La proclamation de la loi Dobby
Disclaimer : Les personnages appartiennent à l'œuvre originale de JK Rowling
genre : O.S
bêta : ayame
résumé : 19 aout 2023. Hermione Weasley, responsable du Département d'Application des Lois Magiques s’apprête à faire une déclaration dans le parc de Poudlard qui va bouleverser la société sorcière et son rapport avec les créatures magiques.
Trois hommes vont la soutenir, l’aimer, la mépriser, l'envier. Trois hommes qui l'accompagneront au fil de cette journée.
Hermione, l'amie loyale et avisée
Harry Potter était assis au premier rang, en compagnie de sa femme. Lui qui avait souffert toute son enfance de l’absence d’un cocon familial protecteur et aimant, avait trouvé en la Famille Weasley, depuis ses premières années à Poudlard, un réconfort et une chaleur bienveillante.
Vingt-cinq années avaient passé depuis la dernière année où il avait foulé ce lieu, la prestigieuse école de sorcellerie de Poudlard.
Il se souvenait de cette cérémonie qui l'avait vu diplômé en Aspic, lui permettant de pouvoir concrétiser un de ses rêves d'adolescent et de devenir ainsi Auror. Bien sûr, il avait été un peu déçu d'apprendre que ses amis préféraient rentrer directement dans la vie active plutôt que de finir leur septième année, mais il avait été trop heureux de l’idylle naissante entre ses deux meilleurs amis pour leur en tenir rigueur. Même s'il ne l'avouerait jamais à Hermione, il avait toujours soupçonné que ce choix était dû à la pudeur de la jeune fille, qui ne voulait pas montrer trop ostensiblement son affection pour Ron et préférait garder ses marques d'attention pour l'intimité de leur appartement.
Deux petites pièces, bien modestes, situées dans une ruelle parallèle du Chemin de Traverse, mais qui suffisait amplement au couple d'amoureux qui, si l'on exceptait les réunions familiales dominicales des Weasley et leurs obligations professionnelles, vivotèrent en autarcie pendant une paire d'années.
Si Ron trouva rapidement sa place dans la société, en reprenant conjointement la direction du magasin « Weasley, Farces pour sorciers facétieux » et en assurant par une gestion avisée des rentrées conséquentes qui assurèrent la tranquillité d'esprit de deux familles Weasley, chose rare pour être soulignée. Ce ne fut pas aussi facile pour sa femme, dont le statut d'héroïne de guerre ne parvenait pas à faire oublier son absence de diplôme, raison évoquée pour justifier un refus d'embauche.
Hermione n'était point assez naïve pour ne pas avoir remarqué que la plupart de ses autres camarades de promotion n'avait pas non plus le diplôme, trop occupés à se remettre physiquement et psychologiquement des blessures de la Grande Bataille, mais ils appartenaient tous à de vieilles familles de sorciers ou tout du moins depuis quelques générations. Et c'est en constatant, désabusée que la valeur de son sang continuerait à être remise en cause de façon souterraine dans cette société qu'elle accepta, a contrario de ses convictions, l'aide que lui apporta Kingsley Shacklebolt en l'appuyant pour un poste subalterne certes, mais lui permettant de s'élever dans la hiérarchie de ce Département à force d'obstination et de travail.
Treize ans suffirent à ce qu'elle occupe le poste le plus important de ce Département. Son ascension fulgurante lui valut des propositions d’emploi de Départements jugés plus intéressants et prestigieux mais elle y resta et y travaille encore aujourd'hui.
Toute la population sorcière se pressait afin d'entrer dans le parc, tenant dans la main des invitations, tandis que d'autres espéraient arracher à renfort de gallions, un billet faisant office de sésame pour cet évènement
Plus de mille personnes : amis, journalistes, officiels entouraient la grande estrade en chêne blanc où trônait, de manière un peu ridicule, un oratoire et quelques fauteuils confortables au milieu d'une immense scène.
Harry prêta peu d'attention au discours introductif du Ministre, attendant avec impatience qu'Hermione prononce son allocution. Un discours qu'elle avait préparé minutieusement depuis des semaines, résultat de l'aboutissement de son plus grand projet. Aujourd'hui, le monde sorcier allait pour la première fois assister à la création d'un nouveau Département et d'une loi, au nom cher à son cœur.
