Titre: Requiem pour un ange
Auteur: chibi-usagui
Jour/Thème: 10 décembre - tentation
Fandom: Saint Seiya
Couple : Milo x Camus
Rating: PG 13
Disclaimer : Tout à Masami Kurumada, Shueisha, Toei.
Participation au vote de fin de mois : Non
Warning : Univers Alternatif, guimauve, parodie de divers films d’anges.Note : suite du premier post, le tout étant trop long
***
Le samedi suivant, Milo invite Camus au restaurant, avec une supplication irrésistible dans le ton et le regard.
Camus a bien essayé de refuser. Un dîner aux chandelles dans un petit restaurant intime est une proposition très dangereuse. Les regards embrasés que Milo pose sur son visage et son corps d'ange depuis quelques jours mettent déjà Camus très mal à l'aise. Milo reprend visiblement couleurs et moral, mais pas pour de bonnes raisons. Il piétine toujours sur son livre, et ne s'occupe que le draguer très habilement. Il profite de toutes les occasions pour le frôler de façon équivoque et pour lui murmurer des compliments. Il est sincère, Camus le sait, et cela rend les choses moins faciles que s'il était un simple séducteur sans scrupules.
Il se questionne beaucoup à vrai dire. Rien ne le blesse habituellement, aucune manifestation humaine. La haine, l'amour, la peur, il ne connaît pas.
Mais avec Milo, c'est différent. Rien ne marche comme d'habitude. Les paroles dures de Milo l'affectent, avec un pincement à son cœur qui est pourtant blindé. Quand Milo est fâché et s'en prend à lui, sa gorge se serre et ses yeux le picotent comme s'il allait pleurer, lui qui ne sait pas verser une larme. Quand Milo se saoule ou se drogue, parle de suicide, les côtes de Camus se font douloureuses et il a envie de prendre Milo dans ses bras pour le bercer jusqu'à ce qu'il aille mieux.
Il est sur une très mauvaise pente. Très glissante.
***
Très glissante. Après le dessert, Milo lui a prit la main entre les coupes de champagne et a chargé son ton de miel velouté.
- J’ai un truc embarrassant à te dire, Camus… On se connaît depuis un mois maintenant et je…
Camus ferme les paupières, concentré sur la main chaude de Milo entourant la sienne.
- Je suis amoureux de toi, Camus…
Patatras. L'ange le savait. Sa mission déraille, et gravement. Il va devoir replacer ses distances, ses barrières, malgré ce qu’il ressent pour Milo, ce qui ressemble… à de l’amour.
- Tu es très gentil. Mais je ne peux pas sortir avec toi.
Dépité, au bord des larmes, Milo s’est rejeté en arrière sur sa chaise.
- Mais pourquoi ? On s’entend bien ! Je… Je suis si bien avec toi !
- Je suis là pour t’aider… En fait… je suis un ange, Milo. Je ne peux pas éprouver d’amour pour un humain. Je n’ai jamais…
- T’es vierge ?
- Oui, les anges sont obligés de rester purs.
Milo, sidéré, choqué, a alors ricané comme un dément.
- Oh la la, en plus d'être puceau, t'es cinglé. Ça se soigne, tu sais, le fait de se prendre pour un autre…
- Milo…
- T'as pas besoin d'inventer des conneries, Camus. T'es pas homo, les mecs ne t'attirent pas, je ne te plais pas, je suis un minable, ça au moins ce serait clair.
- Si, tu me plais ! proteste Camus, écarlate, en un cri sincère qui a fendu le cœur de Milo.
- Ben alors ? fait le jeune Grec, qui a repris brusquement espoir.
- Alors c'est vrai. Je ne peux pas. C'est interdit…
- T'es marié ?
- Non…
- T'as le Sida ?
- Non !
- Alors, a conclu Milo, qui oscillait entre colère et incompréhension, t'es coincé dans une secte de barjots.
Camus a perdu patience - décidemment, il devient un mauvais ange. Il a congelé l’eau de la carafe entre eux, pour prouver ses dires à Milo, puis s’est levé, les tempes brumeuses.
- Pardon Milo. Tu es un type formidable, mais je ne peux pas.
