En équilibre
Scribouilleuse : Shakes Kinder Pinguy
Genre : Gen, avec un peu de shounen-ai (pré-Roy/Ed)
Rating : PG parce qu'Ed parle très mal.
Disclaimer : FMA m'appartient pas.
Note : Ça va avec
Nuit Tardive, et ça se passe
trois ans avant, donc environ un an avant que Roy et Ed se mettent ensemble.
^_^
Note 2 : Fullmetal Alchemist, comme Gundam Wing, est un
fandom dans lequel le nombre 25 me flanque de l'urticaire. Par conséquent, vous
constaterez qu'il a miraculeusement disparu.
¤¤¤
La soirée
avait commencé depuis deux heures déjà et certains invités commençaient
clairement à fatiguer au niveau des muscles faciaux. Roy Mustang ne faisait pas
partie de ceux-là, ayant maîtrisé depuis longtemps l'art de dissimuler. Son
sourire n'avait pas failli une seule fois, son regard vif n'aurait trahi pour
rien au monde l'ennui profond qu'il ressentait. Tout était une question de
savoir quand boire une gorgée de champagne ou apercevoir une vieille connaissance.
Tous se seraient accordés pour dire que le favori des élections présidentielles
était l'homme le plus charmant qu'ils aient jamais rencontré, si prévenant, si attentif.
La soirée n'avait pas été perdue, Roy avait gagné quelques voix de plus parmi les
jeunes filles rougissantes qui lui avaient été présentées et leurs mères non
moins rougissantes. Et dire que sa très efficace directrice de campagne se
contenterait de le regarder avec l'air de dire qu'il en faisait trop. Roy but
une gorgée du champagne hors de prix qu'on lui avait versé et s'attendrit un
instant sur son propre sort ; Hawkeye ne reconnaissait pas ses efforts, et en
plus il avait horreur du champagne.
− Quelle soirée délicieuse, Monsieur le Député ! s'exclama
Madame de Galea, dont l'attrait principal était l'influence qu'elle possédait
sur la bourse de son mari. Le Major Carsen s'est vraiment surpassé, encore une
fois. Bien sûr votre présence y apporte beaucoup !
− Vous me flattez, Madame, répondit Roy dans un murmure.
− Allons, allons, ne soyez pas aussi modeste,
sourit-t-elle avec l'indulgence des vieilles gens pour leurs cadets. Ces
derniers temps, nul ne serait certain de réussir une soirée si vous n'y êtes
pas.
− Ce n'est pas étonnant, plaisanta Samuel Bay,
ex-alchimiste national. Mustang a toujours été connu pour être suivi de toutes
les femmes dignes d'intérêt ! La preuve en est de votre présence à mes côtés,
Madame… ajouta-t-il galamment.
Roy décida qu'il était temps de se concentrer sur sa coupe
de champagne et laissa la discussion filer sans lui, tout en intervenant de
temps en temps pour donner l'impression qu'il y participait. Tout était une
question de timing.
Alors que Roy pensait à s'éclipser un instant, on lui tapa
sur l'épaule.
− Mustang, désolé de vous interrompre au milieu de votre
campagne, mais j'aurais besoin de vous un instant…
Le Major Carsen, hôte de la soirée, avait un sourire assez
caractéristique et Roy s'ennuyait assez pour être curieux de savoir ce qu'il
voulait. Il s'excusa auprès des autres invités et suivit l'homme à travers la
salle. Il lui fallut peu de temps pour découvrir qu'ils se dirigeaient vers la
haute silhouette du célèbre général Alex Louis Armstrong et ses paillettes.
Carsen avait intérêt à avoir une bonne raison.
Roy en eut bientôt la confirmation. Quelqu'un parlait avec
Armstrong. La taille petite mais parfaitement proportionnée, les cheveux blonds
retenus par un simple élastique et la posture assurée… Roy avait beau ne pas
l'avoir croisé depuis plus de quatre ans, il n'avait pas besoin de voir son
visage pour le reconnaître. L'ancien militaire se sentit sourire en
anticipation.