Connaissant le discours par cœur, il ne put s'empêcher de sourire au moment où elle annonçait la création du statut de EVADE, remplaçant avantageusement le fourre-tout de créatures magiques et permettant ainsi une reconsidération des êtres qui lui étaient chers : les elfes de maisons et les loups-garous.
Entendant le brouhaha de surprise, et parfois d'indignation qui suivit la déclaration, Harry avec une admiration qui ne s'était jamais étiolé, observa le regard déterminé de son amie face aux éléments hostiles.
Plongeant dans les méandres de sa mémoire, il se rappelait de son obstination dès son plus jeune âge à vouloir libérer les elfes de maison, de sa capacité à lutter contre tout acte ou fait qu'elle jugeait injuste. N'hésitant pas à tenter de les incorporer d'office dans son club la S.A.L.E et à essayer de les convaincre d'arborer fièrement un badge éponyme. Jamais il ne lui avait avoué, mais s'il avait été tenté de porter ce badge pour lui faire plaisir et parce qu’il aimait bien les elfes, il ne l'avait jamais fait sous des prétextes fallacieux.
La véritable raison est qu'il ne pouvait décemment porter sur sa poitrine un badge portant le nom de SALE, il avait assez de surnoms péjoratifs pour ne pas en ajouter un autre, à cette période de son adolescence. Il sourit en pensant qu'avec le fil du temps, elle s'était grandement amélioré dans le choix des acronymes l'EVADE était quand même plus porteur que la SALE.
Jamais, il ne serait devenu ce qu'il était sans le soutien inconditionnel de ses amis. Dire qu'un affreux Troll de montagne avait été le facteur déterminant de leur amitié. Jamais il n'avait eu à douter de sa loyauté envers lui. Parfois sa rigidité face au règlement et sa prudence nuisaient à l'esprit aventureux des garçons et lui avait valu en réponse des bouderies de leur part, notamment pour son Eclair de Feu, mais toujours elle avait su mettre en sourdine ce respect aux règles pour les aider et les accompagner lorsqu'ils en avaient eu besoin.
Et c'est peut-être pour cela qu'elle n'avait pas hésité un seul instant à le suivre dans sa chasse aux Horcruxes, alors qu'il savait qu'elle tenait particulièrement aux Aspics dont elle avait commencé à réviser le programme l'année précédente.
Son cœur s'était brisé lorsqu'il l'avait vu pleurant toutes les larmes de son corps, essayant d'être sans succès, le plus silencieuse possible face au départ précipité et soudain de Ron. Il respecta sa pudeur et fit semblant d'ignorer son chagrin, alors qu'il désirait plus que tout la prendre dans ses bras pour la consoler et la remercier d'être toujours là, d'être l'élément stable de sa vie.
Bien sûr, sa stabilité il l'avait trouvée en fondant une belle famille avec son épouse bien-aimée, mais il ne supportait pas bien longtemps de ne pas la voir ou de ne pas avoir de ses nouvelles. Elle était comme sa sœur, mais bien plus encore : sa meilleure amie.
Plongé dans ses souvenirs, il ne fit pas attention que le discours d'Hermione était terminé et il fallut que Ginny attire son attention en claquant des doigts devant son visage pour qu'il puisse enfin revenir au moment présent.
Plusieurs journalistes se pressaient autour d'elle, poussant et ignorant Ron qui se tenait à côté, pressés de lui poser de multiples questions et sollicitant des éclaircissements sur la mise en œuvre de ce qui avait été annoncé.
Avec le temps elle avait appris à s'accommoder des journalistes : peut-être que la retraite anticipée de Rita l'avait conduit à avoir de meilleures relations avec eux. Elle répondit calmement et professionnellement aux questions et demandes des journalistes, tout en s'approchant inexorablement de Ron et le prenant par la main pour l'amener au-devant de la scène sous le crépitement des flashs des appareils photographiques.
Voyant, que les journalistes s'éloignaient et se dirigeaient vers les nombreuses personnalités présentes pour recueillir leurs impressions sur cette journée, il se rapprocha d'eux pour féliciter Hermione. Ron toujours prévenant était allé chercher une boisson désaltérante pour sa bien-aimée.
