La proclamation de la loi Dobby
Disclaimer : Les personnages appartiennent à l'œuvre originale de JK Rowling
genre : biographie
bêta : ayame
résumé : 19 aout 2023. Hermione Weasley, responsable du Département d'Application des Lois Magiques s’apprête à faire une déclaration dans le parc de Poudlard qui va bouleverser la société sorcière et son rapport avec les créatures magiques.
Trois hommes vont la soutenir, l’aimer, la mépriser, l'envier. Trois hommes qui l'accompagneront au fil de cette journée.
Granger, ma meilleure ennemi.
Sa main droite pianotait impatiemment le pommeau de sa canne ouvragée en argent massif. Accompagné de sa femme, Astoria, il attendait dans la file d'attente que le préposé aux billets veuille bien s'occuper de lui.
Avec une nonchalance et un mépris calculé, il connaissait toutes les familles de Sang-Pur pour savoir que cet employé du Ministère n'en était point un, il tendit son billet de couleur doré.
Fabian, qui travaillait depuis une dizaine d'années au service hibou du Ministère jubilait en voyant la couleur du ticket. Ce n'était point un billet d'invitation du Ministère, qui était rouge vif ou bien la teinte azur des journalistes, ni le coloris vert émeraude des amis personnels de Madame Weasley. Non c'étaient les billets très chers, vendues aux familles fortunées n'ayant pas reçu d'invitation.
Drago n'oubliait pas les conseils de feu son père: être toujours là où la grande société se rendait, même si pour cela tu dois côtoyer des êtres inférieurs. Ce qui importe c'est que l'on remarque la présence des Malefoys « Que le Monde sache, malgré notre disgrâce, que nous sommes toujours proche des puissants ».Il avait payé à un prix exorbitant ce billet, résistant à la tentation de lancer un impardonnable sur ce mécréant de vendeur à la sauvette.
Fabian, savait qu'il ne devait point faire d'esclandre, la gentille Madame Weasley avait besoin de cette manne financière pour amorcer son projet et il ne tenait sûrement pas à gâcher sa journée, il se contenta de lui indiquer avec son plus grand faux-sourire qu'il occupait les derniers rangs, là où se trouvait les fauteuils de velours ocre.
Drago pouvait voir en demi-cercle, des rangées aux couleurs différentes dans les tonalités des billets vendus. Il rageait de se voir confiner aux derniers rangs malgré la somme déboursée, et après un geste bref de la main congédiant l'employé il se dirigea vers l'emplacement indiqué.
Il percuta sans faire attention un couple à la chevelure dorée et au moment où il s'apprêtait à invectiver ces derniers, il s'aperçut que les yeux bleus rêveurs de Luna le regardaient. Il connaissait assez bien le trio pour savoir qu'elle était sûrement une des leurs invités et prenant sa baguette, discrètement dans la manche droite de sa robe de velours noir, il lança un sort de confusion et échangea les billets.
Avec un grand sourire, se retenant de chanter car cela ne siérait point à son rang, il se dirigea vers les fauteuils aux couleurs verdoyantes, comme pensa-t-il avec ironie celle de ma Maison. Il décida tout de même de s'installer avec son épouse vers les rangs les plus extrêmes de ces rangées. Il n'avait aucune envie d'attirer les foudres de Saint-Potter et de ses apôtres mais il fallait qu'il reste visible pour les journalistes.
Il restait que quelques minutes avant que la Granger fasse son discours. Il n'arrivait pas toujours à croire qu'elle ait pu obtenir un poste dans le Ministère, une personne d'aussi basse extraction. Le monde tournait réellement à l'envers.
Son regard se posa sur la marée de cheveux roux qui occupait le premier rang. Drago ne put s'empêcher de les comparer cette famille à des écureuils se reproduisant tel de la gangrène, non tels des lapins. Un grand fou rire intérieur le prit et seul un petit sourire s'esquissa sur les commissures de ses lèvres. Astoria, qui savait reconnaître dans chaque pli de son visage l'expression des plus minuscules de ses émotions, lui demanda la raison de son hilarité :
« Je pensais à Granger et à ses dents de lapin.»
Astoria, un peu interloqué : « Des dents de lapin, qu'est-ce donc, mon ami ?
- Ce sont des dents de devant proéminentes comme pour celle de cet animal. Père m'avait emmené un jour dans le Londres Moldus pour visiter une animalerie et un zoo. Il disait regretter que le Ministère n'accepte point l'idée de mettre en cage les Moldus, alors que cette place leur était tout indiqué.
- Elle a quelques défauts physiques, mais il ne me semble pas avoir remarqué qu'elle possédait des dents longues en avant.
