Traduction "Remise en Question" du fandom Skip Beat! - Chapitre 6

Sep 03, 2015 01:54

[Publié sur Fanfiction.net entre Octobre 2010 et Janvier 2013, original disponible à l'adresse suivante sur le site.]https://www.fanfiction.net/s/5912588/6/

Auteur : Mystic Rains
Traductrice : Hermi-kô
Second jour : Répercussions
Ren se frotta les tempes, tout en prenant les escaliers qui menaient vers son appartement. Il traînait les pieds. Il avait déjà eu des mauvais jours. Avant de trouver son Katsuki, il y avait eu quelques mauvais jours. Dès qu'il avait été sur le sol japonais, il en avait eu à la pelle, des mauvais jours. Aujourd'hui pesait sur son esprit à l'instar de tout autre cependant. Pour la première fois depuis qu'il était arrivé au Japon, son jeu d'acteur avait été mauvais. Pas à cause de ses propres problèmes, mais à cause de circonstances extérieures. C'était plus frustrant qu'autre chose, et c'est ce qui le plombait.

Hier était une journée plutôt normale. Il travaillait sur un Drama pour la télé. Les techniciens et les acteurs étaient tous des vétérans du show-biz. Ils s'étaient tous plaints bruyamment de la baisse de niveau des médias et avaient tournés en ridicule les commentaires de la presse people. Ils ne portaient pas grand crédit aux colonnes à scandales et il pouvait apprécier là-bas leur silence sur le sujet la journée durant. Toutefois l'un des employés était venu le trouver pour l'encourager : « Je doute d'avoir besoin de vous le dire, monsieur, mais l'équipe voulait que vous le sachiez même si vous étiez gay, vous seriez toujours le meilleur acteur par ici, Tsuruga-san, et c'est tout ce qui compte. » Le reste s'était très bien passé, même s'il n'y avait pas eu de grandes avancées concernant sa kohai. Il en aurait presque oublié le reste du monde.

Aujourd'hui il devait donner quelques interviews publicitaires et il avait une séance photo en tant que modèle pour une nouvelle eau de Cologne. C'était son premier jour de retour devant l'œil du public en tant que Ren Tsuruga. Ça lui rappela que le monde des acteurs ne se basait pas uniquement sur le talent et les compétences.

Lorsqu'il avait pénétré dans le nouveau studio, le plateau était bien plus silencieux qu'il ne l'avait prévu. Il était habitué aux chuchotements surexcités de la part des membres de la gente féminine, mais au lieu de cris aigus, où qu'il aille elles fondaient en larmes. Il surprenait des phrases telles que : « Quelle honte ! » ou « C'est toujours les meilleurs ! ». Les hommes, toutefois, riaient sarcastiquement sans se cacher. Il ne craquerait pas pour ça, car il avait essuyé les commentaires jaloux des hommes toute sa vie.

C'était son travail qu'il avait dans la peau. A la fin de la prise de vues, il se sentait plus que vexé. Qu'importe ce qu'il faisait, le directeur lui demandait d'être « plus masculin » et lui disait qu'il semblait trop « maniéré » et « doux ». Il eut plusieurs changements de tenues, mais tous les costumes choisis par le photographe étaient renvoyés car jugés trop « délicats ». Quantité de photos avaient été prises et le directeur n'était toujours pas content. Il annonça à Tsuruga qu'il n'aurait pas à s'embêter à revenir pour une autre session. Il ajoutait qu'il choisirait les meilleurs tirages mais l'acteur savait qu'il allait probablement trouver un autre modèle définitivement plus viril. C'était la première fois qu'il échouait depuis longtemps, et ça ne lui avait pas manqué.

Les interviews ne s'étaient pas mieux passées. Il n'avait pas réalisé jusqu'à ce jour le nombre de façons qu'un journaliste avait de lui demander « Etes-vous homosexuel ? » et d'entendre « Peut-être, continuez à demander » à la place de « Non, je ne le suis pas ». Les joues de Ren lui faisaient mal à force de maintenir son sourire de gentleman aussi longtemps. Il n'aurait jamais pensé qu'Acteur X serait une retraite bienvenue par rapport à son nom de scène principal, mais c'est bien ce qu'il semblait désormais.

Yashiro toutefois vivait mieux cette journée qu'il ne l'aurait cru. Lorsque Ren lui avait demandé une barre vitaminée pour midi, Yashiro était parti et avait mis près de quarante minutes pour revenir. Il lui avait demandé où son manager était passé pendant tout ce temps, mais la seule réponse fut « la circulation » et un sourire suspect.

