Il n'y avait aucune note pour le mois d'octobre

Oct 10, 2008 20:18

 

Je ne sais pas vraiment comment tourner ça.

Comme d'habitude, prolifération des "idées de notes", des "choses qui pourraient être dites", des "sujets à aborder", des "fragments sur lesquels je devrais réfléchir". M'est avis que, à force d'écrire des lettres, je finis par ne plus savoir ce qui vaut la peine d'être dit ou pas (puisque les lettres ne sont qu'une vaste systématisation où il s'agit de poser sur papier tout ce qui me passe dans la tête, beaucoup plus facilement, parce qu'il suffit d'avoir mon bloc-notes et ma trousse).

"Ici" est un endroit impersonnel. Les gens sont chacun de leur côté, et il n'y a pas de confrontation. Ouais, y'en a qui s'entendent "bien", mais j'ai l'impression que ça n'est qu'un simulacre, une mauvaise parodie des relations lycéennes. J'ai vraiment l'impression que les gens sont des étrangers les uns pour les autres, et que, d'une certaine manière, ils s'en foutent. Même si nous sommes en "petits comités" assez souvent (moins d'une trentaine de personnes ; il n'y a que deux amphis, donc, le reste des cours se passent dans des classes somme toute basiques), les profs ne cherchent pas à connaître nos noms ou nos prénoms, par exemple. Vanité de l'entreprise ? Mais c'est triste. J'aime pas me dire que je suis "qu'un élément qui passe", même si c'est plus ou moins la représentation qu'on se fait de moi. Oh, sujet dangereux, d'ailleurs, il faut que je biaise, ou sinon, ça va vraiment m'attrister, et je risque de retomber dans une excès paranoïaque sur "est-ce que j'existe aux yeux des autres ?" et "est-ce que j'accorde trop d'importance à ces choses-là, ou est-ce que je les estime à leur juste valeur ?".

On ne peut pas dire que j'ai réellement des repères, à la fac. Je n'ai jamais mis les pieds dans le Starbucks un peu plus loin, mais je sens que je vais m'y réfugier le lundi (Beaubourg n'ouvre qu'à 12h, et c'est finalement pas très rentable, d'y aller même si j'ai rien entre 11h et 14h). La personne avec qui je parle le plus est un futur octogénaire (le 20 octobre), qui, justement parce qu'il ne vient pas ici pour faire acte de présence, semble avoir un goût pour apprendre et explorer les choses.

Il y a eu une tentative de rapprochement (j'en aurais au moins tiré le carnet de grammaire de l'année dernière, histoire de me remettre à niveau) avec une fille, mais quand, pour lancer une conversation, elle me sort "Il parait que y'a Cyril de la Star Ac' ici" avec un sourire à la "il-est-connu-je-veux-trop-le-voir-lol", je peux pas imaginer développer une relation autre qu'utilisatrice avec elle. J'avais oublié que, basiquement, qui dit "consommation" dit "masses grouillantes", dit "majoritaires". Et "surpopulation en fac".

Peut-être que ça changera, que je trouverai des "éclats", que j'aurai à nouveau ces fichus intuitions, et que je me retrouverai à tourner tout autour de ces personnes en quémandant de l'attention, qu'il faudra les forcer à reconnaître mon existence ; et ma danse personnelle recommencera, et, comme à chaque fois, je trouverai ça de plus en plus usant, parce que, de tout ce que j'espère construire, qu'est-ce qu'il reste, au final ? Des non-dits, tournés et retournés dans ma tête ; mes scénarii imaginaires ; mes projections ; mes espoirs ; mes attentes, dans lesquels je reste passive et attends que tout me tombe dans le bec.

Il y a des gens que je connais, pourtant. La moitié des filles de 1ère/TL sont à Paris III. Mais ça fait dix jours que je n’ai pas vu, même de loin, Flo et Auriane ; et je n’ai jamais vu Golddie, alors qu’elle y est. Il y a des personnes qui étaient en HK, aussi ; E., et C., avec qui j’ai 3h30 de cours en commun le vendredi. T., aussi, que j’ai croisé brièvement à plusieurs reprises. Mais ça reste « en coup de vent entre deux cours », et je n’ai le temps pour aucune conversation.

