Evelyne Deher -
Les Médicis (Criterion, 1991)
(298 pages, soit 75 km de plus pour le challenge Tour du Monde. Total : 9550 km et 38 042 pages pour 103 titres)
Le manque d'organisation, c'est passer deux mois à se dire "super ! puisque je vais enfin à Florence, je vais pouvoir lire plein de bouquins passionnants sur le sujet pour préparer et approfondir ma visite" et, la veille du départ, n'avoir non seulement encore rien lu, mais n'avoir même strictement rien en rapport avec le sujet dans ses livres en attente. Heureusement la bibliothèque de ma mère contenait ce titre prometteur... quoiqu'à priori un peu ambitieux vu l'épaisseur restreinte du bouquin.
De fait, nous avons là une évocation romancée de la prise de pouvoir des Médicis à Florence, de l'entrée en scène politique de Come l'Ancien (vers 1434) à l'avènement de son petit-fils Laurent, dit bientôt le Magnifique, en 1469. Ou comment, en quelque trente années, une famille de riches banquiers semblable à beaucoup d'autres s'impose comme maîtresse absolue de la cité, capable de traiter quasiment d'égal à égal avec le pape ou les rois de France. Au programme : générosité bien calculée, jeux d'influences, noyautage de la République, manipulation des foules, diplomatie habile dans une Italie plus que jamais divisée - mais aussi un mécénat actif, qui mêle un sens habile de la mise en scène et un goût sincère pour les arts, une grande curiosité intellectuelle.
Evelyne Deher peint tout cela de l'intérieur, donne corps et âme à ses personnages en évoquant leurs rapports familiaux, leurs goûts et leurs amours. Le tableau est assez vivant, plaisant à lire, mais trop superficiel, aussi bien du côté des ficelles romanesques que de l'évocation historique. C'est un peu frustrant au final, mi chair mi poisson, dépourvu de ce qui fait un bon roman comme une bonne biographie, et achevé beaucoup trop tôt dans le temps. A défaut de pouvoir approfondir tous les sujets intéressants ici évoqués, j'aurais au moins aimé suivre la vie de Laurent le Magnifique, les existences si souvent bouleversées des autres grands noms de la famille, voir Savonarole entrer en scène, la République reprendre ses droits, Alexandre revenir duc, faire sa soeur reine de France, être assassiné, et tout ce petit monde dégénérer peu à peu jusqu'à Gian Gastone, le dernier du nom. Là, le titre aurait été bien mieux justifié !
A défaut de mieux, cela reste une introduction facile, plutôt intéressante et de lecture plaisante, à l'histoire des Médicis et de Florence. De quoi donner un peu de relief historique à mon voyage, ce qui était le but du jeu - de quoi surtout donner envie de lire d'autres titres plus ambitieux sur le sujet ! Le choix est particulièrement vaste : si vous avez des recommandations, je suis preneuse :-)