10 décembre - tentation - Saint Seiya

Dec 10, 2009 23:04


Titre: Requiem pour un ange
Auteur: chibi-usagui
Jour/Thème: 10 décembre - tentation
Fandom: Saint Seiya
Couple : Milo x Camus

Rating: PG 13

Disclaimer : Tout à Masami Kurumada, Shueisha, Toei.

Participation au vote de fin de mois : Non

Warning : Univers Alternatif, guimauve, parodie de divers films d’anges.




Requiem pour un ange (Partie un)

Milo n'a pas fait attention au début.

Comme chaque jour, il s’est levé déprimé. Comme chaque jour, il ne voit plus rien de bon dans sa vie alors qu'il a à peine vingt ans, un physique de jeune dieu grec et peu de problèmes matériels.

Il aime son travail de vendeur en librairie, mais sa véritable vocation, c’est écrire lui-même des livres.

Plusieurs refus d’éditeurs l’ont anéanti, et il a commencé depuis quelques mois à trop boire et à se laisser glisser dans une dégradation un peu masochiste.

Le vieux libraire parisien qui l’emploie a beau l’avertir paternellement " qu’il file un mauvais coton ", Milo lui sourit gentiment et laisse radoter l’homme.

Il se fout de tout, et il regarde tous les jours l’eau de la Seine en caressant l’idée d’en finir avec une vie où il n’est qu’un raté de la littérature.

Ce matin là, tout est donc ordinaire pour le jeune Grec exilé à Paris. Son patron l’accueille avec une grande grimace à moitié dissimulée dans sa moustache.

- Tu as des cernes jusqu’au menton, Milo. Qu’as-tu fait de ta nuit mon garçon ?

- Rien de bon, répond sincèrement le jeune vendeur, passant une main lasse dans ses longs cheveux bleus en désordre.

- Tssst… Au fait, le nouveau vendeur est arrivé. Il est dans la réserve, va donc faire sa connaissance et le mettre au courant. Moi, j’ai les nouveaux livres à aller chercher.

- Okay patron, ça roule, gouaille le Grec, qui navigue au milieu des piles de bouquins pour retrouver son nouveau collègue.

Milo pousse la porte de la réserve, avide d’un peu de nouveauté.

- Youhou, braille-t-il, tout content de faire sursauter le garçon qui étudie minutieusement les livres à classer dans les rayons.

Milo reste la bouche entrouverte. Le petit nouveau est superbe. Magnifique. Ses longs cheveux bleu vert sont incroyablement lisses - Milo tente rapidement et sans succès d’aplatir les siens -, sa peau à la finesse de la porcelaine et sa silhouette mince est parfaite.

- Bonjour. Tu es Milo, n’est ce pas ?

- Hein ? a fait le Grec, dégrisé de l’espèce d’hypnose qui l’a saisi. Comment tu connais mon nom ?

Le garçon a eu l’air un peu déstabilisé, puis a incline la tête.

- C’est le patron, il m’a parlé de toi depuis mon arrivée… Je supposais…

- Ouais, c’est moi, s’est empressé Milo.

Il peut être un vrai crétin mal élevé parfois, s’auto-flagelle-t-il.

Milo ignore que Camus se fait lui-même des reproches. Il faut qu’il perde cette habitude de montrer qu’il sait tout. Cela pourrait le trahir.

Milo ne sait pas que l’on s’est intéressé à sa détresse là-haut.

Il est très loin de penser qu’un ange vient d’atterrir sur terre pour le sauver de lui-même.

- Tu t'appelles comment ? a demandé Milo pour rattraper sa gaffe.

- Camus.

- Drôle de nom… enfin, c'est bien pour un vendeur de bouquins…

Milo a continué de bombarder son nouveau collègue de questions. C'est sa nature. Et puis, le garçon aux prunelles saphir a l'air complètement perdu. Débarquant de province et encore sans logement.

