scribouilli, scribouilla...

Aug 09, 2005 19:36



Un jour il allait demander à changer de chambre. Ou au moins à se faire offrir des rideaux plus épais…

Ken enfouit le visage dans son oreiller pour échapper à la lumière du soleil. Il se disait ça tous les matins, et il se l’était dit tous les matins également lors de son incarnation de Grand Sage précédente, et n’avait jamais rien fait… Mais quelle idée, franchement, de faire une chambre  plein Est comme ça !

Avec un soupir il tourna la tête de l’autre côté et eut un petit sourire.

Je suis encerclé de soleils…

Wolfram dormait paisiblement et Ken constata avec satisfaction que les draps n’étaient pas plus dérangés que lorsqu’il s’était endormi. Il avait fallu un peu de temps au Grand Sage pour découvrir la raison du sommeil agité du blond, mais après quelques nuits à observer et empiéter discrètement la surface de son esprit, il avait fini par comprendre.

S’il avait été une fille, Wolfram Von Bielefeld aurait été prêtresse. Le blond était dévoré par les rêves prémonitoires, mais dans un sommeil trop profond pour qu’il s’en souvienne en se réveillant. Ken avait rapidement trouvé la solution pour les combattre, il suffisait d’épuiser Wolfram avant qu’il s’endorme - ce qui était toujours un plaisir - ou de tout simplement le prendre dans ses bras, essayer de le détendre, autant physiquement que mentalement pour que les rêves passent sans le déranger. C’était dommage qu’on n’ait pas découvert cette capacité plus tôt, ç’aurait été bien utile, mais maintenant Wolfram était trop âgé pour que ses rêves ne soient rien d’autre que fatigants.

Ce serait la dernière bonne nuit que Wolfram passerait avant longtemps.

Ken souffla sur une mèche blonde et Wolfram fronça le nez légèrement.

Ils n’en avaient pas parlé, bien sûr, parce que ce serait devoir parler d’aujourd’hui aussi, et de ce qu’il s’était passé entre eux avant, mais Ken le savait aussi sûrement qu’il connaissait Wolfram. Pour tout avouer il avait été même surpris de le voir le rejoindre la nuit dernière, même si secrètement il avait espéré que ce soit le cas…

Mais lorsque le soleil serait à son zénith, Yuuri Shibuya, 16 ans aujourd’hui, serait intronisé maou de Shin Makoku, et se fiancerait à Wolfram Von Bielefeld, tel que le Roi Originel l’avait ordonné des années plus tôt

Et Ken Murata, Grand Sage et maître de cérémonie, perdrait son amant clandestin de ses propres mots.

Shakespeare en aurait fait une pièce de théâtre, pensa Ken, mais il n’avait curieusement pas envie de rire.

Il se demanda ce que son Roi ferait s’il apprenait que la réincarnation de son ex-Grand Sage entretenait une relation illicite avec le fiancé du futur maou. Ken faisait des pieds et des mains pour qu’il ne le sache pas, par précaution, même s’il était certain de pouvoir protéger Wolfram le cas échéant, et de se protéger lui-même. Le Roi Originel ne lui faisait pas peur. Mais si ce dernier le savait, alors d’autres l’apprendraient tôt ou tard… Ulrike, Gwendal, Conrad. Yuuri.

Ça pouvait arriver de toute façon n’importe quand, Wolfram n’étant pas enclin à mentir. Si Yuuri lui posait la question, le blond lui répondrait franchement. Dieux merci, Yuuri ne le ferait probablement jamais, il faudrait pour cela qu’il remarque quelque chose d’abord. Ils ne risquaient rien de ce côté-là.

C’était plus dangereux quant aux frères aînés de Wolfram. Le retentissant « ce ne sont pas vos affaires ! » de leur cadet serait l’équivalent d’un aveu et, Grand Sage ou pas, Ken se retrouverait cloué par des aiguilles à tricoter aux portes du château et pelé vif. Avec une cuillère en bois.

On pourrait s’enfuir. Ce serait romantique, tiens. Yuuri nous donnerait sa bénédiction avec un discours plein d’adjectifs fleuris sur l’Amour Vrai et Wolfram se laisserait dépérir de chagrin tout en refusant de l’admettre.