Et puis, vraiment, c’était une idée à la Kon, de prendre Espagnol en plus d’Etudes Théâtrales. Ou Etudes Théâtrales tout court.

-         Espagnol : certes, on étudie Garcia Lorca en Littérature Espagnole, et la prof aime, et j’aime aussi. Mais il y a le reste : version et grammaire, ou c’est un massacre absolu (C. est d’accord) ; Littérature de l’Amérique latine (je hais Vargas Llosa) ; civilisation Espagnole : le Siècle d’or (… youpi… ?) ; civilisation de l’Amérique latine, qui tourne en rond, et m’ennuie.

-         Etudes Théâtrales : certes, il y a le cours d’Histoire du Théâtre au XVIIIème siècle, mais ça s’arrête là. Théâtre Jeune Public, Scénographie (super, on va construire une maquette ; et pour le cours magistral, j’en ai marre de l’écouter raconter des conneries sur la philosophie antique), Esthétique Théâtrale… le nombre de cours est finalement affreusement réduit (sur les 18h30, il faut en fait enlever 1h30 d’Anglais, et 4h d’info). Et puis, je n’ai pas le moindre morceau de pratique, et réduire la pratique à quelque chose de théorique, je trouve ça affligeant, en plus de paradoxal. Le « théâtre » en lui-même semble s’éloigner complètement. Je m’emmerde, sérieusement. Et j’ai trop de cours pour tenter de prendre des cours à l’extérieur.

Sur le plan des cours, tout perd de sa saveur. J’ai essayé de jouer à l’élève intéressée, en Théâtre Jeune Public et (un peu) en Scéno. Ca me réussit pas. J’essaie d’appliquer des méthodes qui n’ont pas leur pratique ici, parce qu’elles sont trop « rigoureuses » (il y a juste en Littérature Espagnole, où, justement la prof « colle au texte », et me permet de ne pas perdre complètement espoir).

Ca m’afflige, m’ennuie, me fatigue, mais tout ça me submerge pas (encore ?). Ou alors, ça n’est qu’une question de temps. « Les choses ne me plaisent pas », et « ça ne me plait pas » de me dire que je passe chaque moitié de l’année à penser ça. Pas d’état mélodramatique ni d’angst total. Juste… un peu blasée, quelque chose qui se transforme en fatigue passive (« je ne peux rien y faire, il faudrait que je n’y pense plus »). Ce ne me plait pas, de me dire que, sans doute, dans quelques temps, je me dirais, en repensant à ces moments : « J’ai des regrets », « Si j’avais su, j’aurais plutôt fait ça ». Je n’ai rien réglé cet été, matériellement parlant, mais j’ai organisé un peu la façon dont il fallait appréhender les évènements les plus lointains. Sauf que le temps a passé, depuis, et que, dans ma tête, ce sont d’autres qui ont pris la place laissée vacante. Ce sont d’autres types de regrets (et de remords), et, justement, parce qu’ils sont plus proches, assez obsédants dans leur genre. Si je dois reprendre ma « séparation en trois », je suis présentement dans l’état « de celle qui console » (à côté de celle qui pleure et celle qui déteste qu’on la fasse pleurer), l’état assez passif, qui voudrait fermer les yeux pour ne rien voir, en espérant que le monde changera pendant ce temps.

Est-ce que ce regret/remord (parce que c’est un peu des deux) va me hanter aussi longtemps que les autres ? Environ 8 ou 9 ans pour l’un, et plus de trois ans pour l’autre ? Je crois que je n’arriverai jamais à avoir la conversation sérieuse que je souhaitais.

What would you think of me now,
So lucky, so strong, so proud ?
I never said thank you for that,
now I'll never have a chance.

études: life in licence, études: fac

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