Mezerhian - la cabane

[asfaloth14]

Titre: la cabane
Fandom : Mézérhían
Personnage : Teagan - Noraah - Heraàn
Rating : G
Disclaimer : Tout à moi ^^
Nombre de mots : 4052 mots

Teagan sentit une douce chaleur dansante lui chatouiller la joue et remua dans son sommeil. Elle avait chaud et se sentait reposée néanmoins quelques chose au fond de son esprit la tiraillait, une gêne ténue qui dans son inconscient la perturbait. Elle voulu lever un bras pour dégager les mèches de cheveux qu'elle sentait coller à son visage mais son corps lui semblait lourd et engourdi et elle n'eut pas la force de faire un geste alors elle décida d'ouvrir les yeux. Son regard brouillé se posa d'abord sur un plafond bas en bois soutenu par des poutre épaisses. Des toiles d'araignée recouvrait les angles de la pièce éclairée par la lueur vacillante des flammes.

Teagan se sentait abrutie par le sommeil mais elle avait conscience de ne pas connaître cet endroit elle cligna des yeux tentant d'éclaircir sa vision et de retrouver les dernier souvenirs qu'elle avait avant de s'être endormie. Elle revoyait la foret de Dunvel, son eiwoarn, sa fuite. Elle sentit les battements de son cœur s’accélérer dans sa poitrine alors que son esprit gagnait en alerte. Elle aurait du être dans la foret, sous le couvert des arbre, elle n'avait rien à faire sous un toit.

Elle se redressa vivement et sursauta lorsque ses yeux se posèrent sur une jeune fille.

- Doucement Princesse ne bougez pas trop vite, lui conseilla cette dernière en se levant du tabouret qu'elle occupait pour ce précipiter vers elle.

Teagan tâtonna la paillasse sur laquelle elle était allongée à la recherche d'une arme mais ses doigts se refermèrent simplement sur la couverture qui la recouvrait. Elle n'avait pas lâcher des yeux la jeune fille qui lui faisait face et qui avait l'air aussi paniquée qu'elle. Un autre mouvement attira son attention et elle repéra un vieil homme au fond de la pièce assis lui aussi sur un tabouret de bois qui se redressa en la voyant s'agiter. Elle tenta d'analyser la situation malgré le mal qui lui vrillait le crane. La jeune fille avait serré ses mains l'une contre l'autre comme si elle lui adressait une prière silencieuse et l'homme se levait péniblement, il avait une jambe raide et se déplaçait avec lenteur. A première vue il ne représentait aucun danger pour elle.

- Ou suis je? demanda abruptement Teagan en se redressant un peu plus et en reculant sur la paillasse.

Ce mouvement lui tira une grimace de de douleur qu'elle occulta, elle devait d'abord savoir ou elle se trouvait et qui étaient ces gens avant de ce préoccuper de son corps endolori

- En sécurité, souffla la jeune fille d'une voix suppliante. Je vous en prie rester tranquille.

Elle avait fait un pas en avant comme pour l’empêcher de bouger et Teagan la dévisagea. Elle avait de longs cheveux roux, une peau très pâle et des taches de rousseurs sur le visage. Elle l'avait l'air plus jeune qu'elle et semblait totalement inoffensive pourtant le rythme cardiaque de Teagan ne ralentit pas.

- Expliquez-moi ce que je fais là ! ordonna-t-elle en cherchant ses armes des yeux.

La jeune fille échangea un regard avec le vieil homme qui s'était approché et avait posé une main noueuse sur son épaule.

- Mon nom est Norhaà et mon grand père que voici s’appelle Héraàn, répondit le jeune fille. Vous êtes au Nord de la foret de Dunvel.
- Au Nord, répéta Teagan en se frottant délicatement les tempes pour tenter de sortir de sa torpeur. Mais pourquoi suis-je ici ? Mon cheval ?

Les événements lui revenaient péniblement en mémoire. Sa fuite en compagnie de Bearach et Maelrhys, son voyage seule, son combat avec Ser Vulghaàn et sa blessure.

- Votre eiwoarn va bien majesté, lui assura le vieil homme en s'asseyant avec difficulté sur le tabouret que sa petite fille venait de quitter. Nous l'avons installé dans le box attenant à la maison avec notre âne de bât pour qu'il soit à l'abri du froid.

