[FIC] Contrat s/tête #4

Nov 30, 2008 16:03

Titre : Contrat sur tête #4

Rating : de G à PG-13
Disclamers : Les personnages de Alex Rider appartiennent à Anthony Horowitz.
Résumé : Il est trois heures du matin, Yassen Gregorovich se réveille brusquement après un mauvais rêve, un souvenir douloureux. On frappe à sa porte, qui cela peut-il bien être ? C'est ce qu'il se demande en l'ouvrant.
Note : Spoilers pour ceux et celles qui n'auraient lu ou vu que Stormbreaker puisque cette histoire se centre autour d'une certaine personne (d'où une certaine liberté sur la base).
Bonne lecture.
Nb de mots : 3 608

Alex avait essayé d’éviter au maximum le Russe, il ne supportait sa présence que pour le repas et il y avait encore deux repas et un petit déjeuner avant qu’il ne parte. Alors qu’il se servait un verre de jus d’oranges, son père vint le rejoindre.
« Tu as bien dormi ?

- Ca va. Enfin je veux dire que pour quelqu’un qui vient de retrouver son père, j’ai plutôt bien réussi à dormir.

- Moi, j’ai mal dormi. Je ne suis pas du genre à stresser bien au contraire mais te retrouver… ça me rend pas mal nerveux, rit John.

- Ah oui ? Pourquoi ?

- Eh bien, tu as quatorze ans bientôt quinze et j’ai raté tout ça. Je ne sais presque rien sur toi sauf que tu aimes prendre du jus d’oranges le matin et que tu n’aimes pas les courgettes.

- Vous apprendrez et moi aussi. »

John sourit à cette remarque. Ils apprendraient tous les deux à se connaître. Ils ne réussiraient pas à combler ces années perdues mais ils pouvaient bien se faire d’autres souvenirs. Il but distraitement son café alors qu’Alex le regardait, assez nerveux avec une question au bout des lèvres.

« Mons-… je dois vous appeler comment ? demanda-t-il assez gêné. Je veux dire, je vais pas vous appeler « monsieur », ça le fait pas ? »

John le regarda, pris au dépourvu. Il se racla la gorge, il n’y avait pas pensé.

« Tu-tu peux m’appeler comme tu veux.

- Vous avez pas envie que je dise « papa » ? s’étonna Alex.

- Si, très… mais je pense pas que t’imposer ça soit bien malin, avoua le père. Il faut que ça te vienne tout seul, non ?

- Hum… je peux vous appeler « John » en attendant ?

- Bien sûr, sourit son père avec douceur. »

Il aurait préféré « papa » mais comme il venait de le dire : il ne voulait pas l’imposer. Si Alex avait un peu son caractère, il savait pertinemment que c’était courir au-devant d’un refus catégorique, son esprit rejetterait l’information. Il avait malheureusement eu cette réaction avec la femme de son grand-père : elle s’était d’emblée présentée comme leur grand-mère, à Ian et lui, et les deux gamins l’avaient rejetée en bloc. Cela avait fort déplu à leurs aïeux.

« John ? »

L’homme secoua la tête en revenant à la réalité. Il tourna ses yeux vers son fils.

« Hum ?

- Gregorovich et vous, vous êtes amants alors ? osa-t-il demander. Est-ce qu’il va continuer son travail ?

- Oui, nous sommes amants et oui, il va continuer son travail comme tu dis.

- Vous savez que j’ai juré de le tuer ?

- Il me l’a dit en effet.

- Et ça vous dérange pas ? demanda le garçon en serrant le verre.

- Si mais je sais également que jamais tu ne le feras, dit sérieusement John en le fixant droit dans les yeux.

- Et pourquoi ? »

Alex se sentait fébrile. Son père semblait si sûr qu’il ne pourrait jamais tuer Gregorovich.

« Parce que tu n’en as pas le profil. Tu n’es pas un tueur, Alex, répondit doucement John avant de lui sourire. C’est une bonne chose. Dans un certain sens et tu ressembles davantage à ton oncle qu’à moi. Ian… Ian n’aimait pas tuer, il avait une arme « pour faire comme » mais il ne l’a sans doute jamais utilisée.

- Et vous ?

- Oh je m’efforce toujours de ne pas faire de victimes mais il arrive des fois où on est obligé.

- Donc vous avez déjà tué. »

Ce n’était pas une question mais de toute façon, Alex le savait, son père lui avait parlé d’au moins deux personnes la veille. Sans doute y’en avait-il davantage puisqu’avant d’être au MI-6 et à Scorpia, il était dans une section spéciale de l’armée.

Alex tourna la tête vers Yassen qui était installé sur un transat, un livre à la main. Cet homme était l’assassin de son oncle et l’amant de son père. C’était une étrange sensation.

