Torchwood : Jack Harkness Mysteries : Le Tueur à la Lame Tordue

Nov 27, 2007 21:46

Jack Harkness Mysteries : Le Tueur à la Lame Tordue
Requête de : laede
Prompt : TW/Donald Strachey fusion
Couple : Jack/Ianto en fond :)
Genre : Crack. UA, obviously.
Censure : K+
Spoilers : N’a aucun intérêt si vous avez pas vu la saison 1 de Torchwood et les trois saisons de DW.
Date : Mardi 27 Novembre 2007
Disclaimer : Torchwood n’est pas mon bac à sable, je ne fais qu’y jouer… Les Donald Strachey Mysteries, même si ça n’a plus grand-chose à voir, ne sont pas à moi non plus. :p

Note : Heu. Hum. Bref. :DOh, et il risque d'y avoir pas mal de typos, hésitez pas à me les signaler :p


La journée avait mal commencé. J’étais fatigué, j’avais passé toute la nuit à guetter un suspect, sans succès. L’homme, tout membre des Weevils qu’il soit, avait du bon sens : la pluie tombait, fine et glacée comme seul le Pays de Galles savait la produire et n’importe qui serait resté bien au chaud chez lui, ou du moins quelque part où se trouvait un lit et, mieux encore, de la compagnie.
Mais je n’étais pas n’importe qui. Lorsque je me résignai, il était trop tôt pour qu’un pub soit ouvert, trop tard pour rentrer chez moi. Je me contentai de retourner à mon bureau, histoire de piquer un somme sur ma chaise inconfortable et fut réveillé deux heures plus tard par la sonnette d’entrée. Je pris le temps de remettre mon cou en place avant d’aller ouvrir.
Je faillis refermer la porte lorsque je vis de qui il s’agissait, mais une main de gorille m’en empêcha. Je soupirai, reculai d’un pas.
« Costello. »
Le vieux trafiquant, assis sur une chaise roulante encadrée de ses deux gardes du corps (de belles bêtes, ne pus-je m’empêcher d’admirer), me parut bien diminué par rapport à la dernière fois que je l’avais vu, au bas du palais de justice. Son cancer l’avait affaibli.
« Harkness. Tu reçois toujours tes clients sur le seuil ? »
Sa voix sifflait. Je haussai les sourcils et croisai les bras.
« Client, Costello ?
- Laisse-moi entrer. »
J’aurais volontiers refusé, mais la présence de ses deux géants m’y fit renoncer. J’étais connu pour être solide, mais il y avait des limites. J’allai m’asseoir à mon bureau.
« Je t’engage, déclara Costello de but en blanc. J’ai besoin que tu retrouves quelqu’un.
- Et moi je veux pas de ton argent sale. »
Il ricana et faillit s’étrangler.
« T’inquiète pas pour ça. Tout a déjà été blanchi.
- Je connais sa vraie couleur.
- Te fais pas plus honnête que tu l’es, Harkness. Je connais ton passé. »
Je gardai le silence. Costello ne mettait pas tant en doute mon intégrité actuelle qu’il menaçait de révéler le fait qu’il fut un temps où je n’en avais pas.
« Qu’est-ce que tu veux ?
- Ma fille. »
Je me gardai de justesse de révéler quoique ce soit. J’avais eu l’occasion de rencontrer Suzie plusieurs fois, une jolie brune intelligente, un peu trop intense, qui méprisait son géniteur et n’en faisait pas un secret. À l’époque, elle couchait plus ou moins avec mon contact médecin, Owen Harper.
« Ta fille.
- Suzie.
- Tu l’as perdue ?
- Cela fait un certain temps qu’elle ne s’est pas manifestée. Trois mois, pour être exact.
- Je vois pas pourquoi ça t’étonne. Je croyais que c’était pas le grand amour, tous les deux.
- Je me fais vieux, Harkness.
- Me joue pas le père repenti.
- Retrouve ma fille, c’est tout ce que je demande.
- Moi je demande beaucoup.
- Je croyais que la couleur de mon argent te plaisait pas.
