Aug 20, 2005 23:44
Gwendal le regarda d’un air incrédule.
- Et tu penses franchement que c’est le moment d’aller
chercher une épée perdue depuis le 19ème Maou ?
- C’est toi qui as dit qu’on avait besoin de quelque chose
pour impressionner les humains, fit remarquer Yuuri.
- Yuuri, au moindre petit incident, c’est la guerre. Nous
avons besoin d’une armée, pas d’une épée perdue en territoire humain.
- Mais je veux pas de guerre ! On n’a pas besoin de
guerre ! Ça coûte cher en vies humaines et en budget ; on s’est pas
encore remis de la dernière, les nouvelles générations sont encore des
bébés et… ah !
Yuuri s’interrompit brusquement et se frotta le dos de la
tête d’un air embarrassé.
- Enfin, tu sais tout ça mieux que moi, dit-il.
Gwendal le regarda en silence. Ça y’est, pensa Yuuri,
il est furieux après moi…
- Je suppose qu’on ne peut pas tout simplement demander un
sommet de tous les dirigeants pour discuter calmement ? fit-il quand même
d’une petite voix.
Gwendal lui tourna le dos et Yuuri grimaça.
- Yuuri, j’aimerai que tu réfléchisses un peu pour changer,
dit-il d’un ton sec.
- Je sais, je sais, les humains et les mazokus sont ennemis,
et les humains sont des traîtres intolérants…
- Pas à ça, l’interrompit Gwendal. Les choses changent.
- Huh ?
Gwendal se tourna de nouveau vers Yuuri avec l’expression
qu’il avait lorsque le brun était particulièrement stupide.
- Les choses changent, répéta-t-il. Et ces derniers
jours il y a eu un changement radical qui, si je prends en compte notre petite
conversation, t’as complètement échappé. Et qui n’a probablement échappé qu’à
toi.
- Huh ? répéta Yuuri. De quoi tu parles ?
Les doigts de Gwendal commencèrent à s’agiter et Yuuri sut
qu’il venait d’atteindre le fin fond de l’idiotie, sans même savoir comment.
- Réfléchis-y, dit Gwendal d’un ton qui se maîtrisait de
justesse. Et quand tu auras trouvé la réponse, nous reprendrons cette
discussion.
Sachant qu’il venait de se faire remercier, dans le sens
« débarrasse le plancher » du terme, Yuuri sauta de sa chaise et
sortit de la pièce après un dernier coup d’œil hésitant en arrière. Gwendal se
frottait les tempes en marmonnant.
Yuuri referma doucement la porte. Décidément, ces derniers
temps… De quoi Gwendal avait voulu parler ?
« Rhaaaaa ! »
Il s’ébouriffa les cheveux des deux mains et secoua la tête
à en avoir le tournis. Rien n’allait. Il n’arrivait pas à se sortir de la tête
Wolfram, et Ken, et ce qu’il s’était passé le jour de son couronnement… Et tant
qu’il n’aurait pas réglé ça, il n’arriverait pas à se concentrer sur le
problème que venait de lui poser Gwendal. Il était largement temps qu’il les
prenne entre quatre yeux. Enfin, six. Ou quelque chose comme ça.
¤¤¤
- Wolfram ! Wolf, attends ! Il faut qu’on
parle ! Wolfram !
Le blond s’arrêta enfin et se retourna, bras croisés, le
regardant d’un air peu avenant.
- Quoi, encore ?
- Comment ça, quoi encore ? protesta Yuuri. Ça fait des
mois qu’on n’a pas eu de conversation qu’on peut appeler conversation et depuis
le couronnement tu m’as pas adressé un mot !
- Si c’est pour t’entendre débiter des idioties…
- Wolfram…
Au ton de voix, le blond se tut, le regard presque indigné.
Yuuri soupira. C’était ce que Ken appelait sa voix « royale », et ça
marchait toujours sur Wolfram. Il fallait toujours que Yuuri montre à quel point
il était sérieux pour que son fiancé le prenne en compte un minimum.
C’était un peu agaçant, quelque part…
- On va pas discuter au milieu du couloir, déclara Yuuri en
s’emparant de son poignet. Allez vi…
Il se figea, avala sa salive et se tourna de nouveau vers
Wolfram. Le blond venait d’arracher son poignet à la prise de Yuuri et le
tenait contre lui, tête baissée.
- Je peux marcher tout seul, dit-il d’une voix peu assurée
qui ne lui ressemblait pas. Ne me touche pas.
- Wolf…
Yuuri regarda son fiancé, une boule dans la gorge, puis prit
une petite inspiration. Ils avaient besoin de discuter, et ensuite il
faudrait qu’il parle à Ken aussi… Ils avaient tous les trois beaucoup de choses
à se dire.
- Tu vois ça ? Ta réaction ? Je la comprends pas,
Wolfram, dit-il. Et ça me fait mal. Du jour au lendemain, tu t’es mis à me
détester, et je sais pas pourquoi. Si j’ai fait quelque chose qui t’as déplu,
dis-le moi… Je veux pas qu’on reste fâchés. Parce que ça n’en a peut-être pas
l’air en ce moment mais tu es mon ami, Wolf, et je tiens à toi !
- Menteur, souffla Wolfram.
- Quoi ?
- Tu n’es qu’un menteur, répéta-t-il plus fort.
- Je te mens
pas ! Wolfram, qu’est-ce que tu...
- Tu n’as pas besoin de faire semblant, continua le blond
sans prendre en compte son interruption. Je sais que tu ne veux pas de
moi !
- … hein ? Wolf, je te suis pas du tout, là…
- Tu as dit que tu voulais que je sois fiancé à Shouri et
envoyé sur Terre ! cracha Wolfram, l’air de le défier de prétendre le
contraire.