Dans la voiture Yashiro s'était plaint bruyamment de l'étroitesse d'esprit de l'industrie, mais il ramenait toujours la conversation sur Kyoko d'une manière ou d'une autre :

« Ce ne serait pas adorable que Kyoko-chan vous prépare un bento ? Je suis sûr que le riz aurait un cœur rose sur le dessus et tout le tralala. »

« Le soda qu'ils servent au studio est très bon. Kyoko-chan a fait leur pub, non ? »

« C'est agréable de discuter avec Kyoko-chan. Elle devient tous les jours plus jolie. »

« Vous devriez utiliser le côté sensible de Kyoko-chan. Elle aime prendre soin de vous. »

Sa simple mention semblait donner la pêche à son manager, mais pour une fois, Ren eut un froncement de sourcils en pensant à elle. A chaque fois que ses pensées dérivaient vers la jeune actrice, il repensait au stupide défi. Il avait travaillé si dur pour échapper à ce terrain. Il pesait ses mots en déclarant ne pas vouloir pousser Kyoko dans quoi que ce soit, mais il ne voulait pas non plus rentrer à la maison juste pour quelque chose comme ça. Jouer la comédie faisait partie de lui au même titre que sa présence à ses côtés. S'il loupait ça, il pouvait dire adieu à tout ce à quoi il tenait. Pour la première fois, il voulait appeler son père pour lui demander conseil.

Ren entra dans son appartement, surpris par l'odeur de nourriture qui flottait dans l'air. Il baissa les yeux et avisa une petite paire de chaussures à talons rouge rubis bien entretenue. Ren se rappelait vivement de ces talons c'étaient ceux qu'elle portait lorsqu'il lui avait appris à marcher comme les mannequins afin de trouver « Natsu ». Ses lèvres s'étirèrent en un petit sourire.

« Tadaima, » déclara Ren en faisant attention à fermer bruyamment la porte pour qu'elle l'entende. Il trouvait un peu bizarre de dire ça en entrant dans son propre appartement mais ça laissait une sensation agréable en roulant sur sa langue.

« Okaeri, » répondit Kyoko depuis la cuisine. « J'espère que vous n'avez rien contre le pot-au-feu. J'ai pensé que ce serait bien avec la météo hivernale de ces derniers temps. Yashiro-san m'a passé une clé et m'a demandé de veiller à ce que vous mangiez correctement ce soir. »

Bien sûr… je lui avais donné cette clé en cas d'urgence…

Ren soupira aux machinations de son manager et elle fut visiblement refroidie dans sa bonne humeur. « Vous n'aimez pas le pot-au-feu, Tsuruga-san ? Je peux faire quelque chose d'autre si vous préférez. »

« Non non, Mogami-san. Le pot-au-feu est une brillante idée. Tu as raison pour la température. » Il enleva sa veste et la pendit, avant de rejoindre la jeune actrice dans la cuisine. Elle portait un tablier de chef et il y avait plusieurs poêles sur les plaques chauffantes. « Tu sais que tu n'avais pas vraiment besoin de faire ça. »

« Je voulais le faire. Yashiro-san a dit que vous vous êtes encore rabattus sur des barres énergétiques et des encas de supérette. Vous devriez prendre soin de vous correctement, Tsuruga-san, ou vous allez encore tomber malade. » Elle lui fit la moue et il se surprit à pouffer. Elle était un peu comme une mère poule. Toujours s'inquiétant de ce qu'il mangeait. Il faisait bon sourire à nouveau.

Il la regarda finir de cuire des omelettes avant de les emballer d'une main experte dans deux boîtes à bento.

« Ce ne serait pas adorable que Kyoko-chan vous prépare un bento ? Je suis sûr que le riz aurait un cœur rose sur le dessus et tout le tralala. »

Il secoua la tête aux paroles de son manager et jeta un coup d'œil aux repas du lendemain midi. Ça avait été préparé d'une main experte, mais le riz était tout blanc dans les deux arrangements. Apparemment elle voulait être sûre que lui et son manager mange bien demain également. Il se recula et la regarda se pencher pour goûter le bouillon. Son cou blanc et gracile transparaissait à travers ses mèches de cheveux.