Teagan hocha la tête et porta une main à sa poitrine, son corps était particulièrement courbaturé et maintenant qu'elle reprenait conscience des événements la douleur se rappelait à elle avec plus de vivacité

- Je.. je ne comprend pas, bredouilla-t-elle. J'étais sur mon cheval et …

Elle se souvenait de la douceur du poil d'Adrahil sous ses doigts lorsqu'elle s'était allongée sur son encolure pour se reposer un instant. Elle pouvait presque sentir à nouveau la chaleur émanant de la bête et l’appelant au sommeil et en conclut qu'elle avait du s'assoupir.

- Vous vous êtes évanouie Princesse, lui expliqua Norhaà. Votre monture vous à guidé jusqu'à nous.
- Vous avez eut de la chance, continua son grand père de sa voix rocailleuse. J'étais partit couper du bois pour cette nuit qui s'annonçait glaciale et j'ai aperçut votre bête dans la nuit. Vous étiez allongée sur son cou, inconsciente et frigorifiée.

Teagan déglutit lentement en tentant de digérer la nouvelle. Elle s'était évanouie, c'était... impensable. Elle avait prit le risque de se reposer quelques instant et se retrouvait maintenant dans une masure au coin du feu chez un grand père et sa petite fille. Elle ne connaissait rien de ces gens mais un bref sentiment de soulagement l'envahit tout de même. Il semblait avoir prit soin d'elle et surtout s'ils étaient alliés aux soldats du Cyriatàn ils l'auraient achevée dans son sommeil. De plus Adrahil n'aurait jamais laissé approcher quelqu'un ayant de mauvaises intentions à son sujet. Si l'eiwoarn s'était laissé touché et avait autorisé à ce qu'on la soigne c'est qu'il n'avait pas du percevoir de danger et cette idée la rassurait quelque peu. Elle se sentait extrêmement faible autant physiquement que psychologiquement et du appuyer l'arrière de son crane contre le mur pour soulager les muscles de son cou.

Tea prit un instant pour jeter un regard au reste de la masure. La pièce unique n'était pas grande mais confortable. Un feu flambait dans la petite cheminée rependant sa chaleur accueillante dans toute la pièce. Elle était couchée sur ce qui semblait être la seule paillasse et à l’opposé se trouvait une table ou était assis le vieillard lorsqu'elle avait ouvert les yeux. La pièce n'était pas décorée a l'exception d'un petit cheval de bois posé sur le manteau de la cheminée. Les détails de l'animal étaient particulièrement réalistes si bien que la lumière dansante des flammes semblait lui donner vie.

- Majesté, souffla Norhaà qui s'était levée et revenait vers elle avec un bol fumant à la main. J'ai fais de la soupe.

Teagan hocha lentement la tête tentant d'occulter les vertiges qui la gagnaient et tendait la main pour se saisir du bol lorsqu'un détail la frappa. Durant la conversation qui venait d'avoir lieu elle et son grand père l'avaient à plusieurs reprises appelé Majesté. Hors lorsqu'ils l'avaient trouvé elle portait toujours ses chausses et son corset de cuir. La broigne de son frère se trouvait dans son sac et elle ne portait pas le symbole de sa maison sur elle hormis sur la garde de son épée.

- Pourquoi m'appelez vous majesté ? demanda-t-elle en tendant de jouer la carte de l'innocence. Je ne suis pas... je m’appelle.. Tea.

Elle se maudit intérieurement devant son ton hésitant. Elle même ne se trouvait pas convaincante, néanmoins elle comprenait pas ce qui avait amené ses gens à penser qu'elle faisait partie de la famille royale. Le vieillard lui adressa un regard plein de compassion et Teagan s'attarda un instant sur son visage. Ce dernier semblait être taillé à la serpe. De profondes rides creusaient sa peau tannée dont la couleur se rapprochait de celle du bois de la statuette. Ce vieil homme semblait avoir été sculpté dans une matière noble et seul son profond regard vert éclairait son visage.

- J'ai eut l'honneur de me rendre à Mézérhian votre grâce, dit il en inclinant la tête délicatement agitant ses cheveux grisonnants. Et j'ai eut l'immense privilège de rencontrer votre mère. Vous êtes son portrait craché, vous ne pouvez niez votre naissance à ceux qui l'ont connu.

