Fandom : Game of Thrones
Persos : Sansa/Le Limier
Disclaimer : Tout appartient à George R. R. Martin.
Rating : PG
Notes : Rédigé en cadeau de Noël pour
gribouille qui, j'espère, a bien reçu mon colis. Alors maintenant j'en fais profiter tout le monde. \o/
« Voulez-vous coucher avec moi ? »
« Non... La Bête. »
- Qu'est-ce tu lis encore, gamine ?
Sansa sursauta, plaqua le livre contre sa poitrine palpitante. La voix grave du Limier l'avait effrayé. Du regard elle chercha son maître, le roi Joffrey.
- L'est pas là ton prince, grimaça le Limier.
- Tant mieux... Je-je voulais dire...
Le rire du Limier empêcha Sansa d'aller plus loin. Il savait son dégoût pour Joffrey et il s'en moquait. Devant toute autre personne Sansa aurait risqué bien pis que la honte - les autres chevaliers l'auraient frappé pour avoir osé insinuer du mal sur leur roi. Elle portait encore les traces de leurs derniers coups, ecchymoses bleues et violettes éclosant sur sa peau blanche comme des fleurs sur la neige.
Le sofa couina sous le poids du Limier qui y avait pris place. Sansa ramena ses jupons sur elle, posa son livre sur ses genoux.
- Alors. Qu'est-ce tu lis ? Essaye pas d'mentir, t'es très mauvaise à ce jeu.
- Un conte.
- Ah. Un conte avec de beaux princes bien gentils et des méchants à la face brûlée ?
Sansa secoua la tête, poussa le livre et l'ouvrit afin que le Limier en voit le contenu. La gravure ouvrant le conte de la Belle et la Bête montrait le prince au corps de monstre vêtu comme un humain - ce désaccord de la Nature ne prêtait nullement à rire. L'expression de la Bête était si pitoyable qu'elle donnait envie de pleurer sur ses malheurs. Sansa caressa du doigt la gravure, glissa le long du mufle de lion de la Bête.
- Tu préfères les princes monstrueux ? T'as de drôles de goûts, petite.
- Ceux qui sont laids à l'extérieur cachent des trésors de gentillesse et de beauté intérieure.
Sentir la main du Limier sur la sienne, ce gant de cuir élimé par l'usage, la fit sursauter. Si Joffrey avait eu le même geste, elle aurait ressenti du dégoût - et n'aurait eu qu'une envie, celle de lui arracher sa main, de griffer cette peau froide et abjecte. Alors que là, la jeune fille se demandait comment était la peau sous la cuir : tannée elle aussi, était-elle chaude ? Ces pensées la firent rougir et elle piqua du nez pour que le Limier ne le voit pas. Elle murmura, confuse, se demandant si elle ne devenait pas folle.
- Voulez-vous bien me le lire ?
Elle vit les mains du Limier saisir l'ouvrage, le poser sur ses propres genoux. Alors que Sansa s'attendit à une moquerie, une boutade, le Limier commença à lire. Sa voix était grave, puissante, mais il la domptait comme un cheval furieux, flattant les mots, les caressant. Sansa pencha la tête sur le côté, se laissa bercer par les mots.
- Me faut une voix d'femme pour la Belle. Si tu la chantais, petit oiseau ?
Sansa acquiesça, se pencha pour lire son texte. La lecture se faisait désormais à deux voix, les scènes entre la Belle et la Bête devenaient vivantes, chacun adoptant le rôle jusqu'à ce que la distinction entre réalité et fiction s'effacent. Quand Sansa dut, par la voix de Belle, accepter son union avec la Bête, elle regarda le Limier dans les yeux.
- Oui le Limier.
Elle avait l'impression que ces mots étaient magiques, avaient permis au Limier de perdre un peu de sa laideur. Les cicatrices s'effaçaient devant elle, la peau demeurait rude - celle d'un chevalier ayant mené de nombreuses aventures. Lorsque le Limier posa un doigt sur ses lèvres, Sansa ne dit rien - et elle laissa leurs ombres s'entremêler au sein de la bibliothèque du château.