L'Empereur s'éveilla en lui. Il se demanda comment elle réagirait s'il se glissait derrière elle, l'enlaçait avant de déposer un baiser dans son cou ? S'il faisait ça, il pourrait la conquérir. Il était plutôt expérimenté avec les femmes. Il pourrait la faire sienne.

Mentalement, il se colla une baffe. Il s'agissait de Kyoko, là : Elle lui jetterait probablement la casserole à la figure et s'enfuirait comme le vent. Il l'aurait mérité.

« As-tu besoin d'aide, Mogami-san ? »

« J'ai presque fini, » dit-elle en touillant. « Vous pouvez vous détendre. »

« Je vais mettre la table alors. »

Le tintement des couverts fut le seul bruit qui emplit l'appartement. Le silence était confortable et il ne fut distrait qu'une fois le repas sur la table. Il avait oublié quelle merveilleuse cuisinière elle était. Son appétit augmentait toujours lorsqu'il s'agissait de quelque chose préparé par elle. L'avoir ici était relaxant, comme un baume sur une blessure à vif.

« Comment était le tournage aujourd'hui, Mogami-san ? » Lui demanda-t-il, levant les yeux de son assiette quasiment vide.

« Plutôt bien, merci. Le directeur Sato est assez perfectionniste, mais elle semblait ravie. » Kyoko sourit comme elle le faisait toujours après une journée de dur labeur. Il sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine.

« Comment as-tu appris à jouer du violoncelle aussi vite ? »

« Je ne sais pas comment en jouer. J'ai simplement appris à jouer le morceau du clip vidéo. » Elle leva ses mains et les croisa répétitivement en cadence.

Il hocha la tête. « Tu jouais comme une professionnelle. C'était assez impressionnant. »

« Wakeshima-san m'a montré comment jouer durant les pauses. Elle est très jolie, gentille, talentueuse et c'est un bon professeur. »

« Tout de même, on ne passe pas de ne pas savoir tenir un archet à jouer un air comme ça. » Il la pressait. Il ne savait pas trop pourquoi il le faisait, mais Ren avait l'impression qu'il y avait quelque chose de caché derrière ses réponses timides. Elle soupira.

« J'ai passé beaucoup de temps dans une auberge à Kyoto. Ils avaient un sankyoku qui venait souvent jouer pour les clients les plus importants. Quelques fois les musiciens me montraient comment jouer de leurs instruments dans le jardin. »

Ses yeux s'agrandirent. Il se souvint comment elle mimait jouer du violoncelle dans la voiture. Ainsi, elle se remémorait son enfance.

« Oh, je vois. Donc tu es habituée à l'archet et aux instruments à cordes. As-tu apprécié ? » Demanda-t-il. Elle lui renvoya un sourire.

« Beaucoup. J'aimais particulièrement le son du Shamisen. »

« N'as-tu jamais rêvé de devenir une musicienne professionnelle ? »

Le silence était plus fort cette fois, bien plus prononcé. Ça ne ressemblait pas à une pause curieuse. Son visage montrait la douleur d'une personne se rappelant un passé douloureux longtemps enfoui.

« Quand j'étais petite… je me souviens avoir descendu une rue en rentrant de l'école. J'y ai vu une geisha. Je me souviens avoir voulu devenir comme elle… »

Une petite fille marche seule le long de la rue pavée, portant un parapluie noir bien trop grand pour elle. Elle le tient de travers, essayant tant bien que mal de se protéger de la forte pluie et des bourrasques de vent. Son uniforme scolaire d'un vert de forêt et ses longues couettes noires sont déjà trempées alors qu'elle est au bord des larmes.

Perdue dans la tempête, elle commence à pleurnicher et essuie ses joues humides avec l'une de ses manches détrempées. Dans son autre main, le parapluie est battu par le vent et lui glisse des doigts.

« Oh non ! Le parapluie de mère ! »

Elle court après l'objet noir, descendant la rue, s'éclaboussant dans des flaques de boue et d'eau. Ses petits bras tentent bien d'attraper le parapluie mais le temps venteux le soulève hors de sa portée. Il s'accroche aux branches et se retrouve finalement coincé contre la fenêtre d'une grande auberge.

La fillette va à la porte ouvragée et appelle. N'entendant pas de réponses, elle se permet d'entrer pour récupérer le parapluie de sa mère.