− Mustang, je crois que vous connaissez Edward Elric ?
Edward se retourna et le sourire de Roy se figea avant
d'atteindre ses lèvres.
− Monsieur le Député et moi avons déjà eu l'occasion de
nous croiser, assura la créature divine avec la voix moqueuse de son ancien
subordonné.
− Edward, quel plaisir de te revoir, fit Roy avec un
automatisme qui l'impressionna lui-même. Tu n'as absolument pas changé.
Les yeux d'or se plissèrent immédiatement, reconnaissant
le subtil double sens qui n'existait que pour lui. Mais là où l'Edward dont se
souvenait Roy aurait explosé sur le champ, celui-ci rétorqua sans hésiter :
− Vous si. Ce ne serait pas quelques rides que je vois sur
vos tempes ?
− Sagesse et maturité ont parfois besoin de s'exprimer,
Edward. Rassure-toi, je ne pense pas que tu connaîtras ce tourment.
Carsen ne dut la sauvegarde de sa maison qu'à
l'intervention immédiate du général Armstrong dont le scintillement empêcha
Edward de taper des mains.
− Ah ! L'émotion des retrouvailles ! lança-t-il avec des
larmes dans les yeux avant de se lancer dans un discours qui eut le mérite de
maintenir Edward occupé et de laisser à Roy le temps de reprendre un contrôle
total de lui-même.
Ce n'était pas son genre d'être pris ainsi par surprise.
Il fit semblant de boire une gorgée de champagne, observant Edward du coin de
l'œil et sentant son sourire revenir.
L'adolescent de ses souvenirs était enfin devenu un homme.
Roy était impatient de découvrir à quel point.
***
Il avait été difficile d'échapper à ses
"admirateurs", mais Roy avait fait des efforts. Edward n'arrêtait pas
de lui jeter des petits coups d'oeils impatients, et quand le jeune homme était
discrètement sorti, Roy avait jugé que c'était le moment d'en profiter.
Il le retrouva dans le jardin, isolé des autres personnes
qui prenaient l'air.
− Déjà étouffé ? demanda Roy avec un sourire en coin.
− Je ne comprendrai jamais comment vous pouvez participer
à ce genre de soirée volontairement !
− C'est le principe de l'équivalence, Edward, je leur
souris, ils votent pour moi.
Le jeune homme émit un bruit moqueur mais garda le silence
et Roy alla s'installer confortablement contre le mur de la maison avant de
reprendre la parole.
− Et toi, que fais-tu ici ? Ta dernière lettre ne parlait
pas de venir à Central.
Edward haussa les épaules et croisa les bras.
− Parce que je pensais pas venir à ce moment-là. Hughes et
Gracia m'ont invité.
Roy nota que Maes n'avait pas jugé bon de le prévenir.
− J'en conclus qu'Alphonse n'est pas là.
Edward secoua négativement la tête, l'expression de son
visage complètement neutre, mais Roy savait qu'il n'avait pas imaginé la légère
tension de sa mâchoire.
− Et comment va-t-il ? demanda-t-il.
− Bien, il va très bien.
La réponse était légèrement sur la défensive et la tension
avait augmenté. Alphonse devait effectivement aller bien, Edward ne l'aurait
jamais laissé s'il en avait été autrement. Mais ça n'expliquait pas la présence
d'Edward, seul. Les frères se seraient-ils disputés au point que l'aîné éprouve
le besoin de venir ici ?
Ça paraissait moins que probable. Il devait y avoir autre
chose.
− En fait, je suis venu pour vous voir, déclara le jeune
homme un peu rapidement. Hughes m'a dit que vous seriez ici, et Armstrong m'a
fait entrer…
− Je te manque tant que ça ? ronronna Roy.