Teagan serra les dents et empoigna son bol de soupe avec plus de force. Elle allait au front, elle se dirigeait vers les Nord, vers ses ennemis et si tout les gens qu'elle croisait la reconnaissait rien que par sa ressemblance avec sa mère elle n'allait pas progresser avec facilité. Elle maudissait cette ressemblance physique, principalement car elle risquait de lui attirer de sérieux ennuis durant son voyage mais aussi car ça amenait toujours le sujet douloureux de sa défunte mère sur la table et bien que la douleur se soit un peu dissipée suite aux récentes pertes de Rhufawl, son père ou Maeron elle ne souhaitait pas aborder ce sujet. L'ombre de son frère était déjà bien plus que présente car il se rappelait à elle à chaque fois qu'elle posait ses yeux sur son épée ou sa dague.

- Très bien, grommela-t-elle comprenant que ça ne servait à rein de mentir à ces gens qui l'avaient démasquée. Mais veuillez cessez les « Majesté » et autres nom pompeux. Mon nom est Tea.

Norhaà échangea un regard étrange avec son grand père qui lui sourit avec bienveillance.

- Bien votre …, commença la jeune fille en repoussant ses longs cheveux blonds derrière ses oreilles. C'est de la soupe aux champignons, vous devriez en boire il faut que vous recouvriez des forces.

Teagan posa les yeux sur le liquide brun et épais qui fumait dans le bol et elle sentit son estomac se contracter sous l'effet de la faim.

- Merci, répondit elle avec sincérité.

Ces gens ne devait pas rouler sur l'or et pourtant il n'avaient pas hésité à la veiller et à lui proposer de la nourriture chaude et accueillante. Elle trempa ses lèvres dans le breuvage et retint un gémissement de plaisir. Cela faisait des semaines qu'elle n'avait pas eut l'occasion de toucher à de la vraie nourriture chaude. Dans son cachots ses geôliers avaient veillé à la nourrir un minimum mais elle et Maelrhys avaient toujours eut droit à des restes. Elle n'avait jamais connu la faim dans sa vie, lorsque les corps de sa mère et de son frère avait été ramenés aux château elle avait pendant un temps refuser de s'alimenter mais cela faisait partie de l'état catatonique dans lequel elle s'était réfugiée et elle n'avait pas eut à se confronter à la sensation de faim. Lors de sa fuite dans la foret elle avait fait cuire de la viande et certes c'était savoureux mais pas autant que de la vraie nourriture préparée. Cette soupe avait beau être simple elle restait l'un des repas les plus satisfaisant de sa vie.

Le silence régnait dans la masure seulement troublé par le bruit de ses lèvres aspirant la soupe et elle se mit à réfléchir. Son esprit lui semblait encore embrumé mais il fallait qu'elle se rappelle de tout les détails si elle voulait comprendre la situation efficacement. Elle se trouvait au Nord de la forêt de Dunvel ce qui était sa destination mais était elle encore seulement en état de monter à cheval. Elle fut prise d'une quinte de toux violente qui réveilla une vive douleur au dessus de sa hanche. Elle se rappela alors d'un détail loin d'être anodin mais qu'elle avait totalement occulté a son réveil.

- Ma plaie ! s'écria-telle en posant vivement son bol à moitié vide sur la table de chevet en bois.

Elle repoussa vivement les couvertures et se rendit compte qu'elle portait une sorte de robe rapiécée à plusieurs endroits qui ne lui appartenait pas. Elle voulu se découvrir pour observer son ventre mais Norhaà posa ses mains sur les siennes pour l'en empêcher.

- Je l'ai suturée, expliqua le vieillard.

Teagan posa sa main à l'endroit de la plaie et sentit une longue cicatrice à travers le tissus rêche de la robe de chambre. Aussitôt une douleur sourde explosa dans son ventre et elle retira ses doigts.

- Je suis navré de vous annoncer que la cicatrice ne seras pas jolie, lui dit Heraàn en baissant les yeux l'air navré. Mais vous perdiez beaucoup de sang et il fallait refermer les chaires avant qu'elle ne s'infectes.

