Titre: La traversée
Fandom : Mézérhían
Personnage : Daleron - Maeron - Sellod - Aodhaàn - Bradën - Rodaàn - Dalaigh
Rating : G
Disclaimer : Tout à moi ^^
Nombre de mots : 2932 mots
La journée du lendemain fut tendue. Maeron sentait bien que les conversations de la veille avaient tournées dans les esprits de ses compagnons toute la nuit. Autant d'ailleurs que dans le sien. Il avait même enchaîné deux tours de garde car il se sentait incapable de fermer l’œil. Il avait passé une bonne partie de la nuit auprès d'Essyrà. La force qu'elle dégageait et sa chaleur était réconfortante. Il lui avait murmuré des paroles sans réelles importances en Andaàr, son but étant de s'isoler des autres et de ce qu'ils pensaient de lui. Dans cette langue seule la jument le comprenait et ça lui offrait un peu de répit. La bête avait avait même fini par se coucher dans la neige à ses cotés et à son plus grand étonnement avait posée ses naseaux contre son genoux avant de fermer les yeux. Maeron avait glissé ses doigts derrière ses oreilles et caressé sa crinière savourant la douceur de ses poils et le calme qui les entouraient. La confiance que lui accordait l'hybride était la seule étincelle de joie dans le cœur de Maeron ces derniers temps et cet instant de partage l'avait aidé à se détendre.
Lorsqu'ils avaient reprit la route au petit matin ils n'avaient échangés que des paroles polies dans une ambiance encore relativement tendue. Même Daleròn n'avait fait aucune plaisanterie se contentant d'avaler sans un mot de la viande séchée, de s'équiper et de se mettre à cheval. Seul Sellod ne semblait pas être perturbé par la situation. Maeron pensait que peut être son mutisme ne lui permettait pas d'exprimer ses véritables pensées mais lorsque le guerrier lui accorda un sourire barbu et vint glisser sa monture à ses cotés pour continuer la route il y vit un signe de soutien. Aodhaàn, lui, restait à l'avant du groupe avec Bradën et Rodàan. Le chevalier ne lui avait pas décrocher un mot de la matinée et Maeron se demandait s'il digérait toujours certaines révélations ou s'il projetait plutôt de l’assassiner dans son sommeil.
Ils continuèrent leur chemin toute la matinée, à leur grand soulagement le soleil brillait dans le ciel et pas un flocon gelé ne vint s'écraser sur leurs épaules. La neige fraîche tombée la veille semblait briller au sol comme si elle était remplie de millier de diamants renvoyant la lumière du soleil. Maeron se contenta d'admirer le paysage à couper le souffle en espérant que les masses de neige fraîche nichées au sommet des montagnes ne se prennent pas l'envie de dégringoler les pentes pour les ensevelir. Si les chevaux semblaient peiner dans la neige ce n'était pas le cas d'Essyrà . La longe de bat que tenait Maeron était détendue permettant à la jument de montrer son tempérament joyeux. Elle bondissait dans la neige en caracolant au coté de son hongre bai. Son encolure puissante s'enroulait pour montrer sa joie et elle les parsemaient de flocons que ses ruades de gaieté envoyaient voleter en l'air. Maeron la regardait s'ébattre à ses cotés quand soudain la jument se figea, muscles tendus et oreilles en avant. La brise glaciale descendant des montagnes faisaient claquer sa crinière argentée alors que ses naseaux se dilataient. Maeron surprit par son attitude tendit l'oreille et décela un grondement. Son cœur se serra en observant rapidement les environs pour voir quel bloc de neige leur tombait dessus quand Sellod posa une main rassurante sur son épaule. Maeron se tourna alors que le guerrier roux agitait sa main droite pour former des vagues.
- Le Rijeikain ? s'enquit Maeron
Sellod hocha la tête avec un sourire et Maeron se détendit, ce qui ne fut pas le cas de la jument. Campée sur quatre membres elle refusait de faire un pas de plus.
- Ce n'est qu'une rivière, la rassura-t-il en Andaàr.
Il avait accompagné ces mots d'un sifflement apaisant qui avait toujours fait effet sur Rashkaàn et qui intrigua de toute évidence l'Hybride. Elle tourna ses grand yeux vers lui et il eut l'impression de voir briller un éclat doré dans son regard alors qu'elle se remettait tranquillement en marche.
