[one-shot] Harry Potter - Ces choses qui ne changent pas
Titre: Ces choses qui ne changent pas
Auteur: shono_hime
Fandom: Harry Potter
Personnages: Scorpius Malfoy, Alexander Nott (OC), Daphné Greengrass Théodore Nott et d'autres
Rating: G
Disclaimer: Ils sont tous à Rowling sauf Alexander, Josef et Loreena!
Note: Ecrit pour pompom_power, thème: 20 ans après, et aussi pour dame_de_pique!
Le Poudlard Express traversait un paysage plutôt champêtre, bien que peu coloré en ce mois de Décembre, quand la porte du compartiment que se réservaient habituellement les plus calmes des Serdaigles s'ouvrit. Une tête blonde et soigneusement coiffée apparut.
"Alexander!" souffla-t-il avec un coup d'oeil vers le Dernière année qui le regardait d'un air grondeur, certainement pour avoir oublié de frapper.
L'interpellé releva la tête de son livre et baissa légèrement ses lunettes sur son nez pour mieux voir le nouvel arrivant.
"Malfoy, rentre ou sors, mais ne reste pas là avec la porte ouverte!" râla une grande brune avec un froncement de sourcils irrité.
Scorpius leva les yeux au ciel mais obtempéra sans se répandre en jérémiades. Les occupants du compartiment apprécièrent l'effort. Il s'approcha du brun qu'il venait voir en enjambant les sacs, jambes étendues et autres bagages qui encombraient le chemin.
"Qu'est-ce qu'il y a?" demanda enfin Alexander quand Scorpius fut à côté de lui
Il marqua la page de son livre d'un doigt aux ongles rongés et fit signe au blond de s'asseoir, ce qu'il fit.
"Je viens de recevoir un hibou de Père. Ni lui ni Mère ne pourront être à King's Cross, ce soir. Je dois repartir avec toi et Tante Daphné," expliqua-t-il en lui tendant la lettre, en prenant visiblement bien soin de ne pas parler trop fort.
Alexander parcourut rapidement la lettre et hocha la tête.
"D'accord. On se retrouvera sur le quai."
Les Serdaigle présents regardèrent l'héritier Malfoy s'éloigner silencieusement après quelques derniers murmures à l'encontre de son cousin. Josef, un petit roux à moitié caché derrière son tome d'arithmancie, ricana.
"Tu l'as drôlement bien élevé, le Malfoy. Félicitations, Nott!"
Alexander leva les yeux au ciel et rajusta ses lunettes.
"Notre côté Greengrass nous prédispose à la politesse. Il a fallu des années de croisement pour parvenir à ce beau résultat!" déclara t'il très sérieusement, déclenchant des rires chez ses camarades.
"Je ne sais pas si tu l'as élevé, Alexander, mais en tout cas il t'adore... Un vrai fan," fit remarquer Loreena, la brune qui avait râlé pour la porte ouverte.
"C'est un Malfoy," rétorqua Josef avec une grimace. "Il n'est fan de rien d'autre que de lui-même et de sa propre importance..."
"Et toi, tu es roux, Josef," intervint Alexander.
"Euh... oui, et alors?" répondit-il, visiblement troublé par l'incongruité de la remarque.
"Alors... Est-ce que ça fait forcément de toi un Weasley?"
Loreena ricana quand Josef ne trouva visiblement rien à répondre, se contentant de grommeler dans sa barbe, avant de retourner à son arithmancie. Elle ne savait pas si son côté cassant était d'origine Nott ou Greengrass, mais elle adorait décidément le voir à l'oeuvre. Plus que Josef lui-même, en tout cas...
-----
Le vent qui soufflait sur le quai Neuf Trois-Quarts avait l'odeur de l'hiver et de la neige. Les parents qui attendaient leurs enfants, bravant courageusement la bise hivernale, se tenaient néanmoins un peu à l'abri. À l'annonce du train, cependant, tous avancèrent, et bientôt, le quai fut rempli du bruit joyeux des retrouvailles.