Teagan hocha la tête, l'homme avait l'air véritablement contrarié comme s'il venait de lui annoncer qu'il l'avait défigurée mais pour sa part elle n'en avait que faire. Elle lui était par contre terriblement reconnaissante parce qu'il lui avait probablement sauvé la vie.

- Votre monture était couverte de votre sang, insista Norhaà. Nous l'avons nettoyé pour ne pas attirer les bêtes sauvages.

Teagan acquiesça à nouveau d'un signe de tête en ce demandant ce qui avait poussé Adrahil à se laisser toucher par des inconnus. Elle était toutefois soulagée qui les ai laissé faire. Elle se serait bien levée pour aller le voir mais elle sentait son corps engourdi protester et elle se contenta de tenter de se détendre en sachant que sa bête le ressentirait.

- Qui êtes vous ? demanda-t-elle alors en reprenant son bol de soupe qui avait tiédi.

Il lui fallait poser cette question car ce grand père vivant avec sa petite fille dans la foret de Dunvel et qui savait recoudre une plaie même sommairement l'intriguait. Elle était curieuse.

- De simples marchands votre... commença Norhaà avant de s'interrompre en se mordillant les lèvres.
- Je sculpte le bois durant l'hiver, continua le vieillard à sa place. La forêt de Dunvel est un trésor pour un artisan comme moi.

Les yeux de Teagan se posèrent à nouveau sur la statuette de bois orant la cheminée. Le petit cheval sculpté semblait l'observer en retour de son expression sévère. De même sur la table ou avait été assis Heraàn se trouvait un morceau de bois partiellement sculptée ressemblant pour le moment à un ours ou a un loup ce n'était pas encore précisé.

- Dès la belle saison nous attelons la carriole et je vend mon travail sur les marchés, continua l'artisan. Principalement dans le Snaelhor mais nous avançons jours après jours jusqu’au Maelgyn avant de rebrousser chemin.

Teagan hocha la tête, ces gens avaient une vie précaire et difficile et pourtant ils n'avaient pas hésité une seconde à l'aider. Elle avait envie de leur faire confiance et pour cela elle devait savoir si elle pouvait se le permettre

- La question peut vous sembler idiote mais je dois vous la poser quand même, souffla-telle bien consciente qu'elle ne pouvait qu’espérer une réponse sincère
- Je vous écoutes.

Teagan prit une inspiration qui lui fut douloureuse et posant le bol vide sur la table de chevet avant de prendre la parole.

- A qui va votre allégeance ? s'enquit elle pour autant que vous en ayez une.

Il était fort probable que des gens vivant dans un coin aussi reculé se moquent des dirigeants qui les gouvernaient. Après tout c'était elle elle même préoccupée un jour d'un marchand vivant dans la foret ?

- Au royaume, répondit Heraaàn avec solennité
- A la maison Mézérhian, insista Norhaà.
- Très bien, répondit simplement Teagan.

Elle ne savait pas si elle pouvait se fier aux dire de la jeune rousse et de son grand père et de toute évidence la jeune femme s'en rendit compte. Elle se leva avec souplesse et se dirigea vers la table. D'un geste sur elle attrapa une bougie et la pencha dans la cheminée pour l'allumer. Elle tendit ensuite le bras au dessus de sa tête pour éclairer ce que la pénombre lui masquait : le linteau de la cheminée. Cette fois Teagan lui offrit un véritable sourire en remarquant l’emblème de sa famille gravée dans l'immense panneau de bois recouvrant la cheminée. Le dessins était taillé finement mais parfaitement reconnaissable. Elle avait grandit entourée de cet emblème et il était réconfortant à ces yeux. Le dessin était taillé avec tant de finesse que les détails de la ganache de l'eiwoarn combattant lui donnait un air réel.

- Je vous l'ai dit j'ai eut la chance de rencontrer Cairistoria Mézérhian, reprit Heraàn un profond respect dans la voix. Elle m'a acheter l'une de mes plus grosses pièces ce qui m'a permit de nourrir ma petite fille durant un an et d'acheter une carriole neuve.

La princesse pencha la tête se demandant si elle avait eut l'occasion de voir l'objet dont lui parlait l'artisan.

- Un cheval en bois sculpté les antérieurs tendu vers l'avant effectuant une révérence, répondit le vieillard comme si il avait lu dans ses pensées.