− Dans vos rêves ! rétorqua Edward, mais il y avait une
pointe de suspicion dans sa voix.
Apparemment il n'avait toujours pas l'habitude qu'on
flirte avec lui.
− Je ne sais pas, Edward, c'était si urgent que tu ne
pouvais pas attendre demain ? Je suis flatté que tu t'astreignes à ce genre de
mondanité juste pour me voir.
Edward était complètement sur la défensive, maintenant.
− J'étais pas sûr de vous voir sinon ! rétorqua-t-il. Vous
devez être occupé, avec l'élection et tout, quoique je suis sûr que vous faites
rien du tout à part sourire d'un air stupide et que c'est Hawkeye qui s'occupe
de tout !
Roy le laissa s'exciter tout seul, s'émerveillant une fois
de plus devant la contradiction vivante qu'était Edward Elric. Le jeune homme
avait un ego proportionnellement inverse à sa taille, mais celui-ci ne
s'appliquait pas à ses relations humaines. L'alchimiste d'acier se jugeait
capable de battre l'alchimiste du feu au combat, mais Edward Elric ne pouvait
imaginer que Roy Mustang lui ferait volontairement une place dans son emploi du
temps.
− J'ai toujours du temps pour toi, Edward.
Le regard suspicieux cherchait où était le piège et Roy
soupira intérieurement. Peut-être qu'il valait mieux arrêter pour le moment et
passer aux choses sérieuses.
− Alors, pourquoi ce désir si soudain de me voir ? Ça fait
quatre ans de lettres sporadiques.
Le jeune homme garda le silence un instant. Ça devait être
bien plus important que Roy le pensait. Edward n'était pas le genre de personne
à tourner autour du pot.
Du moins l'Edward dont il se souvenait.
− J'ai une faveur à vous demander, admit le jeune alchimiste
à contrecoeur.
Roy hocha la tête, sachant ce que ça devait lui coûter.
− Je t'écoute.
− Hawkeye m'a dit que j'aurais toujours une place à
Central si je revenais.
Roy étudia avec attention le visage d'Edward. Il avait
effectivement demandé à Hawkeye de laisser la porte ouverte au jeune alchimiste
mais il n'aurait jamais pensé qu'Edward viendrait y frapper. C'était décidément
plus important que prévu.
Que s'était-il passé à Rizenburg ?
− Allons discuter ailleurs.
− Pourquoi ?
− Ça m'a l'air d'être important, je me trompe ?
− C'est pas si urgent que ça. Vous pouvez me dire quand
vous avez le temps…
− J'ai le temps maintenant et je cherche désespérément une
raison de quitter cette soirée. Tu me serviras bien d'alibi ?
Edward eut un sourire en coin et une lueur moqueuse dans
le regard.
− Vous êtes sûr ? Pensez à votre réputation…
Roy haussa un sourcil et attendit la chute.
− Tout le monde sait que Monsieur le Député ne quitte
jamais une soirée sans une jeune beauté à ses côtés ! railla Edward.
A sa grande surprise, Roy éclata de rire. Puis il secoua
la tête et fit signe à son ancien subordonné de le suivre.
− Ne t'inquiète surtout pas pour ma réputation, Edward,
répondit-il avec beaucoup d'amusement.
Edward était doué lorsqu'il s'agissait de mettre à jour
les codes alchimiques, et par conséquent tout autre langage secret. C'était
l'une des raisons pour laquelle Roy avait toujours pris beaucoup de plaisir à
placer des sous-entendus dans toutes ses phrases, Edward finissait
immanquablement par comprendre exactement ce qu'il voulait dire.
Cette fois encore, il ne fut pas déçu. Il devina le temps
de silence pendant lequel le jeune alchimiste mettait toutes ses dernières
allusions en parallèle, le choc lorsqu'il décoda sa phrase, l'étranglement
outragé qui en découla et la réaction classique :
− J'ai changé d'avis ! Vous pouvez rentrer tout seul, j'ai
pas besoin de vous, finalement !