« On ne dirait pas en le voyant qu’il est un criminel, souffla Alex.

- C’est-ce qui fait de lui le meilleur, répondit John en suivant son regard.

- Non, le second. Vous étiez et êtes apparemment toujours le meilleur aux yeux de beaucoup de monde. »

John sourit, un peu gêné il fallait bien l’avouer. Il finit par se passer une main sur la nuque.

« Laisse-lui une chance, il est-ce qu’il est mais c’est un type bien.

- Mais c’est un tueur, un mercenaire. »

John soupira. Il n’arriverait jamais à lui faire comprendre que Yassen était plus que ces simples qualificatifs. C’était peine perdue et il avait l’impression de tourner en rond alors autant laisser faire le temps.

« Tu pourras revenir ici si tu le souhaites, annonça-t-il en changeant de sujet. Cette maison appartient aux Rider depuis longtemps

- Comment ça se fait que je n’y sois jamais venu ? s’étonna Alex.

- Ian n’a jamais aimé venir ici, il n’en avait pas de bons souvenirs.

- Ah et quoi par exemple ?

- Des disputes… Ian et moi nous disputions souvent ici. Sur Yassen, sur les missions, sur ce que je faisais…

- Ils se connaissaient ? demanda Alex encore plus étonné.

- Ils se sont rencontrés lors de ma fausse arrestation par le MI-6 à Malte. »

John ferma les yeux et laissa les souvenirs revenir en lui. C’était à Malte au moment où il venait de décider de tout arrêter, de lâcher Helen pour être avec Yassen…

Yassen et lui devaient rencontrer un puissant parrain pour échanger une cargaison d’armes volés aux militaires américains contre l’emplacement du bunker où se trouvait un des dirigeants qui gênait Scorpia. Une mission en somme toute facile à faire mais John avait planifié sa disparition : il serait capturé par le MI-6 et pourrait quitter Scorpia après quelques mois à faire le mort. Il n’en avait pas encore parlé à Yassen, préférant attendre un peu.

« Qu’est-ce qu’on fait ici ?

- Je dois voir quelqu’un, répondit l’Anglais. Tu m’attends en bas.

- Pourquoi je peux pas venir ?

- C’est un de mes indics. »

Yassen soupira avant de hocher de la tête. John rit doucement avant de l’embrasser du bout des lèvres en lui soufflant un « je reviens bien vite ».

Le Russe resta en bas alors que son amant entrait dans la bâtisse, une vieille usine encore en fonction. Il se récura les ongles avant de sortir un bouquin de sa poche. Il avait prévu le coup. Il s’appuya donc contre le mur pour lire tranquillement. Mais au bout de cinq minutes, sa nuque le picota. C’était mauvaise signe. Il fit mine de continuer sa lecture mais son regard clair scrutait les environs. Il n’y avait rien pourtant Yassen sentait quelque chose.

Une ombre passa assez rapidement sur un des toits. C’était le signal qu’il attendait. Il fit mine de rien et remit son livre dans la poche arrière de son jean. Il s’essuya les pieds avant d’entrer dans le bâtiment à la recherche de John. Mais il n’y avait qu’un escalier alors cela irait vite. Il grimpa quatre à quatre sans bruit et déboula dans une immense pièce vide. Deux hommes se tenaient debout devant lui : John et un autre. Les deux se tournèrent vers lui de concert, surpris.

« Cosaque, je t’ai dit de m’attendre en bas !

- Cela aurait été avec plaisir mais nous avons des… »

Il s’arrêta dans sa phrase en reconnaissant l’homme avec son amant : un agent du MI-6.

« Hunter ? C’est quoi cette histoire, qu’est-ce que tu fais avec cet enfoiré du MI-6 ?

- Yassen, tais-toi. »

Le Russe ouvrit grands les yeux, incapable de répondre. En plus de lui dire de se la fermer devant ce type, il l’appelait par son prénom. Il s’avança devant lui.

« John ! Y’a des types dehors prêts à nous dégommer. »

Les deux types froncèrent des sourcils, cela surprit Yassen. Soit ce mec du MI-6 feignait la surprise soit il l’était vraiment. Dans les deux cas, tous les trois se baissèrent quand les vitres explosèrent et que des coups de feu retentirent.

« Merde, Ian, c’est quoi ?

- Sans doute ton copain Calzonne, John. »

Yassen s’était plaqué contre le bureau et regardait les deux hommes discutaient comme s’ils se connaissaient depuis longtemps. Il ne les quittait pas des yeux avant de les ouvrir en grands à nouveau : ils se ressemblaient énormément, étaient-ils de la même famille ? Mais une nouvelle salve le coupa net dans ses pensées.

« Yassen ?

