Bingo Livres 2, step 4 : Les Quatrièmes Demeures

Jun 04, 2014 12:16

4/ Un livre dont vous aimez beaucoup la couverture :


Les Quatrièmes Demeures - Raphaël Aloysius Lafferty (1969 / Zanzibar, 2010)

Un reptile en balade sur un papier peint de Morris, et en quatrième de couverture, cette simple phrase : "je crois que je vais démembrer le monde de mes mains". Il n'en fallait pas plus pour m'appâter et l'éditeur, croisé à un salon de "littératures de l'imaginaire" il y a quelques années, n'a pas eu fort à faire pour me convaincre de repartir avec cet étrange roman, qui patientait depuis lors sur mes étagères.

A ce blabla préliminaire, vous pourrez peut-être deviner que je retarde comme je peux le moment de vous le résumer, le roman en question, car ce n'est pas une mince affaire.
Posons quelques ingrédients, plutôt. Sept Moissonneurs réunis en réseau mental pour dépasser les limites de la banale humanité, percer le ciel et changer le monde. Un riche politicien qui ne semble plus être le même homme que deux ans plus tôt, mais ressemble étrangement à un eunuque arabe mort il y a un demi millénaire. Des sociétés toutes plus secrètes les unes que les autres, un vieux sur une montagne invisible, un jeune journaliste naïf, mais pas tant que ça, acharné à démasquer les complots. Et des complots à la pelle, justement, à moins qu'ils ne soient que folie ?

Satire politique, science-fiction allégorique, délire mystique, manifeste philosophique déguisé en comédie fantastique... il y a un peu de tout ça, et sans doute bien plus encore, dans ce roman inclassable dont la richesse n'a d'égale que la loufoquerie. Richesse de style et d'imagination, richesse intellectuelle, le tout nourri d'une culture foisonnante, aux orientations très métaphysiques et mystiques (le titre est directement inspiré par Thérèse d'Avila, ça donne le ton). Malheureusement, ces orientations m'échappent un peu trop pour que je réussisse à totalement accrocher, malgré une indéniable admiration pour cet univers semblable à nul autre, ce bouillonnement génial qui s'épanouit dans une langue à sa mesure, imagée, acérée, poétique, extravagante et drôle.
Bien sûr, on peut très bien ne lire ce roman que sous l'angle de l'humour, se laisser porter par sa folie délicieuse - et ce sera très vraisemblablement une excellente lecture. Je regrette un peu de ne pas en avoir été (toujours) capable, de m'être trop souvent laissée freiner par l'impression de ne pas avoir les clefs nécessaires pour comprendre les implications du texte. Ou tout simplement par le besoin de comprendre.
Sans doute suis-je un peu trop terre à terre pour ce genre de livre, dont je reconnais toutefois la qualité et dans lequel il n'est pas exclu que je me replonge à l'occasion. Ne serait-ce que pour le style !

Tonnerre musical de la fontaine. Eaux montantes et jaculatoires, eaux d'or, eaux blanches ou vertes, ou bleues, ou couleur de tonnerre. Cascadant les unes sur les autres, toujours plus haut, fontaines jaillissant d'autres fontaines, châteaux de pluie entassés. Peuples entiers d'esprits vivant dans les colonnes d'écume. L'odeur piquante, aérienne, brutale de l'eau de source, sel, sulfure, acier. Et ce lac immense et sans fond dont l'impossible fontaine est le centre.

lecture : sf - fantasy - fantastique, bouquins, challenge bingo livres

Previous post Next post
Up