Roy secoua la tête, faussement affligé.
− Moi qui espérais que tu avais un peu grandi…
− Qui c'est qu'est si petit qu'il disparaîtrait dans une
botte de foin plus facilement qu'une aiguille miniature ??!!
Roy continua d'avancer sans répondre et Edward courut le
rejoindre.
− Mustang ! Espèce de flambeur, qu'est-ce que vous avez
voulu dire ? Mustang !
Roy dut s'arrêter pour saluer quelques personnes, parmi
les plus importantes. Les regards étaient fixés sur Edward et lui ; mis mal à
l'aise par cette attention soudaine contre laquelle il ne pouvait rien, le
jeune alchimiste s'était inconsciemment rapproché de Roy, posture typique d'un
combattant qui sait qu'on est plus fort à plusieurs, et l'ancien militaire joua
le jeu avec un plaisir un peu pervers.
Il savait qu'aux yeux des invités, Edward et lui formaient
un couple magnifique, dans un genre tellement cliché que ça ne pouvait
qu'échauffer les esprits. La blondeur et les iris dorés d'Edward contre les
cheveux et les yeux noirs de Roy attiraient l'attention, mais ce qui ferait le
plus parler serait "l'adorable timidité" de "la jeune
beauté" qui l'accompagnait, et sa propre attitude protectrice envers le
jeune homme.
Roy se ferait un délice d'écouter les rumeurs à leur sujet
dans les jours et semaines à venir. Non, Edward n'avait vraiment pas à
s'inquiéter pour sa réputation.
… et Hawkeye allait le fusiller.
Il fut un temps où Roy aurait tout fait pour éviter que
les frères Elric attirent l'attention à ce point. Aujourd'hui, le danger qu'on
découvre la vérité à leur propos n'existait plus. Les preuves tangibles avaient
toutes été détruites, leurs ennemis avaient disparu pour de bon et ceux qui
connaissaient la vérité étaient tous plus que de confiance.
Ils avaient mérité d'être enfin en paix.
Armstrong insista pour les raccompagner mais Roy réussit à
convaincre le géant que ce n'était pas nécessaire. Ils quittèrent la salle sous
les murmures et suivirent un valet jusqu'à la voiture de Roy. Le chauffeur leur
ouvrit la porte.
− Pas d'escorte ? nota le jeune homme en montant. Vous
avez pas peur de vous faire attaquer ?
Roy se contenta de sourire et Edward leva les yeux au
ciel.
− Vous êtes trop sûr de vous. Comptez pas sur moi pour
vous ressusciter.
− Tu me brises le cœur, Edward.
Le blond refusa de répondre.
***
Edward entra chez Roy avec précaution, presque méfiance.
Ce dernier suivit sa progression avec amusement. Il avait changé beaucoup de
règles du jeu entre eux en une seule soirée, c'était normal qu'Edward se sente
déstabilisé.
Mais le jeune homme avait désormais vingt et un ans, plus
quinze, et il n'était plus son subordonné.
− Installe-toi, dit Roy. Tu veux quelque chose à boire ?
Edward se figea comme si Roy venait de lui poser une
question cruciale. Que Roy se comporte comme s'il était son égal avait vraiment
l'air de le perturber.
C'était très divertissant.
− Juste un verre d'eau, répondit le jeune alchimiste avant
d'ajouter d'un ton menaçant : Et arrêtez de vous moquer de moi !
− Ce que tu peux être méfiant…
− Je vous entends rire d'ici. Je vous connais !
Roy sourit et entra dans la cuisine. Les gens qui
pouvaient prétendre le connaître un peu se comptaient sur les doigts de la
main. Il supposait qu'Edward avait gagné le droit d'en faire partie.
