[FIC DW/TW] - LES ERRANTS (6/9)

May 05, 2010 01:09



Les Errants
Genre : UA(prend un tournant différent de la série TW Saison 1), angst, fluff, aventure, slash.
Fandom : Torchwood (principalement, pourra éventuellement nécessiter par la suite une connaissance de Doctor Who jusqu'à la saison 3 mais n'est pas indispensable)
Date : Décembre 2007/Avril 2008 (Ce post étant sa première publication)
Censure : PG-13 pour ce chapitre
Mots : 4 690 mots pour ce chapitre
Personnages : Ianto Jones & l'équipe de Torchwood + guest stars

Résumé : A son retour au Hub, le Capitaine Jack Harkness ne s'attendait pas à un tel accueil. L'aventure ne fait que commencer pour les membres de Torchwood 3.

Disclaimers : Torchwood et Doctor Who sont les exclusives propriétés de leurs auteurs, Russell T. Davies et de la BBC.

NOTE : Cette histoire se place après la saison 1 de Torchwood et la saison 3 de Doctor Who. Oubliez les saisons 2/3 de Torchwood et 4+specials de Doctor Who.

« Le temps est l’image mobile de l’éternité immobile. […] En vertu de ce raisonnement et cette intention divine concernant la naissance du temps, le Soleil, la Lune et les cinq autres astres, ceux qu’on appelle Errants, sont nés pour définir les nombres du temps et en assurer la conservation. » Platon, Timée.

Chapitre 5 : Effet Papillon

Ianto sourit. Il aurait vraiment aimé avoir un appareil photo sur le moment. Tous les gamins couraient autour des gens debout faisant la queue dans l’air doux du mois de mai. Le vent de l’océan frappait son visage et Ianto l’accueillit avec bonheur. Paris avait été tellement agitée, tellement pleine de choses à voir, à faire, à mettre au point avec Gami avant son départ qu’il n’en avait même pas profité.

Ici, tout ce qu’il pouvait faire était attendre son tour. Il attrapa une petite fille au vol avant qu’elle ne tombe et la remit sur ses pieds. Son grand frère le remercia avec cet accent d’Irlande du Nord. Il leur sourit et repartit en vadrouille. Il n’était là que depuis quelques heures à peine.

Il sortit discrètement une bouteille d’eau et but une longue gorgée. Il avait faim mais c’était trop dangereux de sortir sa nourriture. Il y avait beaucoup de pillards dans la foule. Il marcha un bon moment sur l’île, naviguant entre les différentes ethnies malgré la forte concentration irlandaise. Il n’était pas trop dépaysé.

Il ne savait pas à quelle époque il était mais il savait très certainement dans quel siècle et à quel endroit, probablement le début du XXème siècle. Il était au milieu des immigrants d’Ellis Island. Il entendit des rires se taire un peu plus loin et les hommes faire un cercle. Des cris, des protestations s’élevèrent. Ianto secoua la tête. C’était trop beau pour durer.

Il s’approcha, essayant de voir entre les ouvriers expatriés ce qu’il se passait. Il devait y avoir une rixe, peut-être pour un bout de pain. Il s’engouffra dans la marée humaine d’instinct, mais sûrement pas celui de la survie.

Une tête brune et un visage souriant attira son regard et son sang ne fit qu’un tour.

Jack.

-Mais puisque je vous dis que je n’y suis pour rien, protesta-t-il vaguement.
-Tu dois payer !
-Fais-lui la peau Finnigan !

Ianto se rapprocha un peu plus vite, bousculant comme il pouvait. Jack étala les trois hommes en quelques coups bien placés.

-Salopard !

L’un sortit son arme. Ianto se précipita, il fallait qu’il arrête ça.

-JACK !

Les hommes se ruèrent dans la bataille, Ianto tendit le bras vers l’homme qui tenait Jack en joue, comme il pouvait et brusquement, un coup dans son flanc, un déséquilibre et il s’écrasa sur le dos de l’agresseur. Le coup de feu partit et la détonation résonna dans l’air, entouré de silence.

Personne ne bougea pendant une seconde. Ianto se releva et regarda l’un des irlandais jauger le corps à terre de Jack Harkness, un trou sanguinolent en pleine poitrine. La balle l’avait atteinte en plein cœur.

