ylg in glyfic

[repost] GW - OC ; 4/3 - PG-13 | Une famille en kit (3/4)

Aug 26, 2011 21:28

Série : Une famille en kit
Chapitre #03, l’ectogenèse est une science bien rôdée, sauf quand il se produit des accidents
Auteur : ylg
Base : Gundam Wing
Personnages/Couple : un docteur anonyme, Trowa/Quatre
Genre : Mad Science/drama
Gradation : PG-13 / T
Disclaimer : propriété de Tokita Kōichi pour le manga et du studio Sunrise pour l’anime ; je ne cherche à me faire de sous avec aucun.

Thèmes : « non-assistance à personne en danger » + contrainte accessoire "nativité" pour 31_jours (19 décembre ‘08)
Prompt : Brave New World.
Avertissements : toujours des concepts scientifiques autour des « bébés éprouvette » et de l’embryologie en général, pour la vraie vie et pour la version GW. Et aussi toujours de l’éthique douteuse de la part de mon perso, très douteuse même.
Continuité/Spoil éventuel : Episode Zero + 10 ans post-series - incompatible avec Frozen Teardrop
Nombre de mots : ~1535

( chapitre précédent )

***
Les incubateurs utilisés dans cette clinique sont assez grands pour qu’un gros fœtus y soit encore à l’aise, même à la fin de son neuvième mois, mais leur taille standard ne permet pas d’en accommoder deux de taille normale pour autant. Pour une raison toute bête d’économie en liquide de remplissage et de rentabilité de l’espace disponible dans l’usine.

Ils se composent d’un bocal cylindrique rigide et fixe, avec à une extrémité l’ouverture déverrouillable pour l’implantation et la décantation, à l’autre les joints par lesquels passent les nombreux tuyaux et les câbles des sondes, à l’intérieur duquel flotte une membrane souple : la matrice artificielle, et entre les deux un liquide protecteur dans lequel transitent également les tuyaux d’alimentation/d’évacuation vers les systèmes extra-corporels d’oxygénation, d’épuration et de nutrition. À l’intérieur de cette membrane se loge l’embryon et ses annexes proprement dites, celles qu’il synthétise lui-même et qui se développent avec lui.
La matrice artificielle est extensible, il y a un peu de jeu, l’extension de la poche amniotique peut se faire au détriment de la chambre externe remplie de solution saline. Il y a bien de la marge, mais pas assez pour des jumeaux.

La chance s’en est mêlée ; l’accident même pas redouté tant il est rare s’est produit pour cet œuf : scission. Deux embryons croissent dans un flacon de taille fixe, prévu pour un seul.

L’embryon est-il une personne, des générations d’éthiciens se sont penchés sur la question. L’embryon en bocal est-il une personne ? Voilà qui relance le débat. Ces choses que l’on fait pousser artificiellement, tant qu’elles sont dans leurs petits flacons avec tous leurs tuyaux qui pompent dans un sens et dans l’autre, qui arrive à les considérer comme humaines ?

En tout cas, personnes humaines ou pas, en devenir ou définitives, c’est l’objet du travail des ingénieurs en ectogenèse et en tant que tel, vu son prix, ça doit être protégé. C’est quelque chose qui leur coûte cher et qui est censé leur rapporter gros. Ils ne vont certainement pas laisser ça se perdre.

Et là, il leur faut agir, ou ils risquent de perdre probablement les deux.

Sur n’importe quelle autre commande, ils se seraient substitués aux parents sans leur révéler le problème rencontré et auraient décidé tous seuls de la marche à suivre. Mais avec ceux-là qui viennent régulièrement contempler leur bocal qui mijote, c’est impossible. Voilà le Dr N. obligé de rapporter la situation et d’exposer encore une fois les solutions et les risques.

Parce que la marche à suivre, par défaut, est une solution cruelle aux yeux de beaucoup :

Il y a la possibilité de tirer un au sort et d’en disloquer un pour favoriser l’autre. Ou bien, ce qu’ils aiment moins faire, on peut attendre qu’ils soient -presque- trop gros pour tenir à deux et en transférer un dans un second flacon, mais cela présente de gros risques pour celui-ci, et quelques uns aussi pour celui auquel on en touche pourtant pas, mais cela reste théorique. Si cela se révèle impossible, l’on peut également les garder tous deux le plus longtemps possible en flacon, les décanter quand ça ne sera vraiment plus tenable faute d’espace, et les placer en couveuse ? Cette manœuvre est extrêmement risquée pour leur développement, compromis par la compression, voire pour leur vie néonatale ensuite.
On peut aussi ne rien faire, laisser faire les choses en espérant que le plus fort des deux se développe normalement, que l’autre meure en cours et soit absorbé par la matrice, en espérant que ça arrive tôt. Mais c’est prendre là un risque énorme pour les deux, à vrai dire. C’est extrêmement rare que cela se produise. Ce qui risque de se passer, c’est récupérer deux fœtus atrophiés et avec des malformations.

