[ Luna ] 1 - c. Rencontres

May 17, 2010 16:00

Une nouvelle histoire, que vous pouvez retrouver ici.

C'est une histoire qui, pour moi, aura un sens. Elle me permet d'exorciser un peu, et ça fait toujours du bien. Elle sera probablement longue. Elle est en cours d'écriture.

De quoi ça parle ?
D'une fille qui raconte sa vie comme elle parle.
D'une famille recomposée un peu ouf'.
D'un amour qui se concrétise.
D'autres choses que je préfère vous laisser découvrir.

Homophobes, fuyez, je ne veux pas de vous ici. Non, ce ne sera pas "hard", tout doux même.

Troisième partie de mon premier chapitre.
POV Adeline.

Baptiste est le meilleur ami de Thibault, mon « nouveau » demi-frère de deux ans. Ma mère et moi avons d'ailleurs déménagé chez Thibault, il y a plus de deux ans et demi, mais je n'avais alors jamais eu l'occasion de croiser ses amis, ni pensé à inviter les miens.
Les débuts de notre cohabitation ont été difficiles. Nos parents n'étaient pas encore mariés, mais l'échéance était proche. J'avais du mal à faire confiance à un quasi-inconnu. Je veux dire que je le connaissais, j'aurais pu le décrire, mais vivre avec lui, c'était différent. Il me fallait faire attention à mes affaires, à mon comportement dans les pièces publiques.

J'ai fini par m'enfermer dans ma chambre au bout de trois semaines à me surveiller. Les vacances commençaient, je n'avais plus besoin de faire comme si. Et si ma mère s'est inquiétée, elle ne m'a rien montré de tel.

Cette nuit-là, je n'arrivais pas à dormir, bien sûr. Je m'en voulais de ne pas faire plaisir à ma mère, et de ne pas savoir me lâcher devant quelqu'un qui, au fond, m'attirait beaucoup trop.
Dès le premier jour où j'ai croisé le regard de Thibault, ses yeux gris, ses cheveux blonds, souples, j'ai été hypnotisée. Tout à coup, j'étais hors de moi, hors de ce que j'étais. En sa présence, j'étais maladroite, gauche, timide, alors qu'avec Xavier, son père, mon naturel reprenait le dessus. Ma mère était ravie que je m'entende avec mon futur beau-père, mais elle aurait préféré que je m'entende avec Thibault.

Cette nuit-là, vaincue par mon insomnie, je suis descendue me faire un thé comme j'aimais, avec une pointe de menthe. Son arrivée soudaine dans la cuisine m'a arraché un cri. Il était dans la salle d'ordi', occupé à jouer, probablement. J'avais longuement pleuré, et je savais que mes yeux le reflétaient. Je n'ai pas osé le regarder, pas un seul instant, même quand il m'a demandé une tasse.

J'étais toujours hors de moi.
Lorsque la bouilloire a été prête, et sa tasse avec, je n'ai pas pu y échapper. Il ne portait que son pantalon de soie verte. Quand j'ai jeté un regard à ma tenue, je me suis aperçue que je portais le même genre de pantalon, mais d'une couleur orangée.
Le thé me détendait. J'appréciais l'idée d'aller sur la terrasse, dans le jardin, et de boire lentement un thé chaud alors que l'air était glacial. Encore une fois, j'avais préféré fuir Thibault. J'avais enterré mon attirance pour lui, au fur et à mesure de mes nuits d'insomnie passées à scruter les étoiles.

Cette nuit-là, Thibault m'a rejointe. Il avait enfilé un peignoir, ramené une couverture pour moi, et il s'était assis sur le banc, collé à moi, comme si rien n'était plus normal.
Je me souviens parfaitement de ce qu'il a commencé par dire.
« Je ne comprends pas pourquoi tu ne m'aimes pas. Enfin, si, je peux comprendre. Je suis un grain de sable.
- Insignifiant, tu veux dire ?
- Gênant, plutôt. Mais insignifiant, aussi. Je coince le rouage dont tu as l'habitude, je le fais tourner autrement, j'y rajoute des roues. Je suis un grain de sable.
- Tu n'es pas insignifiant, si tu déranges mes habitudes. Et c'est moi, le grain de sable. C'est moi qui viens vivre chez toi.
- Je suis heureux que tu viennes vivre ici. J'aime beaucoup Séverine, et je pensais que toi et moi... on aurait pu s'entendre. Devenir une vraie famille.
- Je ne sais pas faire ça. Il y a plein de choses que je ne sais pas faire. Mais là, je me sens bien.
- Alors tu vas sortir de ta chambre pour de bon ? »

C'est à partir de cette nuit-là que Thib' et moi avons développé notre extrême complicité.
Aujourd'hui, il est mon demi, mon demi-frère, mon demi-moi, mon confident, je lui fais confiance dans n'importe quelle situation, et il me suffit de quelques heures sans lui pour qu'il me manque atrocement.