Encore. Il avait tué Jack.

-Ce fils de chien est mort !

Ianto déglutit, une boule dans la gorge, le cœur battant à toute vitesse. Il avait encore tué Jack.

-Qu’est-ce qu’il se passe ici !?
-La police ! On déguerpit vite !

Les hommes se mirent à courir autour de lui le bousculant encore dans tous les sens mais son regard était figé. Il se faisait entraîner par les irlandais et Jack ne se relevait toujours pas. Jack était encore mort.

-Non, non non… Jack…allez Jack !

C’était trop long ! Il avait tué Jack. Il avait peut-être tué un Jack dans le futur, un Jack mortel et cette perspective seule le paniquait. Il sentit son corps trembler, ses cellules vibrer.

-Non, non ! Pas encore…

Et brusquement une respiration. Jack se releva difficilement et Ianto sentit la sensation le prenne à la gorge. Il allait partir. Jack regarda son torse, ahuri, désorienté, perdu. Ianto déglutit. Qu’avait-il fait ?

-Ja…

Et d’un coup le noir total. Il avait bondi.

***
-Une neuvième ?
-Oui.
-Où ça ?
-Tombstone, Arizona.

Jack se passa une main sur le visage. Il n’aurait quand même pas…

-Dis-moi qu’il y a une dixième trace.
-Non.
-Tosh.
-Une onzième par contre oui.
-Merci, répondit-il comme soulagé.
-Jack ? interrogea Gwen.
-Hm, répondit-il encore perdue dans ses réflexions.
-Qu’est-ce qu’il y a à Tombstone ?

Jack soupira, jeta un regard aux autres et répondit.

-Des fantômes.

***
Ianto entra dans le saloon, encore choqué par ce qu’il venait de vivre. Il s’appuya contre le comptoir et soupira. Ca sentait la poussière, le désert, et le silence pesant d’un début d’après-midi chaud et dépourvu de foule.

Après tout ça, atterrir en plein western ne le faisait même pas sursauter, il s’attendait presque à voir John Wayne ou Clint Eastwood sortir d’un recoin de la salle, l’œil torve et menaçant.

Owen se serait plu ici.

Un homme d’une trentaine d’année s’approcha de lui, nettoyant un verre avant de le poser devant Ianto et de le remplir.

-Vous allez l’air d’en avoir besoin.
-Je viens de tuer un homme.
-Ca fait toujours ça la première fois. On s’habitue.
-Ce n’était pas la première fois.
-Alors pourquoi cette tête ?
-Il s’est relevé.
-Alors tu l’as raté.
-Je ne rate jamais ma cible.

L’homme le dévisagea et haussa les épaules. Ianto vida le verre de tord-boyaux d’un coup et fit une grimace.

-Je coupe pas la marchandise pour des têtes comme la tienne.

Ianto lui sourit et le remercia.

-Moi c’est James mais tout le monde m’appelle Jim.
-Jones, répondit Ianto en lui serrant la main.
-T’as un endroit où crécher Jones ?
-Non pas vraiment. Je viens d’arriver en ville, hésita-t-il.
-J’ai des chambres de disponibles si ça t’intéresse, lança James, comme tu peux le voir Jones, c’est plutôt calme en ce moment.

Ianto se retourna un peu et regarda autour de lui. Il y avait un ivrogne affalé sur le piano de bar, ronflant aussi fort qu’une locomotive à vapeur. Deux vieux cow-boys jouaient aux cartes à une table en retrait de l’entrée. Les portes battantes grinçaient au gré du vent qui s’engouffrait dans le saloon.

Il y avait un homme au bout du comptoir, le nez dans son verre de whisky, le chapeau enfoncé jusqu’aux yeux, sa veste de cuir sombre au col remonté jusqu’aux joues. Ianto secoua la tête.

Dire qu’il n’était resté que trois heures sur Ellis Island. C’était la première fois, qu’il expérimentait un voyage aussi court et il trouvait ça étrange. Bob ne lui avait-il pas dit que les bonds n’étaient jamais ou très rarement plus courts que vingt-quatre heures ?

Il essaya d’effacer l’image d’incompréhension effrayé du jeune Jack qu’il avait descendu, sur les conséquences de son intervention dans le futur et se reconcentra sur le problème principal : survivre à cette nouvelle ancienne époque.