Milo n'y croyait pas encore. Certes, l'eau de la carafe avait gelé par un tour mystérieux. Mais le jeune Français avait peut-être des talents d'illusionniste.
Il a accompagné Camus dehors, est descendu sur les quais de la Seine avec lui, et a joué son va-tout en plaquant le corps mince de Camus contre le sien, une main retenant sa nuque et l'autre caressant la joue froide de son ami, pour finir par se pencher sur les lèvres qui tentent en vain de se dérober.
- Milo, non !
Trop tard. Camus pourrait se débarrasser de l'importun avec ses pouvoirs, mais il ne bouge pas. C'est… c'est trop bon. Il est trop bien. C'est son premier baiser.
Le Grec a fini par se détacher de lui, plein de défi. Il a nettement senti l'abandon de Camus à son baiser, sa maladresse de novice aussi.
- Ose dire après ça que tu ne m'aimes pas ! Dis-le, Camus, dis le que tu ne m'aimes pas et je te laisse tranquille…
- Je ne peux pas ! Les anges ne peuvent pas…
- Arrête avec tes mensonges idiots. J'y crois pas.
Milo a bien dû y croire quand Camus, ses si beaux yeux saphir brillants de larmes, a baissé la tête.
- Laisse-moi seul, Milo. J'ai besoin d'être seul.
- Pas tant que tu ne m'auras pas dit la vérité, s'est obstiné Milo.
- Je te l'ai dit.
- C'est ça, et moi je suis la déesse Athéna.
Milo s'est alors retrouvé seul et tout bête sur le quai. Camus s'est littéralement volatilisé. Volatilisé, c'est le mot. Milo lui tenait pourtant le bras, et se retrouve avec du vide dans les mains. Etrangement, une plume a tourbillonné à côté de lui et Milo l'a machinalement ramassée sur le pavé. Une plume duveteuse, blanche, et toute douce. Le Grec a regardé le ciel, guettant un oiseau, mais rien. Rien d'autre que les étoiles dans le ciel de Paris.
***
Camus a atterri dans un bar quelconque, et a entrepris de se saouler consciencieusement. Pas très indiqué pour un ange, mais il n'en a cure.
- Tu comptes en avaler combien ? a susurré à son oreille une voix cristalline et connue.
L'ange s'est retourné, pour tomber sur un gracieux jeune homme du même âge que lui, qui dépare totalement dans le lieu avec sa trop longue chevelure blonde et soyeuse, et son costume immaculé.
- Shaka ?
- Tu te souviens quand même de tes collègues. C'est vrai que boire autant ne te sers à rien, n'est-ce pas ? Cela ou de l'eau…
- Je sais, mais cela me donne l'impression que si.
- On s'inquiète pour toi, Camus.
- Je vais réussir. Je n’ai jamais échoué à sauver un humain.
- Je ne parlais pas de la réussite de ta mission, mais de ton comportement aberrant ! Il t’a embrassé ! C’est un blasphème !
- Il ne savait pas… Je n’ai pas eu le cœur de le blesser.
- Suis ton chemin, Camus… Aide ton client, et garde tes distances. N'est-ce pas toujours ce que tu me disais, quand tu m'as aidé pour mes premières missions ?
- Je n'étais jamais tombé amoureux, avant…
- C'est une illusion. Ce garçon t'a ému plus que les autres, et il s'accroche trop à toi, d'accord… Mais ne confond pas tout. Un ange n'a pas le droit d'aimer un humain.
- Camus !
Les deux anges sursautent en chœur. Camus se demande brièvement comment Milo l'a retrouvé si vite, même s'il ne s'est pas rematérialisé très loin des quais.
Le Grec se faufile déjà en direction du comptoir, et a avisé en un coup d'œil le verre plein de Camus et sa proximité avec le bel inconnu aux longs cheveux dorés et aux prunelles encore plus bleues que les siennes.
- Vous êtes qui, vous ? aboie rudement le jeune libraire, sans aucune politesse. Ne vous approchez pas de lui ! C'est pas parce qu'il se saoule que vous pouvez en profiter !