Non, c'est une anecdote, qui s'est passé lors de ma quatrième année. Si tu savais comme cette fille était insupportable ! Amie de Potter et Weasley, elle ne cessait de lever le doigt en cours pour répondre aux questions, rendant cinq parchemins, au lieu des deux demandés. Heureusement, notre directeur de Maison n'était pas dupe de ses allégations et la notait sévèrement comme elle aurait dû l'être.
En plus, je ne sais si tu oses l'imaginer, elle osait me répondre, me provoquer. Moi un Sang-Pur, défié par une Sang-de-Bourbe !
- Chéri, ne prononce pas ce mot en public, tu sais que cela nuirait à notre position
- Oui, je sais. Mais elle m'exaspère depuis tant d'années. Un jour lors d'un de nos affrontements verbaux, j'ai sorti ma baguette et je lui ai lancé un sort. Celui-ci a dévié et n'a pas eu l'effet escompté, mais il m'a ravie au plus haut point. Granger, qui avait déjà une dentition proéminente s'est retrouvée avec des dents qui ne cessaient de croitre. En y réfléchissant elle ressemblait plus à un morse qu'à un lapin, termina-t-il en souriant
Malheureusement, elle rejoignit l'infirmerie et fut guérie dans la matinée, et je la soupçonne même, par vanité, d'avoir réduit sa dentition. Ce fut l'une de mes plus belles journées ».
Croisant le regard de son épouse, il ajouta « à Poudlard. Depuis que je t'ai épousé, toutes mes journées sont belles et mes nuits magnifiques » et prit sa main pour un baisemain, dont la durée dépassait la décence usuelle du geste.
Drago écouta avec attention son discours, ses doigts se crispant rageusement à l'énoncé des différentes mesures en faveur des elfes de maison et des loups-garous. Il ne pouvait croire ce qu'il entendait : Granger, enfin Weasley était en train d'annoncer la libération des elfes : ils pourraient exercer la profession désirée contre rémunération conséquente. Un autre privilège de sa classe était en train de partir en éclats. Non, cette femme était vraiment une plaie pour le monde sorcier !
Trop énervé contre elle, il ne suivit pas ses déclarations sur les loups-garous et la fixa du regard, voulant se délecter du plaisir de notifier les nombreux défauts de son physique ingrat.
Elle avait abandonné sa longue chevelure d'épouvantail pour une coiffure plus courte à hauteur d'épaule. L 'aspect touffu de sa figure d'adolescente avait laissé place à des boucles disparates, retenues dans un chignon lâche et un peu négligé, mais il dut se l'avouer du meilleur goût. Elle n'avait pas la classe de sa femme, mais qui l'aurait !
Il pensait qu'en épousant un Weasley, elle deviendrait aussi difforme que sa belle-mère, mais si sa taille n'avait pas la gracilité d'une Malefoy, il reconnaissait que ses mensurations étaient loin de ce qu'il aurait pu imaginer. Combien d'enfant avait-elle ? Trois, six ? Une silhouette non gracile, mais pas aussi empâtée qu'il l'aurait cru. Il est vrai qu'il avait évité de croiser son chemin pendant plus de vingt ans.
Il ne pouvait voir les traits de son visage à cette distance et cela lui importait peu. Il vit avec une profonde exaspération les journalistes de la Gazette se précipitaient vers elle, appareils photos à la main. Toujours au-devant de la scène comme Saint Potter avec Gilderoy Lockhart pensa-t-il.
Drago savait qu'il faisait preuve d'une mauvaise foi évidente : la déclaration que Granger avait faites, bouleversait plus les fondements du monde Sorcier que jamais aucune autre proposition de loi ne l'avait faite auparavant.
Mais il ne pouvait s'empêcher d'éprouver du ressentiment envers elle. Serait-ce dû à cette fameuse gifle ? Heureusement, seuls ses idiots de Crabbe et Goyle avaient assisté à cette scène. Non, il savait que c'était plus profond que cela, plus ancré que ses principes éducatifs sur la valeur du Sang.
Il aperçut dans les personnalités du Ministère son camarade de classe, Théodore Nott. Il avait été l'un des rares Serpentards de sa promotion à ne pas avoir rejoint les rangs de Voldemort et l'establishment sorcier avait su lui montrer sa reconnaissance en lui octroyant une position confortable au Département des mystères.
Il se dirigea vers lui, convaincu qu'il ne lui refuserait pas le moindre petit service.
N'avait-il pas été le prince des Serpentards ?