-Ca pourrait m’intéresser.

Il ne devait pas paraître faible, sinon il se ferait dévorer tout cru par les loups armés de colts qui peuplaient probablement les environs. Il faudrait qu’il pense à nettoyer et vérifier son arme.

James lui sourit.

-Je vais dire qu’on fasse préparer une chambre.
-Combien ? demanda Ianto.
-Pas moins que dix.

Ianto n’avait aucun dollar sur lui. Il n’avait rien. Il chercha dans la poche de son jean la bourse de peau et sortit la plus petite des pépites qu’il possédait encore. James ouvrit de grand yeux et l’attrapa plus vite qu’un éclair ne s’écrasait sur du ciel sur le plancher des vaches. James le dévisagea de nouveau d’un œil méfiant.

-Tu viens d’où?
-Californie, dit-il sans rien ajouter.

Il se souvenait assez de ces grands classiques et de ses cours d’histoires pour donner une région de ruée vers l’or. Une ville, ça aurait été une entreprise plus périlleuse. James se pencha vers lui.

-Qu’est-ce que tu fais par ici Jones ? prononça James d’un voix sombre.

Ianto soutint son regard avec force. Si James croyait l’intimider, il pouvait aller jouer ailleurs, il n’avait pas défié des aliens et la colère de Jack Harkness pour se faire marcher dessus par un barman de l’Ouest.

-Ma sœur est dans le coin. Je fais un crochet avant de partir vers l’Est, mentit-il.

James continua de le regarder avant de se détendre au bout de quelques minutes.

-Ok, mais si tu viens faire des histoires, ta prochaine chambre sera une boîte en sapin. Et je dis ça pour ton bien. Y a des gens qui aiment un peu trop tout ce qui brille dans le coin, dit-il sérieusement.
-Comme je l’ai dit. Je ne rate jamais ma cible, sourit Ianto.

***
Ianto regarda autour de lui un moment. Quelques arbres défraîchis, des herbes sèches. C’était les seules choses qui avaient réussi à survivre à la chaleur d’un été en Arizona. Il s’avança vers la barrière bancale et redressa les conserves vides sur lesquelles il s’entraînait depuis quelques heures.

James lui avait prêté une arme et des munitions. La pépite couvrait apparemment plus de frais qu’il ne l’avait pensé. Le barman lui avait expressément recommandé de s’entraîner au tir. La région n’était pas sure quand on portait de l’or sur soi.

Il avait remercié l’homme et avait suivi son conseil. Il faisait ça depuis quatre jours maintenant, aidant un peu Nellie en cuisine, observant John le maréchal-ferrant. Il errait dans la ville. Il avait l’air d’être là pour quelques temps, alors qu’il n’arrêtait pas de penser à Ellis Island.

Il déchargea son barillet une nouvelle fois, faisant mouche à chaque fois.

-C’est toujours simple quand les cibles ne bougent pas.

Ianto se retourna. Le shérif le dévisagea un moment avant d’approcher. Ianto se redressa encore un peu. Il était aussi méfiant avec Wyatt que celui-ci l’était avec lui. Il comprenait sa position, Ianto apportait de l’or, il réveillait la convoitise et les problèmes qui pourrait s’en suivre. Il n’était pas idiot. Ce n’était qu’une question de temps avant que l’un des groupes de criminels de la région ne vienne pour le dépouiller de son butin.

Et Ianto ne leur ferait pas le plaisir de leur donner. C’était probablement tout ce qu’il restait de Bob et il en prendrait soin. Le shérif moustachu sortit son arme et fit tomber chacune des boîtes restantes.

Ianto ne fit rien et ne dit rien, se contentant d’attendre. Si le shérif était là c’était qu’il avait quelque chose à dire. L’homme rangea son arme et se tourna vers lui.

-Qui es-tu Jones ?
-Un voyageur.
-Un voyageur qui a de l’or, une sœur imaginaire et pas d’armes.
-J’ai une arme. Je n’aime pas la sortir sans raison.
-Tes balles sont donc si précieuses que tu utilises celles des autres.
-Quelque chose comme ça. J’ai payé ces balles.
-Jim est un peu trop naïf et gentil avec les gens.
-Donc vous vous chargez de veiller à ce que ses erreurs de jugements ne se retournent pas contre votre famille. C’est quelque chose que je peux comprendre. Vous n’avez aucune raison de me croire mais je ne suis pas là pour vous porter préjudice. Je ne suis que de passage.
-S’il arrive quoique ce soit à Jim ou sa femme, je t’exécuterai moi même.
-Je vous donnerai même la corde, répondit Ianto.