Lorsqu'il revint dans le salon, le jeune homme était assis
sur le rebord du canapé comme si ce dernier pouvait l'avaler. Il avait eu
beaucoup moins de respect pour celui de son ancien bureau…
− C'est la première fois que je viens chez vous, dit
Edward en prenant le verre d'eau que Roy lui tendait.
− Qu'est-ce que tu en penses ?
− Il y a beaucoup de livres.
Roy eut un sourire intérieur. Il avait vu le regard affamé
qu'Edward avait lancé à sa bibliothèque. Encore une chose qui n'avait pas
changé.
− Il y en a quelques uns qui pourraient te plaire.
Comprenant immédiatement l'allusion de Roy à des éditions
interdites et disparues depuis des siècles, Edward semblait tiraillé entre son
orgueil et sa passion. Roy le prit en pitié.
− Tu pourras venir jeter un coup d'œil quand tu auras le
temps.
C'était la première fois qu'Edward le regardait avec une
telle gratitude et pourtant Roy avait bien plus fait pour lui et pour son frère
autrefois qu'offrir quelques livres. Il secoua la tête intérieurement, amusé,
puis reprit son sérieux.
− Je t'écoute.
Edward se renfrogna. Un instant, Roy crut qu'il allait
changer d'avis et repartir comme il était venu, mais soudain, de cette manière
brutale et directe qui le caractérisait, il demanda :
− Mustang, est-ce que je suis dangereux ?
¤¤¤
On lui avait dit un jour qu'on entendait jamais rien
d'agréable sur son compte lorsqu'on écoutait aux portes. Edward n'avait pas eu
l'intention d'espionner la conversation, il était passé et il avait entendu son
maître prononcer son nom, et Pinako répondre. C'était tout.
− … Ed ?
− Il va bien. Avoir retrouvé son frère a été vraiment
bénéfique pour lui.
Edward n'avait pas compris pourquoi elles parlaient de
lui. Parce que ce n'était pas lui qui avait le plus souffert, c'était Alphonse.
C'était d'Alphonse dont elles devaient s'inquiéter.
− J'aurais cru que ce sale gosse nous donnerait plus de
soucis que ça ! avait lancé Izumi d'un ton affectueux.
− Comme j'ai dit, la présence d'Alphonse y est pour
beaucoup…
Pause.
− Ed s'est beaucoup occupé d'Al quand il a retrouvé son
corps. Il n'a pas vraiment eu le temps de s'arrêter et réfléchir pour le
moment. Et maintenant Al s'accroche à son frère…. Mais il arrivera un temps où
il commencera à vouloir vivre sa vie, c'est à ce moment-là qu'il faudra
surveiller Ed de près.
− Je doute qu'Al laisse son frère.
− Il y a aussi cette possibilité. Avec Al, rien n'est sûr,
c'est un Elric après tout ! Soit il décidera brutalement de partir, soit il
restera collé à son frère toute sa vie. Je crains l'un comme l'autre… On ne
peut pas demander à Alphonse de sacrifier sa vie à être le garde-fou de son
frère, mais qu'Ed se retrouve soudain livré à lui-même…
− Que reste-t-il à faire pour un alchimiste lorsqu'il a
créé la Pierre Philosophale ? avait dit pensivement Izumi. Ed a besoin de
challenge, d'aller toujours plus loin. De se plonger corps et âme dans quelque
chose. Livré à lui-même, j'ai peur de ce qu'il pourrait devenir…
Edward n'était pas allé plus loin. L'esprit vide, il avait
fui cette conversation comme on fuit un cauchemar.
¤¤¤
− Pardon ? demanda Roy, scié.
− Est-ce que je suis dangereux ? répéta Edward avec
irritation.
Roy éclata de rire. Edward se renfrogna, croisa les bras
et le fusilla du regard.
− Vous avez fini, oui ? Je savais que j'aurais jamais dû
venir ici…
− Tu me demandes si tu es dangereux ? fit Roy entre
deux rires. Edward, tu es l'être vivant en liberté le plus dangereux qui existe
!