Daphné Nott, née Greengrass, une silhouette presque trop mince mais élégante, aux longs cheveux auburn légèrement bouclés et aux yeux bleus soigneusement maquillés, arriva sur le quai avec une majesté toute travaillée, un sourire fin aux lèvres.
Elle était aussi différente d'Astoria que deux soeurs pouvaient l'être. La plus jeune était sage, blonde, réservée, une épouse parfaite pour un Malfoy, malgré leur popularité réduite, tandis que l'aînée était de celle dont on pensait qu'elle ne se marierait jamais. Fantasque, changeant de couleur de cheveux au gré de ses humeurs et parfois décalée, celle qui avait été le mouton noir de sa famille s'était pourtant affirmée comme un membre influent de la Haute Société, bien plus, d'ailleurs, que sa soeur qui était plus effacée.
Elle avait participé à redorer le blason de la Famille Nott, secondant adroitement son mari dans sa démarche de marquer une coupure nette entre les Mangemorts de sa famille et lui-même. Et ainsi, presque vingt ans après la fin de la guerre, les Nott n'étaient plus automatiquement associés à la Magie Noire. Certes, personne n'avait oublié les horreurs commises par les Mangemorts, mais personne n'avait non plus oublié la présence de Théodore Nott parmi les Serpentards qui, après être allés chercher de l'aide, étaient revenus pour participer à la Bataille de Poudlard, du bon côté.
La répartition d'Alexander, fils unique de Théodore, avait également joué en leur faveur, tout comme la fierté que son père ne cachait pas de voir son fils chez les Serdaigles. Mais somme toute, les Nott restaient relativement loin du devant de la scène, leur discrétion calquée sur celle du chef de famille, un style de vie qui faisait naître la curiosité et parfois aussi la méfiance.
Mais, et c'était là une autre règle de vie que cultivaient les Nott, l'indifférence apparente était la clé de tout, aussi Daphné Nott ne portait-elle aucunement attention aux regards que lui lançaient les adolescents, troublés par la vision des jambes fines dépassant de son long manteau, ni à toute autre manifestation de désapprobation. Elle ne faisait rien de mal, elle venait juste chercher son fils et son neveu, après tout...
Elle sourit en les apercevant. L'un à côté de l'autre, les deux cousins formaient un étrange tableau. L'un grand et brun, à l'air vaguement maladif, et l'autre petit et blond, aux mouvements paradoxalement nerveux et gracieux à la fois. L'un Serdaigle et l'autre Serpentard, l'un portant un badge de quidditch sur son écharpe, et l'autre avec un lourd livre de Runes à la main. Et pourtant, il y avait quelque chose, dans leurs traits fins, dans leur allure altière et dans leurs yeux clairs qui les rapprochait indéniablement, leur "côté Greengrass", comme disait souvent Alexander.
Elle tendit la main à son fils et l'attira vers elle pour lui déposer un baiser sur la joue, puis la lui caressa du pouce pour effacer la marque de rouge à lèvres qu'elle venait d'y laisser, après quoi elle fit de même avec son neveu. Les deux jeunes acceptèrent l'accolade de bonne grâce, Scorpius allant même jusqu'à rougir légèrement, à l'amusement discret des deux autres.
"Nous y allons?" demanda-t-elle tandis qu'ils récupéraient leurs malles et autres bagages.
Ils se dirigeaient vers la sortie, les deux jeunes saluant leurs camarades respectifs, quand ils croisèrent la famille Potter au grand complet. Daphné ne s'arrêta pas et se contenta de les saluer d'un bref signe de la tête, tandis que Scorpius et Albus se regardaient fixement, en un défi muet. C'était une habitude qu'ils avaient depuis leur entrée à Poudlard, deux ans plus tôt, et plus exactement depuis une mésaventure impliquant un chaudron de Potions et un pétard, dont ils ne reconnaissaient la responsabilité ni l'un ni l'autre, évidemment.
