Une nouvelle histoire, que vous pouvez retrouver
ici.
C'est une histoire qui, pour moi, aura un sens. Elle me permet d'exorciser un peu, et ça fait toujours du bien. Elle sera probablement longue. Elle est en cours d'écriture.
De quoi ça parle ?
D'une fille qui raconte sa vie comme elle parle.
D'une famille recomposée un peu ouf'.
D'un amour qui se concrétise.
D'autres choses que je préfère vous laisser découvrir.
Homophobes, fuyez, je ne veux pas de vous ici. Non, ce ne sera pas "hard", tout doux même.
Deuxième partie de mon premier chapitre.
POV Adeline.
Je descends à la cave, dans la salle de jeux, là où il y a la télévision et la console. Je suis certaine d'y retrouver Baptiste. Je reste accoudée au niveau de la porte (mais il n'y a plus de porte), et je le regarde s'escrimer sur sa manette alors qu'il tente de battre Martin le Dieu des JV.
Quelqu'un tape mes fesses et me dit de « bouger [mon] joli p'tit cul, princesse ». Dans le mille, c'est Romain. Je lève les yeux au ciel et Baptiste me voit enfin. Il gueule à « l'inconnu » de ne pas me parler ainsi, et lâche la manette pour venir me rejoindre et me planter un léger baiser sur les lèvres.
« Désolé de ne pas être resté dormir dans ton lit hier soir. On va petit-déjeuner tous les deux ? »
Il est merveilleux. Il est presque parfait, Baptiste. Je dois avouer que parfois, je ne comprends pas notre relation, le désir que nous avons d'inventer cette stupide relation de sexfriends alors que nous sommes tellement plus que c'en est insoutenable. Mais je ne me sens pas la force ni le courage de supporter une vraie relation, alors je me complais dans la nôtre.
Une fois arrivés au café du coin de la rue, nous choisissons notre banquette favorite, Giovanni mon serveur préféré me fait un clin d'œil et Baptiste commence à parler. Sérieusement.
« Nous deux, c'est quoi comme relation ?
- Pourquoi me demandes-tu cela ? C'est celle qu'on vit, c'est tout.
- On ne peut pas rompre, alors, si on ne sort pas ensemble.
- Oh... Je vois. Comment s'appelle-t-elle ?
- Ce n'est pas le problème. Ça n'a jamais été le problème, je sais que tu as toujours profité de ton demi-célibat avec moi.
- Non, le problème est : tu l'aimes ?
- C'est toi que j'aime. Je t'aime plus que tout, Adeline. Et je voudrais juste qu'on soit un vrai couple, pas cet ersatz de truc insignifiant qui fait que je ne peux pas dire que je suis casé, ni que je ne le suis pas. J'ai besoin que ce soit clair entre nous. J'en ai envie, en fait.
- Si tu veux qu'on soit vraiment ensemble, OK, allons-y. Mais sache bien que ça ne changera rien, ça ne t'octroiera pas plus de droits. Sauf l'exclusivité, bien sûr.
- Ne t'en fais pas, avec toi j'ai tout ce qu'il me faut... »
Ou comment faire l'amour à 9 h du matin ? Presque. Nous rentrons bien vite chez moi, je n'ai même pas le temps de griller ma cigarette rituelle de l'après-petit-déjeuner qu'il se retrouve la tête entre mes jambes, dans la salle de bains du premier étage. Pas la mienne, donc. Je ne peux pas y retourner immédiatement après ce baiser matinal avec Thibault. Un baiser qui n'ira jamais plus loin...
Nous nous retrouvons bien vite l'un dans l'autre, un peu essoufflés, un peu étonnés de notre séance du jour. Le « wild sex », très peu pour nous deux, ce n'est pas son truc. Prendre le temps, souffler un peu, en sorte faire l'amour, c'est ce qui me fait revivre. C'est dommage, car je suis bien plus impulsive que lui... Mais ce sont les raretés qui nous sont précieuses.
Il est un souffle pour moi, celui que je recherche lorsque je ne vais pas bien.
Je suis accro à lui, comme un fumeur à sa cigarette (et je fume, aussi), comme un enfant à sa mère. J'ai besoin de lui.
Mais depuis ce matin, je n'arrête pas de penser à Thibault. Thibault, Thibault, Thibault.
La rencontre n'a pas été classique... ou peut-être que si, finalement. Peut-être que chaque rencontre est classique, peut-être que pour les sentiments, rien n'est classique.
Je suis le cliché de la fille qui a peur de s'engager et de vivre une histoire d'amour satisfaisante. J'ai rencontré Baptiste il y a plus de deux ans, nous avons commencé à nous fréquenter de manière plus intime et un beau jour, nous nous sommes à moitié stabilisés. Aucun de mes copains (ni mes copines, d'ailleurs) ne comprend pourquoi j'oscille douloureusement entre relation libre et amour stable. Ils me disent tous que j'ai une chance que beaucoup n'ont pas, que Baptiste est formidable, que je ne devrais pas jouer avec lui.
Je ne joue pas avec lui. Je ne peux pas me passer de lui.
J'ai tendance à me dire que mon attitude est liée à l'absence de figure paternelle. Que je ne veux pas souffrir comme ma mère l'a fait quand mon père l'a quittée. Que si je ne m'attachais pas explicitement, je n'aurais pas mal quand il partirait.
Mais Baptiste n'en peut plus, l'amoureux est à bout de forces.
J'ai peur d'avoir fait une erreur. Il a certainement peur de partir s'il ne s'attache pas à moi. Je n'ai fait que retarder la fin en acceptant sa demande.
Je veux savoir qui elle est. Son nom, son prénom, ce qu'elle a de plus précieux dans sa vie. Ce qu'elle a de plus que moi. Si elle est plus jolie, plus intelligente, plus sûre d'elle.