- Clairement pas, alors il faut bien que tu compenses en quantité. »
Il y aurait bien un orphelinat ou un autre qui en profiterait. Costello éclata de nouveau de rire, cela lui réussit aussi peu. Il claqua des doigts et l’un de ses gardes du corps sortit de son veston un rectangle de papier.
La somme qui y était inscrite faillit me faire perdre cette intégrité chèrement gagnée.
« Les trois quarts en seront versés aujourd’hui sur ton compte, dit Costello. Le reste à la livraison.
- Charmante façon de parler de sa fille. »
Costello renifla.
« J’ai une question : pourquoi moi ? Y’a personne dans ton petit gang pour la retrouver ?
- J’ai tenté. Mais tu as des contacts, Harkness, que tout mon gang réuni ne pourrait obtenir sans attirer l’attention. »
Et je tenais à ces contacts. Cela m’aurait embêté de les retrouver dans un sale état.
En temps normal, ce genre d’affaire qui sentait mauvais, j’aurais laissé tomber. Mais Costello avait réussi à menacer assez de monde dans le quart d’heure qu’il avait passé chez moi pour que je me résigne. Retrouver Suzie ne m’engageait à rien.
La première chose que je fis après le départ de Costello fut d’appeler Owen. Il me reçut avec son habituelle volée de jurons. Owen était un bon médecin, la trentaine à peine passée, mais je me demandai franchement ce qui lui avait pris de choisir ce métier. Il n’aimait pas les gens.
« Suzie ? Pas vu cette salope depuis des mois. Pourquoi ? Envie soudaine de la foutre dans ton pieu ?
- Son père la cherche. »
Owen s’étouffa de rire.
« Il veut crever plus vite que prévu ?
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Tu l’as pas vue quand elle parle de son vieux ? Je flipperai, à sa place. Enfin, remarque, je préférerai savoir où elle est, en fait.
- Mmmh. Tu sais quel coin elle fréquentait ?
- Mon lit ? On faisait que coucher, Jack. C’était une perfectionniste, et sa technique au pieu est de la perfection, c’est tout ce qui m’intéresse.
- Si tu te souviens de quelque chose, n’hésite pas à me rappeler.
- C’est ça. »
Il raccrocha avec son charme naturel. Sans perdre de temps, je composais un autre numéro, un qui m’était précieux, pour tomber sur le répondeur. Je laissai un message, certain d’avoir un retour rapide :
« Tosh, ma douce, j’aurais besoin que tu jettes un coup d’œil aux caméras de surveillance pour moi. Je suis à la recherche d’une certaine Suzie Costello. Appelle-moi si t’as besoin de plus de renseignements. »
J’en doutai. Toshiko Sato était une des filles les plus intelligentes et douées que je connaissais, un petit ange. Je l’avais connu deux ou trois ans plus tôt, lorsqu’elle avait découvert que sa petite amie lui cachait des choses. Des choses sanglantes.
Il m’avait fallu peu de temps pour découvrir que sa chère Mary cambriolait régulièrement de riches propriétaires et les assassinait dans leur sommeil. Charmant.
J’appelai quelques autres de mes contacts, puis pris ma journée pour récupérer les preuves nécessaires à la condamnation du Weevil. À mon retour, j’avais un message de Toshiko, cette dernière m’avait déjà trouvé quelques traces de Suzie en ville et m’apporterait les clichés dès le lendemain. Cela commençait bien, j’espérais que cette affaire se réglerait vite : moins j’aurais affaire à Costello, mieux je me sentirais.
Mais les choses se déroulaient trop bien. Le matin suivant, à la première heure, alors que je n’avais même pas encore quitté mon lit désespérément vide ces derniers temps, je fus réveillé par un coup de téléphone impérieux.