Puis une tête rousse apparut derrière Albus, fronçant les sourcils, et Scorpius perdit instantanément toute envie belliqueuse. Lily Potter, en première année à Gryffondor, continua à fixer d'un regard grondeur son aîné de deux ans, qui perdit quelques centimètres, sans pour autant la quitter des yeux lui non plus.
"Lily!" s'exclama James d'un air profondément outré, en la prenant par le bras pour qu'elle cesse immédiatement de loucher sur l'héritier Malfoy. Il foudroya Scorpius du regard puis tendit un index menaçant vers Alexander.
"Dis-lui d'arrêter de regarder ma soeur, Nott!" grogna t'il.
"Dis-lui toi-même... Je t'assure que malgré les apparences, il est doté d'un minimum d'intelligence et de facultés de compréhension suffisantes, Potter," répliqua Alexander, indifférent au regard outré de son cousin.
"Hé! Il est dans le coin et il aimerait bien qu'on s'en souvienne!" râla Scorpius en bousculant Alexander pour se mettre devant.
"Oh, ça, on sait, Malfoy. Ça pue le parfum, dans le coin!" se moqua James en fronçant le nez, faisant ricaner Albus.
"Dis donc, Potter!" gronda Scorpius en se plantant devant James, les bras croisés, les joues rougies par l'irritation. "T'as peut-être juste le nez trop près de la bouche!"
"Non, je t'assure, on a le vent de face, ça vient de toi!" insista le brun en secouant la main devant lui.
Derrière les adolescents, Daphné et Ginny échangèrent un regard. Chaque année, c'était la même chose... Aucun d'eux n'était particulièrement aggressif en général, mais quand ils se croisaient... Quelque part, c'était un peu dommage de voir ça, comme si ce qu'avaient longtemps éprouvé leurs pères les uns pour les autres s'était retrouvé imprimé dans leur chair à leur naissance... Et d'un autre côté, les regards en coin que Lily jetait à Scorpius de derrière ses cheveux roux, quand il ne la regardait pas, et le ton amical que prenaient les discussions enflammées entre James et Alexander laissaient, au contraire, voir que les choses avaient changé.
-----
Daphné conduisait son élégante voiture avec autant de grâce qu'une danseuse de ballet, et si elle passait trop de temps à vérifier sa coiffure dans le rétroviseur, c'était que les embouteillages de Londres lui en laissaient largement le temps. Elle en profitait également pour observer ses deux passagers.
Scorpius faisait la tête, vexé que son cousin n'ait pas plus pris sa défense face à "ce sale frimeur de James Potter", et surtout, surtout, outré qu'Alexander ait osé dire qu'il le trouvait plutôt sympathique.
"T'es qu'un sale traître!" siffla Scorpius en se tournant sur le siège pour mieux ignorer son cousin.
"Dit celui qui fait les yeux doux à la petite soeur de son pire ennemi!" répliqua Alexander en riant.
Tandis que Scorpius se répandait en dénégations véhémentes et confuses, qu'Alexander rajoutait de l'huile sur le feu en rappelant l'âge de la jeune Potter, l'air de ne pas y toucher, Daphné s'arrêta à proximité d'un vieux pub qui ne payait pas de mine, à l'enseigne pourtant connue de tout le monde sorcier.
Théodore préférait sortir par le Chaudron Baveur que par les issues réservées aux employés du Ministère, certainement par esprit de contradiction. Daphné savait également qu'il aimait flâner quelques minutes dans le Chemin de Traverse, après une journée passée à classer des archives sans voir la lumière du jour. Parfois, elle pensait que le travail qu'il faisait était ingrat, pour lui qui était si brillant, mais il ne s'en plaignait jamais. Il ne se plaignait jamais de rien...
Perdue dans ses pensées, elle ne le vit pas approcher de la voiture, et ce n'est que quand il ouvrit la portière qu'elle sursauta et revint à la réalité.