J'ai connu Baptiste lors de la soirée des 18 ans de Thibault. C'était... comment dire... épique.
Thibault et moi avions offert un week-end gastronomique dans un château aux parents, pour prolonger leur mariage. Les deux meilleurs amis de Thibault sont arrivés le matin pour tout préparer. Sauf que, bien sûr, Thib' n'a pas jugé bon de me prévenir, et je suis descendue en nuisette à moitié transparente, sans soutif.
Baptiste ne m'a pas ratée, il m'est rentré dedans alors que j'allais vers la cuisine. Et ses mains sur mes fesses lorsqu'il a voulu me rattraper ont réchauffé la température de mon corps, sans aucun doute. Je l'ai entendu demander à mon demi si j'étais célibataire. Il a répondu qu'il n'en savait rien du tout, ce qui était rigoureusement faux mais passons.
J'étais la seule à pouvoir conduire, je les ai donc accompagné faire les courses, et je dois avouer que j'ai beaucoup ri avec Baptiste. Faire les rayons avec eux à la recherche de coton hydrophile et de faux ongles, c'était vraiment drôle.

Dans la journée, mon petit ami est passé. Enfin, mon ex-petit ami : il était venu pour m'entendre rompre. Cela faisait quelques jours que j'avais l'idée en tête, et il le sentait de toute façon. Pour ne pas gâcher notre dernière entrevue, nous avons fait l'amour, le « breaking up sex », un moment déjanté et inattendu. Je savais que malgré notre discrétion, ce n'était forcément pas passé inaperçu. Et lorsque je l'ai accompagné à la porte, lui souhaitant une « bonne continuation », et qu'il m'a légèrement embrassée sur la joue, j'ai entendu Baptiste demander si je n'étais pas folle.
« Thib', tu me fais un câlin ? On vient de rompre.
- Grégoire n'était pas fait pour toi. Bon, tu veux nous aider ? On fait un gâteau.
- Tu veux dire, tu fais un gâteau, et Baptiste et Martin regardent. »

J'ai fait un gâteau au yaourt alors que Thibault lançait un deuxième fondant au chocolat. J'ai failli initier notre premier baiser à ce moment-là, lorsqu'après avoir léché sa cuillère, il s'en était mis plein partout. Et je me suis mentalement giflée, trois fois au moins. C'est mon demi-frère, ta famille, me suis-je dit.

Durant la soirée, le niveau des boissons alcooliques baissait très rapidement. Heureusement, nous avions fait un stock plus que suffisant ! Baptiste buvait beaucoup, je dansais beaucoup, et Thibault flânait beaucoup. J'ai flirté avec quelques garçons, mais Thibault arrivait toujours à ma rescousse.
Dans le jardin, seule sur le banc de la terrasse, je fumais une cigarette lorsque Baptiste est arrivé. Il m'a tendu un verre de liqueur, alors qu'il buvait sa bière au goulot. Le silence flottait entre nous, mais ce n'était pas désagréable. Je me nourrissais de son odeur, ayant éteint ma cigarette dès son approche. La nuit magnifiait tout.

« La dernière fois que je me suis assise ici en pleine nuit et qu'un garçon m'a rejointe, j'étais très triste.
- Et ce soir ?
- Je suis heureuse. Thibault s'amuse bien, avec tous ses amis, et je me sens sereine.
- Assez sereine pour m'embrasser ? »

C'était un premier baiser placé sous l'alcool. Je n'avais pas beaucoup bu, mais lui si. Mais même pétillant, il embrassait merveilleusement bien. Nous avons passé la demi-heure suivante à nous embrasser, à nous frôler, à nous toucher. J'étais parfaitement bien dans ses bras.

Vers 2 heures du matin, il restait une dizaine d'invités et plus d'alcool qu'espéré. Tout en faisant circuler des cigarettes, nous avons joué à « Je n'ai jamais... ».

Baptiste a fini dans mon lit et nous avons baisé comme des lapins. Toute la nuit. C'était orgasmique, à plusieurs reprises. Il ne s'en souvient que vaguement, et je n'ai jamais eu de souvenirs aussi flous pour ma part. Je me rappelle juste que le sexe avec lui était magique.
Et il l'est resté, magique.

Nous avons continué à nous voir pendant le reste des vacances, d'une manière peu innocente. Je l'ai informé, quelques mois plus tard, de ma volonté de relation libre. Il a accepté. Nous avons défini les conditions.
Thibault vantait les mérites de son ami, il me disait que je n'avais pas à ouvrir mes horizons, que Baptiste était un petit ami parfait. Je n'ai jamais cédé.

Et voilà que deux ans après, je suis officiellement en couple avec l'homme que j'aime.

originale, adeline, histoire

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