Le choc douloureux qui se peignit sur le visage du jeune
homme calma Roy immédiatement. La question était apparemment d'une grande
importance pour lui…
− Tu es l'alchimiste le plus doué de ta génération,
développa le brun. Tu connais tous les secrets de l'armée à l'époque de
Bradley. Tu as eu la pierre philosophale entre les mains, et tu l'as utilisée
avec succès. Bien sûr que tu es dangereux, Edward.
− Vous… est-ce que vous pensez que je peux devenir fou ?
Quelqu'un comme… Tucker ?
Roy regarda Edward avec beaucoup d'attention. Le jeune
homme était tendu, anxieux de sa réponse. Le brun se leva, décidant qu'il avait
besoin d'un café, et retourna dans la cuisine pour s'en préparer un. Edward ne
le suivit pas, et lorsque Roy revint, il n'avait pas bougé.
− Je ne sais pas exactement pourquoi tu me poses cette
question, mais je vais te répondre franchement, dit Roy.
− Alertez la presse, fit Edward un peu faiblement.
Roy s'autorisa un sourire avant de reprendre son sérieux.
− Nous sommes tous des fous dangereux, dit-il. Les
alchimistes. Certains savent le cacher mieux que d'autres, c'est tout.
Il but une gorgée de café, ferma un court instant les yeux
avant de regarder Edward.
− Nous avons tous besoin d'aller au bout de nos passions,
quelles qu'en soient les conséquences. Mais tu ne seras jamais quelqu'un comme
Tucker. Ce n'est pas ta folie à toi.
− Mais quand on atteint son but, insista Edward, qu'est-ce
qu'il reste ? Et si… et si je pétais les plombs ? Qu'est-ce que vous feriez,
Mustang ?
− J'irais à ton enterrement, répondit Roy.
− Hein ?
− J'irais à ton enterrement. Parce que le jour où tu
"pèteras les plombs", Edward, tu te tueras.
Et il faudra que je mette Alphonse sous surveillance
rapprochée parce qu'il tentera probablement de te ressusciter, et l'idée
d'avoir un Edward homoncule sur les bras ne me tente pas.
Edward le regarda avec stupéfaction et Roy se dit qu'il
pouvait exploser d'un moment à l'autre, mais le blond le surprit et sourit, avec
une certaine satisfaction.
− Ça m'arrache la bouche de le dire, mais vous avez
probablement raison, dit-il.
− Soulagé ?
Edward hocha la tête et Roy finit son café.
− Est-ce que ça veut dire que tu rentres à Rizenburg,
maintenant ?
− Non, répondit Edward à sa grande surprise. J'avais juste
besoin de savoir si j'étais un danger public. Votre réponse n'influence pas ma
décision.
− Et Alphonse ? demanda Roy, parce qu'il fallait bien
qu'il pose la question.
− C'est pour lui que je bouge, répondit Edward.
Ah.
La question était de savoir combien de temps il faudrait à
Alphonse pour débarquer et ramener son frère par la queue de cheval.
− Et puis faut que je rassure quelques personnes à propos
de ma capacité à m'occuper de moi-même, ajouta le blond avant de lui demander
d'un ton enjoué : Alors, vous avez un job pour moi ou pas ?
− J'ai quelque chose pour toi, oui, répondit Roy en
s'installant dans son fauteuil confortablement. Vois-tu, dans six semaines je
vais être élu président.
− Vous ne doutez de rien !
− Pas de ça en tout cas, répliqua Roy. Mais passons. Comme
tu le sais, les Alchimistes Nationaux ont été divisés en deux corps distincts,
celui de l'armée qui ne comporte plus que des combattants, et le civil, où se
trouvent les chercheurs. Je voudrais que tu redeviennes un Alchimiste National,
du côté civil, cette fois. Tu obtiendras une bourse de recherche, une place
dans les laboratoires nationaux. Ta seule contrainte, c'est que tu devras
donner des cours ou des conférences à l'Université d'Alchimie.
