Titre : Des pions dans un jeu d'échec
Fandom : Le trône de fer (A Song of Ice and Fire)
Personnage : Petyr Baelish
Rating : PG.
Nombre de mots : 797
Spoilers : importants jusqu'à la fin de l'intégrale 3 (fin tome 9). Très légers de l'intégrale 4 (fin tome 12).
Bien installé dans la loggia, Petyr Baelish leva son verre de vin. A moi ! pensa-t-il avec un léger sourire. Le gagnant de cet incroyable jeu d’échec.
Dans ce jeu, la pièce la plus importante n’était pas le roi mais la reine. Morts, les deux rois du trône de fer, Robert Baratheon et Joffrey, mort Renly qui s’était couronné roi, mort Robb, le jeune roi du Nord. Mais les reines survivaient.
Cersei, la belle mais garce Cersei, Cersei qui s’était tapé la moitié des hommes de Port-Réal, se débrouillait pour tirer son épingle du jeu à chaque fois. De reine, femme du roi, elle était passé à reine régente… Petyr savait qu’elle ne le resterait pas longtemps. La reine d’or allait bientôt tombée, comme tous les autres pions. Elle n’était qu’une débutante dans l’art de la manipulation. Elle se contentait de sa beauté, de sa naissance et de son pouvoir… Dommage pour elle qu’elle ait oublié d’être intelligente en plus d’être belle.
Sa reine à lui, la douce et belle Sansa, la fille de Cat, était en sécurité, aux Eyrié. La jeune fille ne comprenait pas encore toute son importance mais elle était au cœur de son jeu. Du jeu pour le trône. Il en ferait une reine, bien plus intelligente et dangereuse que Cersei. Il lui apprendrait le jeu du pouvoir. A côté d’elle, les autres pions étaient sans importance.
Mort, Eddard Stark, le bon et brave Ned. Il n’était pas du bois fait pour survivre dans ce panier de crabes qu’était la capitale. Beaucoup trop droit et honnête. Il n’aurait jamais dû descendre du Nord… Lui, il avait fait un bon cavalier dans le jeu, avait accéléré les événements. Dommage pour lui qu’il fut… si facilement sacrifiable.
Le seul pion dont il regrettait la mort était Catelyn, sa belle Catelyn, la seule femme qu’il n’ait jamais aimée. Intelligente, belle, dévouée à son mari. Contrairement à sa sœur. Lysa était une petite idiote, facilement manipulable et qui avait empoisonné son propre mari sans une seule question, dès qu’il le lui avait demandé. Autant pour la devise des Tully. Une idiote qu’il avait tuée, sans la moindre considération, en la poussant dans le vide une fois qu’il n’avait plus eu besoin d’elle. Lysa l’avait bien servi mais elle était trop bavarde et mettait en danger ses plans. Il était rare qu’il se charge lui-même des meurtres, c’était beaucoup trop risqué. Pour garder la vie dans ce jeu mortel des trônes, il fallait toujours garder les mains propres… Ou donner l’impression qu’elles étaient propres.
Deux des fous avaient déjà été éliminés. Petyr eut un petit sourire mauvais. Tyrion pouvait être mort, pour ce qu’il en était. Régicide, parricide et nain difforme, il n’avait plus beaucoup d’alliés. La simple pensée que cette pâle copie d’homme ait été mariée à Sansa suffisait à lui donner des envies de vomir. Qu’il ait pu poser ses mains répugnantes sur la jeune fille était répugnant. Il avait juste à s’assurer de la mort du Lutin, soit en envoyant un assassin, soit en dénonçant sa position à sa douce sœur Cersei. Il fallait que ce pion meure pour que le jeu continue.
Et sire Dontos le Bouffon, mort aussi. Sa mort était prévue depuis longtemps, depuis que Petyr avait inclus cet ivrogne dans son jeu, depuis que cet abruti avait accepté de le servir (mais de toute façon, s’il avait refusé, un tragique accident mortel lui serait quand même arrivé).
Les gens étaient facilement jetables et remplaçables, songea Littlefinger en se resservant une coupe de vin. Avoir quelques alliés bien ciblés à la fois suffisait, quitte à les remplacer quand un… inconvénient mortel leur arrivait. S’assurer la loyauté des hommes n’était pas très dur quand on savait juger ces semblables. Les uns voulaient de l’or, d’autres la gloire, certains encore des massacres glorieux. Quelques-uns voulaient s’assurer de l’avenir de leurs enfants. Le tout était de ne pas offenser les plus pointilleux sur leur honneur. Il fallait alors enrober les propositions dans du miel et ne pas avoir l’air de leur demander le prix qu’il réclamait.
Petyr avait très vite compris ce qu’il fallait pour se servir des autres : de l’or et des promesses.