Pour ne rien arranger, dans ce cas la scission s’est faite après le stade blastomère.
« Ah, oui : nous n’avons implanté qu’une seule morula, pensez bien que si jamais les deux toutes premières cellules s’étaient séparées immédiatement après fécondation, nous l’aurions remarqué et agi en conséquence pour l’implantation, chaque embryon dans une cuve à lui tout seul. Nous avons donc là des jumeaux mono-chorionaux. Un seul placenta. Ils peuvent avoir chacun leur sac amniotique ou partager le même selon le stade auquel s’est produite la scission, mais le fait est là : on ne peut pas en sortir juste un seul et le tenter de transférer dans un autre flacon. À moitié de trancher le placenta en deux, ce que je ne recommande ab-so-lu-ment pas. »

Il faut inclure les parents dans le choix, donc ;
« Ce que j’ai à vous dire ne va pas vous plaire, mais c’est hélas nécessaire. Ce que je vous propose, en résumé... soit en sacrifier un pour optimiser les chances du second. »

Nul besoin d’être devin pour prévoir les expressions horrifiées des parents à cette mention...

« Soit préparer un incubateur de taille supérieure ; quand ils seront assez développés pour être considérés comme des prématurés viables en cas d’échec (25 semaines de développement in vitro, à la grande limite pour d’autres cliniques 20 seulement, mais cela implique des traitements encore plus lourds),
faire passer la matrice dans ce nouvel incubateur.
Si cela réussit, la gestation se poursuivra. Si non, il faudra les faire « naître » à ce moment-là et les placer en couveuse, avec respiration pulmonaire (qui sera difficile au début), alimentation par sonde gastrique... et non plus par le cordon ombilical. Jusqu’à ce qu’ils puissent mener une vie autonome, ce qui prend plus de temps ainsi qu’in utero - ou in vitro dans notre cas. Je ne vous cache pas qu’il y a un risque, au moment du transfert, pour que les membranes se rompent et forcent la « naissance ». »

Enfin, la décision à prendre n’est pas encore urgent, il leur reste du temps pour la prendre. Mais il faudra faire bien quelque chose, pourtant, à un moment ou l’autre. Laisser grandir ces enfants dans un environnement non adapté, c’est menacer leur développement à terme.

« Bien sûr, bien avant cela, au niveau du bocal dans lequel se trouvent ces deux embryons, l’on peut doubler les apports nutritifs et adapter l’imprégnation hormonale. Des jumeaux qui naissent naturellement font en général une taille normale, ils ne sont pas deux fois plus petits que des enfants uniques. Le corps maternel s’adapte à la demande, et naître à une taille inférieure à deux kilos est un mauvais départ dans la vie, pour notre espèce. Ça, ce n’est pas un problème. Mais là, ce dont nous manquons c’est de place, pas de moyens, pour leur permettre de croître. »

Ça a l’air de rien, « il suffit de les changer de bocal pour les mettre dans un plus grand » ? Ouais, « il suffit de » : voyez ce qu’il « suffit » de faire. Le transfert doit être effectué sans jamais couper l’apport d’oxygène et en évitant de couper aussi l’arrivée des nutriments, des hormones, et le recyclage des produits d’épuration du sang.

Cette opération, l’équipe préfère largement que les parents n’y assistent pas. Au nom des principes d’asepsie et de la recherche du risque minimum, ils se retrouvent écartés.

Ça évitera à toute l’équipe le stress supplémentaire de leur regard ; il y a déjà assez à gérer avec simplement la machinerie et son chargement vivant. La perspective d’avoir à relater un échec leur met la pression, celle d’avoir à échouer en direct serait ingérable.

Tant qu’on ne rompt pas l’alimentation de la matrice, tout ira bien. Il va falloir incliner les deux bocaux à l’horizontale, vider en grande partie leur solution de remplissage, accoler leurs ouvertures et faire passer le sac fœtal de l’un à l’autre. L’un après l’autre, brancher les tuyaux du nouvel incubateur par les fenêtres de manipulation, puis débrancher ceux de l’ancien. Vérifier au moment de chaque changement de raccord les activités des deux fœtus. Sous monitoring pendant toute l’opération, et encore après. Durant les quelques semaines à venir, les deux incubateurs, côte à côte, sont surveillés de près sans relâche.

Ça vaut quelques sueurs froides au Dr N. tout de même. Il attendait beaucoup de ce projet particulier : une grande première en matière d’androgenèse, il ne comptait pas en profiter se faire la main pour son premier transfert de matrice en prime ! Il connaît la théorie sur le bout des doigts, mais ne l’avait encore jamais pratiquée lui-même avant. Humiliation terrible : il a fallu appeler un collègue plus chevronné (il en a fait trois en vingt ans de carrière) pour lui demander de le conseiller et de le superviser.

Mais le Dr N. est prêt à tout pour porter son projet chéri à terme sans encombre, même à ce sacrifice. Ne pas appeler le meilleur spécialiste qu’il connaisse pour cette opération, ça serait manquer de professionnalisme, manquer à ses engagements envers un estimé client, et compromettre ses chances d’aboutir. Et ça tomberait aussi sous la coupe du manque de moyens accordés à un patient dans le besoin, d’une certaine façon.

(Mais tout de même, se dit-il après coup, s’il s’était écouté, tant pis : il ne se serait pas embarrassé de tout ce foin, il aura fait disparaître discrètement l’un des jumeaux sans avertir personne, espérant que ça passerait inaperçu. Cela aurait diminué la gloire à retirer de l’événement, certes, mais surtout évité bien des désagréments.)
***

( dernier chapitre )
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perso: gw - trowa, type: chapitre, fandom: gundam wing, rating: pg-13, pairing: aucun, perso: gw - quatre, pairing: traces, perso: gw - oc, type: fanfic, pairing: m/m

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