« Harkness, grognai-je.
- Vous avez pris votre temps.
- Bonjour à vous aussi, Inspecteur Swanson. »
Ah, Kathy Swanson. Un oiseau de paradis avec un caractère de harpie. Quel dommage.
« Pas si bon que ça, Harkness. Costello, ça vous dit quelque chose ?
- Peut-être bien, répondis-je prudemment.
- Peut-être bien », répéta-t-elle d’un ton sarcastique. Il est mort. »
Je me redressai.
« Assassiné.
- Pardon ?
- Le Tueur à la Lame Tordue. »
Je restai stupéfait. Costello, assassiné. Par le Tueur à la Lame Tordue, de plus. Ce dernier sévissait depuis quelques temps dans les rues de Cardiff : insaisissable, il s’en prenait aux SDF, voire aux fêtards un peu trop tardifs. À ma connaissance, c’était la première fois qu’il pénétrait dans une propriété.
« Sûre que c’est lui ?
- Avec une blessure pareille, il n’y a pas de doute possible. Mais il y a mieux : on a réussi à recréer la lame. Figurez-vous qu’il s’agit d’une pièce exotique que Costello possédait - il en a une belle collection - et qui, d’après sa femme de ménage, lui avait été volée il y a environ trois mois. »
Trois mois. Mmmh.
« Vous ne dîtes rien, Harkness ?
- Que voulez-vous que je dise, belle Kathy ?
- Je sais que Costello vous a rendu visite hier. Qu’est-ce qu’il voulait ?
- C’est confidentiel, je ne trahis pas mes clients.
- Votre client est mort, Harkness, et il s’agit désormais d’une enquête criminelle.
- Ah, mais Costello a déjà payé.
- Vous avez accepté l’argent de ce truand ?
- Il avait de bons arguments.
- Qui ne comptent plus. Il est mort.
- Oui, vous ne cessez de me le répéter. Mais encore une fois, il a déjà payé. Et je ne le volerai pas, même s’il est mort.
- Vous me fatiguez, Harkness.
- Je ne serai pas contre, si vous veniez me fatiguer, Kathy. »
Elle me raccrocha au nez. Je m’adossai de nouveau à mon oreiller, songeur. Le désir soudain de Costello de retrouver sa fille, le vol de la lame… De plus, je savais grâce à Owen que Suzie haïssait son père.
Tout cela m’amenait à une conclusion qui ne me plaisait guère. Mais pourquoi tous ces morts ? Quel intérêt ? Suzie ne me semblait pas du genre à rôder sur les routes pour assassiner au hasard… Je me levai sans cesser de réfléchir, puis après une bonne douche, descendis à mon bureau. Je réunis tout ce que je savais à propos des victimes du tueur, mais ce dernier semblait sincèrement choisir ses victimes au hasard.
Quoiqu’il en soit, retrouver Suzie devenait désormais extrêmement urgent. Je me demandais s’il fallait que je partage mes informations avec Swanson, lorsque Toshiko vint frapper à ma porte.
« Jack ?
- Entre, ma belle, entre ! »
Après les quelques banalités d’usage, nous en vînmes directement à ce qui nous intéressait tous les deux. D’une petite enveloppe craft, elle me sortit une bonne vingtaine de clichés.
« Elle est toujours à Cardiff, me confirma Toshiko. Elle essaie de se cacher, mais…
- Mais ma Tosh est plus forte qu’elle ! »
Toshiko rougit gentiment, puis redevint sérieuse.
« Il y a un cliché, en particulier, que je voudrais que tu voies… »
Elle me tendit le rectangle de papier glacé. Je plissai les yeux. Sur la photographie, l’on voyait Suzie pénétrer dans un café.
Pas n’importe quel café.
« J’ai vérifié, elle y est allée au moins quatre fois ces deux derniers mois. »
Je croisai les bras. Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu Ianto, une petite visite ne ferait pas de mal…

