2e challenge ABC - L comme Lynch (bis)
Scott Lynch - Des Horizons rouge sang (Les Salauds Gentilshommes, tome 2) (2007 / Bragelonne, 2008)
(648 pages, soit 100 km de plus pour le challenge Tour du Monde. Total : 2800 km et 12 pays pour 33 livres)
Dans une précédente chronique, je vous avais déjà parlé du talent remarquable de Locke Lamora pour se coller dans une merde noire, vous vous souvenez ? Deux ans après la fin des Mensonges, si le personnage est devenu bien moins insouciant, force est de constater qu'il n'a pas changé d'un iota sur ce point très précis.
Exilé de Camorr, où sa personne est devenue non grata, le voici qui s'attaque avec son vieil ami Jean Tannen à la cité de Tal Verrar - ou plus exactement à l'Aiguille du Péché, la plus luxueuse, la plus riche, la plus puissante maison de jeu de la ville, régie d'une main de fer par l'implacable Requin. Un sacré gros coup, en somme, qui a exigé une préparation aussi longue que minutieuse et un investissement des plus conséquents.
Seulement, une fois de plus, Locke a attiré l'attention de qui il ne fallait pas, et le voilà embarqué avec son complice dans les tortueuses magouilles du dictateur local, Maxilan Stragos, qui s'offrirait bien une petite guerre pour affermir son pouvoir. Si seulement il suffisait de jouer Stragos contre Requin, les choses resteraient à peu près gérables, mais évidemment, elles vont beaucoup plus loin. Jusqu'à devoir aller chatouiller le nez d'une bande de pirates et s'improviser capitaine quand on sait tout juste distinguer bâbord de tribord. Mais après tout, en excellent comédien, Locke devrait se tirer avec brio des rôles les plus invraisemblables, n'est-ce pas ?!
Dans ce deuxième tome des Salauds Gentilshommes, Scott Lynch confirme une imagination assez époustouflante, tant pour enrichir son univers que pour mener son intrigue. Tal Verrar, cité bâtie sur la mer, sur les pétales concentriques d'un archipel artificiel, n'a pas grand chose à envier à Camorr en termes de cohérence et d'originalité. L'ambiance y est toutefois très différente, c'est une ville plus froide, plus ordonnée, moins poisseuse, moins miséreuse, moins envoûtante que la cité natale de Locke et Jean - ce qui sert assez bien le sentiment d'exil qu'on y éprouve avec eux.
Les intrigues menées là entre Requin et Stragos, un peu trop compliquées à mon goût, ne m'ont pas toujours passionnée, mais toute la partie de l'intrigue qui se déroule en mer est particulièrement entraînante et les nouveaux personnages sont aussi forts, aussi accrocheurs qu'on pouvait le souhaiter, avec plusieurs chouettes rôles féminins. Coup de coeur particulier pour Zamira Drakasha, la capitaine pirate et ses deux jeunes enfants, parfois plus difficiles à gérer que tout un équipage de repris de justice !
Un bon point aussi pour l'évolution du personnage de Locke, de plus en plus attachant, et de sa relation avec Jean - de ces grandes amitiés comme je les aime tant, que quelques écueils imprévus viennent rendre ici particulièrement intéressante.