- Ben toi, a dit Milo, reniflant avec amusement, on ne peut pas dire que tu sois très prévoyant… Ni très dégourdi.

Camus a juste eu un petit sourire éclairant ses traits impassibles, mais n'a pas paru vexé.

- Je trouverai bien un hôtel…

- Tu peux venir chez moi, le temps de te retourner ? propose spontanément le Grec.

- C'est gentil, mais…

- Je ne suis pas un satyre ! affirme Milo, doctement. Tu ne risques rien.

Camus a ricané à part lui. Bien sûr qu'il ne risque rien, Milo n'en a aucune idée

- Je ne voulais pas t'offenser… D'accord, alors. Si tu es sûr que cela ne te dérange pas.

- Non, non… Je vis seul alors…

Ils ont travaillé côte à côte toute la journée et Milo n’a cessé d’admirer discrètement son collègue. L’idée que le mystérieux jeune homme qui est resté affreusement discret sur sa vie privée va s’installer un peu chez lui enchante le garçon désabusé par la vie.

Vers six heures, le Grec pousse un hurlement de délivrance qui surprend Camus et se retourne vers lui avec un sourire éblouissant.

- Tu viens ? On rentre chez moi. C'est pas loin de la librairie, mon appart.

Milo, qui a pris les devants, n'a pas remarqué le petit sourire satisfait du jeune homme derrière lui.

Camus, lui, se congratule. Bien sûr, après toutes ces années et toutes ses missions, manipuler les humains lui est une seconde nature. Il doit bien trouver un moyen de côtoyer les personnes qu'il doit aider. Le jeune libraire a dépassé ses espérances en l'invitant chez lui. A charge pour l'ange de trouver des excuses pour y rester le plus longtemps possible.

Il suit Milo.

***

L'appartement, cossu au demeurant, est vaste et extraordinairement en désordre. Des bouteilles de bière traînent dans le salon et l’ange secoue discrètement la tête de dépit.

Milo le pousse dans une chambre heureusement restée impeccable avec un enthousiasme mitigé.

- C'est ma chambre d'amis. A côté, tu as une salle de bains rien que pour toi.

- Merci.

Camus pose son sac à dos sur le lit, et Milo se passe la main dans ses longues boucles avec un air un peu perturbé.

- Tu as laissé tes valises à une consigne de gare ?

- Heu… se trouble l'ange.

Zut. Quand cessera-t-il de commettre cette gaffe récurrente. Ses copains célestes vont encore se moquer de lui plus tard.

- Quoi, s'ébaudit Milo, tu n'as que ce sac ?

- Tu sais, fait Camus en s'asseyant sur le couvre-lit, je peux y mettre pas mal de choses en les… les répartissant de manière logique.

Milo a acquiescé, pas convaincu par cette explication boiteuse. Mais il n'a pas insisté, songeant soudain que Camus a peut-être des ennuis, où qu'il est très pauvre, et il ne veut pas blesser la fierté de son locataire provisoire en posant trop de questions.

***

L’ange s’est installé, sortant du sac trop de vêtements pour les lois de la physique appliquée. Il a pris une douche aussi, et décide de commencer son travail en revenant dans le salon.

Camus a plissé le front. Milo, avachi devant un match de football, a visiblement l'intention de se nourrir de chips et de cacahouètes, de fumer des cigarettes qui ne sont pas des simples cigarettes et de boire de la bière par tonneau. Tout ça avec la déprime scotchée dans ses si beaux yeux océan.

Il était temps qu'on l'envoie aider le jeune homme, certes. L’écrivain vaut beaucoup mieux que ça.

- Ça va, tu as tout ce qu’il te faut ? prononce vaguement Milo, souriant parmi la fumée.

- Oui, merci.

- Cool.

- Tu ne dînes pas ? interroge l'ange, contrarié.