Ken eut un sourire d’autodérision et Wolfram soupira dans son sommeil, comme pour condamner ses pensées, avant de se tourner vers lui. Ken le regarda sans le toucher, pris un instant par surprise face à la beauté de son compagnon.

On ne s’y habitue pas, pensa-t-il avec un sourire mélancolique.

Wolfram était magnifique, et c’était à chaque fois comme une découverte. Un geste, un regard, et soudain la beauté du blond devenait aveuglante, sans raison. Et si vous le lui faisiez remarquer, il vous regardait comme si vous veniez d’annoncer que le ciel était bleu, et haussait les épaules.

Qu’est-ce qui faisait que Yuuri ne s’en rendait pas compte ? s’émerveilla Ken. Comment est-ce qu’on pouvait ne pas vouloir toucher, posséder quelqu’un comme Wolfram ?

Et lorsqu’on voyait au-delà de cette beauté qui agissait comme un bouclier, comment est-ce qu’on pouvait ne pas l’aimer ?

Doucement, Ken, pensa-t-il en s’interdisant d’aller plus loin.

Ce ne serait bon ni pour lui, ni pour Wolfram.

Wolfram avait l’air de penser que Ken le désirait parce qu’il ressemblait au Roi Originel. Ken ricana intérieurement. Même s’il n’avait pas eu l’occasion d’aimer bien d’autres personnes dans ses autres vies, son Roi et lui n’avaient pas eu ce genre de relation. Amitié avec bénéfices, peut-être. Mais ils ne s’étaient pas aimés, certainement pas au point que Ken puisse chercher son image chez un autre…

Wolfram n’était que lui-même.

Un frémissement des paupières et Wolfram ouvrit lentement les yeux, fronça le nez et se cacha le visage dans l’oreiller. Ken posa une main sur sa nuque pour la caresser et Wolfram arqua très légèrement le dos, comme un grand chat paresseux. Ken savait que le blond pouvait se rendormir très facilement, et qu’il pouvait tout aussi facilement le convaincre de faire une dernière fois l’amour, mais ils s’étaient déjà dit adieu.

- La matinée a déjà bien commencé, dit-il à regret. Ta mère va te chercher.

Avec un pincement au cœur, il sentit tous les muscles se tendre de nouveau, et le Wolfram vulnérable des premières minutes de réveil laisser la place au prince orgueilleux, au soldat toujours sur la défensive.

Wolfram resta immobile un instant avant de s’écarter de Ken et de se lever, lui tournant le dos. Ken eut l’envie soudaine de l’attirer de nouveau au lit et de ne plus le laisser en sortir, mais il l’avait déjà dit : ce ne serait bon ni pour lui, ni pour Wolfram.

- On a de la chance, il fait beau ! lança-t-il en se levant à son tour.

Il parla sans réfléchir de choses pas importantes, d’un ton léger, pendant que Wolfram s’habillait en silence. Et lorsqu’enfin le blond fut prêt, Ken lui fit un petit sourire insouciant, il fallait garder l’illusion jusqu’au bout :

- Je te revois tout à l’heure ?

Quelque chose passa dans le regard de Wolfram, quelque chose qui figea Ken, mais qu’il fut incapable d’interpréter, puis le prince se retourna pour ouvrir la porte.

- C’est ça. Essaie de ne pas être en retard ! déclara-t-il du ton de voix qu’il n’utilisait qu'avec Yuuri et Conrad.

Ken le regarda sortir de sa chambre pour la dernière fois avec un sentiment d’échec cuisant qu’il ne s’expliquait pas. Il soupira, s’ébouriffa les cheveux et regarda par la fenêtre.

L’oiseau de mauvais augure passa devant lui en lançant son cri et Ken grimaça.

La journée commençait bien…

(à suivre ?)

Vu que je l'ai fini en cata pour pouvoir le mettre en ligne avant d'aller bosser comme promis, j'ai pas eu le temps de vraiment relire, et  pi d'façon chuis loin d'être satisfaite.
Et me regardez pas comme ça. Le MuraWolf, c'est mon pairing fantasme. d'abord.

fanfic : kyou kara maoh, réalité alternative

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