Titre : Le voile du passé, un souvenir, un rêve…
Auteur :
snapinou Type : Fanfic
Défi : Le Sevy dont vous êtes le héros
Pairing : SS/LE
Rating : PG-13
Disclaimer : Pas à moi
Nombre de mots : 500
Note : Pour le pairing choisi, je tiens à préciser que Lily est bien morte et que l’action de ma fic se passe pendant l’âge adulte de Severus, et non pas à l’époque des Maraudeurs comme on pourrait le croire. Lily sera un souvenir. Je ne sais pas du tout ce que ça va donner, on verra suivant les propositions ^^
- Oh, c’est lui !
- Regardez ! Il est là !
- Oui, c’est bien lui !
- C’est Severus Snape…
Dans la rue, partout, des exclamations. Partout, des chuchotements. Partout, des regards. Regards de stupeur. Regards de dégoût. Regards de haine. Enveloppé dans sa cape noire, Severus eut envie de dire que oui, c’était lui ! Il eut envie de crier que oui il était là ! Il eut envie de hurler que oui, il était bien Severus Snape ! Severus Snape l’assassin de Dumbledore. Snape le Mangemort. Severus le meurtrier de centaines de personnes. Tout avait commencé par une personne. Une seule avait compté. Puis, ce fut terminé. Une seule. Lily Evans. Ses yeux verts. Sa bouche rose. Sa chevelure rousse flamboyante.
Les murmures s’amplifiaient et Severus ne put les supporter. Il déserta les rues du Chemin de Traverse pleines de curiosité malsaine et maladive pour rejoindre l’Impasse du Tisseur. Il n’avait plus la force de lutter. Plus la force de crier au monde sa douleur, son désespoir… sa culpabilité. Chaque seconde qui passait égrenait le temps et le rendait presque perceptible. Le temps le ceinturait, l’empêchant d’être en paix. Il sentait le temps qui passait, lentement, inexorablement, douloureusement… Et chaque seconde écoulée, perdue, disparue, rendait son âme encore plus noire et le meurtrissait de l’intérieur. Mais personne n’était là pour le sauver. La seule qui le pouvait avait disparu depuis longtemps. Depuis bien longtemps. Toujours sa faute. Éperdu et condamné.
En d’autres temps, il avait cru pouvoir s’en sortir. Mais désormais, il savait que plus rien n’était possible. La mort d’Albus ajouté à celle de Lily… C’était le pas de trop. Un faux pas. Encore et toujours. Comme s’il était destiné à ne commettre que des erreurs dans sa vie. La voix d’Albus lui revenait en tête et les mots se bousculaient dans sa tête, se cognant, s’entrechoquant, s’emmêlant… Il doutait de tout à présent. La seule chose dont il était sûr, c’était qu’Albus était mort. Par sa faute. Et aussi que Lily était morte. Par sa faute également. Cela était réel. Et cela seul comptait.
S’étant assis sur le fauteuil de son salon, il se leva lentement pour aller se servir un verre de whisky. Il but posément, laissant l’alcool rouler sur son palais et imprégner sa bouche avant de l’avaler. Se saisissant de la bouteille, il alla se rasseoir sur le fauteuil, d’un geste las. Il jeta un regard éteint sur ce qui restait de sa maison. Fauteuils élimés, table usée, armoires écrasées, peinture défraîchie, tout tombait en ruine. Comme son propre corps. La maison délabrée était à l’image de son propriétaire. Vide.
Severus se sentait vieux, alors qu’Albus avait plusieurs fois son âge en mourant. Il avait vécu trop de choses. Et son corps n’avait pu suivre. Il était trop tard pour le récupérer. Et de toute façon, qui serait là pour l’y aider ? Il avait tout perdu… L’alcool aidant, ses paupières se fermèrent d’elles-mêmes. Il fronça les sourcils et grogna en rouvrant péniblement les yeux.
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Nombre de mots : 500
L’ombre flottait devant ses yeux. Tantôt floue, tantôt nette, elle oscillait, comme si elle ne pouvait se décider de la direction à prendre et sa tête essayait en vain d’en suivre les mouvements fluides. Son attitude tranchait avec sa consistance et Severus ne savait nommer cet être aux contours indécis. Sans doute avait-il trop bu. Sans doute… Mais si cela lui permettait de flotter dans cet état cotonneux et de rentrer dans un autre monde… Alors il ne disait pas non. Tout valait mieux que la réalité, que cet amas de choses ridicules et épuisantes auxquelles il était confronté depuis trop longtemps. Son corps lâcha. Son esprit partit, accompagnant les restes de sa raison sur une route qu’il n’avait jamais empruntée. Peut-être l’avait-il vue mais qu’il n’avait jamais pris la peine de s’y risquer. Désormais plus le temps ni la force de faire demi-tour.