- Hum ?

- Garde les clefs de la voiture dans ta main, cria John par-dessus le bruit des balles. On va sauter de là et courir jusqu’à la caisse.

- Entendu. »

Les deux hommes se regardèrent avant que John ne se lève pour courir à la fenêtre éclatée. Ian et Yassen le suivirent de près et en moins de deux minutes, ils atterrirent près de la voiture. Ils coururent vite et Yassen se précipita à la place du conducteur.

Soit leurs assaillants n’avaient pas compris, soit c’était fait exprès, toujours était-il que peu de balles leur arriva dessus. Yassen démarra en trombes et les pneus crissèrent, laissant de la gomme chauffée sur le sol. Ils furent rapidement hors de portée de leur assaillants.

Ils roulèrent longtemps pour ne pas se faire repérer avant d’entrer dans un garage qui ne payait pas de mine dans une résidence minable. Une des planques de secours John. Ca n’avait pas le luxe de ses cachettes habituelles mais ça convenait parfaitement à Yassen.

« Tiens, fit John en lui tendant une canette de soda. »

Il fit de même pour ledit Ian, espion du MI-6 que Yassen ne quittait pas des yeux.

« Pourquoi il est là ? demanda le Russe d’un ton froid.

- Yassen… je te présente Ian Rider. »

Le jeune homme ouvrit grands les yeux, pour la énième fois depuis deux heures. Ils étaient bien de la même famille.

« Mon jeune frère.

- Ton… ton frère ? Au MI-6 ? John, tu te rends compte que

- Yassen, calme-toi, le coupa John en secouant la tête. Ian n’est pas contre nous. Nous… travaillons ensemble. »

Yassen manqua de faire tomber sa canette à ces mots. Ils travaillaient ensemble ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Non, il pensait savoir mais il avait peur de l’admettre.

« Je travaille pour

- John ! gronda Ian avec un regard noir.

- Non Ian, je veux qu’il sache. »

John ferma les yeux pour boire une gorgée. Il les rouvrit en regardant alternativement les deux hommes face à lui. Ils étaient tous deux en colère et leur tempérament risquait fort de poser des problèmes à John.

« Je sais que tu n’es pas bête et que tu as sans doute déjà remarqué certaines choses lors de nos missions, commença John en s’adressant à son amant. Qu’elles étaient souvent calmes alors que celles de Shangai ne le sont pas…

- Hum ? »

John lui raconta son histoire, celle d’un jeune homme tout juste sorti de l’université qui s’engage dans l’armée puis entre chez les parachutismes, l’élite de Sa Majesté. Le MI-6, le bar et Scorpia. Yassen savait déjà pour Helen depuis pratiquement le début mais cette histoire-là, il ne la connaissait pas et son cœur se mit à battre plus vite et sa tête lui tournait. Il regardait John comme s’il venait d’ailleurs.

Ian était contrarié, il n’aimait pas ce Russe depuis le jour où son frère lui avait annoncé qu’il voyait un homme en plus d’être marié à Helen. Ils s’étaient d’ailleurs disputés mais John avait eu raison de lui et Ian tolérait ça.

Yassen s’était levé brusquement, lui faisant tourner la tête dans sa direction. Le Russe était secoué par cette révélation : son amant était un espion voire carrément un agent double au service du MI-6, leur pire ennemi.

« Il te trahira, lâcha Ian sans complexe. »

Yassen le fusilla du regard. Il ne pourrait jamais trahir son amant, jamais.

« J’ai confiance en John, avoua le Russe.

- Même en sachant cela ? Il t’a fait des cachoteries pendant tout ce temps et malgré tout, tu lui fais confiance ?

- Oui. »

C’était catégorique et sans appel mais il avait besoin de temps pour digérer ça.

« Et… le rapport avec notre mission ?

- John, grogna Ian.

- Ian, fous-moi la paix, répliqua John en le fusillant du regard. Demain, nous irons voir Calzonne mais cela ne se passera pas comme prévu. Le MI-6 débarquera et après une fusillade, ils me captureront, laisse-moi finir, fit John d’un geste de la main. Ils me feront prisonniers et comme tout prisonnier d’une agence gouvernementale, je ne réapparaîtrais plus. Scorpia devient trop dangereux pour moi, pour Helen et Alex aussi. Je dois disparaître.

- Scorpia ou Julia ?

- Les deux. Je te le dis parce que je te fais confiance mais je t’appellerais quand ça se sera tassé. »

Yassen soupira lourdement. Trop d’informations d’un coup n’était pas bon mais si John venait de le lui avouer, c’est que c’était capital.