- L'alcool n'a pas d'effet sur nous, fait remarquer le blond d'un ton uni, presque professoral.
- Nous ? capte enfin le furieux. Vous en êtes ?
- Je te laisse, Camus. N'oublie pas ce que je t'ai dit, cesse de dévier et de faire n'importe quoi.
- Bon vent ! l'a salué aigrement Milo, mécontent de la condescendance hautaine de l'inconnu. Et toi, tu viens avec moi.
***
Milo se colle contre Camus dans l’ascenseur qui mène à son troisième et dernier étage.
- Pardon, Camus.
- Tu me crois, maintenant ?
- Mais comprend que cela paraît incroyable, ce genre de truc. Je ne crois pas à tout ce surnaturel, moi. Je ne pouvais pas deviner… Mais ça ne change rien ! Je t'aime, même si tu as une paire d'ailes dans le dos… Tu as bien des ailes ?
Camus a souri faiblement à la question naïve de Milo.
- Oui… mais je les cache quand je viens aider les humains, bien sûr…
Le Grec a oublié ses clés dans son émotion, et Camus achève de le convaincre en ouvrant la porte d’un geste de la main.
Milo choit dans les coussins du divan, et lève un visage empli d'espoir sur son vis-à-vis.
- Alors tu as vraiment été envoyé ici rien que pour moi ?
- Oui. Mais… mais le genre d'aide que tu désires, je ne peux pas te la donner.
Le Grec le jauge, ses pupilles luisantes et étrécies comme celles d'un prédateur. Cela vrille Camus qui détourne les yeux. C'est la première fois qu'il doit baisser la tête devant un humain. Avec Milo, ce sont toujours des nouveautés.
- Tu n'en as pas envie ? continue Milo d'une voix douce, élevant le bras pour saisir la main tremblante de l'ange.
- Si, avoue Camus, oh, si, j'en ai envie. Je ne connaissais pas ce sentiment, mais si, je t'aime aussi, Milo.
- Ben alors, il n'y a pas de problème ! s'enthousiasme le Grec.
- Je ne peux pas… Je serai puni, sûrement. Je suis ici pour te redonner le goût à la vie, pour que tu ne te suicides pas… Pour que tu deviennes un grand écrivain et pour que tu rencontres quelqu'un de bien… Après, je m'en irai.
- Mais tu me redonnes goût à la vie, Camus ! Tout prend un sens depuis que tu vis avec moi ! J'en viens même à croire que je pourrai enfin écrire un truc valable…
- Bien sûr que tu écriras un livre valable.
Milo a continué à plaider de longues minutes.
- Laisse-moi t'aimer… Je les empêcherai de te faire du mal… Même eux, ils ne peuvent rien contre l'amour… Ce n'est pas un péché, tu ne fais rien de méchant… On s'aime, où est le crime ?
Milo a attiré Camus sur ses genoux.
- Reste avec moi, Camus… Ne m'abandonne pas.
Camus a soupiré, et est resté assis à califourchon sur Milo, laissant l'humain glisser ses mains exigeantes sous sa chemise blanche. Il écoute l'accent méditerranéen de Milo faire chanter ses paroles d'amour. Il va craquer, il le sent.
- Je ne sais même pas si je suis capable de… faire ça… dit-il très bas.
Milo a eu un petit sourire sensuel et gourmand en effleurant les reins de son ange.
- Tu m'as l'air d'avoir tout ce qu'il te faut là où il le faut, rassure-toi…
Camus a haleté sous la caresse. Sans doute. On a dû leur laisser la possibilité de la tentation, aux anges.
Où serait la vertu pour un être qui ne pourrait pas pécher ?
- Tu me les montre, tes ailes ? a soudain imploré le Grec, ses mains toujours sous la chemise de Camus.
La peau du garçon est chaude, et son cœur d'ange bat si vite que Milo en est tout ému.
Camus s'est tortillé un peu, toujours à califourchon sur ses genoux, et Milo a dû se mordre les lèvres pour ne pas gémir de désir. Il ne veut pas effaroucher Camus. Camus qui n'est pas que simplement innocent, Camus qui n'a sans doute jamais eu la moindre pensée de cette nature avant de croiser sa route.
