Titre: Jeux de dés
Fandom : Mézérhían
Personnage : Teagan - Kieràn - Tomàn - Igör
Rating : G
Disclaimer : Tout à moi ^^
Nombre de mots : 2279 mots
Teagan attrapa avec un sourire la gamelle que lui tendait Igör et le remercia chaleureusement. Cette fois ce n'était pas un cochon qui rôtissait au dessus du feu mais une belle cuisse de mouton. Encore une fois l'odeur alléchante de la viande lui donnait l'eau à la bouche alors qu'elle avait dédaigné le pain frais et la confiture qu'on lui avait servi dans sa chambre. Sans parler de la pomme qu'elle s'était contentée de croquer pour le repas de midi. Elle préférait l'ambiance de la cour pour prendre ses repas, la compagnie d'Igör et Tomàn sans parler celle du Lieutenant.
- On vous à vu tirer à l'arc M'dame, lui dit justement Tomàn, ses joues s'empourprant comme à chaque fois qu'il s'adressait à elle. Ct'es une sacrée performance.
- Merci, répondit-elle flattée. Mais pas autant que celle du Lieutenant Kieràn.
Ce dernier, assis à ses cotés comme la veille se contenta d'un sourire tordu.
- Ah c'est sur que l'Lieut'nant il sait tirer ! s'exclama le soldat de l'Ardinlog. Des types de son ancienne unité disent qu'il tuerait une souris dans l'noir.
Teagan se mit à rire, la métaphore l'amusait et elle se tourna vers l’intéressé.
- Vous devriez aller chasser dans les écuries dans ce cas, le taquina-t-elle.
Le soldat se contenta de mordre dans une miche de pain et de lui jeter un regard défiant. Elle attendit qu'Igör pose une question à son acolyte pour se tourner vers Kieràn.
- Votre unité ? demanda-t-elle curieuse.
Le regard du soldat s'assombrit et il reposa son morceau de pain.
- Les troupes de l'Heiroken étaient commandée par le Seigneur Aranrhod qui déléguaient aux sept chevaliers en fonction dans la province. Chacun donnaient leurs ordre à un Lieutenant qui commandaient leurs unités.
- Que sont devenu les autres ? demanda Teagan avant de se rendre compte qu'elle n'aurait pas du poser cette question.
Kieràn se racla la gorge en se redressant un peu.
- Je suppose qu'ils sont mort, dit il sa voix encore plus rauque que d'ordinaire. C'est le cas aussi de la plupart des hommes de mon unité. Seul dix d'entre eux sont rentrés avec moi.
Teagan ne répondit pas. Elle se doutait que la situation était difficile pour le Lieutenant. Il devait se sentir responsable de la mort de tout ces hommes qui n'étaient pas revenu. En tout cas c'est ce qu'elle aurait ressenti si elle avait été à sa place. Il avait mené ses hommes au combat, avait relayés des ordres, les avait fait respecter et ça avait coûté la vie à tout ces malheureux.
Elle jeta un œil autour d'elle. Comme la veille les hommes présents s'étaient rassemblés par petits groupes autour des feux. La nuit n'était pas encore tombée mais le soleil couchant éclairait la scène se reflétant sur les pièces de métal composant les armures des soldats. Elle connaissait presque tout les hommes présents pour avoir chevaucher avec eux. Elle connaissait certains prénoms, elle savait ou ils avaient étés blessés, de quelles maison ils portait le blason. Elle savait dans quelles positions ils dormaient et de quelles manières ils chevauchaient. Elle les connaissait pour la plupart mieux que certains soldats qu'elle avait côtoyé durant des années à Mézérhian et en leur sein elle se sentait elle-même.
- Si vous le leur demandez ces hommes vous suivront, lui souffla alors Kieràn qui avait suivi son regard.
Teagan sursauta, elle ne s'était pas attendue à une telle réflexion. Elle ne répondit pas, se contentant de dévisager lentement chaque soldat. Comment pouvait elle leur demander de repartir au combat pour sauver des villages qui étaient peut être déjà tous détruit. Elle savait qu'elle ne pouvait pas leur demander une pareille folie car elle n'était pas digne d'être suivie.
- Je ne peux pas faire ça, finit elle par répondre en délaissant cette viande qui lui semblait si appétissante. Je n'en ai pas l'autorité.
Elle resta un instant déconcertée quand le Lieutenant éclata de rire et que de nouveaux regard se tournèrent vers elle, y comprit ceux d'Igör et Tomàn qui avaient rejoint un autre groupe de soldats. Elle lui administra un petit coup sur l'épaule pour le faire taire comme elle l'aurait fait avec un ami alors qu'il continuait de s’esclaffer.
- Pourquoi riez-vous ? grogna-t-elle
- Il me semble que vous n'avez pas manqué d'autorité sur cette colline, lui rappela-t-il en souriant. Vous m'avez défiez pour sauver ce village ? Vous avez su trouver les mots et ils vous ont tous suivis.