« Je vais me doucher, essayez de ne pas vous entretuer, demanda John en souriant. »

Aucun des deux hommes ne répliqua. Ils suivirent des yeux l’aîné des Rider qui partit s’enfermer dans la salle de bain. Puis ils se regardèrent. Il n’y avait aucune sympathie entre eux mais ils avaient un point commun : ils aimaient John.

« Je ne t’ai jamais apprécié, déclara Ian en croisant les bras. Quand John m’a raconté pour vous deux, on s’est disputé.

- J’en suis navré, railla Yassen en finissant sa canette.

- Tu détruis son mariage. Il passe plus de temps avec toi qu’avec sa propre femme et son fils nouvellement né.

- C’est un… espion, il est en mission.

- Et tu es sa mission, enfin d’une certaine manière.

- Je ne t’aime pas non plus. »

Il ne pouvait pas rester dans cette pièce avec ce type détestable aussi choisit-il de migrer dans la chambre, plutôt petite mais suffisante pour au moins deux personnes. Il s’allongea sur le lit en soupira. Il avait envie de pleurer. Il ne pleurait que rarement voire jamais mais là, ce n’était pas l’envie qui lui manquait.

« Tu peux pas lui foutre la paix ? s’emporta John dans la pièce à côté en faisant sursauter Yassen.

- Je lui ai dit ce que je pensais, c’est tout.

- Ian… c’est ma vie, pas la tienne.

- Oui et tu la mets en danger pour… pour ce mec !

- De toute façon, tu ne pourras jamais comprendre.

- Oui et bien tant mieux !

- Ian…

- Bon je vais y aller, je serais là demain pour te récupérer après la fusillade. »

Yassen ferma les yeux en entendant la porte claquer. Il se sentait mal à l’aise, il était la cause de la dispute des deux frères et apparemment ce n’était pas la première fois. Il n’entendit pas la porte s’ouvrir et sursauta encore quand John vint dans son dos.

« Je suis désolé, murmura le Russe en se laissant enlacer.

- Ne t’en fais pas, Ian est impulsif mais c’est un gentil garçon. »

Ils rirent doucement. Ian et Yassen ne devaient pas se rencontrer avant des années pour la mort de l’espion anglais, tué par le Russe.

« Ca ne m’étonne pas qu’oncle Ian ne l’aimait pas, répliqua Alex en soupirant. Il vous adorait trop pour ça.

- Oh ?

- Oncle Ian… j’ai jamais osé lui poser trop de questions sur vous et maman parce que je voyais bien que ça lui faisait mal.

- On était très proches tous les deux. »

Ils se sourirent doucement. John se leva et caressa la tête de son fils.

« Je veux bien faire des efforts pour vous mais je ne promets rien…

- C’est déjà bien d’essayer, souffla John. »

Alex rougit légèrement avant de détourner la tête. John ne dit rien et le laissa finir son jus de fruits. Il avait envie de se baigner. Alex le suivit des yeux avant de soupirer lourdement. Pourrait-il jamais se montrer au moins cordial avec le Russe ? Il tourna la tête et le trouva à lire, encore. Apparemment il ne savait faire que ça. Il se leva et alla vers lui en s’arrêtant à côté.

« Je vous aime pas, je vous hais même… »

Yassen releva les yeux sur le blond, gardant son livre entre les mains. Son regard était sans expression.

« Mais pour mon père, je veux bien faire un effort.

- C’est un bon marché, répondit simplement Yassen avec un sourire.

- Parce qu’il vous aime.

- Il t’aime aussi Alex.

- Je sais. »

Ils se fixèrent sans parler mais un accord tacite venait de prendre forme entre eux. Ils feraient chacun des efforts pour John. Yassen tourna la tête d’un geste et Alex aussi quand ils entendirent quelqu’un appeler.

« Bonjour, excusez-moi de vous déranger mais… enfin ma voiture est tombée en panne et… pourrai-je utiliser votre téléphone ? »

C’était une femme, brune, des lunettes de soleil cachant son regard.

« Je venais visiter la maison plus loin et… oh je suis vraiment navrée de vous importuner.

- Alex, peux-tu montrer à madame où se trouve le téléphone ? fit John de la piscine. »

Le fils hocha de la tête et conduisit cette charmante dame à l’intérieur. Il reste avec elle le temps du coup de fil et la conduisit à la sortie où effectivement se tenait une voiture fumante.

« J’espère que ce n’est pas bien grave, dit-il.

- Je ne sais pas, je n’y connais rien ! rit-elle. Je te remercie mon garçon. »

Alex opina en souriant un peu. Il attendit avec la dame au moins quinze minutes avant que le dépanneur arrive. Il la laissa alors entre ses mains et partit retrouver son père dans l’eau

* * *

« Confirmation de la cible, en attente d’instructions. »

A suivre...

fanfiction -

Previous post Next post
Up