− Mouais. Encore en train de comploter, Mustang ? Ce
serait quoi, mon travail officieux ?
Roy sourit brièvement.
− Le Département Civil des Alchimistes Nationaux est
encore neuf, soumis à plusieurs influences. Il est très difficile de savoir ce
qu'il s'y passe. J'ai besoin d'un homme de confiance à l'intérieur. De
quelqu'un qui sait exactement ce qui pourrait résulter en… problèmes.
− Un espion à votre solde, quoi. Ma laisse vous a manqué ?
− C'est une faveur que je te demande, Edward. Tu n'as pas
besoin de moi pour entrer au DCAN, ils se mettraient à genoux pour avoir
l'Alchimiste d'Acier dans leurs rangs.
− Ça ne vous ressemble pas de vous mettre à ma merci comme
ça, fit Edward d'un ton soupçonneux.
− J'ai besoin d'un allié, pas d'un subordonné, répondit
Roy en le regardant droit dans les yeux.
Edward s'agita, de nouveau mal à l'aise.
− Va falloir que je m'y habitue, hein ? soupira-t-il.
− A quoi ?
− A ne plus chercher ce que vous me cachez. J'aurais
jamais cru que ce serait si perturbant d'être enfin un adulte à vos yeux.
Roy sourit de nouveau, très amusé.
− Nous avons un accord, alors.
− Ouais, ouais…
Puis Edward se leva.
− Je vais rentrer, dit-il. Je veux pas inquiéter Gracia.
− Ce serait impardonnable, acquiesça Roy avec sérieux, se
levant à son tour pour raccompagner Edward à la porte. Veux-tu que je te ramène
?
Le blond secoua la tête négativement.
− Vous dérangez pas. Je vais marcher un peu et prendre un
taxi, répondit-il.
Roy n'insista pas, gardant cela pour la prochaine fois.
− Passe à mon bureau demain en fin de matinée, nous
discuterons de tout cela plus en détails techniques. Hawkeye sera ravie de te
voir.
Edward acquiesça, et Roy commençait à réfléchir aux
différentes manières de le retenir pour le déjeuner lorsque, juste sur les
marches du perron, Edward se retourna soudain et dit :
− Merci.
Roy se figea un court instant puis sourit doucement :
− Je t'en prie.
Edward s'agita un peu et ajouta, sur la défensive :
− Vous y habituez pas, hein !
− Rassure-toi, ça ne risque pas. Je chérirai cet instant
jusqu'à la fin de mes jours.
− N'en rajoutez pas non plus, rétorqua Edward en
détournant la tête, et Roy aurait presque juré qu'il rougissait un peu.
Le blond descendit les marches.
− A demain, Edward, dit Roy en croisant les bras, appuyé
contre le chambranle de la porte d'entrée.
Le blond fit un geste de la main sans se retourner et Roy
le suivit des yeux grâce aux lueurs des réverbères jusqu'à ce qu'il
disparaisse. Comme toujours lorsque cela concernait Edward, Roy avait le
pressentiment qu'il allait au devant de problèmes incommensurables.
Ce qui ne l'avait d'ailleurs jamais arrêté.
Le futur redevient intéressant, pensa Roy en
refermant la porte derrière lui.
FIN.
Techniquement, En équilibre est le titre
de toute la fic (càd ça et sa suite y compris Nuit tardive) ou plutôt
du multi-shot, puisqu'il s'agit d'une série de one-shots. Comment ça,
je cherche juste à me débarrasser des transition ? :p Mais bon,
m'étonnerai que je les écrive tous...
Et maintenant... écrire mon nouveau bunny KKM ou m'applatir devant Quatre pour obtenir mon dessin ? mmmh...