"Bonjour, Père!" le salua Alexander en s'avançant sur son siège, avec ce sourire de petit garçon qui faisait invariablement fondre sa mère.
Théodore se tourna vers lui, un sourire aux lèvres et lui posa une main sur la nuque en une caresse légère pour le saluer. Il embrassa ensuite sa femme sur la joue avant de regarder Scorpius, toujours boudeur, au fond de son siège.
"Bonjour, mon Neveu," lança t'il d'un ton affectueusement taquin. "Quelle chance que tu sois là! Londres aurait bien besoin d'un peu de soleil."
Scorpius fit la moue, saisissant parfaitement la moquerie derrière ces mots. Il connaissait bien son Oncle, suffisamment, en tout cas pour savoir qu'il appréciait le temps pluvieux de sa ville natale.
"Bonjour, Oncle Théodore," bougonna t'il.
Daphné sourit à son mari quand il attacha sa ceinture en lui jetant un coup d'oeil.
"Que s'est-il passé?"
"Il s'est passé que nous avons croisé les Potter, vois-tu."
"Ah..."
Dans le rétroviseur, Daphné vit son fils se pencher vers Scorpius pour lui murmurer quelque chose à l'oreille, qui le fit se dérider un petit peu. Alexander insista, en riant doucement, cherchant apparemment à faire craquer son cousin. Elle le laissa faire, ne doutant pas qu'il y parviendrait et redémarra la voiture.
"Je crois que nous allons être un oncle et une tante modèles et ne pas mentionner cet épisode à Draco," souffla Théodore en dénouant un peu sa cravate.
"Ni à Astoria," confirma Daphné, l'air de rien.
"Je parie que les deux frères de la demoiselle étaient ravis..."
"Ce sont des Weasley," se contenta-t-elle de répondre, comme si cela expliquait tout.
"Je vois qu'il y a des choses qui ne changent pas..." murmura Théodore, pensif.
"Et d'autres qui changent."
"Heureusement..." conclut-il en souriant aux rires des adolescents, sur la banquette arrière.
FIN.
Auteur: shono_hime
Fandom: Harry Potter
Personnages: Scorpius Malfoy, Alexander Nott (OC), Daphné Greengrass Théodore Nott et d'autres
Rating: G
Disclaimer: Ils sont tous à Rowling sauf Alexander, Josef et Loreena!
Note: Ecrit pour pompom_power, thème: 20 ans après, et aussi pour dame_de_pique!
Le Poudlard Express traversait un paysage plutôt champêtre, bien que peu coloré en ce mois de Décembre, quand la porte du compartiment que se réservaient habituellement les plus calmes des Serdaigles s'ouvrit. Une tête blonde et soigneusement coiffée apparut.
"Alexander!" souffla-t-il avec un coup d'oeil vers le Dernière année qui le regardait d'un air grondeur, certainement pour avoir oublié de frapper.
L'interpellé releva la tête de son livre et baissa légèrement ses lunettes sur son nez pour mieux voir le nouvel arrivant.
"Malfoy, rentre ou sors, mais ne reste pas là avec la porte ouverte!" râla une grande brune avec un froncement de sourcils irrité.
Scorpius leva les yeux au ciel mais obtempéra sans se répandre en jérémiades. Les occupants du compartiment apprécièrent l'effort. Il s'approcha du brun qu'il venait voir en enjambant les sacs, jambes étendues et autres bagages qui encombraient le chemin.
"Qu'est-ce qu'il y a?" demanda enfin Alexander quand Scorpius fut à côté de lui
Il marqua la page de son livre d'un doigt aux ongles rongés et fit signe au blond de s'asseoir, ce qu'il fit.
"Je viens de recevoir un hibou de Père. Ni lui ni Mère ne pourront être à King's Cross, ce soir. Je dois repartir avec toi et Tante Daphné," expliqua-t-il en lui tendant la lettre, en prenant visiblement bien soin de ne pas parler trop fort.