Teagan déglutit lentement en quittant l'homme des yeux. Elle connaissait bien cette pièce, elle l'avait vu de nombreuses fois dans la chambre de ses parents étant enfant. Une douleur bien connue se réveilla dans sa poitrine et elle la chassa rapidement. Elle n'avait plus le temps de s'apitoyer sur la mort de sa mère, pour le moment elle devait agir.

Ce n'est que lorsque Norhaà s'assit sur le rebord de son lit qu'elle se rendit compte qu'Heraàn s'était éloigné. De toute évidence il souhaitait leur laissé occasion de parler entre femme.

- Tea..., commença-t-elle d'une voix incertaine en posant un main sur les couvertures qui la recouvraient. Il.. Il vous est arrivé quelque chose..

C'était une affirmation et non une question et la princesse détourna son regard du visage de Norhaà. La petite rousse avait les mêmes yeux que son grand-père, des yeux verts qui appelaient à dire la vérité et qui lui rappelaient douloureusement Maeron.

- J'ai vu les marques sur votre corps, insista la jeune fille avec prudence. Votre maigreur... je veux dire, je suis la seule à vous avoir vue mon grand père à juste suturé la plaie j'avais dissimulé votre corps, Je...
- Je me fiche de savoir qui m'a vue nue ! Gronda Teagan avant de s'interrompe.

Elle s'en voulait de son agressivité mais c'était son moyen de défense d'ordinaire même si ces hôtes ne méritaient pas un tel traitement après avoir si bien prit soin d'elle.

- Pardonnez mon comportement, se reprit-elle. Et je vous remercie de m'avoir soigné.

Elle caressa la bosse douloureuse sur son flanc ce qui réveilla sa souffrance. C'était stupide mais ça l'aidait à garder l'esprit clair. Maintenant que son estomac était bien rempli elle aurait aimer pouvoir fermer les yeux, mais Norhaà attendait toujours une réponse à sa question silencieuse. Elle voulait savoir ce qui lui était arrivé mais elle ne savait pas si elle avait le droit de lui en parler. Elle réfléchit un instant a cette question décidant finalement qu'elle avait le droit mais surtout le devoir d'informer ces gens si elle voulait les protéger.

- Le Cyriatàn à changer d’allégeance..., finit-elle par dire en glissant ses doigts a travers les plis de la couverture qui gardait ses jambes au chaud.

Elle se livra alors complètement. Elle expliqua la trahison du Seigneur Peràn, les manipulations de la Reine, les conspirations de Manahaxar contre sa famille et surtout le plan des deux armées. Elle expliqua également de quelle manière ils l'avaient emprisonnée et à peine nourrie, l'accablement qu'elle avait ressentit, l'assassinat du Laarki puis sa fuite et sa décision de rejoindre le front. La seule chose qu'elle passa sous silence fut Maeron parce qu'elle ne pouvait se permettre de penser à lui, ce serait trop douloureux et elle ne pouvait se permettre de flancher. Ses hôtes restèrent silencieux se contentant de l'écouter sans l’interrompre. Durant son récit le vieillard s'était à nouveau rapproché et lorsqu'elle avait abordé la trahison du Seigneur Peràn et les risques de submersion de leur armée il s'était laissé tomber sur le tabouret l'air défait.

- Ca à du être horrible, finit par souffler Norhaà en passant une main dans ses fines mèches rousse.
- Je dois trouver mon père et le prévenir, reprit Teagan l'air assurée.

C'était une sorte de mantra qui l'avait fait tenir alors qu'elle chevauchait seule dans la forêt. Si elle arrivait à temps elle pourrait changer les choses.

- Nous sommes assez isolés ici, lui rappela Norhaà. Nous n'avons eut aucunes nouvelles du front.

Cette fois la Princesse aperçut clairement le regard angoissé que la petite fille lança a son grand-père et elle serra les poings. Ils avaient de toute évidence une mauvaise nouvelle à lui annoncer et il fallait qu’elle soit prête à encaisser.

- Dites moi ! ordonna-t-elle sèchement. Dites moi ce que vous me cacher !

Elle vit le vieillard soupirer avant de prendre la parole.