Ils atteignirent les rives du Rijeikain en début d'après midi et Maeron eut une nouvelle fois le souffle coupé par le paysage. Il avait toujours imaginé le Rijeikain comme un fleuve d'une largeur spectaculaire mais calme. Ces notions de géographie étaient assez bonne pour savoir que ce fleuve était autrefois une frontière et que les trois provinces du nord, l'Ennorath, le Cyriatàn et l'Handor étaient restés longtemps des Royaumes indépendants. C'est pourquoi il ne s'était attendu à trouver un fleuve large et profond et non pas tumultueux. La rivière devait faire une centaine de pied de large et n'aurait pas été un obstacle si ces flots n'étaient pas si véloce. L'eau s'écoulait à une vitesse impressionnante comme si elle dégringolait encore la montagne alors que le terrain à cet endroit était plat. On aurait dit une cascade coulant à l'horizontale. Les flots blanc d’écume s'écrasaient sur des rochers pointu dispersé dans le lit de la rivière
Le groupe s'arrêta sur les rives alors que les chevaux piaffaient déjà d'impatience.
- Il ne devait pas y avoir un pont ici ? demanda Daleròn en fouillant les alentours du regard.
- Si, répondit Aodhaàn les traits fermés. Mais de toute évidence il à été emporté.
Maeron suivi son regard et remarqua un morceau de bois coincé entre deux rochers et frappé avec violence par les flots. Leur chemin était barré. Le chasseur mis pied à terre et tendit les rênes de sa monture à Sellod qui les attrapa avec un regard curieux et s’avança vers la rive. L'eau était d'une limpidité extraordinaire qui permettait d'en entrevoir le fond.
- Ou est le passage à gué le plus proche ? s'enquit Daleròn
- Dans le Romerdhael ! grogna Aodhaàn. Il nous faudrait traverser toute la chaîne de montagne.
- Ce qui va considérablement ralentir notre progression, râla Bradën
- On ne traversera rien d'autre que cette rivière, grommela Maeron en se redressant.
Ses compagnons l'observaient avec incompréhension.
- Les flots sont agités certes mais ce n'est pas profond, continua-t-il. Les chevaux pourront traverser si on leur donne un point d'ancrage.
- Tu es sérieux ? s'exclama Daleròn.
Maeron lui offrit un sourire alors que la voix de l'archer s'était faites légèrement plus aiguë, trahissant sa panique.
- Tout à fait sérieux.
Il rejoignit son cheval à grande enjambée et récupéra son arc et une flèche.
- Aodhaàn as tu les cordes ? demanda-t-il en sachant très bien que l'intendant du Reyr leur avait fourni du matériel.
Le chevalier acquiesça et sauta à son tour de cheval alors que les autres mettaient pieds à terre avec beaucoup moins d'enthousiasme. Maeron avait remarque des arbres solides se trouvant sur l'autre rives et il allait s'en servir pour traverser. Aodhaàn lui tendit plusieurs cordage sans lui accorder un regard et Maeron récupéra le plus fin. Il fit un nœud autour de sa flèche et le serra au maximum. S'il voulait éviter un plongeon dans les eaux glacée du Rijeikain il fallait que ça tienne. Il se plaça ensuite au bord de la rive et tendit son arc. Il poussa un soupir pour se concentrer, il avait besoin de faire mouche du premier coup s'il voulait être respecté par ses compagnons de voyage. Il savait que ces paroles de la veille avaient ébranlé leurs émotions et il fallait qu'il soit compétent pour prouver que ses paroles étaient aussi vraies que ces actes.
Maeron ne lâcha pas sa cible des yeux alors qu'il relâchait son bras et que sa flèche volait au dessus des flots avant de se planter avec profondeur dans une branche épaisse. Il n'avait pas visé le tronc, sachant que sa flèche ne s'y ancrerait pas assez profondément et il ne lui restait plus qu'à espérer que la branche serait assez solide.
- Et si la flèche lâche ? demanda Daleròn, sceptique
- Je serai trempé, répondit nonchalamment Maeron avec un haussement d'épaule.
L'idée de plonger dans les eaux gelées des montagnes ne l'enchantait guère mais il savait nager ce qui vu les regards paniqué de Rodàan et Dalaigh n'était pas le cas de tous. Il tendit le cordage en l'accrochant fermement autour d'un rocher de ce coté de la rivière.
- Je vais aller attacher plus solidement la corde, expliqua-t-il aux autres. Quand je serai sur la rive opposée Maeron m’enverras les deux autres cordages.
L'archer Odenien aquiesca d'un signe de tête.
- Essaye de ne pas me transpercer avec ta flèche, le prévint Maeron
- Essaye de ne pas me donner de bonnes raisons de le faire, répliqua aussitôt l’archer avec un sourire.