Alexander parcourut rapidement la lettre et hocha la tête.
"D'accord. On se retrouvera sur le quai."
Les Serdaigle présents regardèrent l'héritier Malfoy s'éloigner silencieusement après quelques derniers murmures à l'encontre de son cousin. Josef, un petit roux à moitié caché derrière son tome d'arithmancie, ricana.
"Tu l'as drôlement bien élevé, le Malfoy. Félicitations, Nott!"
Alexander leva les yeux au ciel et rajusta ses lunettes.
"Notre côté Greengrass nous prédispose à la politesse. Il a fallu des années de croisement pour parvenir à ce beau résultat!" déclara t'il très sérieusement, déclenchant des rires chez ses camarades.
"Je ne sais pas si tu l'as élevé, Alexander, mais en tout cas il t'adore... Un vrai fan," fit remarquer Loreena, la brune qui avait râlé pour la porte ouverte.
"C'est un Malfoy," rétorqua Josef avec une grimace. "Il n'est fan de rien d'autre que de lui-même et de sa propre importance..."
"Et toi, tu es roux, Josef," intervint Alexander.
"Euh... oui, et alors?" répondit-il, visiblement troublé par l'incongruité de la remarque.
"Alors... Est-ce que ça fait forcément de toi un Weasley?"
Loreena ricana quand Josef ne trouva visiblement rien à répondre, se contentant de grommeler dans sa barbe, avant de retourner à son arithmancie. Elle ne savait pas si son côté cassant était d'origine Nott ou Greengrass, mais elle adorait décidément le voir à l'oeuvre. Plus que Josef lui-même, en tout cas...
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Le vent qui soufflait sur le quai Neuf Trois-Quarts avait l'odeur de l'hiver et de la neige. Les parents qui attendaient leurs enfants, bravant courageusement la bise hivernale, se tenaient néanmoins un peu à l'abri. À l'annonce du train, cependant, tous avancèrent, et bientôt, le quai fut rempli du bruit joyeux des retrouvailles.
Daphné Nott, née Greengrass, une silhouette presque trop mince mais élégante, aux longs cheveux auburn légèrement bouclés et aux yeux bleus soigneusement maquillés, arriva sur le quai avec une majesté toute travaillée, un sourire fin aux lèvres.
Elle était aussi différente d'Astoria que deux soeurs pouvaient l'être. La plus jeune était sage, blonde, réservée, une épouse parfaite pour un Malfoy, malgré leur popularité réduite, tandis que l'aînée était de celle dont on pensait qu'elle ne se marierait jamais. Fantasque, changeant de couleur de cheveux au gré de ses humeurs et parfois décalée, celle qui avait été le mouton noir de sa famille s'était pourtant affirmée comme un membre influent de la Haute Société, bien plus, d'ailleurs, que sa soeur qui était plus effacée.
Elle avait participé à redorer le blason de la Famille Nott, secondant adroitement son mari dans sa démarche de marquer une coupure nette entre les Mangemorts de sa famille et lui-même. Et ainsi, presque vingt ans après la fin de la guerre, les Nott n'étaient plus automatiquement associés à la Magie Noire. Certes, personne n'avait oublié les horreurs commises par les Mangemorts, mais personne n'avait non plus oublié la présence de Théodore Nott parmi les Serpentards qui, après être allés chercher de l'aide, étaient revenus pour participer à la Bataille de Poudlard, du bon côté.
La répartition d'Alexander, fils unique de Théodore, avait également joué en leur faveur, tout comme la fierté que son père ne cachait pas de voir son fils chez les Serdaigles. Mais somme toute, les Nott restaient relativement loin du devant de la scène, leur discrétion calquée sur celle du chef de famille, un style de vie qui faisait naître la curiosité et parfois aussi la méfiance.