- Tea écoutez, commença-t-il en nouant ses mains abîmées devant lui. Vous devez savoir que vous êtes restée inconsciente...

Teagan prit une grande inspiration

- Quatre jours, finit Heraàn.
- Pardon?!

La Princesse se redressa vivement. Elle n'en revenait pas. Comment avait elle pu rester inconsciente aussi longtemps s'en s'en rendre compte. Lorsqu'elle s'était réveillée elle s'était sentie désorientée mais elle avait eut l'impression d'avoir fermé les yeux que quelques secondes.

- Vous aviez perdu beaucoup de sang, lui expliqua Heraàn avec douceur en la voyant paniquer. Votre corps était épuisé. Je vous ai suturé sans que vous n’émergiez de votre inconscience. La plupart des blessé se réveille à cause de la douleur, je ...je n'était pas certain que vous rouvririez les yeux.

Teagan sentit les larmes lui monter aux yeux alors que sa gorge se nouait. L'angoisse lui rongeait le cœur et l'image de son père et de Rhufawl lui vint à l'esprit. Sa peur se mua en effroi alors qu'elle réalisait qu'elle avait perdu du temps. Elle avait perdu quatre jours ou elle aurait pu chevaucher pour les prévenir. Mais non elle était restée coincée sur cette paillasse à se rétablir, inutile et inconsciente.

- Il faut que je parte sur le champs ! s'écria-t-elle soudain en repoussant à nouveau les couvertures. J'ai perdu trop de temps.

Elle pivota pour sortir ses jambes et se redressa. Une douleur fulgurante lui déchira le flanc et elle laissa échapper un gémissement.

- Ca ne sert à rien de vous agiter ! s'exclama Norhaà en se levant pour l'attraper par les épaules. Il fait nuit noire

Teagan tourna le visage vers la petite fenêtre, le volet de bois était fermé mais aucune lumière ne filtrait de l'extérieur. Son hôte avait raison il faisait nuit et elle ne pouvait prendre la route alors qu'elle était à peine en état de marcher. Son sentiment d'impuissance s'intensifia alors qu'elle posait une main délicate sur son corps blessé.

- Vous partirez à l'aube, lui proposa Heraàn avec un regard sceptique. Laissez encore quelques heures à votre corps pour se reposer.

Une certaine autorité se dégagea soudain du corps fatigué du vieillard et Teagan se rassis sans aucune délicatesse en laissant échapper un petit cri de douleur. Elle se radossa à l'oreiller et Norhaà lui tira à nouveau la couverture sur les jambes. La Princesse lui offrit un maigre sourire alors qu'elle sentait son front se couvrir de sueur. Heraàn avait raison son corps n'était pas prêt à lui obéir et une nuit de repos supplémentaire ne serait pas du luxe. Néanmoins son esprit bouillonnait et elle continuait de se ronger les sangs.

- Vous ne devriez pas rester ici lorsque je serai partie, dit elle à Norhaà alors que cette dernière se rasseillait en bout de la paillasse
- C'est ici que nous avons toujours vécu, répondit elle en regardant son grand père s'approcher d'un pas claudiquant de la cheminée.
- Les soldats Cyriatàn'ens sont à ma recherche et ils sont sans pitié, continua Teagan. S'ils apprennent que vous m'avez aidé, ils vous tuerons.

Même si elle n'avait aucune certitudes sur l’allégeance de ses hôtes elle avait décidé d'accepter l’emblème de sa maison gravé sur le linteau comme une preuve de leur soutien. Elle leur était plus que reconnaissante pour les soins qu'ils lui avait prodigués et elle était certaines que la jeune fille était trop fragile pour se battre et qu'Heraàn n'était plus physiquement en mesure de défendre sa petite fille.

- Je ne prendrai pas la fuite devant une armée d'imposteurs ! gronda soudain Heraàn en se tournant vers elle.

Les flammes de la cheminées se reflétaient dans son regard vert lui donnant une vivacité nouvelle. Teagan, résignée, hocha tristement la tête.

- Alors promettez moi que vous leur mentirai, souffla qu'elle en sachant que ce serait vain.

Les soldats du Cyriatàn eux ne manqueraient pas de prendre l'immense eiwoarn doré comme preuve de leur allégeance à la famille Mézérhian ce qui mettrait d'office leurs vies en périls.