Lily lui souriait. Il l’avait rejointe sous l’arbre, leur arbre, celui qui leur appartenait. Il avait écouté tous leurs souvenirs et les avait fait siens, pour graver dans son écorce le moindre son prononcé par les deux amis. Et lorsque les deux enfants posaient leurs mains sur son tronc, il sentait leur chaleur plus incandescente que les rayons du soleil au zénith. Ils lui avaient transmis leur vigueur et il leur en était reconnaissant. Il pourrait mourir en paix… dans quelques années. Leur force avait suffit à rallonger sa durée de vie.
Lily lui souriait. Il était dans le Poudlard Express avec elle, et il eut soudain envie de lui tenir la main pour rester avec elle pour toujours. Il ne le fit pas. Sa peur d’être rejeté, même après ces mois auprès d’elle était palpable. L’atmosphère était détendue mais planait néanmoins un sentiment étrange. N’importe qui aurait pu le ressentir. Il suffisait d’y faire un peu attention. Il imprégnait les sièges, les valises, les habits, et tendaient les traits du jeune garçon. Mais lorsqu’elle lui saisit la main, tout disparut.
Lily lui souriait. On disait que le Château de Poudlard était vivant. Alors peut-être sentait-il le lien indestructible qui unissait les deux amis lorsqu’ils parcouraient les couloirs de l’école en riant, cahiers à la main, pour aller profiter du beau temps dehors. Une étrange relation. Amitié se mélangeant avec un sentiment plus fort. Peut-être un rien plus puissant chez le garçon. Ils avaient tout le temps devant eux. Et lorsque des lèvres se pressaient sur une joue devenue rouge, on ne pouvait présager que le meilleur…
- Lily.
Il ouvrit les yeux, qu’il ne se rappelait pas avoir fermés. Il fronça les sourcils et secoua la tête. Le mal lui vrillait le crâne et il se maudit d’avoir bu. Combien de verres avait-il ingérés ? Sa bouche était pâteuse et il s’humidifia lentement les lèvres, décidément trop sèches. Il se redressa sur les coudes avant de marquer un temps d’arrêt. Que faisait-il dans son lit ? Il ne se souvenait pas s’être traîné jusque-là. Son dernier souvenir de la soirée étant… une ombre qui lui souriait.
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Nombre de mots : 945
Chaque nuit, elle était là. Cette ombre. Ce souvenir. Ce rêve. Envahissant peu à peu son esprit, son corps, sa vie. Comme elle l’avait fait des années plus tôt. Elle avait pris possession de tout ce qu’il était. Et voilà qu’elle recommençait dans son sommeil chaque fois qu’il s’assoupissait. Et au réveil toujours ce sentiment d’avoir été trompé. Mais cette envie irrésistible de replonger dans les rêves pour y être avec elle. Une dépendance s’installait, balayant d’un revers de la main tout ce qu’il avait patiemment construit.
Lorsqu’il se mit à la voir flotter devant lui pendant le jour aussi, il fronça les sourcils. Il n’avait pas conscience de l’emprise qu’elle avait sur lui. Son attention était sans cesse détournée par elle et son esprit était constamment perdu avec elle. Il négligeait ses cours. Il le savait. Mais le pouvoir qu’elle avait sur lui était immense. Il prit peur. Ce sentiment noya le reste et pendant un instant, il put se demander ce qui lui arrivait. Mais il n’avait aucune réponse. Pour éviter de s’oublier, il prit des potions de Sommeil Sans Rêve.
Mais il continuait à la voir dans ses rêves. Comme si rien ne pouvait l’empêcher d’y apparaître et d’y régner en maître. Il se réveillait tous les jours avec son image flottant dans sa tête. Ses prunelles émeraude venant se frotter aux siennes dans un éternel regard inchangé. Mais Severus ne savait déchiffrer son expression où se mélangeaient tellement d’émotions. Et même s’il fermait les yeux, elle apparaissait dans le noir de sa nuit. Les potions de Sommeil Sans Rêve s’enchaînèrent. Sans succès. Elle était toujours là.