Harry avait fendu la foule et était juste à deux ou trois mètres d'elle lorsqu'il vit un jeune homme, qu'il reconnut comme un jeune stagiaire de son Département d'Auror se presser vers Hermione tout sourire et la dévorant des yeux ostensiblement sans qu'elle ne remarque son outrecuidance.
Il voyait le regard concupiscent de ce présomptueux s'attarder sur les morceaux de peau que sa robe dévoilait, s'attardant sur les creux de son cou et les lobes des oreilles de son amie.
Prenant son fameux regard noir qu'il avait appris à adopter lors de ses nombreux interrogatoires, il chassa sans qu’un seul mot ne soit prononcé le prétendant, effrayé de s'attirer les foudres de l'Auror le plus respecté dans le monde sorcier depuis Alastor Maugrey.
Hermione haussa un sourcil interrogateur, auquel Harry réagit
« Je défendais ton honneur. Tu n'as pas vu son regard ? »
Hermione éclata de rire et lui répondit
« Mais sais-tu quel âge j'ai ? Et quel âge peut-il bien avoir vingt ans ?
Je ne connais même pas son nom.
- Il a vingt-sept ans et tu n'as pas à connaître son nom ! dit-il un peu sèchement. Heureusement que je suis là pour veiller sur toi. Ron a raison, tu ne te rends pas compte que tu es toujours une belle femme.
- Harry James Potter ! Est-ce que tu présumerais que je pourrais être infidèle à Ron ? Dit-elle doucereusement avec une voix lui rappelant étrangement le ton d'un certain maître de potion
- Euh. Non pas du tout, battant doucement en retraite devant la colère sourde de son amie »
Elle secoua la tête et il ne put s'empêcher de remarquer que les quelques cheveux blancs qui clairsemaient sa chevelure châtain, ne la vieillissaient pas mais au contraire semblaient être des fils argentés, témoin de la sagesse acquise au fils des ans. Les petites ridules au coin de ses yeux et de ses lèvres témoignaient des nombreux éclats de rire qui avaient jalonné sa vie depuis la mort de Voldemort. Bien sûr, il y avait eu quelques moments de tristesse comme la mort de Molly ou de Paul, le père d'Hermione, mais la naissance des enfants, les nombreuses réunions familiales avaient été autant de moments d’allégresse qui permettaient à Harry d'affirmer qu'Hermione avait eu une existence heureuse.
« Tu sais, Harry que tu continues encore à me surprotéger à mon âge !
- Je sais, répondit-il en souriant, mais tu es comme ma petite sœur
- Je croyais qu'avec le temps, tu te focaliserais sur ta petite Lily
Mais Lily est bien trop jeune. Pour ….
- Quel âge avait Ginny pour votre premier baiser ? Demanda-t-elle malicieusement »
Harry, se figea interloqué, chercha du regard sa fille et voulut se précipita vers elle, on marmonnant : « En plus, elle discute avec Scorpius » quand il fut retenu par la main ferme d'Hermione sur son bras
« Harry, pourrais-tu s'il te plait éviter de faire un esclandre ce jour-ci et surtout t'attirer les foudres de ta fille en agissant inconsidérément ? »
Harry secoua la tête
« Mais Hermione, il s'agit de Scorpius, le fils de Drago ! Non ce n'est pas possible.
- Tu es en colère parce que tu viens de te rendre compte que ta fille est devenue une jeune femme ou parce qu'elle converse avec Scorpius ?
- Hermione, comment peux-tu être aussi sans cœur. Imagine mes repas dominicaux avec Drago, comme beau-père de ma fille.
Non, franchement, je préférerais encore combattre à nouveau, je ne sais pas un troll de montagne ou bien un Rafleur»
Hermione frissonna à ce mot, se rappelant les nombreuses tortures infligées par la sadique Mangemorte Bellatrix, dont elle gardait encore de fines cicatrices, zébrures blanchâtres fines sur sa poitrine, rejoignant celle violette, profonde et grande qui traversait son abdomen, vestige de la bataille du Ministère comme l'image d'un arbuste gravé dans la chair et dans la douleur.
Harry s'aperçut du bref sentiment de malaise de son amie, et lui demanda inquiet et préoccupé si elle allait bien.