¤

Je pris le temps de régler quelques affaires après le départ de Toshiko avant de quitter et fermer mon bureau. Je décidai de marcher jusqu’au centre ville, histoire de m’éclaircir les idées et de regarder les joggers en shorts courir le long de la rivière ; il ne me fallut pas longtemps pour constater que j’étais suivi, encore moins pour identifier la personne qui me filait.
Gwen Cooper, toujours aussi discrète…
Sans doute déléguée par Swanson. Gwen était mignonne, têtue comme une Galloise et fouineuse comme ce n’était pas permis. Elle aurait fait une bonne assistante. Néanmoins, pour le moment, je n’avais pas envie de jouer à cache-cache, et encore moins qu’elle découvre où j’allais. Il me fallu quelques détours entre les maisons, couper à travers quelques jardins, mais je finis par la perdre.
Je me dépêchai, néanmoins. Elle avait du flair et finirait par retrouver ma trace si je ne disparaissais pas le plus vite possible.

¤

Le KC Club, comme son nom ne l'indiquait pas, était un petit café intimiste dissimulé dans une des arcades de High Street. La faune, toujours tranquille, y variait selon l'heure de la journée. Ce qui ne variait pas, c'était la qualité du café - le meilleur de Cardiff, probablement de tout le Commonwealth et des anciennes colonies de l'Empire - et son propriétaire-barman-serveur, Ianto Jones.
J'avais rencontré Ianto un an plus tôt, lorsqu'après une course-poursuite mémorable, j'attrapai mon suspect, Sean Harris, dit Bernie, une petite frappe mêlée à une sombre histoire de chantage, juste devant le KC Club. Je menotai Bernie à un lampadaire et entrai avec l'intention d'emprunter un portable, le mien ayant fini dans la Taff un peu plus tôt. À la vue du magnifique jeune homme en costume trois-pièces derrière le bar, je m'installai au comptoir, demandai un café, un téléphone et un rendez-vous. J'obtins les deux premiers immédiatement, je travaillais encore au troisième.
« Bonjour, Capitaine, m'accueillit-il avec ce petit sourire en coin qui exigeait d'être embrassé, là, maintenant. Cela faisait longtemps.
- Je t’ai manqué, Ianto ? » roucoulai-je.
Il ne répondit pas, mais, sourire bien en place, me prépara un café comme je les aime.
« Tu ne veux vraiment pas devenir mon secrétaire ? dis-je avec un gémissement de bonheur. Je t’assure qu’il y a beaucoup de bénéfices.
- Je suis flatté, Capitaine, mais je me dois encore de refuser. »
Vif comme l’éclair, je posai une main sur la sienne, appuyée au comptoir.
« Tu me brises le cœur.
- Pardonnez-moi, répondit-il doucement, comme s’il me prenait au sérieux. Mais j’ai confiance en vous, vous vous en remettrez.
- N’en sois pas si certain ! »
Je le délivrai le temps de savourer mon café, un œil attiré, comme toujours par une photo en noir et blanc accrochée derrière. Elle représentait un loup au milieu des feuillages qui vous fixait, et ce quel que soit l’endroit où vous vous trouviez. Inquiétant.
« Bad Wolf, murmurai-je pour moi-même.
- Capitaine ?
- Rien. »
Ce n’était pas le moment de remuer des vieilles blessures. Je vous retrouverai, ne pus-je m’empêcher de penser.
Mon premier café englouti, j’attendis que Ianto finisse de s’occuper de ses autres clients et qu’il me revienne.
« Ianto, aussi désolant que ce soit, je ne suis malheureusement pas là pour le plaisir. »
Il haussa un sourcil. Je glissai vers lui l’un des photos de Toshiko.
« Suzie Costello, dis-je sans détours. Je la cherche. »
Son expression changea à peine.
« Je la soupçonne d’être le Tueur à la Lame Tordue. »
Ianto me rendit la photo d’un mouvement élégant de l’index. Mmmh, ces mains.
« Elle a toujours bu son thé un peu âcre, fit-il d’un ton distrait avant d’ajouter : je ne sais pas où elle est.
- Mais tu sais quand elle reviendra. »
Il acquiesça.
« Elle m’a confié Myfanwy, pour quelques temps. Elle devrait revenir la chercher dans trois jours.
- Myfanwy ? demandai-je, intrigué.
- Son furet, répondit Ianto comme s’il s’agissait d’une évidence.
- Oh. Tu la connais bien. »
Ianto ne répondit pas immédiatement, mais me regarda d’un air grave.
« On ne se met pas les Costello à dos, dit-il enfin. Si Suzie Costello me demande de garder son furet, je ne dis pas non. Myfanwy est très bien élevée, de surcroît.
- Ianto, Suzie est probablement une psychopathe tueuse en série.
- Elle dresse correctement ses animaux de compagnie, au moins. »
Je secouai la tête, puis me levai.
« Je serai là dans trois jours pour l’accueillir. »
Juste avant de sortir, je me tournai de nouveau vers lui :
« Fais attention à toi, Ianto. »
Il me sourit, tranquille.
« Ne vous inquiétez pas, Capitaine. Je suis bien protégé. »
Il me sembla un instant voir les yeux du loup briller, mais un clignement et ce n’était plus qu’une image. Mal à l’aise, je hochai la tête et sortis.