Milo a eu presque honte. Est-il tellement dépravé qu'il réussit même à pervertir un ange ?
Le chemisier de Camus est tombé sur le sol, et Milo s'est rempli les yeux de la vision de son torse dénudé. Bien sûr il l'a déjà vu sortant de la douche, mais là ce n'est plus pareil.
Milo a poussé un cri de surprise. Ses mains toujours agrippées aux épaules du Grec, Camus a déployé ses ailes, dont l'envergure neigeuse balaye le salon.
Le corps caressé par un zéphyr léger, Milo contemple avec émerveillement les élytres célestes battre doucement autour d'eux.
- Comme elles sont belles ! Je peux les toucher ?
Camus a indiqué son accord du menton, un peu malicieux sous l'étonnement du Grec.
- Mais doucement… C'est fragile.
Milo a tâté respectueusement du bout des doigts les plumes, ce qui lui donne une impression encore plus douce que le duvet de canard qui est sorti une fois de son oreiller éventré.
Au bout s'un moment, Camus a replié ses ailes. Cela ne serait quand même pas très pratique pour… ce que Milo s'apprête à lui faire découvrir.
Milo a suivi pensivement la courbe un peu plus saillante que naturel sur ses omoplates.
- C'est dingue qu'elles se cachent comme ça…
- Elles ne rentrent pas là-dedans, a ri Camus. Elles se dématérialisent.
- Ah, tu me rassures.
Camus a posé sa tête dans le creux de l'épaule de Milo. Milo lui a mordillé le cou.
- Tu veux ? s'est juste assuré Milo.
- Oui.
Les jeunes gens se taisent, ensuite. Les mots ne font que compliquer les choses dans certains cas. Camus a peur de l'inconnu, mais se laisse rassurer par le sourire énamouré de Milo. Milo ne lui fera jamais de mal, il le lit dans son cœur.
***
Milo l'a porté dans sa chambre. Sur son lit.
Milo lui enlève délicatement son jeans, touche chaque parcelle de son corps, là où on ne touche jamais les anges, d'abord avec ses mains tremblantes d'émotion, puis avec ses lèvres humides et chaudes.
Milo le fait frissonner, le fait bouillir, le fait supplier et se tordre, lui qui n'a jamais ressenti de sensations bassement humaines en quatre cent ans de vie au ciel.
Milo sourit de joie quand Camus lui dit que les préservatifs peuvent rester sous le lit, qu'il ne peut rien attraper comme maladie humaine.
Milo prend son temps, tout son temps, même si Camus lui affirme qu'il ne ressentira pas de douleur, qu'il ne sait pas ce que c'est.
Milo lui demande s'il est bien certain de sa décision. Qu'il peut encore tout arrêter, mais Camus l'attire sur lui et s'offre avec un sourire réellement humain qu'il n'a découvert que pour Milo.
Milo entreprend enfin de le faire sien et d'unir son corps mortel à son corps céleste, et hoquetant d'étonnement sous l'indescriptible sensation, Camus s'attend presque à être foudroyé sur place pour apostasie.
A la place, ce sont des flux et des reflux de plaisir qui s'entrechoquent sans répit dans son corps pâle.
La foudre qui l'anéantit n'a rien d'une punition, et l'ange renégat a la sensation d'arriver à la bonne destination après un voyage très long et très ennuyeux.
Milo crie son nom et son amour. Leurs souffles s'entremêlent encore et encore et Camus s'abandonne totalement à la joie de se sentir vivant comme les humains qu'il a tant aidés.
***
Après, Milo a pleuré, et n'a cessé de demander pardon. Il a fixé, pétrifié, les traits sereins de Camus, ses longs cheveux épandus sur l'oreiller comme des coulées d'encre indigo, auxquelles répondent des légères traînées d'encre rouge sur les draps bleu ciel.
Camus a dû le bercer, le réconforter, lui assurer qu'il ne regrette rien. Pour la première fois de son existence, il ressent aussi le besoin de dormir, et se réfugie entre les bras de Milo, sans être sûr de s'y retrouver au réveil.
***
à suivre le 13 décembre