Mais, et c'était là une autre règle de vie que cultivaient les Nott, l'indifférence apparente était la clé de tout, aussi Daphné Nott ne portait-elle aucunement attention aux regards que lui lançaient les adolescents, troublés par la vision des jambes fines dépassant de son long manteau, ni à toute autre manifestation de désapprobation. Elle ne faisait rien de mal, elle venait juste chercher son fils et son neveu, après tout...
Elle sourit en les apercevant. L'un à côté de l'autre, les deux cousins formaient un étrange tableau. L'un grand et brun, à l'air vaguement maladif, et l'autre petit et blond, aux mouvements paradoxalement nerveux et gracieux à la fois. L'un Serdaigle et l'autre Serpentard, l'un portant un badge de quidditch sur son écharpe, et l'autre avec un lourd livre de Runes à la main. Et pourtant, il y avait quelque chose, dans leurs traits fins, dans leur allure altière et dans leurs yeux clairs qui les rapprochait indéniablement, leur "côté Greengrass", comme disait souvent Alexander.
Elle tendit la main à son fils et l'attira vers elle pour lui déposer un baiser sur la joue, puis la lui caressa du pouce pour effacer la marque de rouge à lèvres qu'elle venait d'y laisser, après quoi elle fit de même avec son neveu. Les deux jeunes acceptèrent l'accolade de bonne grâce, Scorpius allant même jusqu'à rougir légèrement, à l'amusement discret des deux autres.
"Nous y allons?" demanda-t-elle tandis qu'ils récupéraient leurs malles et autres bagages.
Ils se dirigeaient vers la sortie, les deux jeunes saluant leurs camarades respectifs, quand ils croisèrent la famille Potter au grand complet. Daphné ne s'arrêta pas et se contenta de les saluer d'un bref signe de la tête, tandis que Scorpius et Albus se regardaient fixement, en un défi muet. C'était une habitude qu'ils avaient depuis leur entrée à Poudlard, deux ans plus tôt, et plus exactement depuis une mésaventure impliquant un chaudron de Potions et un pétard, dont ils ne reconnaissaient la responsabilité ni l'un ni l'autre, évidemment.
Puis une tête rousse apparut derrière Albus, fronçant les sourcils, et Scorpius perdit instantanément toute envie belliqueuse. Lily Potter, en première année à Gryffondor, continua à fixer d'un regard grondeur son aîné de deux ans, qui perdit quelques centimètres, sans pour autant la quitter des yeux lui non plus.
"Lily!" s'exclama James d'un air profondément outré, en la prenant par le bras pour qu'elle cesse immédiatement de loucher sur l'héritier Malfoy. Il foudroya Scorpius du regard puis tendit un index menaçant vers Alexander.
"Dis-lui d'arrêter de regarder ma soeur, Nott!" grogna t'il.
"Dis-lui toi-même... Je t'assure que malgré les apparences, il est doté d'un minimum d'intelligence et de facultés de compréhension suffisantes, Potter," répliqua Alexander, indifférent au regard outré de son cousin.
"Hé! Il est dans le coin et il aimerait bien qu'on s'en souvienne!" râla Scorpius en bousculant Alexander pour se mettre devant.
"Oh, ça, on sait, Malfoy. Ça pue le parfum, dans le coin!" se moqua James en fronçant le nez, faisant ricaner Albus.
"Dis donc, Potter!" gronda Scorpius en se plantant devant James, les bras croisés, les joues rougies par l'irritation. "T'as peut-être juste le nez trop près de la bouche!"
"Non, je t'assure, on a le vent de face, ça vient de toi!" insista le brun en secouant la main devant lui.
Derrière les adolescents, Daphné et Ginny échangèrent un regard. Chaque année, c'était la même chose... Aucun d'eux n'était particulièrement aggressif en général, mais quand ils se croisaient... Quelque part, c'était un peu dommage de voir ça, comme si ce qu'avaient longtemps éprouvé leurs pères les uns pour les autres s'était retrouvé imprimé dans leur chair à leur naissance... Et d'un autre côté, les regards en coin que Lily jetait à Scorpius de derrière ses cheveux roux, quand il ne la regardait pas, et le ton amical que prenaient les discussions enflammées entre James et Alexander laissaient, au contraire, voir que les choses avaient changé.