¤

Toute cette histoire me mettait sur les nerfs. Je errai dans Cardiff, avec l’espoir ridicule de croiser Suzie par hasard, ou de découvrir un indice probant, sans que rien n’arrive, bien entendu. Je dînais dehors, tôt, puis finis par retourner à mon bureau, préoccupé. Je m’apprêtais à rentrer lorsque l’on m’attrapa brutalement par le col pour me plaquer contre la porte. Je reconnus sans difficulté mon « agresseur ».
« Agent Cooper, j’ai toujours rêvé que vous me plaquiez au mur.
- Ce n’est pas le moment de plaisanter, gronda-t-elle. À quoi jouez-vous Harkness ? »
Oh le bon petit agent à sa Swanson.
« Jouer ?
- Toshiko Sato, commença-t-elle et je dressai l’oreille, s’est faite agresser par le Tueur à la Lame Tordue !
- Quoi ? »
Je me retournai brutalement, la pris par les épaules.
« Tosh ? Comment va-t-elle ? Que s’est-il passé ? »
Gwen me rassura sur son état, ses jours n’étaient pas en danger. Je l’embarquai avec moi à l’hôpital, appris en chemin qu’après m’avoir perdu, elle avait décidé d’aller interroger Toshiko et était arrivé juste à temps pour surprendre Suzie - je n’avais désormais presque plus aucun doute sur l’identité du Tueur à la Lame Tordue - en train d’agresser ma pauvre petite Toshiko. « Je vous dois une fière chandelle », accordai-je à Cooper, ce qui sembla la calmer un peu.
Malgré l’heure tardive, je pus grâce à elle pénétrer dans la chambre, où une jeune femme en blouse blanche discutait d’une voix douce avec Toshiko. Cette dernière me parut un peu pâle, mais la voir en vie me rassura entièrement.
« Coucou, fis-je en entrant.
- Jack », sourit Toshiko.
La jeune femme en blouse se retourna vers moi, jeta un coup d’œil à Gwen qui devait encore agiter son insigne, puis me tendit la main.
« Je suis le docteur Jones, se présenta-t-elle. Docteur Martha Jones.
- Capitaine Jack Harkness, enchanté », répondis-je.
Et en temps normal, j’aurais peut-être essayé d’obtenir un café, mais j’étais préoccupé. Elle m’observa quelques secondes, puis hocha la tête avant de partir. Intrigué, mais surtout inquiet pour Toshiko, je me rapprochai du lit.
« Alors, ma belle ?
- Rien de grave, Jack. Quelques contusions, et des égratignures. »
Des doigts, je lui caressai la joue.
« Ton agresseur ?
- Je ne l’ai pas vu, avoua-t-elle. Mais c’était une femme. »
Suzie. Une certitude, maintenant. Et si elle s’était attaquée à Toshiko…
« Je reviens te voir demain. »
Je partis à toute vitesse, poursuivie par Gwen qui m’appelait avec impatience. Sorti de l’hôpital et sans cesser de courir vers ma voiture, je téléphonai à Owen.
« Quoi encore ? entendis-je avec soulagement.
- Owen, si Suzie vient te voir, ne lui ouvre pas ! C’est elle, le Tueur à la Lame Tordue !
- Tu déconnes ?
- Je suis très sérieux ! »
Rassuré sur l’état d’Owen, je grimpai dans la voiture ; Gwen s’installa à mes côtés sans demander mon avis.
« Qu’est-ce que vous foutez, Harkness ?
- Le Tueur à la Lame Tordue est Suzie Costello », dis-je calmement.
Elle écarquilla les yeux, je ne lui laissai pas le temps de finir.
« Et j’ai de bonnes raisons de craindre l’identité de sa prochaine victime. »
Le KC Club fermait ses portes à 21h, il était la demie passée. Le cœur battant, j’appuyai sur l’accélérateur pendant que Gwen appelait Swanson pour demander des renforts. J’abandonnai la voiture près du château, nous nous mîmes à courir de toutes nos forces.
Arrivés dans l’arcade nous ralentîmes pour essayer d’être le plus silencieux possible, et enfin, arrivés à la porte… la voix de Suzie.
« Je suis désolée, Ianto, mais c’est de la faute de Harkness, vraiment. Il n’aurait pas dû venir te voir.
- Finissez au moins votre thé », entendit-on Ianto répondre.
Je fis signe à Gwen de rester sur place, puis pénétrai dans le café sans fioritures. Ianto se trouvait derrière le comptoir, Suzie s’y était installée. Elle tenait l’arme du crime, une sorte de coutelas à la lame effectivement tordue, une délicate tasse de thé devant elle. Elle se retourna brutalement à mon entrée. Elle manqua envoyer valser sa tasse, Ianto la rattrapa avec une vivacité impressionnante.
« Jack Harkness, persifla Suzie.
- Suzie, qu’est-ce que j’entends là ? J’aurais pu te pardonner tes autres meurtres, mais vouloir priver Cardiff du café de Ianto est un crime qui ne saurait rester impuni. »
Du coin de l’œil, je vis Ianto s’écarter prudemment.
« À qui la faute ? continua Suzie, cette fois d’une voix presque plaintive. J’aurais pu reprendre les affaires de mon père, j’avais un alibi puisque nous ne nous voyions plus, et là j’apprends que ce vieux salaud te contacte pour me chercher ! Et toi tu saurais… »
Je n’attendis pas qu’elle termine, je lui bondis dessus. Le reste fut une bataille confuse, dans laquelle Gwen intervint avec un « Police ! Personne ne bouge ! » qui manqua me faire décapiter, mais alors que je voyais la lame s’abattre sur moi, on entendit un bruit sourd, Suzie grimaça de douleur, déstabilisée ; je la mis à terre d’un coup de poing au ventre.
Ianto, une bouilloire électrique à la main, se trouvait derrière elle.
Swanson arriva sur ses entrefaites.

