[Avent] Roman à l'eau de rose, topoi, fanfiction et yaoi, de pourquoi nous aimons les clichés.

Dec 18, 2012 22:37

Aujourd'hui (en retard et fatiguée) je voudrais parler de romans à l'eau de rose (vous savez ces romans Harlequin aux couvertures qui vous font fuir comme celle-ci (heureusement que la modernité arrive enfin)), de topoi (tous ces clichés vus et revus, ces situations qui sont dans tous les mangas, tous les fandoms), et de leur relation aux fanfics et au yaoi.

Commençons par cette simple déclaration : j'aime les romans d'amour à l'eau de rose. Je préfère ceux historiques (Angélique c'est ta faute), mais je ne rechigne pas à en lire des modernes et encore moins des fantastiques (*kofkofanitablakekofkof*).
La raison pour laquelle je les aime est la même pour laquelle je suis accro au yaoi et aux fics et ce sont ces points communs que j'aimerais mettre en avant.

Mais d'abord pour le plaisir des yeux :



(Ironfries)



Le premier point commun est bien sûr la prédominance de l'histoire d'amour. Elle est centrale et même si elle n'est pas la seule fin du livre, du manga ou de la fic, elle est toujours (souvent pour les fics) présente. Et moi j'ai un coeur en marshmallow alors j'ai besoin d'amour ! J'ai besoin d'histoires me racontant un amour absolu, qui surmonte tous les obstacles, qui doit vaincre des périls grandioses pour triompher avec gloire, qui me fait frémir et tressaillir et verser des larmes.

Or, vous vous en souviendrez, le premier manga "yahoï" dans nos vertes contrées se nommait : Zetsuai c'est à dire : amour absolu. Tenez, faites-vous mal aux yeux.

Le deuxième point commun ce sont bien sûr les clichés. Que ce soit le qui pro quo sur l'identité : Lily est juste une institutrice, mais lorsque le fringant Roger la prend pour la riche Lorelei, héritière du puissant groupe Trucmuche, elle n'a pas le courage de le détromper d'autant qu'elle tombe vite amoureuse de cet homme superbe, ce qui vous donne version fic : Stiles est juste un humain, mais lorsque Derek Hale, alpha de la meute de Beacon Hill le prend pour un puissant sorcier récemment arrivé en ville, il n'a pas le courage de le détromper d'autant qu'il tombe vite amoureux de cet homme superbe et pour le yaoi vous reprenez le premier pitch en transformant Lily en Lelio. Parce que oui tous les topoi de la romance marchent dans les fics et les yaoi et vice et versa. Que ce soient le scénario enfant surprise (voire le post sur le omega-verse ou simplement le MPREG) ou les kid!fics, les mariages arrangés, les deux héros accrochés l'un à l'autre par une chaine ou magiquement, les traditionnels voisins ou collègues qui au début se détestent et finissent par s'aimer, tout marche partout.

Mais la question est pourquoi. Après tout, au bout de la quinzième kid!fic Stiles/Derek, du dix-huitième triangle amoureux yaoi et du vingtième Harlequin avec un mariage arrangé, ne devrait-on pas se lasser ? Qu'est-ce qui nous ramène toujours vers les clichés ?

Déjà le confort du connu. Les quelques gens qui avouent lire de la romance vous diront en pensant minimiser l'importance de leur lecture : oh c'est pour passer le temps, ça me fait du bien ça prend pas la tête. En effet, le roman à l'eau de rose se considère facilement comme la confort-food de la littérature, la nourriture de l'âme qui est là pour vous réconforter, vous envelopper comme une couverture ou votre robe de chambre préférée. Parce que le fait de toujours retrouver les mêmes topoi vous laisse en terrain connu, on sait où on est, où on va, on devine ce qui va se passer.

Et c'est justement là (comme toujours) que se joue la différence entre une fic agréable mais sans plus, un roman sympathique et un bon yaoi, une bonne fic, un excellent roman : dans la nouveauté, le renouvellement, la subversion du cliché.

Car si nous sommes réconfortés par l'utilisation de ces plongeoirs scénaristiques, nous voulons aussi être stimulés, avoir l'impression d'avoir acquis quelque chose à la lecture et ce quelque chose sera ce qui le différenciera de tous les autres : une écriture plus analytique qui en vient à questionner même les fondements du cliché : pourquoi Lily a-t-elle laissé Roger croire qu'elle était une autre, est-ce dû à un trauma de l'enfance, est-ce un subtil piège et Roger, croyait-il vraiment que cette péquenaude était une femme du monde ou avait-il de sombres dessins ? ; une subversion soudaine des attentes du lecteur : en fait Miss Fairchild est déjà mariée, mais alors comment Lord Crowe pourra-t-il échapper au testament de son grand-père ? ; un cliché renouvelé par une plongée dans un autre genre : Stiles et Derek se retrouvent avec un gosse sur les bras mais le gosse déteste Stiles et ce dernier le lui rend bien et commence à penser que le petit Damien est véritablement l'antéchrist !

Sur ces reflexions et vos remarques sur les romans à l'eau de rose, les fics et le yaoi, je vous laisse avec Sherlock et John, la fausse couv est de Reapersun



avent

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