Le shérif lui envoya un dernier regard noir avant de partir. Ianto essuya son front et rangea le mouchoir dans la poche arrière de son jean. Il détestait la chaleur de cet endroit et cet environnement de méfiance constante.

Il sortit son chronomètre. Cent heures, vingt minutes et deux secondes. Il soupira. Il faudrait qu’il s’y fasse encore un moment.

***
Il ne faisait pas encore jour dehors quand les cris le réveillèrent. Le soleil pointait tout juste à l’horizon. Il lâcha son sac à dos, prit son arme et celle de James et descendit les marches menant à la salle du saloon en courant.

En bas, il n’y avait personne et il faisait noir. Il s’arrêta, son arme tendue devant lui et regarda autour de lui. Il aurait tué pour pouvoir avoir sa torche avec lui. Il continua de marcher droit devant lui prudemment, et brusquement, les coups de feu retentirent. Il se mit à courir : c’était lui qu’on visait, de l’extérieur apparemment. Il courut, évitant les balles comme il pouvait, ripostant un peu au hasard et sauta de l’autre coté du comptoir.

Derrière, couché par terre, le corps de James gisait au milieu du verre d’une bouteille brisée. Il s’approcha, prit son pouls. Il était vivant. Ianto soupira de soulagement et entreprit de réveiller James.

-Hey !
-Qu’est-ce qu’il s’est passé ? grogna de douleur le barman.
-Je ne sais pas. Mais il semble que nous soyons en état de siège.
-Quoi ?!

James se releva et immédiatement les tirs reprirent. Ianto tira l’homme par sa chemise et le mit à l’abri.

-Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? s’exclama James.
-Je n’en ai aucune idée.
-Oh mon Dieu ! Nellie ! NELLIE ! hurla-t-il.

Il n’y eut que le silence pendant de longues secondes et puis enfin ils l’entendirent.

-JIIIIM ! s’écria une voix féminine.
-NELL !
-Hey, Jim ! Coupa une voix grave.

Ianto vit la mâchoire de James se resserrer brusquement.

-Vous connaissez cet homme? murmura Ianto.
-Oui, John Stonehold. Un salopard.
-Qu’est-ce qu’il fait ici ?
-Je ne sais pas mais il a choisi son moment. Wyatt est avec Virgil, la ville est déserte de toutes forces de l’ordre pour au moins la journée, si ce n’est la semaine.
-Qu’est-ce qu’on peut faire ?
-Il faut que je sorte Nellie de là.

Ianto lui tendit l’arme que l’homme lui avait prêtée. James hocha la tête et décrocha un fusil de sous le comptoir. Ianto le dévisagea. James haussa les épaules.

-Tu ne vis pas de ce milieu sans être préparé.
-Il faut patienter un peu. Vous ne pouvez pas sortir de là et vous ruer dans la mêlée, Nellie risquerait d’être blessée. On ne sait ni combien ils sont ni comment ils sont armés.

James serra les dents et sa prise sur le fusil et soupira. Ianto savait que l’homme était raisonnable. Il se redressa juste assez pour regarder vers les fenêtres discrètement.

-D’accord. Demandons à ces gentlemen ce qu’on peut faire pour eux, lança Ianto.
-T’es vraiment pas net, Jones.
-C’est ce qu’on me dit souvent.
-Ok.

James prit une grande inspiration et Ianto essaya de calmer ses nerfs.

-Qu’est-ce que tu veux, John !? s’écria James.
-Ce que je veux ? rit la voix grasse de l’homme dehors.

Si Ianto avait raison, l’homme se tenait probablement devant la porte du saloon. Il y avait environ 50% de chances qu’il tienne Nellie en joue. Il respira un grand coup et prit position. Genoux à terre, il posa le canon de son arme sur le bois du comptoir, derrière une bouteille de whisky à moitié vide. Il plia les doigts, une ou deux fois autour de la crosse et resserra sa prise.

Il avait 50% de chances de réussir son tour.