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Est-ce un rêve ou la réalité ? Severus flottait dans la brume, n’arrivant pas à éclaircir ses pensées. Sa langue dans sa bouche était empâtée, comme s’il avait bu. Mais ce n’était pas le cas. N’est-ce pas ? Non. Il fronça les sourcils en secouant la tête, dans l’espoir de retrouver un peu de son assurance légendaire. A part ce sentiment de flou, il n’avait pas mal. Il regarda autour de lui, reconnaissant vaguement les contours de sa chambre. Il déglutit et ferma les yeux, attendant que Lily apparaisse. Comme toujours depuis des mois à présent.
Rien.
Il ouvrit les yeux. Où était-elle ? Elle devrait être là, près de lui. C’était comme ça. Elle ne pouvait pas être absente. Il soupira devant son attitude. Il avait voulu la faire fuir en prenant des potions et voilà qu’il s’inquiétait de son absence. Où était la logique dans tout cela ? Devait-il espérer la simplicité ou voulait-il la complexité ? Lui-même ne savait plus quoi penser… Il attendait toujours, perdu dans ses pensées, mais elle ne venait pas. Il ferma les yeux à nouveau, croyant qu’elle apparaîtrait peut-être dans le noir.
Rien.
Il grogna, se rendant compte de la frustration qu’il ressentait à ne pas la voir près de lui. La brume se dissipait lentement et il se leva brusquement de son lit où il était resté allongé. Sa tête tourna légèrement et il se tint au bord du lit pour se stabiliser. Les pensées cognaient dans son crâne, le faisant froncer les sourcils. S’il était débarrassé d’elle, en serait-il plus heureux ? Il ne savait pas. Il n’était pas préparé à son départ. Comme il n’avait pas été préparé à sa venue. Trop de changements. En si peu de temps.
Elle.
Une présence. Un souffle. Severus hoqueta. Elle était là. Plus précise que jamais. Elle lui souriait. Elle n’avait rien à voir avec les autres apparitions. Elle était là. Il était sûr que s’il la touchait, il sentirait la chaleur de sa peau.
- Lily, souffla-t-il.
- Bonjour Severus.
Sa voix était douce. Comme dans son souvenir. Comme lors de ces soirées où elle et lui étaient ensemble et pensaient qu’ils le resteraient pour l’éternité. Comme il l’avait toujours entendue.
- Comment… ? Est-ce que je rêve encore ?
- Où est la frontière entre le rêve et la réalité ? Comment savoir si je suis un tour que te joue ton esprit ?
Contrairement à lui, son ton était posé. Elle ne semblait pas avoir peur. Après tout, pourquoi aurait-elle eu peur ? Son cœur à lui battait la chamade. Sa question tournait dans sa tête.
- Moi je sais.
Il franchit la distance qui le séparait de Lily. Il n’était qu’un peu plus grand qu’elle, comme cela avait toujours été. Severus pouvait sentir la chaleur irradier de son corps. Elle ne pouvait être une image que son esprit lui envoyait. Pour s’en convaincre, il lui saisit la main. Et elle prit la sienne. Il sursauta à ce contact, comme si jusqu’à la dernière seconde, il avait cru qu’il ne pourrait la prendre. Mais elle était bien là. Il releva la tête vers elle, un sourire émerveillé jouant sur ses lèvres. Elle rit et il se rapprocha d’elle pour le prendre dans ses bras. Il avait toujours voulu le faire mais il n’avait jamais osé. C’était le moment ou jamais. Elle se laissa faire et posa la tête contre son torse. Son sourire ne quittait plus ses lèvres. Il déposa ses lèvres contre sa chevelure d’un roux étincelant. Son parfum était envoûtant. Elle se raidit et s’écarta, le regardant tristement.
- Tu ne devrais pas.
Elle avait l’air d’hésiter. Il ne savait pas ce qui la troublait. Il était là. Elle était là. Ils étaient enfin réunis. Que lui arrivait-il ? Pourquoi ce raidissement ?
- Et si j’en ai envie ?
- Tu vas te perdre.
Ses yeux s’agrandirent pendant un instant. En quelques minutes, il avait retrouvé la Lily qu’il avait toujours connue : souriante, aimante et accordant tellement d’importance au bonheur des autres.
- Mais tu es là pour me guider…
Leurs mains restèrent scellées.