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Daphné conduisait son élégante voiture avec autant de grâce qu'une danseuse de ballet, et si elle passait trop de temps à vérifier sa coiffure dans le rétroviseur, c'était que les embouteillages de Londres lui en laissaient largement le temps. Elle en profitait également pour observer ses deux passagers.
Scorpius faisait la tête, vexé que son cousin n'ait pas plus pris sa défense face à "ce sale frimeur de James Potter", et surtout, surtout, outré qu'Alexander ait osé dire qu'il le trouvait plutôt sympathique.
"T'es qu'un sale traître!" siffla Scorpius en se tournant sur le siège pour mieux ignorer son cousin.
"Dit celui qui fait les yeux doux à la petite soeur de son pire ennemi!" répliqua Alexander en riant.
Tandis que Scorpius se répandait en dénégations véhémentes et confuses, qu'Alexander rajoutait de l'huile sur le feu en rappelant l'âge de la jeune Potter, l'air de ne pas y toucher, Daphné s'arrêta à proximité d'un vieux pub qui ne payait pas de mine, à l'enseigne pourtant connue de tout le monde sorcier.
Théodore préférait sortir par le Chaudron Baveur que par les issues réservées aux employés du Ministère, certainement par esprit de contradiction. Daphné savait également qu'il aimait flâner quelques minutes dans le Chemin de Traverse, après une journée passée à classer des archives sans voir la lumière du jour. Parfois, elle pensait que le travail qu'il faisait était ingrat, pour lui qui était si brillant, mais il ne s'en plaignait jamais. Il ne se plaignait jamais de rien...
Perdue dans ses pensées, elle ne le vit pas approcher de la voiture, et ce n'est que quand il ouvrit la portière qu'elle sursauta et revint à la réalité.
"Bonjour, Père!" le salua Alexander en s'avançant sur son siège, avec ce sourire de petit garçon qui faisait invariablement fondre sa mère.
Théodore se tourna vers lui, un sourire aux lèvres et lui posa une main sur la nuque en une caresse légère pour le saluer. Il embrassa ensuite sa femme sur la joue avant de regarder Scorpius, toujours boudeur, au fond de son siège.
"Bonjour, mon Neveu," lança t'il d'un ton affectueusement taquin. "Quelle chance que tu sois là! Londres aurait bien besoin d'un peu de soleil."
Scorpius fit la moue, saisissant parfaitement la moquerie derrière ces mots. Il connaissait bien son Oncle, suffisamment, en tout cas pour savoir qu'il appréciait le temps pluvieux de sa ville natale.
"Bonjour, Oncle Théodore," bougonna t'il.
Daphné sourit à son mari quand il attacha sa ceinture en lui jetant un coup d'oeil.
"Que s'est-il passé?"
"Il s'est passé que nous avons croisé les Potter, vois-tu."
"Ah..."
Dans le rétroviseur, Daphné vit son fils se pencher vers Scorpius pour lui murmurer quelque chose à l'oreille, qui le fit se dérider un petit peu. Alexander insista, en riant doucement, cherchant apparemment à faire craquer son cousin. Elle le laissa faire, ne doutant pas qu'il y parviendrait et redémarra la voiture.
"Je crois que nous allons être un oncle et une tante modèles et ne pas mentionner cet épisode à Draco," souffla Théodore en dénouant un peu sa cravate.
"Ni à Astoria," confirma Daphné, l'air de rien.
"Je parie que les deux frères de la demoiselle étaient ravis..."
"Ce sont des Weasley," se contenta-t-elle de répondre, comme si cela expliquait tout.
"Je vois qu'il y a des choses qui ne changent pas..." murmura Théodore, pensif.
"Et d'autres qui changent."
"Heureusement..." conclut-il en souriant aux rires des adolescents, sur la banquette arrière.
FIN.