Teagan se mordit les lèvres, il n'avait pas tord. Elle avait agit par instinct ne supportant tout simplement pas l'idée de se détourner de ce village et des sévices promis à cette petite fille par l'ennemi. Et pourtant toutes la troupe l'avait suivie. Personne hormis Kieràn, et elle avait finit par comprendre ses raisons, n'avaient protesté et ils lui avaient emboîté le pas pour défendre ces terres.
- Observez les hommes autour de vous Elarià , souffla Kieràn qui s'était rapproché. Ils vous sont loyaux et ils sont perdus après ce qu'ils ont traversés. Ils ont besoin que quelqu'un les guide
Tea laissa échapper un ricanement amer. Sur ce point elle était sure d'une chose qu'il était délicat de formuler.
- Je ne crois pas que le Seigneur Rovenàl soit enclin à faire quelque chose, finit elle par dire en choisissant soigneusement ces mots pour ne pas sembler insulter le Sire des lieux.
- Et vous ?
Elle ne s'était pas attendue à cette réponse et le regarda avec saisissement. La pensait il vraiment capable de mener une armée ? Elle qui dans les mauvais moments n'était parfois plus capable de prononcer le moindre mots, elle qui se refermait sur elle même dès que ses émotions devenaient incontrôlables, elle qui passait ses nuits à cauchemarder en imaginant la mort de ses proches, les horreur de la guerre ou encore en revivant son séjour dans cette cage qui avait été sa demeure durant plusieurs semaines.
- Moi... ? bredouilla-t-elle, stupéfaite. Je n'arrive déjà pas à retrouver le sommeil, alors prendre de telles décisions...
Le visage du soldat se durcit.
- Je peux vous assurer que ça demande du temps, souffla-t-il en posant sa main sur son avant bras.
Il accentua la pression de ses doigts sur sa peau et elle comprit qu'elle ne devait pas être la seule à faire des cauchemars. Elle se doutait d'ailleurs que les siens ne soient pas moins monstrueux que ceux qui hantaient ces propres nuits.
- Je revois sans cesse ce cahot, finit elle par avouer sans vraiment savoir pourquoi elle se confiait ainsi. Cette cage dans laquelle ils m'ont retenue …
Elle fixait les flammes préférant éviter le regard sûrement accusateur de Kieràn cependant ces paroles encore une fois la surprirent.
- C'est quand nous dormons que nous sommes les plus vulnérables Elarià , lui dit il. Lorsque je ferme les yeux je revois les combats, la terre, le chaos, le sang. Je peux presque même sentir son odeur, c'est si réel... et je ne suis pas le seul.
Teagan redressa la tête pour observer les autres soldats. Elle pris seulement conscience que tous avaient une occupation. Certains aiguisaient des lames, d'autres rassemblés autour d'un feu semblaient blaguer . Un autre appuyé contre le mur avait les yeux fermés mais ces lèvres remuaient. Eux aussi devait être traumatisés par ce qu'ils avaient vécu. Eux aussi devait cauchemarder toutes les nuits et pourtant ils continuaient à se comporter comme si leurs nuits n'étaient pas peuplées d'horreurs.
- Comment font-il pour le supporter ? demanda-t-elle réellement curieuse.
Elle avait du supporté ses cauchemars depuis son enfance et ne se rappelait pas avoir connu des nuits paisibles, hormis en présence de Maeron, mais depuis son arrivé à Halfàn ces dernières étaient encore plus pénibles. Elle se contentait de s'asseoir sur l'appui de fenêtre en attendant qu'arrive le jour, ne s'assoupissant que quelques heures dans une position des plus inconfortable. Sa suivante qui l'avait entendue hurler à plein poumons en pleine nuit lui avait proposé un breuvage à base de plante concocté par le Laarkï pour la calmer mais elle avait refusé catégoriquement. De ces breuvages elle en avait assez consommé quand elle était petite lorsque ces sanglots silencieux et ses pleurs l'étouffaient. Elle pouvait même se souvenir de ce goût amer qui emplissait sa bouche avant de l'aider à sombrer dans un sommeil sans rêve. Mais cette solution n'était plus envisageable elle voulait rester en alerte et être capable à toute heure du jour et de la nuit de pouvoir s'enfuir ou combattre.
- Certains n'y arrivent pas, lui apprit le lieutenant. Ils hurlent en pleine nuit, réveillés par des souvenirs ignobles, d'autres pleurent durant des heures lorsqu’arrive l'aube. Mais le temps finit toujours par calmer les choses.
Teagan allait le contredire mais il la devança
- Certes il y à des choses que l'on oublie jamais et c'est ce qui nous prouve aussi que nous sommes en vie, reprit-il. D'autres ont recours à différents moyens pour oublier.
- L'alcool, comprit Teagan en réalisant que nombre des soldats tenaient un gobelet ou une gourde dans leur mains.