-Je veux le gringo et son or ! Voilà ce que je veux.

Il sentit le regard de James sur lui mais ne se déconcentra pas.

-C’est plutôt lâche d’attaquer un homme dans son dos et de prendre sa femme en otage, il me semble, non ? Cria-t-il.
-Ecoute, salopard ! Tu sortiras de là les pieds devant et ton or dans ma poche ok ! C’est à toi de voir si tu veux emmener le gentil James et la délicieuse Nellie avec toi.

Le ton de la voix de John qui fit mention de Nellie envoya un frisson de rage parcourir les veines de Ianto. C’était de sa faute. Si ce John leur faisait du mal, Ianto verrait personnellement à mettre en pratique tout ce qu’il avait appris dans la section « Torture » des Archives de Torchwood.

Il prit une grande inspiration et ferma un œil. Il pressa brusquement la détente. Les chevaux dehors hennirent et James sursauta de son action. Ianto le rassura d’un hochement de tête. Tous les deux avaient pu entendre la débâcle à l’extérieur.

-Je suis prêt à négocier un échange. Tentez d’entrer, vous êtes morts. Tentez de vous enfuir vous êtes morts aussi, John. Ma ligne de mire est parfaite. Nous pouvons tenir un siège bien plus longtemps que vous. Quand vous voudrez faire un effort, nous vous écouterons. En attendant, bon courage. Le soleil se lève. Nous vous verrons mieux et cette fois nos balles feront plus de dégâts, lança Ianto.

Il soupira et se rassit derrière le bar.

-Tu es fou !
-Je gagne du temps.
-Ils vont la tuer ! Ton bluff ne fonctionnera pas.
-Si mon bluff, comme vous dites, n’avait pas marché, nous aurions entendu une réponse ou un coup de feu depuis.

James ferma la bouche et lui envoya un regard sombre.

-J’espère que tu sais ce que tu fais, Jones, ou tu peux être sûr que je te mettrai en pièces.

Ianto hocha la tête et prit une bouteille de whisky d’une étagère et la tendit à James. Ca pouvait durer longtemps.

***
L’attaque survint de l’étage du dessus sans qu’aucun d’eux ne s’y soit attendu. Maintenant qu’ils étaient tous deux au cœur de la fusillade, Ianto se demandait comment il en était arrivé là. Les hommes du haut avaient été neutralisé, par lui comme par James.

Ianto ne vit pas l’entrée des cow-boys tout de suite. Il vit la jeune femme retenue comme un bouclier pendant l’avancée des autres. James paniquait, hésitait. Il en avait déjà mis quatre hors service. Il n’en restait que cinq.

Ianto agrippa James par la manche et fixa son regard dans ses yeux.

-Je vais y aller. Couvrez-moi ok ?
-Qu’est-ce que tu vas faire ?
-Faites-moi confiance.

Ianto attrapa le torchon qui traînait par terre et l’agita en l’air. Immédiatement les tirs cessèrent.

-Vous vous rendez ? Ton petit discours débile de tout à l’heure est oublié.
-J’ai un marché à vous proposer. Je n’ai pas l’or sur moi, pas la peine de me tirer dessus, il est plutôt bien caché.
-Ne tirez pas les mecs. On aura le temps pour ça plus tard. Quand on sera riches.

Ianto sourit un peu. Un vrai western, il en connaissait un ou deux chez lui qui seraient plus qu’amusés de la situation. Il se releva, son arme enfoncée dans son dos. Il sortit de derrière le bar.

-C’est ce salopard qui a tué Kyle. Je veux sa peau, gronda un de la bande.

Ianto haussa les épaules.

-On t’écoute.
-Personne ne veut une tasse de thé pour discuter de tout ça ?
-Une tasse de thé ? Pour qui tu nous prends, ta grand-mère ?!
-Non, vraiment ? Dommage.

Il prit son arme et tira : une balle dans la main de celui qui retenait Nellie et l’autre dans sa tête. Il entendit les tirs de James tandis qu’il se précipitait vers la jeune femme choquée. Il l’attira contre lui et courut vers le piano. Une violente douleur dans son épaule le fit vaciller mais l’adrénaline ne le stoppa en aucune façon.