Elle acquiesça et reprit ses esprits
« Harry, tu ne devrais pas te précipiter ainsi sur ta fille, tu la connais bien : elle est apte à prendre les bonnes décisions. Ne la braque pas contre toi en te comportant comme un père ultra-possessif et surprotecteur.
Sois le père aimant et rieur qu'elle aime tant. Un père, auquel elle confiera ses peines et joies, qui la soutiendra dans ses différents choix de vie. Ne la brusque pas par un comportement agressif, tu ne ferais que la précipiter dans les bras de Scorpius.
- Donc, si je te comprends bien, je suis sensé dire amen et ronger mon frein ? Demanda-t-il, contrarié
- Non pas du tout. Montre ta désapprobation mais aussi ton soutien. Tu n’es pas d'accord avec ses choix mais tu l'aimes assez pour les accepter. Tu saisis la nuance ?
- Oui, je crois. Je dois me retenir de l'envie de trucider Scorpius tout en me montrant civilisé mais froid avec lui, tout en assurant ma fille de mon amour.
- Oui, c'est bien cela Harry, je vois que vous avez faites des progrès en capacités émotionnelles dit-elle d’un ton taquin.
- J'ai eu un excellent professeur pour comprendre le comportement humain, répondit-il en souriant ».
Harry repensa brièvement aux conseils avisés d'Hermione lors de leur troisième année de mariage où il avait été désemparé à l'idée que sa femme continue à faire son métier de poursuiveuse dans l'équipe de Quidditch des Harpies de Holyhead.
Elle lui avait expliqué patiemment les raisons du choix de Ginny : son désir d'émancipation, son envie de fonder une famille avec l'homme qu'elle aimait tout en conservant une certaine indépendance.
Et au lieu de continuer à se braquer contre elle en la traitant d'irresponsable, il lui avait fait part de ses craintes pour la grossesse tout en la soutenant dans son choix de carrière. Cette attitude-là avait porté ses fruits : enceinte de cinq mois, elle avait renoncé sans aucun regret à son métier, confiante en son mari pour la soutenir dans son désir d'autonomie et sûre qu'il ne l'enfermerait pas, même par amour, dans le seul rôle de mère de famille.
Et il pouvait, se disait-il, en citer des dizaines et des dizaines d'exemples où les conseils avisés d'Hermione, sa perspicacité des rapports humains lui avait permis de prendre des décisions, qu'il jugeait toujours bonnes a posteriori mais surtout prises en toute connaissance des différents aspects psychologiques de la question.
Cédant à une impulsion, il prit Hermione dans ses bras et murmura à son oreille un simple « Merci » qui avait une valeur formative plus importante que le simple remerciement d'usage.
Un peu surprise, elle répondit à son étreinte amicale.
Harry s'éloigna pour se diriger d'un pas calme et ferme vers le couple Lily-Scorpius. Il se retourna et lui dit malicieusement « Si Lily épouse Scorpius, je veillerai à ce que tous les repas dominicaux se fassent dans Ta maison »
Tandis qu’Harry avait une conversation qu’il jugea, de son point de vue, des plus civilisés avec le jeune Scorpius, opinion que ne partagea point ce dernier, un peu tremblant à la fin de la confrontation.
Harry jeta un œil en direction des personnalités du Ministère, cherchant du regard Hermione qui les avait rejoints pour une réunion, et surveilla d’un regard perplexe et un peu inquiet l’échange entre elle et Drago, prêt à intervenir s’il sentait que son amie était en une quelconque position de faiblesse.
Il la vit s’éloigner et se diriger vers son mari et sa famille et s’apprêtait à les rejoindre, heureux de cette journée et de voir son amie, aussi épanouie pour cette journée très spéciale. Il pensa furtivement qu’Hermione ne devrait jamais savoir qu’il envisageait d'affecter plusieurs de ses subordonnées à la surveillance de Scorpius.
Avant de rejoindre ses amis, il adressa quelques mots à une personne occupant un siège dans les tribunes des journalistes, et sourit à la réponse donnée. Il pourrait offrir à son amie, par le biais de son réseau relationnel, un présent qu'il espérait lui plaire pour son anniversaire : un exemplaire non encore publiée de l' « Histoire de la magie moderne » où pour la première fois le nom d'Hermione Weasley serait mise à l'honneur avec une page consacrée à ses différentes actions en faveurs des créatures magiques telles les elfes de maisons et les loups-garous.