Théodore tenta, sans aucun succès, de s'éloigner de son ancien condisciple : côtoyer un Malefoy n'avait pas le même prestige qu'auparavant. Bien sûr, leur fortune était restée la même, mais leur influence s'était réduite à une peau de chagrin depuis la fin de la guerre. Voyant qu'il ne pouvait l'éviter, il le salua brièvement et s'apprêtait à prendre congé lorsque Drago lui prit son bras et le tira en arrière. Théodore connaissait trop bien Drago pour savoir que ce geste, plutôt inhabituel de sa part, marquait en réalité si ce n'est une grande détresse, une demande expresse et suppliante.
Il plongea son regard dans ses yeux acier, essayant de lire les pensées de Drago, et attendit qu'il exprime ses doléances.
Drago, poussant un petit soupir et s'armant de courage, une qualité qui lui était peu familière, se lança.
« Théodore, quelle joie de te revoir. Je n'ai pas eu le temps, avec toutes mes obligations familiales et professionnelles de te féliciter pour ta promotion, mais sache que j'en suis fort aise.
- Merci de ta sollicitude. J'espère que ta famille se porte bien ?
- Oui, merci. A ce propos, je voulais te proposer les services de mon fils pour ton Département. Il vient de finir sa scolarité et cherche du travail. Il est très brillant et un simple poste de cadre suffira amplement à ses besoins »
Poussant un soupir, Théodore lui répondit avec du regret dans la voix : « Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. Je suis désolé de te le dire ainsi, mais ton nom n'ouvre plus les portes, au contraire. Personne ne songerait un seul instant à associer son nom ou celui du Ministère avec le tien, j'en suis désolé. Le désaveu social est trop important. »
« S'il te plait » Ces quelques mots, jamais personne n'aurait cru l'entendre sortir de la voix de Drago. Trop fier, il ne s'abaissait point à supplier, il accordait simplement aux gens la faveur de le satisfaire.
Mais là, il ne pouvait en faire autrement, il devait assurer à son fils un avenir plus clément.
« Il a été diplôme cet été de huit Aspics. Il a joué comme gardien dans l'équipe des Serpentards. Il participe depuis son plus jeune âge à des manifestations caritatives, il a le sens du contact. Il … C'est mon fils » acheva-t-il avec des trémolos inhabituels dans la voix
« Désolé, je ne peux rien pour toi. Bonne journée. » répondit sèchement Théodore.
Hermione avait assisté à toute la scène. Elle se rapprocha des protagonistes et faisant sursauter Drago, elle demanda « Quels Aspics ? »
Mais de quoi je me même, espèce de Sang-de... »
Il se tut avant de finir son insulte.
« Bonjour, fouine bondissante, oh pardon je voulais dire Malefoy. Après cet échange de civilités qui montre à quel point nous apprécions notre compagnie mutuelle, pourrais-tu laisser le passé de côté et penser à l’avenir de ton fils qui te préoccupe à ce qui me semble »
Drago la fixa du regard et lui demanda : « Comment pourrais-tu m’aider ? »
Je ne sais pas. Peut-être qu’en tant que responsable d’un Département du Ministère, je pourrais peut-être aider ton fils à trouver un emploi selon ses compétences.
- Pourquoi m’aiderais-tu ? Je ne t’aime pas, tu ne m’aimes pas, demanda-t-il en haussant un sourcil d’incompréhension
- Peut-être que ce qui m’importe n’est pas l’affection que je peux porter aux gens ou aux membres de leur famille, mais leurs compétences pour le travail demandé. Je ne juge pas les personnes sur des aprioris que j’aurais sur eux et surtout sur leur famille, aussi peu aimable soit-elle.
Il me semble que d’après ce que j’ai pu entendre ton fils aurait certaines capacités. Aurait-il par hasard validé ses aspics en soins aux créatures magiques, potions et runes ?"
Drago nota mentalement qu’elle avait suivie toute leur conversation, mais avait eu la discrétion d’omettre ses suppliques. Jamais il n’aurait fait une telle erreur : ne pas profiter des moments de faiblesses de ses ennemis pour les enfoncer encore plus. Typiquement Gryffondor comme attitude, à la limite presque digne des Poufsouffles.
Hermione poursuivit.
« Son profil pourrait correspondre à une proposition d’embauche. Les élèves à Poudlard prenant à la fois comme matières Soin aux créatures magiques et Etudes des runes sont plutôt rares, et je pense particulièrement à une auquel ton fils pourrait postuler".
Drago la fixait, ses doigts crispés sur sa canne, se retenant de lui hurler de poursuivre sa phrase et montrant son impatience en tapotant discrètement avec son pouce le pommeau de sa canne.
« Charlie, mon beau-frère envisage de créer une petite réserve de Dragons sur l’île de Burgh. Il cherche à former du personnel pour les soins, le dressage, la gestion du domaine.