Elle contemple, admirative, la silhouette d'une femme gracieuse à l'autre bout du couloir. La femme est toute maquillée de blanc, avec une coiffure compliquée, des lèvres rouges rubis et a revêtu un long tissu vaporeux. Sa voix résonne tel un tintement de clochettes et la petite femelle est captivée. Après n'avoir rien expérimenté d'autres que le strict minimum dans sa courte vie, la femme traversant l'entrée, c'est comme un enfant daltonien voyant un arc-en-ciel pour la première fois.

Elle ne remarque pas le petit garçon, pâle de maladie, descendant la volée de marches sur le côté. Il voit la fillette et puis regarde ce qu'elle observe avec tant de respect.

« Tu n'as jamais vu une geisha ? » Demande-t-il, la ramenant à la réalité.

Il avait vu des femmes habillées de la sorte toute sa vie. Il ne leur trouvait rien d'exceptionnel. Leur musique était si ennuyeuse et leur seule occupation se limitait à le complimenter sur sa beauté infantile.

« Non. Qu'est-ce qu'une geisha ? » Demanda la fillette avec curiosité, regardant le garçon avec enthousiasme.

« Et bien… » Le jeune garçon croisa les bras sur sa poitrine et baissa la tête pour réfléchir. « C'est comme une prétendue princesse. Elle met du maquillage, fait de la musique et agit joliment. »

« Wow ! » s'exclama la petite fille, émerveillée. Elle regarda de nouveau la figure peinte mais cette dernière était hors de vue. « Une princesse, ça doit être vachement génial ! »

« Tu ne sais même pas ce qu'est une princesse ? » La fillette secoua sa tête de gêne. « Tu ne sais rien, c'est ça ? » Le garçon sourit, ouvrant plus largement la porte d'entrée sur le pas de laquelle elle se tenait toujours. Il n'avait pas souvent l'occasion de rencontrer des enfants de son âge à l'auberge. Elle paraissait sale et idiote, mais gentille. « Je suis Shoutaro Fuwa. Tu peux m'appeler Sho. Comment tu t'appelle ? »

« Mogami. Kyoko Mogami, » Dit-elle joyeusement, un large sourire apparaissant sur son jeune visage. « Enchantée, Sho-chan ! »

Tout commençait maintenant à se mettre en place pour lui. Son amour du maquillage. Sa posture parfaite. Ses révérences émérites, son expertise dans la cérémonie du thé traditionnelle et son habileté à cacher son déconfort dans un cadre professionnel.

« N'as-tu jamais pensé à rejoindre un kaburenjo ? » Demanda Ren, brisant le fil de ses souvenirs.

Elle hocha la tête, les yeux baissés.

« On doit avoir … l'approbation de ses parents pour être permise d'entrer dans une maison de geisha. Ma mère… n'était pas pour. » Sa voix se cassa. Elle prit un moment pour se remettre d'aplomb, relevant la tête avec un sourire forcé. « Ça va quand même. Je n'aurais pas été très bonne de toute façon. Je me suis bien amusée à l'auberge et c'était comme un entrainement en fait. »

Se mettant sur ses pieds, elle commença à desservir et à ramener la vaisselle dans la cuisine.

Il l'avait trop poussé. Ren voulait s'excuser. Il pourrait la suivre et lui faire un câlin, ce qui pourrait lui changer les idées, mais probablement aussi la chambouler au possible. Il pourrait en rire, comme il l'avait fait pour la débâcle de la Saint Valentin. Ce serait trop cruel. Il devait penser à quelque chose pour se réconcilier avec elle.

« Mogami-san ? » L'interpella-t-il, ayant pris une décision.

« Hai, Tsuruga-san ? » Lui répondit-elle de la cuisine, à travers le son de l'eau qui coulait dans l'évier.

« Appelle-moi Ren. »

Il entendit seulement le silence puis des assiettes voler en éclats.

Kaburenjo : Une école dédiée à la formation des geisha.

Note de l'auteur : Je pense sincèrement que ça tient la route, mais je peux me tromper. C'était sensée être une comédie, mais les choses deviennent tellement sérieuses !

Note de la traductrice : Malgré ma relecture soigneuse des scans, je n'ai toujours pas saisi l'allusion concernant « l'Empereur ». Si quelqu'un a la moindre idée de sa signification, je suis toute ouïe^^' (Edit : J'ai corrigé la faute innommable que j'avais faite, miki à ma bêta Ladymangas sur Sailor Fuku pour avoir ouvert l’œil et le bon)

ff, ms, 10/10-01/13, translation, skibi

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