Maeron testa la solidité de la corde avant de s'y hisser souplement à la force des bras. Il accrocha ses pieds sur la corde et la tête en bas se balança pour tester une dernière fois la solidité de ses attaches. Le cordage bougea mais ne se relâcha pas et le chasseur vit avec satisfaction Sellod se positionner près du rocher pour empoigner la corde si elle venait à lâcher. Il le remercia d'un bref signe de tête avant de commencer à avancer. Il se trouva rapidement au milieu de la rivière. Sa nuque le faisait souffrir et ses doigts gantés glissaient parfois mais il fixait son objectif : la rive opposée. Les flots étaient encore plus tumultueux vu d'en haut mais ce qu'il pouvait en voir confirmait sa théorie. Au travers des eaux agitées mais transparente des montagnes il voyait le fond. Les chevaux auraient put traverser très facilement s'il n'y avait pas eut le courant. Les cordes leur permettraient de rester stable.
Lorsqu'il arriva sur le bord de la rive opposée ses biceps le brûlaient vivement et il fut soulager de lâcher prise. Il se laissa glisser sur ses pieds et fit un signe à Daleròn car le grondement de la rivière l’empêchait de l'entendre. Ce dernier était prêt et tira une autre flèche équipée d'un cordage plus solide. Le chasseur leva son pouce en l'air pour signifier son approbation quand la flèche de Daleròn se planta avec force dans le tronc de l'arbre. Il ne le lui avouerait probablement jamais mais l'Odenien tirait bien.
Maeron récupéra le cordage et l'accrocha solidement à l'arbre avec une succession de nœuds qui, il en était sur, ne lâcheraient pas. Il noua également la première corde plus solidement et répéta l’opération avec un troisième cordage que lui envoya Daleròn. Maeron était satisfait, il avait réussi à créer une sorte de couloir qui stabiliseraient le plus possible les chevaux et les cavaliers durant la traversée. Il vérifia une dernière fois ces attaches avant de retraverser le Rijeikain pour rejoindre ses coéquipiers qui l'observaient interloqués. Le deuxième voyage fut plus douloureux pour ses muscles mais il refusa de lâcher le moindre grognement et avança avec souplesse jusqu'à ses compagnons.
- On va y aller un par un, expliqua-t-il un peu haletant. Chaque cavalier prend sa monture et je m'occuperai d'Essyrà .
Aodhaàn hocha la tête, l'air déterminé, et enfourcha son hongre noir.
- Attend une seconde ! l’interrompit Maeron alors que le chevalier faisait avancer sa monture au bord de la rivière. Qui parmi vous ne sait pas nager ?
Il devinait que les gens originaires des montagnes n’étaient pas adeptes de l'eau, même si on devait y trouver des lacs peu de gens savaient nager au contraire des gens habitant les provinces côtières ou vivant des métiers de la pêche. A son grand étonnement il levèrent tous la main et Maeron refoula un grognement de colère. Il se savait privilégié mais il pensait qu'en temps qu'ancien membre de l'Eirehaàn Aodhaàn aurait été formé à survivre dans une grosse flaque d'eau. Il se dirigea vers la sacoche de selle de Dalaigh et en sortit un nouveau cordage plus fin.
- Noue ca autour de ta taille ! grogna-t-il au chevalier en lui lançant l’extrémité de la corde. Si tu es désarçonné on pourras te repêcher.
Aodhaàn s’exécuta avant de mettre son hongre en route et de le faire entrer dans l'eau. La bête renâcla quelques instants avant de finalement s’exécuter. Maeron fut soulagé de voir que son dispositif fonctionnait. L’épais hongre noir était ballotté par les flots mais en appuyant son flanc contre le cordage le plus en aval il arrivait à se stabiliser et atteignit la rive haletant mais sans dommage.
Les passages se succédèrent, Daleròn prit la suite d'Aodhaàn rapidement suivit par Sellod. Maeron remarqua la pâleur de Dalaigh qui venait d'envoyer son faucon par dessus la rive et avait serré le cordage autour de sa taille bien plus fort que nécessaire. Maeron retint son souffle durant toute la traversée du fauconnier. Son cheval était plus frêle que les autres et il était moins bon cavaliers. Il ballottait sur sa selle à chaque fois que les flots frappaient sa monture et s'accrochait tellement à ses rênes qu'il gênait la progression de son cheval. Il finit tour de même par arriver sain et sauf de l'autre coté de la rive ou il fut vite rejoins par Bradën et Rodàan.
