Challenge ABC : D comme Dumas

Dec 29, 2014 21:30


Alexandre Dumas - La Guerre des Femmes (1848 / Phébus, 2003)

La Guerre des Femmes, c'est celle que se livrent, pour un royaume, Anne d'Autriche, régente de France, bien moins romantique pour Dumas depuis que ses amours l'ont portée de Buckingham à Mazarin, et la princesse de Condé, implacablement résolue à brandir le flambeau de la révolte depuis l'emprisonnement de son époux.
C'est celle, aussi, que se livrent pour un homme - un homme qui n'en méritait pas tant mais génère des trésors de noblesse et d'abnégation - la très blonde et très pure vicomtesse de Cambes, et la brune et fougueuse Nanon de Lartigues. La première appartient corps et âme au parti des Princes, quand la seconde ménage habilement amour, intérêt et politique au service de la reine.
Or, chacun le sait, amour et politique font rarement bon ménage. Alors, quand l'amour implique un trio bancal et un jeune homme aussi séduisant (paraît-il) qu'irrésolu, quand la politique s'embrouille des facéties douteuses d'un frangin irréfléchi (quoique diablement sympathique)... le pire a toutes les chances d'arriver.

Entre des critiques fort alléchantes et un net intérêt pour cette période rocambolesque de l'histoire de France, j'attendais beaucoup de cette Guerre des Femmes... qui m'a laissée assez nettement sur ma faim.
L'intrigue politique, potentiellement passionnante, est à moitié escamotée par l'intrigue amoureuse, et Merlin qu'elle m'a gonflée, cette histoire d'amour ! Elle est plutôt prometteuse, pourtant, dans les débuts, avec la classique mais toujours intéressante dualité entre devoir et sentiments, l'ambiguité entre deux amours et le thème du travestissement si cher à mon coeur. Hélas, si elle connaît quelques beaux moments de résolution admirable, Claire de Cambes reste bien trop ancrée dans l'archétype de la blondasse angélique, rougissante et pâmoisante que la littérature romantique affectionne tant et que j'abhorre. Nanon de Lartigues s'en sort beaucoup mieux, mais je ne parviens toujours pas à comprendre ce que l'une ou l'autre (et surtout elle !) peuvent trouver à ce bellâtre molasson et insipide de Canolles.
L'intrigue, pourtant, est bonne, avec un suspense croissant, une fin diaboliquement nouée. Mais le déluge de sentiments grandiloquents, de douleur pathétique et de larmes en torrents m'a gâché le spectacle, et cette fin qui devrait être poignante, je l'ai trouvée plus ridicule qu'autre chose (la scène du couvent est juste consternante).
Heureusement qu'il y a le frangin, ce grand diable roublard de Cauvignac, pour relever un peu le niveau avec ses magouilles délicieuses - mais même lui, j'ai trouvé qu'il manquait un peu de la truculence que Dumas accorde d'ordinaire à ce genre de personnage. Question de langue, pour le coup, plus que de caractère.

Au final, ce roman me donne un peu l'impression que le maître a tracé, dans les grandes lignes, un excellent scénario, puis en a confié la réalisation à un larbin médiocrement doué et lourdement imprégné des idéaux petits-bourgeois de son époque.
Dommage.

(Pour le challenge pavés : 690 pages)

auteur : dumas, lecture : fiction historique, bouquins, challenge abc, challenge pavés

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