¤

« Ailleuh », couinai-je.
Ianto, sans pitié, ne desserra pas pour autant le bandage.
« Ne faites pas l’enfant », me réprimanda-t-il.
Assis sur une chaise, dans le café, torse nu pour une raison moins agréable que je n’aurais voulu, je laissai Ianto finir de ranger le désinfectant. Dans la panique, je ne m’étais même pas rendu compte que j’avais été blessé, mais Ianto m’avait retenu à la fin pour me faire remarquer ma chemise tâchée de sang.
« Mais pourquoi tous ces meurtres, si elle ne voulait qu’assassiner son père ? » demanda-t-il soudain.
J’y avais réfléchi.
« Suzie est une perfectionniste compulsive, répondis-je. Il est probable qu’elle s’entraînait. »
Je vis Ianto secouer la tête, dépassé.
Alors qu’il revenait vers moi, je l’attrapai par la taille.
« Tu m’as sauvé la vie.
- Je vous en prie.
- Cela mérite bien que je t’emmène dîner quelque part demain. »
Il sourit, adorable.
« Pourquoi ai-je la sensation que ce serait vous accorder une faveur à vous ?
- Je suis un homme blessé, par conséquent inoffensif…
- Vous seriez allongé dans un lit d’hôpital que je ne vous croirais pas inoffensif.
- C’est un excellent restaurant », suppliai-je.
Ianto se pencha, déposa un baiser au coin de ma bouche, léger comme un papillon.
« Je fermerai une demi-heure plus tôt, me dit-il. Je vous attends à 21h ici.
- J’y serai. »
Plutôt deux fois qu’une.

Épilogue :

Ianto terminait de ranger les tasses lorsqu’il entendit la porte du café s’ouvrir.
« Je suis navré, nous sommes fer… Oh, c’est vous.
- C’est moi. »
Ianto sourit, ressortit une tasse et sa soucoupe, puis mis la bouilloire en marche alors que son « client » tardif s’installait au comptoir.
« Cela fait longtemps, dit Ianto.
- Je me demandais ce que vous deveniez. Et puis, un adorable mustélidé m’a raconté vos exploits.
- N’exagérons pas… »
Ianto arrêta la machine juste avant que l’eau ne soit trop près de bouillir, puis prépara le thé consciencieusement. Lorsqu’il fut près, il le servit sans cérémonie.
Il y eut un silence appréciateur.
« Toujours aussi bon… »
Ianto sourit.
« J’ai appris au passage que vous aviez fait la connaissance d’un certain Capitaine… »
Ianto leva les yeux au ciel, amusé.
« Parce que ce n’était pas votre intention, lorsque vous m’avez installé à Cardiff ?
- Vous m’accordez trop de pouvoir, Ianto Jones.
- Cela m’étonnerait que qui que soit puisse vous accorder « trop » de pouvoir. »
Il vit les yeux bruns examiner un instant la photo du loup derrière lui.
« Vous n’allez pas aller la voir ? demanda doucement Ianto.
- Martha m’a dit que son état continue d’être stable, c’est tout ce dont j’ai besoin. Vous vous occupez très bien d’elle pour moi. »
Ianto soupira et allait répliquer mais l’autre se leva, sourire distant aux lèvres.
« Eh bien, il est temps que je reparte. Merci pour ce délicieux thé.
- Déjà ?
- On m’attend.
- J’aurais été heureux de rencontrer Donna.
- Une autre fois, peut-être. À bientôt, Ianto Jones… »
Ianto ramassait la tasse, lorsqu’il leva les yeux il était seul. Sur le comptoir se trouvait une rose aux pétales clairs.
« À bientôt, Docteur… »

(fin)

:D

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