Il prit son arme de l’autre main et joignit le reste de la fusillade et bientôt, il n’y eut plus personne à qui faire face. Il avait mal à en hurler et il sentait le sang couler le long de son dos mais étrangement, il ne fit rien, ne cria pas. Il se releva et sortit de leur abri de fortune.

James se précipita vers eux et enveloppa la jeune femme dans ses bras. Ianto tint son bras fermement collé à son flanc et se retint de lâcher l’arme qu’il tenait. Les deux époux rirent à son coté et Ianto se sentit brusquement très seul et fatigué.

Il se laissa tomber sur une chaise, ses jambes ne le soutenaient plus. Il prit une grande inspiration un peu tremblante et essaya d’oublier qu’il venait pour la première fois de recevoir une balle.

-Qu’est-ce qu’il s’est passé ici ?! s’écria Wyatt en entrant comme un dément dans le saloon.

Ianto ne put qu’éclater de rire. Il y avait vraiment des gens qui avaient un mauvais timing dans la vie.

***
Ianto crispait les dents autour du bout de bois qu’il avait en travers la bouche. Il sentait les gouttes de sueur couler le long de sa tempe. Le whisky qu’il avalait avait à peine le temps de l’anesthésier un peu, qu’un mouvement de Nellie le dessaoulait aussi sec.

-Courage…

Ianto aurait aimé qu’elle l’ait déjà retirée. Ce cowboy l’avait bien eu. La balle n’était pas ressortie et maintenant la douleur le lançait le long de ses nerfs. Il ne criait pas. Il ne pouvait se le permettre. Il se concentra le plus fort qu’il put sur autre chose. Penser à autre chose. À l’état du Hub quand il rentrerait, aux punitions qu’il allait trouver pour Jack et son manque d’organisation, aux commentaires qu’il lancerait à Owen, aux jeux qu’il pourrait trouver avec Myfanwy.

Mais la moindre pensée s’envolait à chaque fois. Sa volonté avait apparemment une limite, celle-ci étant la douleur d’avoir une pince dans l’épaule, écartant sa chair brûlée à la recherche de cette foutue bille en plomb.

-Je l’ai !

Avec une rapidité et une dextérité qui auraient pu le laisser perplexe quand à ses occupations, la jeune femme retira la balle de son épaule ce qui, cette fois, lui arracha un grondement de douleur.

Ianto n’était pas sûr de savoir combien de temps s’était écoulé par la suite même s’il était certain de ne pas s’être évanoui. Nellie avait continué à essayer de rattraper les dégâts et ils l’avaient laissé, allongé sur le dos sur son lit. Ianto n’aurait jamais cru pouvoir trouver le sommeil mais ça avait été le cas. Et maintenant, ils étaient revenus.

Seules quelques heures s’étaient écoulées d’après son chronomètre et la pendule sur la commode, mais la douleur s’était un peu atténuée. Il se rassit, passa sa chemise avec difficultés et soupira.

-Ça va aller ? s’enquit James.
-Oui, merci, sourit maladroitement Ianto.

Il ne pouvait de toute façon rien n’y faire : il ne pouvait pas sortir son kit de soin du 21ème siècle devant tous ces gens, Wyatt l’aurait fusillé sur place. Il resserra le poing plusieurs fois. Il était opérationnel, enfin aussi opérationnel qu’on pouvait l’être.

-Et vous, Nellie ? demanda-t-il pour détourner l’attention que tout le monde avait sur lui.
-Ca ira. Merci de m’avoir sauvée, sourit-elle affectueusement.
-C’est de ma faute si vous vous êtes trouvés dans cette position, c’était la moindre des choses que je puisse faire, répondit Ianto.
-Trois morts et six blessés qui se trouvent en cellule. C’est rare de voir une fusillade se terminer avec plus de blessés que de mort, intervint Wyatt, toujours aussi sérieux.
-Ne tuer que si c’est inévitable, c’est une règle.
-Noble règle mais impossible à respecter, répondit le shérif, mordant. Tu as évité à mon frère et sa famille d’être blessé, j’en resterai là. Tu devrais quitter la ville.

Ianto sortit son chronomètre et repoussa la sensation de picotements qui le travaillait depuis quelques minutes.