Yuuri écarquilla les yeux.
- J’ai dit quoi ?
Wolfram n’avait apparemment pas l’intention de répéter, mais
Yuuri n’en avait pas vraiment besoin, après tout. C’était juste qu’il ne
se souvenait pas d’avoir dit une chose pareille… Mais Wolfram avait l’air de
s’en souvenir, lui !
- Quand est-ce que j’ai dit ça ?
- Il y a trois ans, répondit de mauvaise grâce Wolfram. Tu
l’as dit à Gunther ! J’ai entendu !
Yuuri chercha désespérément dans ses souvenirs, sans succès.
- Je me rappelle pas !
- Tu l’as dit !
- Mais ça devait pas être important ! Enfin je veux
dire, se reprit Yuuri à l’expression du visage de Wolfram, je devais être
énervé ou quelque chose comme ça, je le pensais pas ! J’ai jamais souhaité
que tu partes sur Terre, et encore moins que tu sois fiancé à mon frère ! Je
souhaiterais pas Shouri à mon pire ennemi !
- Mais tu l’as dit, murmura Wolfram d’un ton fragile. Et
pourquoi ce ne serait pas vrai ?
- Wolfram !
- Tu as toujours été contre nos fiançailles ! Tu
n’arrêtais pas de dire que tu n’en voulais pas ! Qu’est-ce que tu voulais
que je crois ? Qu’est-ce que tu veux que je crois ? Tu n’as
jamais voulu de moi !
Souffle et voix coupés, Yuuri, le sentiment d’être passé
dans la quatrième dimension, dévisageait Wolfram. Que…
- Est-ce que c’est si désagréable d’être fiancé à moi ?
continua Wolfram. Qu’est-ce qui te repousse, chez moi ?
- Wo… Wolf, réussit enfin à dire Yuuri, qu’est-ce que tu
racontes ?
Wolfram voulait leurs fiançailles ?
- Tu… veux de ces fiançailles ?
- Pourquoi je n’en voudrais pas ? rétorqua Wolfram, du
défi dans les yeux. Pourquoi je ne voudrais pas être fiancé à toi ?
- Mais pourquoi tu voudrais être fiancé à moi ?
hallucina Yuuri. Il n’y a pas quelqu’un à qui tu préfèrerais… ?
- Alors c’est ça ? Il y a quelqu’un d’autre ? Tu
peux me le dire !
- Mais non ! Il n’y a personne d’autre !
- Alors pourquoi ? cria presque Wolfram. Je ne te plais
pas ?
Cette conversation est complètement surréelle, pensa
Yuuri.
- Wolfram, il n’est pas question de ça ! Ecoute, je,
je… On s’est retrouvés fiancés alors que je ne savais même pas vraiment ce que
ça voulait dire, et… mais ça ne t’a pas énervé qu’on t’oblige à te fiancer sans
te demander ton avis ?
- On aurait pu me marier à un vieillard croulant ! Moi
je… moi j’étais heureux que ce soit toi !
Yuuri avait l’impression très distincte qu’il y avait un
malentendu de la taille de la tour de Tokyo entre Wolfram et lui, et l’horrible
soupçon que Wolfram en avait énormément souffert à cause de lui, et soudain
terrifié de tout ce que ça impliquait, il demanda en désespoir de cause :
- Mais Wolfram, est-ce que tu réalises ce que ça veut dire,
être mariés ?
Le blond prit l’air blessé.
- Oui, et alors ? Je te dégoûte à ce point ?
C’est Wolfram Von Bielefeld qui demande ça ? hallucina
de nouveau Yuuri. Est-ce qu’il se regarde dans le miroir, de temps en
temps ?
- Wolfram, tu es absolument magnifique, dit-il avec
conviction et l’envie un peu déconcertante de poser une main sur sa joue. Je ne
crois pas que tu puisses dégoûter quiconque, à moins d’être complètement aveugle.
C’est juste que… tu es mon ami et… il m’est jamais venu à l’esprit de penser à
toi autrement !
- Je ne te plais pas, traduisit Wolfram en se repliant sur
lui-même presque visiblement. Tu peux le dire clairement.
- Wolf, je…
- Je ne te plais pas. Je ne plaisais pas à Ken non plus.
C’est parce que je ne suis pas de votre monde ?
Ken… ?
- Ken ? répéta Yuuri.
Wolfram leva les yeux, l’air soudain coupable, mais se
réfugia presque aussitôt dans son orgueil blessé.
- Je suppose que tu dois le savoir, dit-il. J’ai eu des
relations sexuelles avec Ken.
- Tu as quoi ?
La voix de Ken qui disait, je peux pas croire que c’est à
cause de toi que je dois renoncer à Wolfram…
- Tu as parfaitement entendu !
- Vous êtes amoureux ?
Yuuri n’était pas tout à fait sûr de savoir ce qu’il
ressentait, mais ce n’était pas particulièrement agréable.
- Ne sois pas ridicule ! fit Wolfram. J’avais juste…
juste… et Ken croyait que je voulais partir ! Alors voilà. Mais c’est
terminé !
- Partir ? répéta Yuuri.
- Oui, parce que… parce que tu ne veux pas de moi. Le Roi
Originel lui a probablement dit de faire ça pour que je ne m’enfuis pas. Comme
si je… Yuuri ?
Yuuri vit rouge, et si l’expression du visage de Wolfram
était d’aucune indication, ça devait se voir. Yuuri ne croyait pas avoir
ressenti une telle fureur avant, une fureur glacée, déterminée, et qui avait
une cause toute trouvée.
- Yuuri !
Il allait tuer Ken.
(suivre)
Oléééééé.
fanfic : kyou kara maoh,
réalité alternative