Il ne restait plus que Maeron, son hongre bai et la jument. Le chasseur décida de couper le cordage du haut ainsi que celui le plus en amont. Ils allaient avoir besoin de corde dans l'Handor et il ne voulait pas sacrifier d'aussi bon cordages. Il prit tout de même la décision de s'assurer lui aussi et noua le cordage autour de sa taille et envoya l’extrémité à Sellod d'une flèche très précise. Bien qu'il sache nager il ne voulait pas faire le malin devant les autres soldats sans compter que le torrent était tellement fort qu'il risquait d'être emporté s'il chutait.
Il se hissa sur son cheval et attrapa la corde de bât d'Essyrà. Les chevaux entrèrent assez facilement dans l'eau même si son hongre prit quelques minutes pour baisser ses naseaux vers l'écume de la rivière et renifler cet inquiétant bouillonnement. Maeron grimaça lorsque son cheval atteignit le point le plus profond de la rivière et que ses bottes se remplirent d'eau glacée. Il pouvait néanmoins s'estimer heureux car les chevaux, eux, étaient plongés dans le froid jusqu'au milieu des flancs. Maeron se tenait à sa selle sans scrupule. Pour marcher dans l'eau sa monture levait fort les membres avec des gestes amples qui rendaient son allure chaotique. Même s'il avait fait de nombreux progrès depuis qu'il passait ses journées à cheval il ne souhaitait pas être désarçonné. Derrière lui Essyrà avançait sans réelle difficultés. Avec sa taille imposante seul son ventre trempait dans l'eau et malgré les remous de la rivière elle ne semblait pas gênées dans sa progression.
Ils se trouvaient un peu plus de la moitié de la traversée quand son cheval trébucha. Ses antérieurs plièrent et il se retrouva à genoux, sa tête crevant la surface de l'eau. Maeron se pencha vivement en arrière et tira sur ses rênes pour aider sa monture à sortir la tête de l'eau. Le cheval s'ébroua violemment mais sa chute l'avait déséquilibr » et Maeron sentit avec effroi sa bête pencher sur le coté et se coucher. L'eau pénétra dans ses chausses quand il vit avec surprise Essyrà bondir dans une gerbe d'eau glacée. Elle repoussa sans mal le cordage sensé les soutenir et se campa au coté du hongre bai, se baissant pour appuyer son épaule contre celle de son congénère. Le hongre réussi à se stabiliser et Maeron, déséquilibré s'appuya sur l'encolure de la jument pour ne pas vider les étriers.
Il observait la jument alors qu'il sentait sa propre monture reprendre son souffle en tremblant. Essyrà, elle, avait l'air sereine. De la ou il était il pouvait voir les muscles détendus de son encolure alors qu'elle soutenait pourtant un autre cheval sous les assaut du courant. Ses oreilles étaient pointées vers l'avant et son œil, à l'étrange reflet doré, le fixait.
Une fois remis de sa surprise Maeron décida qu'ils n'étaient resté que trop longtemps au milieu du Rijeikain. Il fallait qu'ils sortent de là.
- En avant, dit il en Andaàr tout en serrant ses jambes pour inciter sa monture à reprendre le pas.
Les deux chevaux se mouvèrent simultanément. Essyrà soutenait le hongre en lui servant de point d'appui et il ne leur fallut que quelques minutes supplémentaires pour atteindre la rive.
- Elle t'à épargné un bon bain glacé, commenta Daleròn en récupérant la longe de bat d'Essyrà.
Maeron opina du chef avant de descendre de cheval. L'eau glacée dans ses bottes fit un bruit mouillé mais il se pencha rapidement sur les membres de sa monture pour vérifier qu'il ne s'était pas blessé. Hormis une atteinte minime sur le canon il n'avait aucune blessure inquiétante. Il se dirigea ensuite vers Essyrà, que Daleròn avait attaché à la branche la plus proche, et fit de même. La jument n'avait rien et contrairement aux autres montures elle ne semblait même pas essoufflée. Il caressa la puissante encolure pommelées et souffla un « Merci » en Andaàr que personne à part elle ne pouvait comprendre. La jument s’ébroua ce qui lui tira un sourire.
- Le soleil va bientôt se coucher, grommela Aodhaàn en se remettant en selle. Remplissons les outres et prenons la route pour nous éloigner de la rivière avant la nuit.
Maeron approuva, le bruit des flots empêcheraient de monter la garde correctement. Il se remit souplement en selle et caressa l'encolure de son hongre bai.
- Quand à toi je vais t'appeler « Eraël », souffla-t-il à son cheval.
Sellod qui s'était approché lui lança un regard interrogatif.
- Çà signifie « courageux », lui traduisit Maeron.