Puisque l’on approche à grands pas de Noël, période où personne n’a envie de trop se fatiguer les neurones, je vais provisoirement laisser tomber les séries prises-de-tête pour enchaîner sur un registre plus léger. On en profite pour abandonner les grands territoires américains pour les rivages pluvieux de la Grande-Bretagne où prolifèrent, comme chacun le sait, les rhumatismes et les séries « trop-cool-de-la-mort-qui-tue ». Ladies and gentlemen, j’ai l’honneur et le plaisir de vous présenter :
« Blackpool » de la BBC
Viva Las Vegas ! (ou presque)
Ripley Holden est un homme à qui l’avenir sourit - du moins le croit-il dur comme fer. Atteint de saine mégalomanie, il dirige le plus grand casino de la ville balnéaire Blackpool et a grand espoir de transformer celle-ci en un Las Vegas britannique. Autant dire que ce n’est pas pour demain, mais Ripley est un optimiste indécrottable, du genre qu’un raz-de-marée peinerait à décourager. Oh, tout n’est pas rose, bien sûr, et Ripley a ses problèmes comme tout le monde - le fisc qui lui colle un peu trop aux fesses, une épouse qui supporte difficilement ses infidélités à répétition, un mollusque de fils qu’il comprend de moins en moins chaque jour, une fille sur le point de se marier (le pire cauchemar de tous les papas)… - mais rien de bien grave.
Jusqu’au jour où un cadavre est retrouvé dans son casino. Et, comme par hasard, le cadavre d’un petit crétin avec qui Ripley s’était querellé la veille : le monde est vraiment mal fait ! Ni une ni deux, voici la police qui débarque en la personne de Peter Carlisle, un jeune et fringuant inspecteur londonien. Arrivé à Blackpool, Peter Carliste se persuade rapidement de la culpabilité de Ripley, d’autant plus qu’il n’est pas indifférent au charme de la pauvre épouse délaissée de celui-ci. Un jeu du chat et de la souris s’instaure entre les deux hommes où chacun a gros à perdre et encore plus à gagner. Riplay parviendra-t-il à se débarrasser de ce jeune flic trop encombrant ? Réussira-t-il à conserver son casino et à sa liberté ? Sabordera-t-il le mariage de sa fille ? (Castrer son futur gendre serait un plus mais on ne peut pas tout avoir dans la vie)
C’est n’importe quoi, mais que c’est bon !
La tendance des scénaristes anglais à produire des mini-séries complétement jetées n’est plus à prouver, n’importe quel fan de télévision britannique pourra vous le certifier. Après une nuit particulièrement arrosée et copieusement fournie en champignons hallucinogènes, une poignée d’entre eux ont créé « Blackpool », pot-pourri mêlant tous les genres avec un culot décontracté : série policière, comédie romantique, intrigues familiales, délires érotiques… Et, puisqu’on y est, pourquoi ne pas rajouter des chansons ? Ca fait tripper les scénaristes et ça amuse les acteurs qui peuvent chanter et gigoter à l’écran. Les années 60, c’est trop cool, alors mettons-y du Elvis Presley, du Jimmy Cliff, du Elvis Costello, du Diana Ross ou encore The Communards !
Le résultat aurait pu être un énorme nanar, mais il est tout simplement épatant. « Blackpool », c’est six heures de fun, de Rock and Roll, de Pop et de n’importe quoi décomplexé ; le genre de série qui vous donne un grand sourire débile sur le visage et assez de bonne humeur pour affronter toute une semaine de grisaille parisienne.
Viva Blackpool !
Des acteurs en roue libre
Le mérite en revient à un scénario malin et jouant en permanence sur l’humour et le second degré, mais surtout aux acteurs qui s’amusent comme des petits fous et ont l’air tellement contents d’être là que l’on ne peut que partager leur enthousiasme. Si le casting est en général d’excellente qualité, je dois avouer que c’est pour les deux acteurs principaux que mon cœur bat très fort. Puisque c’est grâce à lui que j’ai découvert cette mini-série, il est juste de mentionner en premier David Tennant (« Hiiiiiiiiii ! » hurlent les fans de « Doctor Who ») dans le rôle de Peter Carliste, l’inspecteur londonien empêcheur de tourner en rond. Avec ses cheveux ébouriffés, son grand sourire de gamin, sa manie de se tirer en permanence le nez et les oreilles et son accent écossais, celui-ci déborde de charme et attire irrésistiblement la sympathie. Il arrive à être adorable et mignon, même dans les moments où il est parfaitement insupportable.
Bon là, il ne sourit pas, mais mignon comme tout, tout de même…
En mode tirage de nez
A lui seul, Tennant aurait probablement suffi à me faire aimer le show, mais justement il n’est pas seul… En face de lui, tonnant et vociférant, se dresse David Morrissey en roue libre dans le rôle Ripley Holden, le mégalomane directeur du casino. Le personnage en lui-même est déjà fort sympathique - mélange de businessman et d’escroc avec ses rêves de grandeur et tous ses petits ennuis personnels - mais Morrissey l’incarne avec un tel punch et un enthousiasme si communicatif qu’il en devient inoubliable. Ses répliques sont un régal et chacun de ses affrontements avec David Tennant un grand moment de jouissance télévisuelle. Particulièrement quand ils le font en musique, bien entendu ! Franchement, des deux, je ne sais sur lequel couiner le plus…
En toute hétérosexualité, bien sûr…
Années 60, je vous aime !
Car « Blackpool » ne serait pas « Blackpool » sans les désopilantes scènes chantées et dansées qui émaillent chaque épisode. A chaque fois que les personnages sont furieux, frustrés ou amoureux, ils le font savoir au téléspectateur en le chantant à tue-tête, empruntant pour l’occasion les musiques les plus célèbres des années 60. A noter que la mini-série contient tout de même quatre scènes de sexe en musique, dont deux m’ont fait à moitié sortir les yeux de la tête.
Peut-on pour autant considérer la série comme une comédie musicale ? Pas vraiment, car les acteurs ne chantent pas à la place des artistes, ils chantent en même temps (un peu comme vous et moi quand nous braillons sous la douche en écoutant une chanson, mais en beaucoup mieux, du moins en ce qui me concerne). Le résultat pourrait être ultra-kitch, mais encore une fois « Blackpool » évite d’un entrechat le piège du ridicule. Loin d’alourdir la mini-série, ces séquences lui donnent un rythme du Tonnerre de Zeus et nous insufflent une envie irrépressible de sautiller dans notre fauteuil en battant des mains. C’est barge. Exubérant. Déjanté. Irrésistible. En somme, une réussite du petit écran anglais et un merveilleux moyen de se remonter le moral durant les froides soirées d’hiver !
On termine par deux de mes séquences chantées préférées : le premier affrontement Ripley/Carliste
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Suivi du mariage de la fille de Ripley (bon sang, comme j’aime cette chanson !)
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Un mot pour la fin ?
« Blackpool » rend heureux : regardez « Blackpool » !
(Et argh. Maintenant, j’ai envie de revoir la série, mais j’ai prêté mon dvd, couillonne que je suis…)