- Tu veux que mon fils se fasse rôtir ? Je comprends mieux pourquoi tu voulais m’aider !
- Mais non, pendant trois ans il devra suivre une formation en Roumanie avec Charlie où il apprendra les bases du dressage et des soins aux Dragons. Ensuite, il reviendra suivre une formation administrative de deux ans dans le Département de contrôle et régulation des créatures magiques pour avoir les compétences pour devenir Directeur de cette réserve, si toutefois il réussit les épreuves imposées par Charlie
- Mais, prenant son ton suffisant qui lui collait à la peau, avec le prestige de mon nom, ne pourrait-il pas se passer de cette formation en Roumanie. Ses connaissances encyclopédiques à ce sujet sont intarissables."
Se retenant d’un petit sourire digne d’un Malefoy, Hermione se contenta de répondre
« Je crois que malheureusement, comme tu as pu t’en apercevoir ton patronyme a perdu de sa superbe depuis la fin de la guerre »
Drago, garda le silence, conscient que si son nom avait encore le prestige d’antan, jamais il n’aurait accepté l’aide proposée par une Sang-de-Bourbe pour assurer un avenir à son fils adoré. Ce qu'il aurait refusé fermement pour lui même, il l'acceptait par amour de sa chair.
« Si cela te convient, tu demanderas à Scorpius de venir à mon bureau, dans une dizaine de jours avec ses diplômes et mentions et ainsi qu’une lettre montrant son envie de suivre cette formation pour Monsieur Weasley. Je ferais suivre une copie du dossier avec une note de recommandation si j’estime Scorpius apte à être le candidat idéal, après avoir conversé avec lui. »
« Granger, Pourquoi ?
- Mais je te l’ai déjà expliqué, ce qui importe ce sont les qualités et les capacités des gens, pas leur sang ou leur famille. »
Drago soupira
« Non pourquoi as-tu témoigné en ma faveur au procès ? Père et mère ont été sauvé par le témoignage de Potter en leur faveur, mais pourquoi a-t-il fallu que ce soit une Sang-de Bourbe au lieu du Sauveur à qui je doive ma liberté, finit-il un peu rageusement
- Parce que je savais que tu m’avais reconnu dans ton Manoir ce jour-là, et il faut une certaine dose de courage pour ne pas nous avoir dénoncé clairement malgré la récompense promise et surtout de ne pas avoir amené à une mort certaine.
- Pourquoi crois-tu que je t’avais reconnu. Je me souviens d’avoir dit « je ...peut-être. Oui » à la question de ma mère. Je pouvais avoir vu en cette personne une similitude avec toi et hésiter cependant à dénoncer une innocente.
- Ton regard. Celui que tu me jettes encore aujourd’hui. Un regard plein de mépris et de dégoût. En croisant tes yeux, j’ai su que nous étions perdus. Tu étais prêt à nous dénoncer par peur des représailles de Voldemort, mais tu ne pouvais te résigner à être celui qui distinctement indiquerait notre identité. Tu as semé le doute et ce fut suffisant pour sauver notre vie et surtout celle d'Harry"
Drago réfléchit quelques instants, méditant ces propos.
« Tu sais que jamais je ne te remercierais pour ce que tu as fait, ou feras pour mon fils !
- Oui, je le sais. Mais je sais aussi que mon témoignage te hante encore, car tu ne supportes pas d’avoir un sentiment de dette avec une personne que tu jugeras toujours comme inférieure, et c’est cela qui me plait, car le jour où tu seras capable de me remercier ou tout du moins de ne plus éprouver ce sentiment signifiera que la valeur du sang n'aura plus aucune importance pour toi et ce sera une belle victoire pour moi."
Drago plongea ses yeux acier dans son regard noisette pendant quelques instants, et prenant appui sur sa canne comme sur un pivot, il se retourna pour se diriger vers sa femme. Discrètement, il salua Hermione par un imperceptible mouvement de la tête, auquel Hermione répondit silencieusement en fermant les paupières.
Il s'approcha en souriant de son épouse et affirma qu'il avait su manipuler cette pauvre fille et avait obtenu ainsi une proposition d'embauche intéressante pour leur enfant. Astoria, ravie lui demanda plus de détails qu'il se complaisait à relater, en manipulant les mots à son propre avantage.
Un peu perdu dans les méandres de sa conversation, Drago la regarda s'éloigner et se rapprocher de sa famille, enlaçant son époux. Il ressentit en les voyant ainsi, non pas une pointe de jalousie, car il était parfaitement heureux maritalement, mais un soupçon d'envie pour la complicité, qui jamais n'avait faibli entre les trois amis.
Jamais il ne serait devenu ami avec une fille de si basse condition, lui.