée.

L'estomac de Kyoko grogna fortement et elle rougit. Il se surprit à éclater de rire et lui tendit la main. Il la serra en quittant le studio.

« Allons-y, Peach-chan… »

Ils prirent place dans un restaurant familial tout près, attirés par leurs images colorées du menu. Les bavardages guillerets des autres tables aidaient à camoufler la voix des deux célébrités. Ren la regarda par-dessus son menu, tandis que ses yeux à elle courait hâtivement sur les possibilités tentatrices qui s'offraient à elle.

« Sais-tu ce que tu vas prendre, Peach-chan ? »

« Un steak haché, Corn-kun. »

Elle leva les yeux de son menu et lui adressa un regard exceptionnellement narquois. Il adorait la taquiner, et le fait que Kyoko se sente suffisamment à l'aise pour plaisante le faisait secrètement sourire. Même avec le visage fraîchement lavé de tout le traditionnel maquillage blanc, il pouvait voir les restes du sourire de maiko en elle. Chaque nouvelle facette qu'il découvrait d'elle l'attirait encore plus.

Lorsque la serveuse vint leur porter leurs boissons, il commanda deux steaks hachés et sourit à l'expression choquée de son invitée. Il pouvait lire le regard sur ses traits tandis que la serveuse s'en retournait.

« Je voulais aussi un steak haché, » déclara prestement Ren pour mettre fin à ses inquiétudes qu'elle l'ait obligé à choisir la même chose qu'elle. Avant qu'elle ne puisse contre-attaquer, il changea de sujet : « Vraiment, tu m'as surpris avec ton direct l'autre jour. Tu aimes faire ça ? »

L'expression faciale de Kyoko migra de l'appréhension à la contemplation : « Je suis ravie d'avoir décroché ce travail. Moko-san dit que ça peut m'aider à sortir de mes rôles de méchantes qui me collent à la peau. Les enfants dans le public sont géniaux en plus, ils réagissent à ce qu'on dit sans problèmes. Et nous avons eu des propositions sympas. Au fait, Mme Almqvist a beau être stricte, elle n'en est pas moins adorable. Nous tournons seulement une fois par semaine et répétons deux fois, donc ça nous laisse assez de temps pour d'autres rôles. » Elle sourit puis but une gorgée de son verre.

« Et à propos de la promotion ? » Demanda Ren avec curiosité. Habituellement les spectacles en direct se rendaient aux conventions ou faisaient diverses pubs. « Tu dois côtoyer bon nombre de fans. Y en a-t-il des plus âgés que moi ? »

« Quelques-uns. Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de gens d'un certain âge qui aimaient ce genre de spectacles. Surtout les hommes. » Kyoko ria nerveusement. « Nous signons beaucoup d'autographes à des garçons de notre âge. Nous recevons aussi énormément de cadeaux, envoyés par des hommes qui nous déclarent leur flamme. Je pense que c'est en rapport avec leurs enfants cependant. » Elle rougit légèrement, mais sourit lorsque la serveuse arriva avec leur commande.

« Itadakimas ! » Kyoko sépara ses baguettes puis commença à couper son steak.

Ren fronça les sourcils. Des hommes, tels que Yashiro, devaient probablement s'intéresser au spectacle pour le côté shojo, mis en avant par les lumières vives, la j-pop et les poses charmantes. D'autres hommes devaient probablement y prendre goût avec leur fille, comme elle l'avait mentionné. Pourtant, elle n'aurait pas rougit si ça n'avait à voir qu'avec ceux-là. Le costume apparut encore dans sa tête, et il se rappela ces jours où il surfait sur les forums. Il savait ce que les hommes pensaient. Il était impensable qu'un homme aux raisons douteuses ne se soit pas jamais mêlé aux spectateurs afin d'assouvir son désir carnassier pour les actrices mignonnes dans leurs costumes d'adultes.

Les baguettes s'échappèrent de ses doigts. Ren remarqua qu'elle le regardait avec une expression quelque peu perplexe.

« Pardon, j'étais un peu distrait. Que disais-tu, Mogami-san ? » Dit-il avec un sourire innocent.

« Où avez-vous appris à parler l'Anglais aussi bien ? »

Il déglutit.

« Pourquoi demandes-tu ? »

« Ben, vous avez parlé à Mme Almqvist comme si de rien n'était. Et vous ne l'avez pas contredit lorsqu'elle a insinué que vous n'étiez pas à 100% Japonais. »

Le sujet de conversation n'était pas vraiment ce qu'il avait espéré en sa compagnie. Elle lui avait donné une fois du « Mister » avec un accent américain lorsqu'elle jouait la comédie pour son père à lui. Saisir la conversation qu'ils avaient eue, lui et la directrice, alors qu'elle avait un accent prononcé… Il était apparemment stoïque mais intérieurement il cilla. Cette vieille devait probablement se douter que Kyoko pourrait comprendre l'Anglais. Elle avait sans doute voulu le piéger de sorte qu'il ne s'était douté de rien et se retrouvait pourtant gêné. Le rictus de la directrice dans son esprit l'ennuya.

Son passé était quelque chose dont personne n'était au courant, mis à part une personne.

Elle regarda à côté, gênée, picorant un bout de son steak. Le silence était pesant et il ne savait pas comment relancer la conversation. Avant qu'il n'ouvre la bouche, elle le distança :

« Vous n'avez pas à me le dire, Tsuruga-san. Je m'excuse d'être indiscrète. »

Ren regarda la jeune femme en face de lui qui jouait nerveusement avec sa nourriture. Elle devait probablement penser qu'elle avait dépassé les bornes par rapport à leur relation. Elle agissait comme si elle n'était que sa kohai. Il prit une décision. Il ne voulait pas qu'elle persiste à croire qu'elle n'était que sa collègue dans le show-business.

« Comme tu le sais, Ren Tsuruga n'est que mon nom de scène. J'ai été élevé en Californie. Toutes mes relations parlent couramment Anglais. Le Japonais est en fait ma seconde langue. » Il passa la main dans ses cheveux. « Ce n'est même pas ma vraie couleur. »

Kyoko le considéra avec surprise, fixant ses cheveux en croyant qu'ils allaient changer de couleur comme sa pierre.

« En plus … » Ajouta Ren alors qu'il parlait plus bas et jetait des regards alentours. Kyoko se pencha vers lui, curieuse. « Je peux voler… »

Elle se redressa et gonfla ses joues, exaspérée. Il éclata dans un grand rire.

Le défi n'en valait pas la chandelle, pensa-t-il, alors qu'elle retournait à son assiette. Il aurait dû laisser le monde raconter n'importe quoi sur lui plutôt que de le relever.

Note de l'auteur : Ouah, Ren. Trop gentil. Il préférerait annoncer au monde qu'il est gay plutôt que la blesser. De toute façon, Sho et Shoko devraient revenir au chapitre suivant. Je ne les ai pas oubliés.

ff, ms, 10/10-01/13, translation, skibi

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