Pas pour lui, qui ne mange sur terre que pour rester incognito, mais qui ne connaît ni la faim, ni la soif. Mais pour son client…

- Oh, non… J'ai pas faim. Mais c'est vrai, je ne pensais pas à toi.

- Oh, je ne mange pas grand-chose d'habitude.

- Ouais, mais quand même. Je suis un très mauvais hôte.

Milo, honteux, s’est précipité au téléphone pour commander des pizzas, et a recommencé à bombarder son invité de questions. Camus n’a jamais dû autant mentir, personne ne s’est jamais montré aussi bavard et curieux à son égard.

Mais c’est un bon début.

***

Trois jours après, Camus a subi une terrible algarade de Milo. L’écrivain n’a pas supporté que Camus lise ce qu’il écrit sur son ordinateur.

L’ange, confus, s’est excusé et en a profité pour glisser sa croyance en le talent littéraire du Grec, mais Milo lui a hurlé de plus belle dessus et lui a dit de prendre ses affaires et de virer ses fesses de chez lui, qu’il n’est qu’un sale petit fouineur sans le sou.

Camus n’a pas bronché et a tourné le dos pour aller ranger ses affaires dans son sac à dos, et se diriger lentement dans le hall d’entrée.

- Mais qu'est-ce que tu veux réellement, toi ? s’écrie encore le Grec, qui se sent à bout de nerfs et se déteste en même temps d’être si agressif avec un mec gentil qui a juste lu ce qu’il a trouvé sous son nez.

- Moi ? Rien, ment Camus - c'est pour la bonne cause après tout.

Les prunelles myosotis de son client se font tellement perplexes et soupçonneuses que l'ange se décide à prendre les devants.

- Mais je comprends que m'héberger plus longtemps puisse te déranger, tu as déjà été très gentil. Tu connais un hôtel pas loin de la librairie ?

Milo oscille entre désir de fiche pour de bon à la porte un garçon si étrange, qui s'est installé dans sa vie comme on enfile une vieille paire de pantoufles confortable et chaude, et peur viscérale qu'il s'éloigne, avec sa gentillesse, son calme et son sens de l'écoute. C'est peut-être ça qui lui manque, à Milo, quelqu'un qui l'écoute.

L'ange lit à livre ouvert sur le visage bronzé de Milo, et achève son numéro bien rodé en faisant mine de prendre son sac à dos pour sortir de l’appartement.

- Non, le coupe dans son élan le ton presque désespéré du Grec. Non, Camus, reste ! Pardon ! Ne fais pas attention, je suis taré, tout le monde te le dira.

- Mais non. Juste un peu perdu.

- Ne me laisse pas ! Je ne veux pas être de nouveau tout seul…

Camus n’a rien dit, mais ses ailes invisibles en frémissent de soulagement.

***

Milo a fait beaucoup d'efforts durant ces trois semaines. Pour ne plus boire autant, pour ne plus sortir dans des discothèques louches et se réveiller nauséeux dans un lit inconnu. Pour ne plus avaler de substances illicites malgré son manque. Non, il reste tous les soirs sagement dans son salon, avec Camus qui lit imperturbablement des livres épais comme des annuaires téléphoniques.

Il l'admire derrière l'écran de son ordinateur portable - ce n'est pas ça qui fait avancer son roman.

- Tu sais que tu es un mec étrange, Camus ? risque-t-il un soir, encore tout remué d’avoir vu son colocataire désormais permanent - accord tacite - sortir de la salle de bains en simple caleçon vert foncé.

- Etrange ? relève l’ange, un peu amusé.

- C'est bizarre. Tu as l'air si… détaché. A croire que rien ne t'affecte.

- Tu as raison, admets volontiers l'ange. Je suis assez… insensible.

- Cela peut changer, marmotte pour lui tout seul Milo, une lueur de défi dans son œil azuré.

Il va passer à l’étape supérieure, et montrer à Camus tout son intérêt pour lui.

***

decembre 09, saint seiya

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