-Je vais le faire dans très peu de temps de toutes manières.
-C’est une drôle d’arme que tu as là.
-C’est un peu l’arme spéciale de ma famille, tenta-t-il.
-Elle est vilaine, c’est tout ce que je lui trouve, répliqua Wyatt. Elle n’a pas le charme et la grâce d’un Colt.
-Mais elle en a l’efficacité, sourit Ianto.

La sensation se changea en vibrations, lentement et sa blessure recommença à lui lancer deux fois plus. Il fronça les sourcils, récupéra son sac sur le lit et referma sa chemise. Il embrassa Nellie sur la joue et les deux hommes le dévisagèrent.

-Merci pour tout, James.
-Merci à toi, Jones.

Ils se serrèrent la main amicalement. Wyatt fronça les sourcils et Ianto se dit qu’ils se sépareraient sur ça. L’homme le surprit et lui tendit la main. Ils échangèrent une poignée forte et Ianto hocha la tête.

Il commença à descendre les escaliers et la vibration le fit vaciller. Il savait que derrière lui Wyatt allait essayer de voir où il se dirigeait, où était son cheval. Il serait déjà loin. Et il eu raison.

***
Jack but une longue gorgée de son thé glacé. Il aurait pu penser qu’avec la structure unique du Hub - fait d’épais murs de pierre et enfoui sous terre -, la chaleur ne les aurait pas atteints. Il s’était malheureusement trompé en beauté.

Toshiko en était à son deuxième vaporisateur d’eau de la journée. Owen se collait au mur presque torse-nu et Gwen avait élu domicile au bord de la mare causée par la Tour d’Eau. A croire qu’avoir les pieds dans l’eau lui suffisait à refroidir son organisme.

Jack était en nage et regrettait vraiment de devoir garder un minimum de sérieux ou il aurait déjà enlevé sa chemise avec bonheur. Il avait l’impression d’être sur Malchacero, dans la salle de radiations.

Il fronça les sourcils en sentant les dernières gouttes de son thé glisser dans sa gorge. Plus de thé impliquait devoir aller en chercher. Aller en chercher voulait dire bouger. Bouger, efforts, et effort était synonyme de chaleur supplémentaire. Il n’était pas sûr d’avoir la force d’en ajouter encore.

Peut-être se faisait-il vieux. Ou alors c’était la fatigue qui parlait. On ne pouvait pas vraiment dire qu’il se reposait ces derniers temps et il avait beau dire, il avait aussi besoin de dormir. Une fois sur trente, d’accord, mais ça arrivait. Ce n’était généralement pas une chose qu’il attendait avec impatience, parce que son sommeil était toujours accompagné de cauchemars quand il était seul.

Ce qu’il était en ce moment. Seul, inquiet, lunatique et avec une forte tendance à s’énerver pour un rien. Maintenant la chaleur les accablait tous et en plus de son manque de sommeil s’ajoutait sa perte totale d’appétit. Il aurait tout donner pour que Ianto débarque brusquement et ne le force à avaler ne serait qu’un scone.

Il soupira, peut-être arriverait-il à convaincre Owen ou Gwen de lui amener un nouveau verre de thé glacé, plus rempli de glaçons que de thé. Cette vague de chaleur en plein mois de mars était tout de même inquiétante mais ils avaient eu beau chercher à l’expliquer, les aliens et le rift n’y étaient pour rien. Pour une fois.

Il tendit le bras et appuya sur l’interphone.

-Gwen, tu pourrais…
-Lève tes fesses Harkness ! Si on survit, tu peux le faire, Monsieur Immortalité ! interrompit-elle d’un cri.

Toshiko se mit à rire et Owen en rajouta une couche. C’était une mutinerie. Ils s’étaient ligués contre lui. Jack en venait presque à souhaiter qu’une mission leur tombe dessus pour qu’il puisse monter dans le SUV. La climatisation aurait été une bénédiction. Mais ils avaient encore du travail et toujours aucune piste sur Ianto. La chaleur ne les aidait pas à réfléchir correctement non plus.

Jack jeta un coup d’œil sur l’écran qui diffusait les images de la place et l’observa sans vraiment y prêter attention. Puis brusquement, quelque chose attira son attention et comme l’aurait fait une caméra ou un appareil photo, ses yeux semblèrent faire un zoom.

-Qu’est-ce que…

A suivre...

univers : les errants, fic : doctor who, couples : jack/ianto, fic : torchwood

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