- En effet, mais aussi le jeu, la boisson ou encore le sexe.
La Princesse se tourna vivement vers lui et il soutint son regard. Elle n'avait pas penser à ce genre d'échappatoire. Certes elle n'y connaissait rien en la matière mais elle se doutait que le sexe serait un bon moyen d'oublier les horreur de la guerre. Si elle avait pu se blottir contre Maeron en cet instant elle l'aurait fait et elle savait, même si cette idée lui était douloureuse, que sa simple présence aurait contribuer à apaiser les plaies qui suintait dans son cœur.
Elle se leva, essuya ses mains sur ses chausses et se dirigea vers le groupe de soldats ou se trouvaient Igör et Tomàn. Lorsqu'elle les eut rejoint tous se redressèrent avant de mettre un genoux en terre
- Il n'est pas utile de faire ça, leur assura-t-elle. Je viens juste voir à quoi vous... jouez.
Elle venait de remarquer qu'ils étaient tous regroupé autour d'une petite table et que de toute évidence ils avaient choisi le jeux pour se changer les idées ce qui lui semblait une méthode plutôt acceptable.
- Aux dés Majesté ! répondit un soldat aux cheveux noirs crépus coupés très courts à qui elle avait soigné le poignet durant leur périple.
La Princesse observa les deux dés à six faces posés au entre de la table.
- Puis-je jouer avec vous ? demanda-t-elle.
- Ca s'rait un honneur md'ame,Répondit Tomàn.
Aussitôt Igör sursauta et se remit debout mais elle l’arrêta d'un geste de la main.
- Votre jambe, lui rappela-t-elle. Restez assis.
Elle attrapa un seau qui traînait non loin, le renversa et s'assit dessus aux cotés de Tomàn.
- Ils va vous falloir m'expliquer les règles par contre, dit elle. Je suis totalement ignorante à ce sujet.
- C'est simple m'dame, s'empressa d'expliquer le soldat de l'Ardinlog. Vous énoncez un paris, ct'a dire un nombre à faire avec les deux dés et c'lui qui obtient l'chiffr le plus proche à gagné. Si c'est égalité les deux joueurs r'lancent.
Teagan hocha la tête signifiant qu'elle avait comprit.
- Et que pariez-vous ? demanda-t-elle avant de s'emparer des dés.
- Nos tour de garde Majesté, répondit le soldat aux cheveux crépus qui portait une broigne frappée du dauphin du Maelgyn.
- On à pas d'argent à parier M'dame, reprit Tomàn. On à chacun une mise de cinq cailloux Vous choisissez à chaque tour de miser un ou plusieurs cailloux et c'lui qui finit avec l'plus de cailloux donne son tour de garde au perdant.
Teagan leur offrit un sourire en rassemblant devant elle les cailloux que lui tendaient Igör
- Je vais donc passer de nombreuses nuits sur les rempart, plaisanta-t-elle en songeant qu'étant débutante elle aurait de grande chance de perdre.
- C'est un jeu de hasard Majesté ! Répondit le soldat Maelgyn'en. Vous avez toutes vos chances
- M'dame elle préfère qu'on l’appelle Elarià , le reprit aussitôt Igör.
Teagan le remercia d'un signe de tête avant que la partie ne commence. Et c'est ainsi qu'elle se mit à jouer et à apprendre à les connaître. Le soldat du Maelgyn n'était pas un vrai combattant, il étudiait pour devenir udhëy avant que la guerre n’éclate ce qui expliquait son langage plus soutenu. Igör lui était forgeron de métier et n'avait apprit que sur le tard à manier les lames qu'il forgeait quand à Tomàn il était garde du château de l'Ardinlog depuis ses seize ans. Elle n'était pas surprise de trouver leur compagnie agréable car après tout même à Mézérhian elle avait toujours préféré observer les chevalier ou les Eirs plutôt que d'étudier ou de travailler des ouvrages de coutures comme l'aurait souhaité Maelrhys. Ils étaient tout sauf ennuyeux, plein d'anecdotes et ils prenaient la vie à bras le corps malgré leurs souci, ils faisaient de leur mieux pour avancer vers un avenir incertain.
La chance du débutant lui permit de gagner la première partie et les soldats furent soulagés, vu qu'elle n'avait pas de tour de garde elle ne pouvait le donner au perdant qui n'était autre qu'Igör. Si les soldats semblaient au début mal à l'aise en sa présence il s'y habituèrent assez vite et s'amusèrent même à la charrier lorsqu'elle perdit la partie suivante. L'ambiance dans cette cours était plaisante et garce à la bonne humeur de ces soldats elle réussi un instant à oublier la peur qui lui creusait le ventre ,la peine qui l’empêchait de dormir et les responsabilités qui risquaient de peser sur ses épaules. Au milieu de ces soldats elle pouvait être elle même un court instant.